Tous les articles par Yves Marchand

Enfer !

Pénitence et privation nous sont étrangères. Tout notre être y répugne. De toute éternité. Nous vivons pour le plaisir, la jouissance et la consommation.

Nous en ressentons le tropisme intuitif alors que la souffrance rédemptrice pour un paradis dont nous ignorons tout s’apparente pour nous à l’enfer.

Seuls quelques masochistes d’inspiration janséniste, ou quelques apprentis dictateurs d’inspiration islamiste ou écologiste, ont-ils tenté de nous persuader, heureusement en vain jusqu’à présent, que le salut résidait dans les vertus de la repentance et des restrictions.

Il faudrait, d’après eux,  d’abord se repentir du crime de consommation commis par nos pères et par nos aïeux,  – et parfois par nous-mêmes quand notre date de naissance se situe malencontreusement juste dans l’après-guerre – et entamer ensuite la diète au nom d’un engagement à sauver la planète.

La guerre est sur deux fronts. Contre Amazon et ses sbires, le tentateur capitaliste, devenu le diable incarné, et contre la Liberté individuelle, ses faiblesses, ses débordements et ses insuffisances, racine du mal, ennemie de la vie rêvée dans une société strictement égalitaire où l’idée de choix individuel pue déjà le blasphème.

La croisade est sans faille. D’inspiration marxiste, elle vise le rayonnement de la société composée de sujets ( adieu les lumières ! ) dévoués à la cause suprême et surtout à ses serviteurs, détenteurs du pouvoirs.

Pénitence et privation sont donc les armes du pouvoir. Ce n’est pas nouveau. Les grands prêtres de l’Égypte ancienne étaient parvenus à convaincre le peuple du Nil que les plaies qui s’abattaient sur leur pays étaient la punition d’une offense faite aux dieux.

Il suffit aujourd’hui de persuader la masse inculte des épicuriens mous que nous sommes, de reconnaître la supériorité bienfaisante de la souffrance sur le plaisir. Les pédagogues sont à pied d’œuvre et les résultats encourageants.

Ainsi tout le monde est-il déjà convaincu que le réchauffement climatique n’est que la conséquence des maux que nous avons infligés à la planète. La phase de repentance est passée. La majorité se sait coupable.

Nous abordons la mise en œuvre des sanctions et des restrictions. L’arbitrage revient depuis peu aux raisonnables. Les extrémistes sont sur la touche. Ce n’est pas une bonne nouvelle. Car il n’y aura pas de rébellion. La société « évoluée » d’un occident repentant se dirige en bêlant où la conduisent ses prophètes.

Tandis que nos prédateurs naturels, tous crocs dehors, viennent partout – en Afrique en particulier – allègrement à bout de notre résistance.

Si l’humanité est pour quelque chose dans les transformations qui agitent notre atmosphère, l’amélioration ne viendra sûrement pas du petit 1% d’humanité que notre pays représente ( 67 millions sur 7 milliards).

Culpabiliser quelques imbéciles, quelques naïfs et quelques bonnes âmes reste assurément la bonne stratégie, et une bonne affaire, pour que les nouveaux dirigeants du monde et leurs séides, puissent se goberger en toute impunité.

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Météo

Passer de l’information à la propagande est une démarche ancienne et primaire mais efficace et toujours renouvelée. Les régimes autoritaires s’en délectent et les démocraties mollassonnes, lorsqu’elles ne s’y essaient pas sous prétexte de pédagogie indispensable à la culture de masse, s’y résignent avec indulgence.

Le pouvoir n’est pas le seul responsable. Les contrepouvoirs sont à la manœuvre. La presse censée veiller sur nos libertés les empiètent allègrement dès qu’il s’agit de défendre « Gé », la Terre-mère,  déesse rajeunie des ayatollahs verts.

Ainsi en est-il à longueur d’émissions des journalistes protégés par la cuirasse d’une éthique autoproclamée et singulièrement des journalistes affectés à la tâche méprisée hier mais aujourd’hui recherchée de la météo.

Après la pédagogie de la Covid assénée durant des mois par des« sachant » s’adressant à des ignares, est venue la pédagogie du « réchauffement climatique » mis à toutes les sauces du moindre orage et de la moindre pluie pour déchaîner les foudres des écologistes, animalistes et autres antispécistes, garants de la sacro-sainte biodiversité.

Sans contester le bien-fondé du constat du réchauffement, on aurait pu espérer éviter le bourrage de crâne qui s’est emparé du moindre documentaire animalier jusqu’ici refuge des allergiques à la « pédagogie politique » de nos Diafoirus du 20H et de nos Trissotin des magazines. Espoir déçu.

Les prophètes de la décadence l’ont emporté haut la main.

Arte se maintenait avec la Cinq comme havres de paix dans le fracas des catastrophes. C’est fini. Le diable de Tasmanie, le lion du Kalahari, le tigre du Bengale, la Girafe Masaï de Tanzanie et le loup blanc de Sibérie sont devenus les sujets d’angoisse du Français moyen réfugié dans sa réserve de Ute au cœur d’une Métropole assiégée.

Pas de répit pour les défenseurs de la planète acharnés à dénoncer nos forfaits journaliers. L’écocide, sorte de génocide anonyme entrepris par la puissance occulte des ignorants, est déjà plus recherché que l’homicide qui a pour lui l’avantage – sauf meurtre en série – de ne faire qu’une seule victime à la fois.

Ainsi donc nous sommes condamnés – parce que tous coupables – à subir à toute heure la messe-météo qui expose en détail comment nous allons tous mourir, ce qui n’est pas à proprement parler un scoop, mais surtout mourir d’ennui, de lassitude et, comme au grand siècle, de componction au simple énoncé d’un dérèglement climatique endémique dont nous sommes évidemment responsables.

Les pauvres, parce qu’ils veulent avoir moins chaud, les riches parce qu’ils mettent trop la clim, les vieux parce qu’ils ne meurent pas assez vite, les jeunes parce qu’ils sont inconscients, les Blancs parce qu’ils prennent l’avion et qu’ils saccagent les terres vierges des Noirs, les Noirs parce qu’ils émigrent chez les Blancs et les Jaunes parce qu’ils sont trop nombreux et qu’ils colonisent la planète.

Bonnes vacances !

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L’auteur

Il guette. Tous les signes. Comme un naufragé espère une présence. Improbable. Comme lui, tout seul sur son radeau, il attend. Sinon le secours, du moins un témoignage.

Il a lancé sa bouteille à la mer. Il faut encore que quelqu’un la trouve. La mer est immense et le littoral bien loin.  Il faut que ce quelqu’un soit curieux, ouvert sur les autres et sur l’inconnu. Qu’il débouche la bouteille, retire le message, le lise et fasse ce qu’il faut. Tout cela n’est pas joué d’avance. Loin de là.

L’auteur est un naufragé volontaire, un solitaire qui a besoin des autres et surtout de lecteurs.

Et chaque fois, c’est la même chose. Le texte est publié, livré au hasard et à l’inconnu.

L’auteur d’un livre aura trois types de réponses : d’abord celle de son éditeur, qui prend ou ne prend pas le risque d’éditer, une première marque de confiance, ou de défiance, l’espoir qui naît ou la déception qui tue. La seconde réside dans les critiques, bonnes ou mauvaises, sujettes à plus d’interrogations que d’indices de satisfaction, mais néanmoins guides pratiques de compréhension de l’œuvre. Et enfin les ventes qui consacrent ou non la rencontre de l’œuvre et d’un public. Ce n’est pas toujours la preuve de la qualité du livre ou l’assurance qu’il sera lu, encore moins qu’il est apprécié. Il est seulement vendu. Cela peut tenir à la notoriété de l’auteur et à ses fans, pas toujours lecteurs quand l’auteur est un sportif, un acteur ou un politique. C’est alors un témoignage de soutien, de respect ou d’amour. C’est beaucoup. Mais lorsque le livre est vendu comme un vrai livre et pas comme un acte de publicité, et qu’il est vendu pour être lu, pour l’auteur qui y a mis tout son être, c’est énorme.

Le chroniqueur bénévole de billets n’a pas ce type de retour.

Alors, avec la vigilance d’une vigie au sommet de son mât, il scrute l’horizon, fronce les sourcils et plisse les yeux pour décrypter à travers un simple émoticon, un point d’exclamation ou d’interrogation, ou mieux encore une réflexion, directe ou indirecte, la lueur la plus ténue, l’image la plus floue, l’indice capable de lui fournir une réponse à son questionnement, elliptique, incertain et réservé en définitive à lui-même.

Ce n’est pas tant le nombre que la nature de ces réactions qui lui importent. Plutôt un encouragement qu’une satisfaction. Il ne veut pas forcément plaire. Il s’interdit de quêter l’approbation. Le texte s’en ressentirait. Il ne la souhaite pas. Il cherche le débat.

Ce que le livre n’offre pas, il veut le découvrir là, dans les réseaux sociaux qui sont ouverts à tous, avec les risques bien connus qu’ils comportent.

Le naufragé ne demande jamais à son sauveur pourquoi il est là.

Il suffit qu’il soit là.

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Incroyable

Une photo falsifiée du pape François, ou de Rimbaud, toutes deux aussi vraies que nature, nous conduisent à admirer les merveilles de la technologie connue sous le nom d’intelligence artificielle et désormais d’IA. Il n’y en a plus que pour elle, nouveau Janus de la civilisation numérique.

On la prie ou on l’exècre, on la révère ou on la craint, souvent les deux à la fois. Parce qu’elle nous échappe.

Et pourtant elle n’est qu’un moyen. Certes infiniment plus rapide que n’importe quelle intelligence humaine mais elle n’est pourtant qu’un produit de cette intelligence dont elle ne possède et ne possèdera jamais ni le pouvoir émotif, ni le pouvoir créatif.

C’est insulter l’esprit que de la comparer. L’intelligence humaine est incroyable au sens premier du terme. Elle plonge au plus profond de ce qui nous est et nous restera inconnu,  dans le mystère des origines et de l’avenir de la création.

Qui n’avait jamais vu la roue, a inventé la roue. En établissant un rapport entre ce qui est rond et qui peut rouler et ce qui n’est pas rond mais que l’on peut faire rouler. C’est ce rapport nouveau qui constitue la pensée créatrice. Ce n’est pas la connaissance acquise, c’est l’observation.

L’intelligence artificielle n’est pas incroyable. Elle, n’est qu’extraordinaire. Seulement à raison de la vitesse à laquelle elle fournit les résultats de l’intelligence humaine faite d’observations et d’émotions, pour en délivrer une somme, des pastiches ou des contrefaçons.

Il faut bien sûr saisir cette formidable avancée technologique pour permettre à l’homme d’accélérer ses facultés créatrices et d’élargir le domaine de ses connaissances.

Il n’y a pas de place dans une telle aventure pour les esprits chagrin. Mais il faut rester lucide et vigilant. Les escrocs sont partout.

L’intelligence artificielle fait déjà partie de notre quotidien. Il suffit donc de la domestiquer, de lui imposer des règles et d’empêcher les faussaires d’abuser les non-initiés, c’est-à-dire presque tout le monde. Paradoxalement, à considérer le degré de sophistication auquel les chercheurs sont déjà parvenus, il n’est pas sûr que nous y parvenions sans l’aide de l’IA.

Parmi les connaissances qu’elle ingurgite, les règles éthiques peuvent être assimilées par l’IA. Elles ne sont que le produit de nos exigences humaines. L’utilisation de l’IA peut ainsi favoriser non seulement la création mais aussi l’éthique.

C’est donc la faculté créatrice de notre cerveau qu’il va falloir doper – l’expérience a déjà été entreprise – pour déjouer les pièges tendus par les utilisateurs de l’IA.

Fournir à notre cerveau de quoi aller aussi vite que l’IA pour nous permettre, dans le respect de l’éthique, d’établir les rapports capables de déclencher nos facultés créatrices.

Dopée par l’intelligence artificielle, l’intelligence humaine va bientôt devenir sans limite.

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Décider

Après avoir été paternaliste et intransigeant, le patronat est devenu réglementaire et pointilleux.

Le patronat balzacien a laissé le champ libre au patronat mondialisé.

Après avoir été populaire et emphatique, la politique est devenue élitiste et logique.

La République des avocats a laissé le champ libre à la République des technocrates.

Mais,

Après avoir été rigoureuse et intransigeante, la justice est devenue influençable et versatile.

La Justice sans cœur de Jean Valjean a laissé le champ libre à la Justice apitoyée des droits humains.

Après avoir été dévoreuse de chair à canon, la défense nationale est devenue empathique.

L’armée sans cœur des massacres de Céline a laissé le champ libre à l’armée compatissante du général Dourakine.

Un simple constat pour démontrer combien la façon de décider, de commander ou de gouverner évolue en fonction des rapports de force issus de la collectivité, dans les rapports entre patrons et salariés, gouvernants et gouvernés, juges et justiciables ou dans la hiérarchie militaire.

On pourrait d’ailleurs ajouter d’autres exemples comme les rapports entre maîtres et élèves ou médecins et patients qui sont passés du rapport autocratique au dialogue et à la bienveillance.

Tout cela pour en venir à la place de l’intelligence artificielle dans la sphère de la décision.

S’il ne s’agissait que de trouver, entre mille formules déjà répertoriées, la formule la plus logique à appliquer, sans prendre en compte la dimension humaine de la décision, l’intelligence artificielle, pointe avancée de la technocratie la plus aboutie – qui a balayé l’humain du monde politique et du monde du travail – serait la panacée du siècle.

Elle ouvrirait sans doute la voie à un régime autoritaire peu enclin à se préoccuper des individus face à la volonté formulée par le mécanisme du pouvoir. C’est le schéma déjà annoncé comme un cataclysme de civilisation.

Mais elle ouvrirait une voie plus large encore à un populisme débridé, tel que déjà affiché comme remède à la technocratie : le pire pour traiter le mal.

La décision, pour éviter l’incantation populiste, doit sortir d’urgence de l’équation dans laquelle elle s’est enfermée sous couvert du déterminisme syncrétique du « en même temps » qui échappe à toute émotion.

L’émotion est inhérente à la décision.

L’émotion n’est pas déconnectée de tout fondement idéologique ou religieux. Elle ne se satisfait jamais du virtuel « en même temps ». Elle est réellement d’un côté ou de l’autre.

Avis à la technocratie qui croit que l’IA sera le guide suprême de la bonne gouvernance alors qu’elle ouvre les voies de l’autoritarisme et de la démagogie.

On n’évitera la dictature et le populisme qu’en réintégrant l’émotion dans la décision.

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La République

Les peuples exigent la liberté lorsqu’ils sont bien nourris et l’égalité après avoir acquis la liberté. Au Soudan, c’est pour se nourrir qu’ils se battent. Pas pour la liberté. Ça viendra plus tard. Peut-être.

En Iran, en Turquie, en Chine ou en Russie, ce sont les mieux nourris qui se battent pour la liberté. Les autres se taisent. Ils attendent des jours meilleurs.

En Afrique, en Amérique du Sud, certains, pour se nourrir, sont prêts à renoncer à toute liberté.

Et sans aller si loin, l’histoire a démontré que le danger guette à tout moment le peuple qui a faim.

Le combat pour l’égalité se résume à un combat pour la chute du mieux placé pour donner corps à la fiction de l’égalité.

Quant à la fraternité, elle se restreint au fur et à mesure qu’augmente la liberté et que triomphe l’égalitarisme sur l’égalité.

Le constat est amer. Il illustre combien la démocratie est un état ardu à atteindre et difficile à conserver.

Il n’est pas pessimiste. Il tente simplement de mettre en évidence l’effort à fournir pour avoir accès à l’idéal démocratique défini comme le bonheur.

Tout simplement parce que nos principes s’expriment au contraire de nos pulsions. La volonté de survie à l’encontre de la tentation de liberté, la tendance à la liberté à l’encontre de l’exigence d’égalité, et la fiction d’égalité à l’encontre de l’idéal de fraternité.

Tout cela se traduit dans notre univers démocratique pourtant très éloigné des affres de la dictature.

Dès lors que la survie est assurée, la liberté prend tous ses droits, y compris le droit d’abuser de sa liberté.

On voit dans les menaces de la CGT-Energie chez EDF ou chez Total, dans les blocages d’entreprises, de centres d’élimination des déchets, d’établissements scolaires et d’universités par les comités Théodule baptisés collectifs de lutte, combien la dérive de la liberté du droit de grève permet d’enfreindre sans retenue l’encadrement du droit de grève et dénie au pouvoir le droit d’imposer cet encadrement.

On voit combien la dérive d’exigences égalitaires juridiquement indues, mais imposées par la force, érodent le principe d’égalité au point de nuire aux droits des citoyens et combien le mépris des droits des citoyens crée une impasse à la fraternité.

Dans ce maelstrom républicain au service d’un peuple gavé, triomphent désormais les charlatans de la République, violeurs de la démocratie, décidés au nom de l’envie à restreindre la liberté.

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Abdiquer

La République ne permet pas d’abdiquer. Seulement de renoncer. L’abdication est réservée au roi. C’est normal. Comme gage de la continuité du régime, le roi a un successeur désigné en faveur duquel il abdique. L’élu républicain n’en a pas. Il est seul dans l’espace et le temps pour réaliser son œuvre. Renoncer est son lot, et, croit-il, la sauvegarde de son maintien.

À défaut de renoncer l’élu républicain peut être renvoyé. C’est sa crainte.

Autour de lui s’empressent d’abord ceux qui veulent prendre sa place, ensuite ceux qui n’ont d’autre ambition que de le détruire et enfin, loin de lui, les électeurs qui, par définition, fustigent son action. Personne n’est fiable en somme dans cette galaxie.

Laurent Berger appartient à la deuxième catégorie. Par esprit de vengeance de s’être senti humilié pour n’avoir pas été suffisamment pris au sérieux au début du premier quinquennat ou par la conviction née sur le tard d’une mission de libération du peuple, peut-être des deux, le voici qui, mettant en pièces le principe républicain de la souveraineté de la représentation nationale, il propose de confier à des médiateurs – on croyait jusqu’à présent ce type de proposition réservé aux seuls technocrates – le soin de trouver un arrangement entre les acteurs de la loi reportant l’âge de la retraite à 64 ans et les diverses thèses syndicales prônant pour les unes, son retour à 60 ans, voire au-dessous, ou pour les autres son maintien à 62.

On peut parier, dans l’esprit de Berger, sur son adhésion à la dernière hypothèse, compromis facile du statu quo qui plaît tant aux abouliques.

Comme d’habitude, se rallient à cette proposition les faibles,  les vénaux et les lâches plus soucieux de sauvegarder leur place que d’assurer la pérennité de la nation qu’ils ont juré de servir. Mais ce sont tous des imbéciles qui, croyant ainsi se préserver du désastre, ne font qu’accélérer leur chute.

Car c’est de la dépossession du Parlement qu’il s’agit.

Resterait à créer un tribunal populaire et à faire allégeance à « l’auto-incarné de la République », pour que l’idéologie révolutionnaire de la Nupes triomphe.

À jouer les idiots utiles de Mélenchon, Berger, conforté par les Vichystes du Parlement, aura généré l’anarchie dont il est cependant l’un des plus farouches adversaires. Ce ne sera pas son plus grand titre de gloire.

Reste à espérer qu’à aucun moment, biberonné par les habituelles renonciations de l’appareil d’État qui ont conduit à toutes les démissions, le gouvernement n’en arrive pas, lui aussi, à abdiquer…

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Cabotins !

Un acteur est d’autant plus mauvais que son rôle est médiocre. Apostrophes, hurlements et outrances émaillent alors le texte, révélant dans la pièce les failles, les manques et les contradictions du personnage.

Au Parlement, la messe est dite. Il n’y a que des utilités, des petits rôles et des seconds couteaux. La tragi-comédie est à l’affiche.

Dans la rue, on joue un navet.

Passe encore pour l’archaïque CGT, pour Sud la trotskiste ou pour FO la gauchiste incertaine, de tenter, moulinets à l’appui, d’impressionner leur public. On sait depuis longtemps que la défense de l’emploi n’est plus leur préoccupation première. Elles se voudraient tant révolutionnaires ! En chambre, bien entendu, à l’abri du besoin grâce à la tétée qu’elles prennent chaque jour à la mamelle de Bercy, et donc au sein de la nation.

Plus désolante est l’attitude de la CFDT, de la CFTC et d’UNSSA tout autant nourries au lait de la mère-patrie qui se prétendant raisonnables et s’entêtent pourtant à s’enliser dans le déni.

Il faut vraiment qu’il y ait quelque chose de pourri en République de France.

Ne cherchons pas. C’est trop facile. Et pas nouveau.

C’est l’éternel rapport « démocratique » du dirigeant et du peuple. Et le problème posé par le financement de ce rapport intime.

Le dirigeant surjoue son rôle pour que le peuple lui accorde sa confiance grâce à laquelle le premier obtient de l’État l’argent qui lui permet de conserver le pouvoir. La boucle est bouclée.

Pour cela, ils sont tous d’accord. De l’idéologue le plus radical au démagogue le plus corrompu pour jouer le rôle qui les maintient là où ils sont et pour obtenir les parts de marché les plus grosses. Tout est spectacle. L’enjeu sont les clients, citoyens, syndiqués ou les deux.

Sur le ring politique, le financement des partis pourvoit aux combats programmés.

L’affiche annonce les rencontres Majorité contre Opposition, puis,  NUPES contre RN, LR contre RN, PS contre LFI et EELV contre LFI. Arbitrage médiocre de Renaissance, Horizon et Modem. Pagaille. Résultat nul.

Le financement social organise les rencontres du ring social.

Syndicats contre Gouvernement, puis SUD contre CGT, FO contre SUD, et enfin CFDT contre tous les autres avec en prime le rôle-titre. Pas d’arbitre. Pagaille. Résultat nul.

Les marionnettistes encaissent. La nation trinque.

Alors se pose une question: Comment Bercy et la Cour des Comptes, en principe si regardant sur les dépenses, peuvent-ils fermer les yeux :

  • Sur l’utilisation des fonds destinés en principe à assurer l’indépendance des partis politiques mais détournés de leur destination pour faire taire leur électorat,
  • Sur l’utilisation de fonds affectés en principe à la défense du salarié dans l’entreprise, mais détournés de leur destination pour jouer la comédie de la révolution ?

« Je te tiens, tu me tiens, par la barbichette » !

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Colonisés

« La Montagne » de Jean Ferrat chantait des paysans solides bien dans leur peau et dans leur paysage, des citadins étriqués dans des barres de HLM meublées de formica, le travail sans compter comme recette du bonheur et la retraite de fonctionnaire comme avenir peu enviable ….

Mais d’un espace de vie rurale, la montagne est devenue source de profit. La neige est devenue l’or blanc grâce aux loisirs qu’elle procure et aux sports qu’elle génère, d’abord en faveur de quelques-uns, et puis bien sûr, démocratisation oblige, pour tout le monde, jusqu’à devenir une composante obligée des programmes scolaires.

Aujourd’hui, les stations nées de cet appétit font faillite. Sauf les stations huppées accueillant des étrangers fortunés. Les capitaux investis viennent de l’étranger. Les Français n’ont plus les moyens de les fréquenter. On parle russe à Méribel, américain à Megève, arabe à Courchevel et chinois au Club Med.

Colette chantait Saint Tropez comme un paradis en voie de perdition, sans empêcher BB, quelques années après, de s’y installer. Depuis, la Côte d’Azur est devenue mi-russe, mi-saoudienne. Et le reste des côtes françaises en passe de devenir étrangères.

Pareil pour les logements devenus si chers qu’il n’y a plus de parisiens qu’en banlieue – de plus en plus loin de la tour Eiffel – et plus de citadins français moyens qu’à la campagne, sous le vocable de « rurbains », pour donner raison à Alphonse Allais !

Pareil pour les entreprises, les clubs sportifs, ports ou aéroports repris par des nouveaux riches venus d’Afrique, d’Asie ou d’Amérique lorsque ce n’est pas par la maffia internationale.

L’économie, c’est simple. Elle se résume partout à l’offre et à la demande. L’économie libérale s’en tient à la seule volonté des producteurs et des consommateurs. Ce sont eux qui équilibrent le marché. L’économie administrée, elle, décide de l’offre – de son volume et de son montant – et réduit la demande au strict nécessaire.

Dans la première économie, les riches entretiennent les flux. Dans la seconde, c’est l’État qui crée les flux. Dans la première, il y a de plus en plus de richesses. Dans la seconde, de moins en moins. Dans la première, on se gave de liberté et le pouvoir politique est moins fort que le pouvoir économique. Dans la seconde, on souffre de restrictions et on subit un pouvoir politique autoritaire. Dans la première, il y a des riches, des moyens-riches, des moyens-pauvres et des pauvres. Dans la seconde, quelques rares riches apparentés au pouvoir et surtout des pauvres. Globalement positif ! comme disait Ferrat.

La première est évidemment préférable à la seconde. Mais difficile à sauvegarder sans effort.

Il n’y a de lendemains qui chantent que lorsque la nation prend les moyens de son indépendance.

Il n’y a pas d’économie prospère dans un pays dont la nation travaille moins que ses concurrents.

C’est le seul message qui justifie la réforme – bien timide – des retraites.

Tout le reste est « littérachiotte ».

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FOUS !

Le Moyen- Orient en crise met la guerre à nos portes.

Il ne s’agit plus seulement d’assurer la sécurité d’Israël. Mais d’empêcher que les excès d’un gouvernement borné entraînent la région dans une escalade capable de l’embraser bien au-delà de ses limites géographiques.

Il suffit d’un rien pour mettre le feu aux poudres.

Ce rien a pris le visage d’un Premier ministre converti par les plus virulents de ses partenaires-complices à une répression sans concession qui mène le pays à une guerre sans fin, de plus en plus violente et de plus en plus large.

La démocratie, combinée au régime des partis, ne fait pas bien les choses. Et surtout pas l’intérêt de la nation. L’élection de Netanyahou, compromis pour des raisons de basse politique et d’intérêt personnel avec les partis d’extrême-droite, religieux et populistes, en est la meilleure illustration.

Là-bas, ça sent la guerre à tous les croisements de rues. On vit dans la terreur. Seuls les boutefeus jouissent d’une situation qui comble leurs desseins morbides.

On fait appel – populisme aidant – au désir de vengeance du peuple, et pour tout justifier, à la loi du talion, afin que s’enclenche – les tirs des uns justifiant ceux des autres – un processus d’aller-retour de missiles et de bombardements qui frappent aveuglément les plus démunis et les plus pacifistes.

Certes là-bas, c’est là-bas. Mais ce n’est pas si loin que ça.

Cette folie devrait être une leçon pour tous ceux qui chez nous prétendent qu’il n’ y a qu’à « liquider » tous ces gens-là qui viennent perturber notre bien-être et qu’il suffit – dixit Yves Thréard du Figaro – d’en avoir la volonté, pour régler le problème de l’immigration. Mais non. Ils ne voient rien. Aveugles à ce qui se passe à nos portes, ils persistent. Et enjoignent de sortir l’épée. Il n’ y aurait de vraie victoire – en paroles – que par écrasement de l’autre.

Pour eux, entendre, c’est être lâche et écouter, c’est abdiquer.

Seule la guerre chez eux, avec son cortège de peurs, de drames et de morts pourrait les convaincre du contraire.

C’est malheureusement ce qui se prépare en ce moment dans le pays qui a vu naître le monothéisme et où, pour deux des trois grandes religions, seul doit triompher l’esprit de vengeance.

Mais la vengeance n’a pourtant jamais rien réglé. Elle a au contraire fondé les plus grands conflits, sans jamais en résoudre aucun. L’épuisement seul conclut la guerre.

Le décompte des morts témoigne peut-être de la victoire mais ce sont les morts qui la signent.

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Foutu

Plus on ignore tout du football et plus on s’autorise à gloser. Trois philosophes illustrent mon propos : Onfray, BHL et Ferry. Ils tirent tous trois des conclusions savantes sur l’engouement et la ferveur des masses, la religion et Dieu, mais aussi la politique et le gouvernement des peuples, le bien se conduire etc…

Il faut ce qu’il faut quand on se prétend philosophe et qu’on fait profession d’éclairer la nation.

J’ai un ami qui récuse être philosophe. C’est qu’il doit l’être davantage que nos lumières des ténèbres. Lui, s’y connaît en football et par conséquent, n’en dit rien. Il a raison. Je le consulte en secret. Il tente de m’initier.

Comme lui, je n’en dirai rien sinon pour reconnaître que le football est passion et qu’il échappe à la raison, à la sagesse et aux discours. Tous les commentaires à son propos sont ennuyeux, prétentieux et vains.

En revanche, je connais le processus électoral.

J’en ai tiré une seule conclusion. D’expérience.

« Quand, au départ, c’est foutu, malgré les prouesses, c’est foutu ».

Sage, non ?

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Quizz

Après la démission de Liz Truss emportée par le flot de démagogie qu’elle avait soulevé, une simple question se pose à la France.

Combien faudra-t-il de jours pour qu’un Mélenchon ou une Le Pen, arrivés l’un ou l’autre au pouvoir, soient contraints à la démission ?

Les marchés n’ont pas d’états d’âme. Ils ne font pas de politique et n’obéissent à personne. Les taux d’intérêt sanctionnent les mauvais choix économiques, essorent les budgets et rendent la nation dépendante de plus riche et de plus fort qu’elle.

Ce n’est pas l’électeur qui décide du sort d’un gouvernement, c’est l’économie, juge en dernier ressort du politique.

Liz Truss vient de l’éprouver à ses dépens. Il ne lui aura fallu que 14 jours pour que les marchés la contraignent à la démission. Les choses s’accélèrent.

Pour Mélenchon, faudra-t-il 12, 10, 8 ou 6 jours ?

Pour Le Pen 13, 11, 9 ou 7 jours ?

Les paris sont ouverts.

À l’Assemblée Nationale, ils s’évertuent à montrer leurs muscles.

Ils font quelques recrues parmi les eunuques d’une droite en mal de virilité. Et tandis que tout ce beau monde ignore superbement la dure réalité de la concurrence, le fardeau de la dette s’accroît.

Pourtant ils demandent plus, menacent et paralysent le pays.

On n’ose imaginer ce qu’il adviendrait s’il n’y avait l’Europe.

Ou plutôt, on le sait. Nous en serions où en est la Grande Bretagne.

Heureusement, pour l’instant, leur sabre est de bois.

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Récréation ou Une journée au Palais Bourbon.

Invectives et rigolades, appels au calme, rappels au règlement, départs précipités, bancs vides, déclarations solennelles, brouhaha, hommages, Marseillaise…

C’est un lieu merveilleux où les acteurs sont dans la salle, et le public dans les coulisses. Acteurs et public ne se voient jamais mais ne peuvent se passer l’un de l’autre. L’œil de la caméra demeure leur seul lien. Pas de répétitions. Pas de reprise. Le direct est roi. Et comme trop souvent, les acteurs en rajoutent. Les cabots se prennent au jeu. Être vu reste l’essentiel. Suivre la caméra demeure l’objectif. La performance s’impose.

Loin de la scène, dans son univers éclaté, le public est juge du spectacle. En invité permanent, il est imprévisible. Trop divers, venant de partout, des beaux quartiers et des « quartiers », de la campagne et de la rue, analphabète ou cultivé, sans ressources ou gâté, ouvrier ou patron, c’est lui le peuple pour lequel ils jouent.

Peuple anonyme, écartelé, déchiqueté, tel que se l’approprient par tranches de partis, dans le temple de la démocratie, les acteurs de notre quotidien.

Le public est une mosaïque brisée.

Leur part de public, les acteurs ne peuvent en jouir qu’à temps partiel, le temps de reconstituer, seulement pour un temps, un pan de la mosaïque. Un public à conserver sous son emprise le plus longtemps possible. Tel est l’enjeu. Toutes les troupes sont en scène, en même temps et jouent leur partition face à l’œil noir de la caméra qui ne manque rien et face à ce public qu’ils ne peuvent pas voir. « Commedia dell’ arte ». Cacophonie.

Des improvisations de bon ou mauvais goût pour racoler leurs ouailles.  On les pêche au petit bonheur de tous les bords de l’hémicycle ! Ce qui donne aux débats, tantôt cet air bonhomme, parfois joyeux, tantôt celui d’un drame sous-jacent, tantôt celui d’une explosion de haine. Et tout cela en même temps au gré des rôles distribués.

Vu à travers l’écran, c’est un charivari.

Ou une récréation. La séance publique est un temps de décompression.

Ainsi en est-il des débats à l’Assemblée Nationale. Tant pis pour ceux qui voudraient y trouver l’enseignement de la République. Il y découvrent l’expression de la démocratie, diverse, d’expression populaire, bouffie de sentiments mais pauvre de raison.

Pour ne pas bouder son plaisir, il suffira de qualifier de distraction l’enseignement civique.

Comme Alice, il faudra pour cela passer de l’autre côté du miroir et se mêler au jeu de rôles. Se distraire du quotidien. Ce n’est plus de nos vies qu’il s’agit mais de leur interprétation.

Décidons simplement que c’est la vie des autres, et pas la nôtre.

Pour ce qui est de nous, il suffit d’éteindre l’image. Et revenus chez nous, dans le monde réel, remettons-en à nous.

Tout cela n’a aucune importance. Ce n’est que le vernis de la démocratie. Du théâtre.

Il suffit de faire semblant.

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Ormeta

Je ne connais pas plus que tout un chacun le dossier d’Omar Raddad. Je me suis simplement documenté comme tout le monde grâce en particulier à l’excellent livre de Jean-Marie Rouart.

Comme Voltaire s’était saisi de l’affaire Calas,  l’académicien, esprit libre entre tous, a convaincu les plus sceptiques de la nécessité de faire la lumière sur les zones d’ombre qu’il avait relevées.

Évidentes pour un néophyte, elles auraient dû l’être pour un juge impartial.

On sait combien les procès en révision sont rares.

On sait aussi combien d’incohérences sont ressorties de l’instruction bâclée de cette affaire et notamment des conclusions de l’autopsie.

On sait enfin combien certaines des personnalités en cause, tant familiales que professionnelles, ont pu infléchir le sens de la justice contre le jardinier marocain qui n’était même pas sur les lieux au moment du meurtre de Mme Marchal.

De là à penser que le corporatisme judiciaire est à la base du déni de droit dont la justice vient de se rendre coupable, il n’ y a qu’un pas que plus personne n’hésite à franchir. En refusant de prendre en considération les dernières informations issues des tests ADN produits par la défense, la justice refuse de faire la lumière. Pourquoi ?

Sa crédibilité était depuis longtemps en cause. Elle ne l’est plus.

Elle vient de se décrédibiliser.

S’il s’agissait de couvrir les erreurs ou les fautes de l’un des siens, c’est raté.

Elles apparaissent aujourd’hui au grand jour et s’étendent à toute l’institution judiciaire.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 4,20 sur 5 (5 avis)
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Iel

Oui, je sais, je ne devrais pas. Mais, tant pis, je cède. C’est la faute « à » mon barbecue.
La nature a repris ses droits. Je suis un mâle. Blanc de surcroît, hétérosexuel pour ne
pas gâcher.
À la maison, nous sommes deux. Je n’ai plus à préciser qui est « il » et qui est « elle ».
Nous sommes « Iel ».
Devant mes braises rougissant d’aise, il pense à elle.
Je sais, je ne devrais pas. Mais elle m’obsède.
Mâle, peu déconstruit sinon par la vie qui se charge de le faire à son rythme, je surveille
mes andouillettes. Devant ce feu primitif, je ressens, mieux que jamais grâce à elle, la
chaleur envoutante de mes ascendants reptiliens. Je suis un sauvage. C’est elle qui le
dit. Un bon sauvage. C’est la faute à Rousseau. L’autre.
N’empêche, j’ai honte. J’aurais dû lui dire que je ne pouvais pas faire ça. Pas
maintenant.
Andouillettes au barbecue. C’est un coup à se faire dénoncer.
Il est temps d’entamer ma déconstruction.
À table !

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Dire ou ne pas dire

Il n’existe que deux façons de ne pas se créer d’opposant : ne rien dire ou, ce qui revient à peu près au même, dire la même chose que ce que tout le monde dit. Étant bien précisé que ce que l’on pense n’a rien à voir avec ce que l’on dit.

La reine d’Angleterre avait pris le parti de se taire, en toute circonstance. Elle ne l’a regretté que dans une terrible circonstance.

Elle s’est donc corrigée en exprimant tout haut la pensée commune exprimée par le peuple. Ce qui, pour une fois, n’était pas la même chose puisque ce qu’elle pensait tout bas sans le dire était le contraire de ce que les gens pensaient tout haut en le disant.

Son fils, le Roi Charles, lorsqu’il était prince, avait pris l’habitude de dire tout haut ce qu’il pensait tout bas alors que ce qu’il pensait n’était pas du tout ce que les gens disaient.

Inviter le bon peuple à se serrer la ceinture au nom de l’écologie alors que le bon peuple, faute de ressources, souffrait déjà de devoir se restreindre, tombait juste à côté de ce que le bon peuple attendait.

A défaut de se taire, il faut donc dire la même chose que les autres. Ou rien ne va plus.

Le Roi Charles le sait. Il l’a appris sur le tas.

Va-t-il parler ? Va-t-il se taire ? L’art de se taire est épuisé.

Gageons qu’il va parler. Peu importe ce qu’il va dire à condition qu’il dise ce que diront ses sujets. On peut sans se tromper le prévoir.

Il n’est pas dans la nature de l’opinion d’exprimer des idées nouvelles. Par nature l’opinion publique est le reflet de ce que pense une majorité à un moment donné. Et il faut beaucoup de temps pour qu’une opinion devienne une opinion commune, ou mieux, un lieu commun. L’opinion s’exprime par lieux communs.

Le Roi Charles a beaucoup de chance. Il est devenu, avec le temps, à la mode. Il va parler d’environnement. Il va ressasser sur le changement climatique auquel on ne peut rien, se lamenter sur la folie des hommes, à laquelle on ne peut rien, dénoncer les atrocités de la guerre qui sont le fait de toutes les guerres auxquelles on ne peut rien. Enfonçant allègrement toutes les portes grandes ouvertes, il va brutalement rénover la monarchie.

Une monarchie bavarde va succéder à une monarchie muette, Charles à Elizabeth, l’essentiel étant que le résultat soit le même.

La modernisation n’est pas affaire de résultat. Seulement de méthode.

Nous avons beaucoup à apprendre de la Grande bretagne.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 2,50 sur 5 (2 avis)
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Le magicien

Le biographe est le confident privilégié du personnage qu’il a choisi de mettre à nu. À moins de se muer en hagiographe, il vit dans son espace et rend compte de ses moindres travers.

« Il n’est pas de grand homme pour son valet de chambre ».

Et le romancier en rajoute pour donner à son sujet sa dimension héroïque.

Le roman- biographique de Thomas Mann par Colm Toibin*, comme celui de Henry James ( Le Maître) qui l’avait précédé, ne fait pas exception à la règle.

Tout autorise le biographe à pénétrer dans la vie intime de l’auteur qu’il décrypte. Et rien n’interdit au romancier d’aller au-delà en filmant les sentiments refoulés de son héros. On ne peut plus démêler le vrai du faux.

Thomas Mann reste une énigme.

Personnage brillant, ambitieux, célèbre,  conservateur, discret, refoulé, il est dépeint par Colm Toibin dans sa vie intime, dans sa vie familiale, dans sa vie mondaine, dans ses rapports aux autres et surtout aux hommes, jeunes de préférence, comme un homme seul, égocentrique, retranché sur lui-même et ne prenant part à la vie extérieure que pour satisfaire son exigence de littérature et son besoin d’exprimer par écrit des sentiments qu’il craindrait autrement de voir s’évanouir. Au risque, notamment dans sa vie intime, de laisser des traces qu’il pourrait regretter. Il ne fera pas son « coming out ».

Prix Nobel de littérature, révéré des puissants, et ignoré des modestes, il vit dans son monde, l’Allemagne de Goethe, de Beethoven et de Schiller. À la manière de Stephen Zweig, il vit dans le monde d’hier, peu soucieux de ses contemporains.

C’est dire combien le nazisme constitue à partir de 1933 une rupture pour ce juif non pratiquant, époux d’une grande bourgeoise juive et athée.

L’exode, la Suisse et l’Amérique, une mission de porte-parole des gens de bon sens et du juste milieu, la proximité avec les puissants, la sauvegarde des siens, la préservation de son intimité, il met tout en œuvre pour sauver ce qui peut l’être de ce à quoi il croit. Jusqu’à ce qu’il constate que rien ne peut être sauvé.

Comme Hannah Arendt le théorisera plus tard, il sait que la barbarie n’est pas seulement le fait d’un groupe mais celui de tout un peuple. Son aspiration n’est plus alors qu’à assumer sa liberté de penser.

Éconduit poliment des USA où il a trouvé asile et nationalité, faisant, lui et sa famille, l’objet d’investigations du FBI, refusant ce que le monde soviétique avait offert à Bertolt Brecht, il se réfugiera en Suisse sans jamais retrouver l’Allemagne qu’il adulait.

Un rêve de poète.

*« Le Magicien » Colm Toibin Ed. Grasset

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Providentiel

Il n’y a pas plus d’homme providentiel que de providence.

Mais il est parfois des concours de circonstances qui créent l’occasion de tout changer et de rompre avec un immobilisme faussement confortable.

Pour entraîner le mouvement – sans lequel il n’ y aurait rien – il faut que, de ce néant, surgisse un être doté de courage, de compétence, de charisme et de persuasion, capable d’entraîner la masse à dépasser ses mesquineries, son égoïsme et sa médiocrité, bref, à se dépasser pour retrouver le sens commun.

Après la Grande Bretagne avec Churchill, la France avec De Gaulle, l’Allemagne avec Adenauer, l’Italie, en dehors de toute guerre, vient de connaître ce moment.

Mario Draghi l’a incarné. Rien ne l’y prédisposait. Ni son profil, ni ses recettes.

L’homme providentiel ne le devient que reconnu comme tel par ceux qui ont intérêt à le reconnaître.

En Italie, ce sont les partis traditionnels à bout de souffle. Et en Europe, la Banque Centrale exsangue et le Conseil Européen aboulique.

Ailleurs, à l’inverse, la Russie, comme la Chine, espérant son éviction, appuient la démagogie du Mouvement 5 étoiles.

Il y a donc fort à parier que cet homme soit bien celui dont l’Italie, l’Europe et l’esprit de démocratie avaient besoin.

Reste seulement à espérer que cette démocratie engluée dans ses intérêts sordides, la même que celle qui, en Grèce, a exécuté Socrate, ne manifeste une fois encore son incapacité à gérer ses besoins.

Revenons en France.

Nous ne sommes pas encore assez malades pour découvrir en un seul homme la conjonction de toutes nos exigences, ou du moins, de celles qui nous sont nécessaires.

Les circonstances ne l’ont pas encore permis.

Tant que nous serons capables de jouer avec nos institutions pour faire taire toute velléité d’autorité et d’offrir le pouvoir de nuisance à qui sera toujours incapable d’assumer le pouvoir de décider, nous resterons impotents.

Il en est ainsi d’un pouvoir législatif qui professe que la liberté ne s’exprime que dans l’opposition, jamais dans l’adhésion.

Nous sommes à la recherche d’un « Cincinnatus » révocable « ad nutum ».

Évidemment, il n’existe pas. Alors la France se décourage, refuse en bloc toute contrainte et impute au pouvoir exécutif qu’il vient pourtant de confirmer la responsabilité de ses propres carences.

L’engrenage est enclenché. Comme en Italie.

A la différence près qu’en France ce sont les trois oppositions, et pas seulement un mouvement cinq étoiles devenu minoritaire, qui sont porteuses du virus.

Et qu’il est bien difficile de croire encore aux circonstances qui favoriseront l’éclosion d’une conscience politique d’intérêt national.

A moins que, comme en Italie, la crise aidant, quelques individus renoncent à leurs bisbilles et fassent à la France le don d’un Parlement providentiel.

On veut y croire, ou en rêver…

Rendez-vous est pris.

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A cloche-pied

1 Peut-être ne sait-on pas toujours ce que l’on veut. Mais on sait toujours ce que l’on ne veut pas.

Le choix oscille souvent entre plusieurs propositions. Au point parfois de le rendre impossible.

Mais jamais on n’hésite à rejeter ce que l’on déteste.

Choix et rejet procèdent d’un même mouvement. L’acte de volonté.

Le vote est fondé sur la volonté du citoyen et pas sur sa contrainte. Le vote est un droit. Pas une obligation. Iln’est donc pas obligatoire.

Si le vote était obligatoire, le citoyen perdrait sa liberté.

2 L’abstention massive est un signe. Non pas, comme le disent les bons esprits, d’un déni de démocratie, mais de manifestation de liberté. Et si la démocratie est le régime le plus élaboré d’expression de la liberté, l’abstention ne met pas la démocratie en danger.

Ce n’est pas l’abstention qui amène la dictature. C’est le vote. La preuve en est rapportée par l’Histoire. Partout, exception faite des révolutions. Peu fréquentes.

3 La déception conduit à l’abstention. Le pouvoir n’a pas exaucé les attentes des électeurs. Les électeurs ont-ils été trompés ? Ils en sont convaincus. Entre ce que l’électeur attend et ce qu’il obtient, il y a place pour l’adhésion de quelques uns, ou de beaucoup, le ressentiment de beaucoup, ou seulement de quelques-uns, mais surtout pour la déception du plus grand nombre.

La déception du plus grand nombre ouvre la voie à la révolution. Pas à la dictature.

4 – Conscients de cette situation les partis politiquesdéfaillants, à jeun d’adhérents, veulent l’institution de la proportionnelle pour disent-ils, assurer la meilleure représentation des minorités.

Sauf que la proportionnelle interdit l’avènement de toute majorité parlementaire stable considérée chez nous comme nécessaire pour assurer les réformes indispensables.

Une élection à la proportionnelle dans un contexte de rejet mêlé de déception, tel que celui de la France-aujourd’hui, serait explosif.

26,5% pour le Centre, lui-même composé de trois familles,

26,5% pour la gauche de rejet composée de quatre familles avec une extrême gauche dominante,

22% pour l’extrême droite de rejet composée de deux familles.

10% pour la droite, jusqu’ici de rejet.

Et le reste en poussières, de gauche de droite et d’extrême gauche le tout de rejet, noyées dans une abstention de 52 %.

La paralysie assurée du pouvoir sonnerait aux portes de l’Élysée la convocation de l’insurrection.

5 La cohabitation imposée par une minorité active à une majorité relative issue du scrutin majoritaire, même affecté dune lourde abstention, ralentira sans doute les réformes par une cohabitation imposée, mais restera la garantie de la paix civile.

Avancer à cloche-pied vaut mieux que d’être paralysé.

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Le paon

Notre pays est dans la situation de ce ménage aisé, brusquement privé de ses ressources, qui ne peut plus faire face aux exigences de confort auxquelles était habituée sa famille.

Certes il peut se priver de sports d’hiver et de vacances au soleil. Il peut même, comme   des milliers de familles françaises, restreindre sur ses loisirs ordinaires.

Mais il ne peut pas réduire ses charges fixes. Le passé commande. Il faut continuer à payer la maison, la résidence secondaire et les entretenir toutes les deux.

Difficile de vendre en ce moment. Les prix ne sont plus ce qu’ils étaient.

Il faut continuer à payer les études des enfants, les chambres d’étudiant et, à moins de disparaître complètement, continuer à avoir une vie sociale, un train de vie, qui coûte cher, très cher. Il faut tenir le coup. Ça grince mais ça passe.

La France, elle, grince de ce qu’elle n’a plus, s’ankylose, rétrillonnée sur des acquis devenus trop cher pour elle.

Nous ne pouvons plus nous payer le luxe du rang auquel en vain nous prétendons encore.

Ce sont évidemment les services et les entreprises d’État qui souffrent les premiers, surtout ceux qui dépendent exclusivement des choix du budget national : la recherche ( l’épreuve du coronavirus en a été le symptôme), la justice ( notre incapacité à appliquer les peines faute d’établissements pénitentiaires décents), l’éducation nationale (la dégradation du niveau moyen des élèves et des étudiants en atteste), la santé (les déserts médicaux et la crise hospitalière en sont le témoignage).

Tous ces secteurs sont d’anciens riches devenus pauvres.

L’essentiel de la pauvreté provient de l’intervention de l’État, comme supplétif de notre incurie qui ne lui laisse plus aucune marge de manœuvre. Insolvable, il continue de vivre à crédit.

Un gauchisme rampant, socialo-individualiste et dégagé de tout esprit communautaire au profit d’un apitoiement électoraliste démagogique ( que l’on nomme à juste titre populisme), a depuis longtemps triomphé dans la société.

L’intervention de l’État apparaît comme un remède absolu. Il s’agit de dépenser comme un riche en distribuant à tort et à travers, sans avoir le sou.

Contrairement à notre famille paupérisée, l’État fait le beau. Au lieu de restreindre ses dépenses, il les accentue. Et contrairement à notre famille autrefois aisée, il ne paie plus ses dettes, ni ne rembourse ses crédits. Il en contracte de nouvelles. La maison se lézarde. Il ne répare pas.

Ce sombre tableau qui avait fait dire il y a 15 ans à un ancien Premier ministre que la France était en faillite, ne s’est pas éclairci depuis.

Les uns disent que la faute en revient au gouvernement présent, d’autres plus réalistes aux gouvernements successifs…

Ils ont tous tort.

La faute en revient à une société laxiste qui refuse de réduire ses dépenses et de se soumettre au régime adapté à un riche ruiné, atteint d’une maladie chronique.

Bref, Il ne faut pas péter plus haut qu’on a le cul.

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 4,60 sur 5 (5 avis)
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Loin

Il suffit d’être loin pour y voir un peu mieux. Sauf pour les myopes, bien sûr…

J’ai passé l’Atlantique.

Grâce au décalage horaire, me voici hors de portée des médias nationaux. Un soulagement. J’ai le temps. La distance permet de s’interroger. L’immédiateté a disparu.

À froid, je prends connaissance des réactions à chaud. Leur contenu me désole. Mais je ne me sens pas obligé d’intervenir, de répondre, d’expliquer. Inutile. L’actualité a changé de camp. Six mille kilomètres ou six heures ont suffi pour rendre obsolète la réflexion qui, sur place, m’aurait irrité.

Le temps l’a révélée vaine. Certes, elle l’était déjà. Mais l’immédiateté exige de prendre en compte le futile. La distance et le temps sont des révélateurs de la vanité des choses.

Pour se vendre, les médias choisissent les zizanies sans intérêt.

Les seuls sujets importants sont ceux qui nous concernent tous, où que nous nous trouvions sur la planète. Il y en a peu. Seulement les sujets d’ampleur planétaire. Ceux qui défient le temps et l’espace : la réduction des sources d’énergie disponibles qui conduit à la guerre de survie, la seule qui ait toujours eu une vraie signification.

Ses premiers signes sont apparus. L’économie les a traduits dans son langage de réalité : augmentation des coûts énergétiques, augmentation des prix des produits manufacturés, augmentation du coût du crédit, chômage, réduction du pouvoir d’achat, réduction du niveau de vie, troubles sociaux, populisme, révolutions, guerres.

Les gesticulations et les palinodies de la politique qui alimentent les médias sont dérisoires. Le pathétique s’attache aux faits. La plupart du temps, parce qu’ils sont soumis au choix des hommes, les problèmes posés sont insolubles.

L’écologie est de ceux-là. Aucun désastre écologique n’a jamais pu être évité. Qu’ils soient dus à des phénomènes naturels ou à l’activité humaine. Les premiers parce qu’ils nous dépassent, les seconds parce qu’ils nécessiteraient une décision conjointe et unanime.

Les rodomontades de ceux qui se saisissent de sujets aussi graves pour en faire des arguments flattant la vanité des médiocres, des tribunes politiciennes pour abuser les naïfs ou des moyens de s’enrichir, ne feront que précipiter le mouvement. Ils ne résisteront pas au choc de la réalité.

La démocratie qui exige un dialogue entre le pouvoir représentatif et le pouvoir réel est par nature à court terme.

On ne règle pas électoralement un problème de long terme.

Ce sont hélas les conséquences humaines du désordre écologique qui règleront le problème écologique.

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Vive les traitres

Le cynisme électoral permet parfois d’éclairer la doctrine. La reddition du PS à LFI en est la démonstration. Personne, depuis Manuel Valls, n’avait osé tirer les conséquences de la guerre des gauches. L’union de façade avait prévalu, au nom de l’assiette au beurre.

Pour son seul intérêt, ou ce qu’il croyait l’être, Olivier Faure les a tirées. Invitant les fidèles à l’exil, il a rejoint l’ennemi. Tout est désormais clair.

Pour Hollande, Hidalgo, Dray, Cambadélis et Delga, le divorce est acté.

Mais il y a longtemps que les époux faisaient chambre à part. Les deux gauches, ennemies de toujours, sont ressuscitées au nom de l’union de la vraie gauche contre les faux-fuyants. La précédente union – celle de Mitterrand – avait tué le PC. C’est le PS, cette fois, qui perd tout. La revanche des Insoumis.

Les traîtres de Solférino, « munichois » de la débandade, écolos déstructurés et survivalistes en rémission en ont ainsi décidé. La refondation passera par eux.

À LR, on n’en est pas là. On se parle encore, par sous-entendus. Mais on couche déjà dans des lits jumeaux. Les traîtres d’hier se sont grillés les ailes à la lumière de RN, de LaREM ou de Reconquête. Ils ont raté leur coup. Ça fait réfléchir les suivants.

Les nouveaux traîtres, artisans de l’union à droite, hésitent. On réaffirme les principes du « chacun chez soi » pour sauver l’unité du parti, les postes et les avantages qui vont avec. Mais le vase est brisé. Et la verveine y meurt.

Jacob est seul dans son bunker.

Copé triomphe,  Wauquiez plastronne, Bertrand se cache.

L’un après l’autre ils rejoignent sur trois rangs l’ennemi d’hier. Et c’est au nom d’LR que ses plus acharnés défenseurs d’hier trahiront leur parti. Abad, Lisnard, Aubert viennent de découvrir qu’il n’est pas de grand homme d’État sans grande trahison.

Ils s’érigent en artisans de la pensée commune. Il n’est pas de plus grand dessein que de confondre son intérêt avec celui de la nation.

Le scrutin proportionnel achèvera bientôt la décomposition de la vie politique et des partis.

A la fuite des urnes succèderont les ruines.

Pas de révolution pour autant. La recomposition n’est pas le fait des politiques. Elle n’est que le résultat d’un mode de vie.

Ce sont les mœurs qui changent les régimes.

La IVème République était la République de la défaite.

La Vème, la République de l’ambition.

Nous venons d’éviter la République de la soumission.

Le régime vers lequel nous nous dirigeons sera le fruit de ce que nous sommes devenus. Une nation sur la défensive.

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A la hâte

On le presse d’agir. Vite ! Mais pour quoi faire ?

Équilibrer les dépenses publiques ? C’est éviter la ruine et l’asservissement.

Réformer la Justice ? Indispensable pour redonner confiance aux citoyens.

Améliorer la sécurité ? Prioritaire pour éradiquer les attentats et sortir du cauchemar des banlieues.

Viser le plein emploi ? C’est la condition du progrès partagé.

Redonner corps à une éducation nationale à la dérive ? C’est miser sur l’avenir d’une jeunesse en perdition.

Réformer le système sanitaire ? C’est offrir une oasis aux déserts médicaux, revaloriser les professions médicales hospitalières et accorder à l’hôpital du prestige.

Rendre la démocratie plus attrayante ? C’est en finir avec l’abstention.

Trouver une solution aux problèmes migratoires ? C’est réduire le populisme et porter un coup au racisme et au racialisme.

Orienter la France vers les nouvelles technologies ? C’est lutter contre la fuite de l’intelligence.

Renforcer l’Europe ? C’est assurer la paix et l’indépendance de notre pays.

Rendre à l’égalité tout son sens ? C’est en finir avec l’égalitarisme.

Restituer la valeur de fraternité ? C’est en finir avec l’État assistance.

Il faut tout faire.

Mais par quoi commencer ?

L’urgence augmente-t-elle avec le temps qui passe ? Non. L’urgence reste urgente. Elle change seulement de camp.

Et nul ne sait définir ce qui est plus urgent, car l’urgence d’une action dépend d’une autre action urgente. Et toute action nouvelle renvoie à plus tard une autre action urgente.

Le paramètre de l’action n’est pas l’urgence.

Tout commence par la confiance.

La joute politique est engagée sur le schéma ancien fondé sur la défiance. N’en attendons rien que de la chicaya.

Le populisme a dépossédé la gauche et la droite de leurs valeurs humanistes. Elles ne se reconstruiront pas du jour au lendemain.

Ce ne sont pas les programmes qui manquent. Ce sont les fondements de l’action.

Depuis l’avènement de la démocratie, la politique n’est plus la méthode de gouvernement chère à Machiavel pour le Prince.

La politique doit épouser une perspective de masse.

Encore faut-il inspirer cette perspective à la masse.

C’est le défi à relever par nos démocraties au moment où seuls les gouvernements autoritaires en donnent l’illusion.

Tandis que les fractures ne cessent de diviser nos sociétés, aucun dirigeant démocratique n’a encore su y répondre.

Combinaisons électorales et mesures ponctuelles concoctées dans l’urgence ne feront que les élargir.

Méfions-nous de ceux qui promettent de sauvegarder la paix civile en calmant des revendications particulières.

La nation n’est pas une juxtaposition d’intérêts à satisfaire d’urgence.

Elle doit être porteuse d’un destin collectif à long terme.

C’est la seule urgence.

À défaut, c’est la nation qui disparaît.

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Pacifisme

Le vendredi saint qui, dans la religion chrétienne, commémore le sacrifice du Christ sur la croix, n’inspire pas vraiment les belligérants. C’est bien normal.

Il n’y a pour invoquer le pacifisme en temps de guerre que ceux qui ne risquent rien. Les agressés ne pensent évidemment qu’à se défendre, à défendre leurs familles, leurs biens, leur patrie. L’instinct de survie.

Quant aux agresseurs, ils redoublent leurs coups pour faire céder leur victime.

Le pacifisme n’a droit de cité que lorsque la guerre n’est pas déclarée.

N’empêche, à défaut d’être armé, on succombe sans coup férir.

Je m’arme pour me faire respecter.

L’armement est un préalable, un avertissement à qui voudrait s’en prendre à moi.

Le non-armement, et pire le désarmement, provoquent l’appétit des brutes et justifient l’agression du plus fort.

La question consiste donc à savoir si la défense d’une cause aussi essentielle que la liberté de la nation et de ses citoyens, justifie ou non l’éventuel sacrifice de la nation.

Ou posée autrement si le renoncement à la défendre est compatible avec le concept de nation.

Ou posée encore autrement, si accepter la servitude n’entraîne pas le renoncement à se considérer comme humain.

Vainement pourrait-on invoquer l’exemple du Christ ou de Gandhi.

Aucun des deux n’avait la charge d’une nation. Tous les deux invoquaient la dignité de l’Homme. Et tous les deux, jusqu’au bout, ont défendu cette conviction. Ni l’un ni l’autre n’ont eu à risquer, pour leurs convictions, la vie de leurs disciples. Ils n’étaient pas missionnés. Il n’ y avait là qu’éveil des consciences et engagement personnel.

Au contraire, préserver la liberté et l’indépendance de la nation est la mission première d’un gouvernement mandaté par des citoyens. Il s’arme pour cela. A défaut, il trahit sa mission.

Zelenski n’a pas d’autre choix. Quel qu’en soit le prix.

Et il est du devoir de ceux qui constatent l’agression de venir en aide à l’agressé à peine de se rendre coupables de non-assistance à nation en danger.

Attitude aussi méprisable et aussi condamnable par la morale et par le droit que celle qui consiste à ne pas venir en aide, directement ou indirectement, à la victime d’une agression ou d’un danger.

Nous n’avons pas le choix. Il faut aider l’Ukraine.

Jusqu’à quel point ?

La réponse est donnée par la loi pénale française sur l’assistance due à une personne en danger : « Sans risque pour soi, ni pour les tiers ». A savoir, dans le respect des règles de proportionnalité. On ne saurait mettre en jeu la sécurité des tiers, c’est-à-dire, tous les autres indépendamment des Russes et des Ukrainiens. On doit même la préserver, en particulier celle de ses voisins mêlés au conflit par leur proximité.

Il faut donc aider l’Ukraine avec tous les moyens proportionnés à l’attaque, sans prendre part au conflit directement, mais seulement indirectement.

Ce n’est pas de la lâcheté. C’est de la sagesse.

Pour ne pas faire de l’Ukraine le Christ des nations.

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Le troc

Il faut avoir grand faim pour dîner chez le diable et surtout se munir d’une longue cuillère. Tout est affaire de longueur de manche.

Le risque est parfois bien récompensé. On le court pour cela. Au risque de tout perdre, il faut savoir le limiter.

Le docteur Faust n’était pas un perdreau de l’année. Vendre son âme au diable était le juste prix de ce qu’il convoitait. Et l’enjeu Marguerite en valait bien la peine. Il a gagné la fille mais a vendu son âme. C’est du vendant/ vendant, pas du donnant/donnant. Lorsque vous payez cash, il vous paye à crédit.

Investir dans une dictature donne la chance d’un profit que n’offre aucune démocratie. La contrepartie, c’est le risque. Vitale, économique, politique, sociale ou financière, le diable déguisé en dictateur brade l’insécurité en gros et en détail. Contre espèces sonnantes et trébuchantes valant quelques promesses.

Hélas pour l’investisseur, lorsque le goût du risque se confond avec l’obsession du gain, cette obsession engendre la témérité. Le manche de la cuillère est dans ce cas toujours trop court.

Car l’aventure, ce ne sont pas les affaires, c’est le dîner avec le diable.

Le diable est insatiable et n’a pas de parole. Plus insatiable encore et beaucoup plus menteur que tous ses commensaux.

Les gros investisseurs en connaissent l’enjeu, le risque et le gain espéré. Ils savent quand partir en préservant leur mise ou, du moins, en sauvant les meubles.

Les gogos l’ignorent. Ils nourrissent la certitude d’un gain à peine espéré. Un peu comme Perette n’escomptait que veaux, vache et cochons contre son pot de lait.

Voici donc pris au piège du mirage des gains plus ou moins contestables quelques entrepreneurs sommés de choisir entre la liberté et peut-être la ruine.

« Il ne reste à sauver que votre liberté. La fortune, vous l’avez perdue. Le diable se paie toujours sur la bête. »

Il faut quitter la Russie du diable.

Revenir, sans délai.

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