Le troc

Il faut avoir grand faim pour dîner chez le diable et surtout se munir d’une longue cuillère. Tout est affaire de longueur de manche.

Le risque est parfois bien récompensé. On le court pour cela. Au risque de tout perdre, il faut savoir le limiter.

Le docteur Faust n’était pas un perdreau de l’année. Vendre son âme au diable était le juste prix de ce qu’il convoitait. Et l’enjeu Marguerite en valait bien la peine. Il a gagné la fille mais a vendu son âme. C’est du vendant/ vendant, pas du donnant/donnant. Lorsque vous payez cash, il vous paye à crédit.

Investir dans une dictature donne la chance d’un profit que n’offre aucune démocratie. La contrepartie, c’est le risque. Vitale, économique, politique, sociale ou financière, le diable déguisé en dictateur brade l’insécurité en gros et en détail. Contre espèces sonnantes et trébuchantes valant quelques promesses.

Hélas pour l’investisseur, lorsque le goût du risque se confond avec l’obsession du gain, cette obsession engendre la témérité. Le manche de la cuillère est dans ce cas toujours trop court.

Car l’aventure, ce ne sont pas les affaires, c’est le dîner avec le diable.

Le diable est insatiable et n’a pas de parole. Plus insatiable encore et beaucoup plus menteur que tous ses commensaux.

Les gros investisseurs en connaissent l’enjeu, le risque et le gain espéré. Ils savent quand partir en préservant leur mise ou, du moins, en sauvant les meubles.

Les gogos l’ignorent. Ils nourrissent la certitude d’un gain à peine espéré. Un peu comme Perette n’escomptait que veaux, vache et cochons contre son pot de lait.

Voici donc pris au piège du mirage des gains plus ou moins contestables quelques entrepreneurs sommés de choisir entre la liberté et peut-être la ruine.

« Il ne reste à sauver que votre liberté. La fortune, vous l’avez perdue. Le diable se paie toujours sur la bête. »

Il faut quitter la Russie du diable.

Revenir, sans délai.

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Une réflexion sur « Le troc »

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