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Et maintenant, chômage et extorsion fiscale pour tous par h16

Entre les flonflons nationaux et petite ballade impromptue aux Tuileries, le 14 juillet du Président Emmanuel fut bien rempli et aura été l’occasion pour lui d’assomer une nouvelle fois le pauvre peuple français avec une intervention sans intérêt si ce n’est celui de rappeler que le chômage allait exploser des records…

Oui, apparemment, il sera difficile de camoufler un million de chômeurs supplémentaires. C’est ballot.

C’est ballot mais c’est interessant pour un pays qui vivait semble-t-il fort bien une situation de chômage élevé depuis les années Mitterrand où il avait été finement calculé par l’intelligentsia socialiste du moment qu’une masse dodue de chômeurs, pas trop mal indemnisés quitte à creuser la dette, permettait d’une part de s’assurer un certain coussin électoral (indispensable lorsque le but n’est pas le bonheur du peuple mais de conserver le pouvoir), et d’autre part de donner des éléments de pression sur les salaires, ce que les entreprises issue du capitalisme de connivence ne rechignèrent guère à accepter à bras ouverts.

En pratique, le modèle social français s’est fort bien accommodé de ce chômage massif jusqu’à présent tant que ces chômeurs se tiennent tranquilles et tant que le reste de la population peut bénéficier des fruits de la croissance. Avec la crise sanitaire puis économique, la donne change suffisamment d’autant qu’on peine depuis quelques décennies à distribuer les fruits de la croissance et que les chômeurs (ou ceux qui risquent de le devenir au moindre tremblement économique) ne se tiennent plus trop tranquilles.

La saillie de Macron dans ce contexte devient particulièrement savoureuse puisqu’elle augure d’un futur quelque peu rocailleux : d’un côté, les rentrées fiscales vont s’effondrer, de l’autre, les dépenses sociales explosent, et au milieu, le contribuable semble assez peu décidé à faire une croix sur à peu près tous les services que ses impôts étaient censés payer, sans pour autant voir ses prélèvements fondre.

Même le gouvernement, pourtant généralement assez loin de ces considérations terre-à-terre et peu concerné par les problèmes de fin de mois, a commencé à comprendre qu’un nuage gris s’accumulait à l’horizon.

Heureusement, il a pris la mesure du problème à bras le corps : Castex, l’énarque bureaucratique en charge des affaires courantes (formellement, il serait premier ministre) a par exemple bien saisi que la lutte contre le chômage serait la priorité absolue top number one du gouvernement, et s’est donc immédiatement fendu d’un « plan vélo très ambitieux », ce qui donne une mesure assez précise de la décontraction générale des ministres face au problème.

Et si l’à-propos d’une telle mesure musclée échappera sans doute à ceux qui ne sont pas adeptes de la pensée complexe macronienne, souhaitons malgré tout que la multiplication des petits biclous ne provoque pas en France les mêmes embouteillages vélocypédiques qu’en Belgique où la compagnie ferroviaire du plat pays commence déjà à pleurnicher d’une bousculade dans ses trains. Gageons que, ici comme ailleurs, l’anticipation sera reine et qu’il n’y aura donc aucun souci à prévoir de ce côté.

Bref, c’est décidé : la lutte contre le chômage sera donc l’affaire de tous dans les prochaines semaines…

À commencer par toute la Ligue des Bureaucrates Extraordinaires, depuis l’inspection du travail jusqu’à l’URSSAF en passant par Bercy : en ces temps difficiles, il n’est pas question que le moindre centime manque à l’appel du Trésor public, il n’est pas question que le moindre sou soit détourné de ses objectifs solidaires et citoyens, ou que la moindre goutte vivifiante d’État Républicain Indispensable À La Survie Des Français ne vienne pas abreuver les miséreux et les orphelins.

Pour cela, il va donc falloir renforcer les contrôles car on a bien compris qu’en réalité, profitant honteusement de cette crise sanitaire gérée de main de maître par un gouvernement au taquet, les entreprises se sont toutes relayés pour venir s’empiffrer de subventions, d’aides et de chômage partiel.

Eh oui : tout indique qu’il y a eu des fraudes, du détournement, des abus et de scandaleux petits arrangements avec la réalité, ce qui impose donc que le privé soit maintenant sévèrement contrôlé. Et lorsqu’on voit l’importance des montants évoqués, on frémit : les fiers services de Bercy ont ainsi identifié 1740 opérations frauduleuses, ce qui représente tout de même plus de 1,7 milliard ah non pardon million d’euros de préjudice, et ce alors que des versements de plus de 6 millions ont pu être arrêtés. Ouf. Avec une moyenne de près de 1000€ de détournement par affaire, on voit que l’État a évité le pire…

Et au-delà de ces sentiments de fraude immenses fraudes massives, il s’agira aussi d’aller récupérer du pognon là où il se trouve. Or, si la crise a véritablement sonné le glas d’un nombre effarant d’entreprises et de commerces en France, elle a aussi fourni une opportunité en or pour certaines sociétés de placer leurs services et leurs produits.

Et ça, en France, cela s’appelle profiter du malheur des autres : si c’est parfaitement autorisé et même conseillé chez les socialistes, c’est en revanche parfaitement interdit pour le reste de la société et formellement combattu par toute l’administration qui s’est donc chargée de remettre un peu d’ordre dans tout ça en lançant une vaste campagne de contrôles serrés auprès de toutes les entreprises qui ont eu l’impudence de sortir bénéficiaires de cet épisode douloureux.

Ainsi, en matière de contrôles fiscaux, la priorité sera donnée aux secteurs d’activité qui ont tiré profit du confinement, comme par exemple les plateformes d’e-commerce, de télécommunications, les opérateurs télécoms ou les éditeurs de jeux vidéo en ligne, les plateformes de streaming…

Avouons que l’idée même de taper sur ces entreprises qui ont su tirer leur épingle du jeu pourri de cette première moitié d’année est une idée d’autant plus lumineuse que, comme l’a admis Président Manu, le chômage va exploser ! Rien de tel qu’un bon gros contrôle fiscal bien sévère pour inciter ces plateformes, ces opérateurs et ces services à embaucher en période de crise, tiens !

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © H16. Publié avec l’aimable autorisation de l’auteur (son site)

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La haute administration au pouvoir : l’occupant intérieur se frotte les mains par h16

Une nouvelle page du quinquennat Macron est donc en train de s’écrire sous nos yeux pas du tout ébahis : comme prévu depuis plusieurs mois (il suffit de relire quelques titres de la presse people pour s’en souvenir), Ed l’épicier est donc reparti dans son Havre. Le remplaçant est exactement à la hauteur de ce qu’on pouvait prévoir.

Ici, je me contenterai de constater ce que beaucoup d’autres ont déjà noté depuis vendredi : Jean Castex, c’est l’exemple type de l’exécutant, le bureaucrate de l’ombre qui ne risque pas, sur le papier du moins, de prendre un peu trop de cette lumière que le président Macron recherche toujours avec gourmandise.

Le choix de Philippe comme précédent Premier ministre correspondait d’ailleurs aux mêmes critères, et ce dernier doit plus que probablement son départ à la bonne popularité dont il a joui ces dernières semaines malgré la gestion absolument calamiteuse de la crise sanitaire. Au passage, ceci illustre le pouvoir des médias au mieux pour façonner l’opinion, au pire pour leur capacité à déformer la réalité au point de conférer une popularité à cet homme falot dont les performances furent objectivement nulles.

Dans ce cadre, Castex ne dépare donc pas : selon que la presse le prendra en grippe ou non, peut-être assisterons-nous à une amusante bataille de popularité entre lui et le président, ce qui ne manquerait pas de sel dans une vie politique qui en est d’autant dépourvue qu’elle est de plus en plus peuplée de gamélards, d’imbéciles et d’incompétents dont les crises, qui se succèdent maintenant à un rythme soutenu, mettent en exergue les défauts les plus saillants pour la consternation renouvelée de la partie la plus contribuable du peuple français…

En effet, au-delà des considérations quasi-pipolesques sur le nouveau Premier ministre, force est de constater que les « ténors » politiques actuels sont d’une extraordinaire homogénéité. Pour citer les plus en vue actuellement, notons que Philippe sort – étonnement !- de SciencePo et l’ENA, après avoir pantouflé chez Areva, que Bruno Le Maire, qui a lui aussi fait – surprise !- SciencePo et l’ENA, n’a jamais travaillé dans une entreprise privée, que Macron lui-même, sorti lui aussi – coïncidence !- de SciencePo et l’ENA, a pantouflé chez Rothschild, et que notre brave Castex sort – c’est original !- de SciencePo et l’ENA et, comme Bruno Le Maire, n’a jamais bossé dans le privé (ce qui ne l’a pas empêché d’encaisser jusqu’à présent de coquettes rémunérations, même si le passage par Matignon va amoindrir ses émoluments).

Ceci indique assez clairement qu’on poursuit avec application la tendance, déjà entamée depuis plusieurs années, de recruter toujours dans le même vivier d’approximatifs coûteux et surtout d’individus dont le formatage intellectuel à l’étatisme centralisateur est total. Il n’a d’ailleurs pas fallu attendre longtemps pour que Castex confirme la tendance dans laquelle toute solution proposée passera d’abord et avant tout par l’État : apparemment, la crise sanitaire trouvera son dénouement grâce à l’État (vu l’historique, merci du cadeau !) et en ce qui concerne la crise économique, que même le Président Macron envisage maintenant comme « très dure » dans les prochains mois, l’État sera indispensable pour la surmonter ; apparemment, les étincelles qu’il a faites les dernières années justifient amplement de continuer à lui faire confiance. Vous allez voir, ça va super bien se passer, mais prévoyez tout de même un peu de vaseline, ça pourrait aider.

Et si officiellement, la mission du Premier ministre consistera donc à accompagner les Français dans le calvaire qui les attend, il n’en reste pas moins qu’on devine aussi sa mission officieuse : en choisissant ainsi un tel bureaucrate, avec une telle formation, de tels faits d’armes passés et, déjà, de telles première déclarations, il ne fait aucun doute que le but inavouable mais parfaitement clair de Castex sera de conserver, par tous les moyens, la mainmise de l’administration sur le pays ; l’Occupant intérieur veut continuer à toucher ses rentes. Les privilèges ne seront pas modifiés, les petites habitudes ne changeront surtout pas, la mise en coupe réglée continue.

Certes, on conviendra qu’on ne devait pas s’attendre, compte-tenu des derniers événements politiques, à un soudain virage libéral voire une baisse (même modeste) des impôts ou un vent de liberté dans le pays : tout a été fait, ces six derniers mois, pour au contraire augmenter les impôts courants et futurs avec une explosion de la dette publique et réduire nos libertés en invoquant la crise sanitaire afin d’assigner plusieurs dizaines de millions de Français à résidence.

Ici et d’évidence, Castex jouera donc les prolongations… Sur du velours parce que les Français, en réalité, semblent assez manifestement d’accord pour cet agenda : il suffit de voir les sondages s’empiler qui indiquent tous, avec une belle cohérence, cet amour inaltéré de l’interventionnisme d’État pour comprendre que l’accroissement permanent de ses prérogatives ne les gêne pas. L’inculture économique étant maintenant distillée avec application dès le plus jeune âge à chaque petit Français, il n’est pas étonnant qu’aucune connexion n’ait été faite entre l’appauvrissement global de ceux-ci et l’augmentation parallèle de la place de l’État et de ses ponctions toujours plus grandes pour un résultat, lui, toujours plus médiocre : dès lors, si la situation s’aggrave de mois en mois dans le pays, c’est évidemment qu’il n’y a pas assez d’État, pardi !

Dans ce contexte, le nouveau Premier ministre n’aura donc aucun mal à continuer l’œuvre de ses prédécesseurs. Les impôts, prélèvements, taxes, interdictions, obligations, contraintes, formulaires et vexations administratives de tous ordres continueront donc de s’abattre sur le peuple qui, à la prochaine crise, constatera la nullité (voire la létalité) des services qu’il paye pourtant fort cher… Ce qui lui permettra d’en vouloir encore plus, dans un cercle vicieux que l’Occupant intérieur ne pourra que trouver tout à son avantage.

Ce pays est foutu.

 

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Impôts, taxes, malus et ponctions : une année 2020 pétulante

Chers lecteurs, chers amis, chers critiques, chers trolls, chers et chères contribuables, je découvre enfin une excellente nouvelle dans le paysage fiscal français : Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, a bien compris que le bombardement paperassier des entreprises par les administrations pléthoriques de l’État finissait par leur être quelque peu pénible et du haut de sa munificence, il a donc entrepris de remédier à ce petit encombrement de tatillonneries.

Contrôlée sept fois en deux ans par l’URSSAF, l’Environnement, les Transports, l’inspection et la santé du travail et bien sûr le fisc, telle entreprise ou tel commerçant n’en peut plus et finissent par se plaindre auprès des autorités qui, jusqu’à présent, n’en avaient cure. Heureusement, Gérald enfile sa cape de super-héros politique et parvient, grâce à une nouvelle loi « pour un État au service d’une société de confiance » (Essoc) à enfin réduire la charge administrative de ces contrôles incessants.

Rassurez-vous cependant : par « réduire », on n’entend pas du tout rentrer dans le domaine du raisonnable où l’entreprise subirait un contrôle annuel de l’une ou l’autre entité bureaucratique dont la France s’enorgueillit des services remarquables et des résultats admirables, non. Ici, il s’agit simplement de s’assurer que, sur un an, l’entreprise ne se fait pas tabasser plus de neuf mois, ce qui lui laisse alors trois mois de cocagne où l’opulence et la joie de vivre s’y disputeront des bénéfices forcément dodus qui bénéficieront en premier lieu à l’État, via le fisc.GIF

Bref, on l’a compris : l’ambiance va se détendre en France, et on va bien rigoler les prochains mois, c’est Gérald qui vous le dit.

Ce qui n’empêchera pas le même Gérald de tressauter d’allégresse en annonçant à tous que l’espionnage permanent et de plus en plus pervasif de ses services permet d’aller encore plus profond dans les poches des contribuables. Joie, bonheur et brigandage légal : grâce à un efficace data-mining et un habile croisement de données qui aurait fait frémir la CNIL si tout le monde ne s’en foutait pas éperdument, le fisc est parvenu cette année à récupérer 6 milliards d’euros qui viendront s’ajouter à un budget qu’on sait déjà taillé au cordeau.

Rien que savoir ces sommes d’ores et déjà mobilisées pour éduquer si finement nos enfants, réparer si minutieusement nos routes, payer si justement nos médecins dans nos hôpitaux si bien gérés, cela me fait chaud au cœur. Quel bonheur de comprendre que, derrière ces croisements de données, cet espionnage dont tout indique qu’il va continuer à s’étendre encore, se cache une volonté farouche d’aller aspirer la richesse partout où elle se trouve pour que la puissance publique puisse enfin la rediriger là où elle est importante, c’est-à-dire dans les productions télévisuelles et radiophoniques à la botte de Delphine Ernotte, dans les petits fours et autres fêtes grandioses de l’Élysée et de la myriades d’administrations jamais en reste pour un petit drink entre copains (et coquins) ou en distribution de prébendes et autres politiques sociales consternantes dont le résultat est forcément génial et jamais réellement évalué…

Mais ne soyons donc pas mauvaise-langue ! Si le petit Gérald fait ainsi de tels efforts pour aller aspirer partout l’argent où il peut en trouver, c’est que l’État a de gros besoins, toujours inassouvis et que chaque économie, chaque rabotage est un renoncement, une déchirure, une souffrance difficile à supporter, à tel point que le bilan budgétaire est maigre : l’année 2020 devrait une nouvelle fois se traduire par un petit déficit (oh, zut, comme c’est ballot) de 93 milliards d’euros.

Quant aux suppressions de poste dans la fonction publique, qui participerait normalement des efforts budgétaires consentis afin de réduire la masse salariale d’un État morbidement obèse, elle s’établira vaillamment à … 47 postes (oui oui, 47, pas 47 000).

Encore une fois, ne perdez pas de vue que ces efforts sont consentis pour que la République puisse survivre dans cette période d’austérité grandissante et alors que la rigueur budgétaire atteint des sommets jamais gravis jusqu’à présent. Il sera probablement difficile, dans ce contexte, de continuer à alimenter les petits Think-Tanks et autres minions à la solde des ministères, même si on devrait trouver une trentaine de millions d’euros quand même, ne nous leurrons pas.

Il faut le comprendre : la situation est tendue, le budget l’est aussi, les économies sont difficiles à faire, Gérald et Bruno, les Laurel & Hardy de nos finances publiques, n’ont donc pas fini de recourir à toutes les ficelles pour continuer leur petit jeu d’équilibristes rigolos en comptabilité publique.

Parallèlement et de façon plus sérieuse, pendant que ces deux clowns sinistres et coûteux persisteront à alimenter la chronique de leurs fastes et de leurs saillies imbéciles, le pays va donc très concrètement continuer de s’endetter comme jamais et ce avec d’autant plus d’aisance que le chef de l’État lui-même a jeté aux orties toute velléité de respecter, même vaguement, les traités européens, au motif que limiter le déficit à 3% du PIB serait un débat d’un autre siècle.

Et parce que ces histoires d’endettement, c’est bien mignon, mais ça ne suffira même pas à boucler le budget pourtant catastrophiquement déséquilibré, on y ajoutera bien sûr une nouvelle bordée d’augmentation de taxes, d’impôts, de ponctions et d’accises rigolotes, qui vont pleuvoir sur le contribuables dans les prochains mois avec un rythme joyeux.

Le prix des péages routiers sera ainsi augmenté de 1% à 1,5% ce qui ravira encore le petit peuple méprisable qui utilise encore sa voiture pour se déplacer. Qu’on le taxe encore ! Après tout, il pollue l’atmosphère des Seigneurs !

Le prix des billets d’avion va encore augmenter, l’écotaxe rejoignant la Taxe Chirac déjà présente en France (et en France seulement), ce qui se traduira par un accroissement de 1,5€ à 18€. Rappelons que ce mode de déplacement n’est pas fait pour les pauvres et les classes moyennes. Les classes supérieures en ont assez de voyager serrés comme des sardines à cause de la plèbe, qui, ne l’oublions pas, pollue leur atmosphère !

Concernant le prix de l’essence, rassurez-vous, le gouvernement est formel : il n’augmentera pas plus que d’habitude avec la hausse des cours du pétrole (réelle ou fantasmée, peu importe, c’est toujours une hausse). Cependant, il ne faudrait pas voir ceci comme un blanc-seing à venir polluer l’atmosphère de ceux qui décident et qui taxent : il a donc été logiquement décidé une solide hausse des malus écologiques sur les voitures pour 2020, la pollution étant un sujet particulièrement sensible auprès de nos élites qui n’entendent pas respirer les odeurs de sueur et de charbon brûlé des plèbes grouillantes sans y trouver compensation, zut à la fin.

Enfin, pour faire bonne mesure et comme il va être temps de solder 75 ans de gestion publique progressivement de plus en plus calamiteuse de la production électrique en France, le gouvernement va devoir scinder les activités de distribution et de production électrique d’EDF. Les négociations de marchand de tapis entre nos batteries d’énarques et la Commission européennes ont finalement abouti à un accord qui verra essentiellement bondir les prix de l’électricité en France dès 2020.

Entre l’écologie qui justifiera amplement l’augmentation des taxes ici et là, et l’ultra-libéralisme de la turbo-concurrence imposée par Bruxelles qui disculpera complètement (et commodément) les erreurs industrielles, commerciales et financières en chapelets des dirigeants de nos fleurons industriels, on peut garantir que l’hiver 2020 ne sera certainement ni plus chaud, ni moins cher que les précédents.

L’année prochaine s’annonce déjà pétulante. Les taxes, les malus, les ponctions et les tabassages fiscaux sont déjà dans les tuyaux et la mine réjouie de ces bouffons ministériels nous donne un excellent aperçu de ce qui attend le contribuable français.

Forcément, ça va bien se passer.

 

SUR LE WEB:  http://h16free.com/2019/11/18/64697-impots-taxes-malus-et-ponctions-une-annee-2020-petulante

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Les Français fuient-ils la France ?

Certes, il y a les Gilets jaunes. Certes, l’Europe semble un peu partir en sucette avec cette petite histoire de Brexit et d’Italie récalcitrante. Certes, les indicateurs économiques ne sont pas bons, le chômage ne diminue pas des masses et les tensions mondiales, européennes et nationales ne semblent pas s’apaiser. Certes. Mais au moins, la France reste ce pays accueillant où il fait bon vivre et on l’on se presse pour profiter de ses richesses.

Ce qui n’empêche pas les uns et les autres de s’interroger sur le nombre pourtant grandissant de Français qui choisissent d’aller vérifier ailleurs si, par hasard, l’herbe ne serait pas plus verte.

La rumeur voudrait en effet que d’autres pays existent où l’on ne meurt pas dans les rues de n’avoir pas reçu de soins, où l’on trouverait malgré tout des emplois normalement payés malgré une protection sociale forcément diaphane, où les retraités ne seraient pas tous réduits à la plus sordide mendicité. Dès lors, pour ces Français hardiment aventureux (et probablement bercés par les sirènes enivrantes d’un capitalisme turbolibéral apatride et propagandiste), l’affaire devient tentante, les poussant à aller explorer ces contrées mystérieuses sans gréviculture bi-annuelle, syndicalisme rabique et ponctions fiscales invasives et cancérigènes.

Et, de petits paquets de Français frétillants en petits paquets de Français s’expatriant, on finit par obtenir de jolis nombres d’une émigration qui finit par se voir dans les chiffres officiels torturés manipulés avec soin par notre INSEE nationale. Le constat apparaît alors dans toute sa splendeur gênante : il semblerait bien que les Français fuient la France.

Oh, bien sûr, les démographes, les statisticiens et les politologues se gardent bien de tirer cette conclusion des soldes migratoires : en rappelant que se nichent dans les données de l’INSEE tout un tas de petits biais statistiques, on en arrive à la conclusion que s’il y a un solde migratoire négatif (la France se vide de ses Français), ce n’est pas vraiment grave, même lorsque les chiffres d’expatriation augmentent, même lorsque le nombre de Français qui s’enregistrent aux Consulats ne cesse d’augmenter, même lorsque les sondages, réalisés par les instituts statistiques ou lors des recensements, indiquent bien qu’un nombre croissant de nos compatriotes vont voir ailleurs s’ils y sont.

Prudents, ils se contenteront de rappeler que les prochaines années, et les prochains recensements, permettront de trancher pour savoir si c’est une tendance ou si c’est juste une petite perte passagère d’attractivité.

Comme si les articles, que la mémoire fidèle d’Internet conserve religieusement, ne s’empilaient pas tous dans le même sens : non seulement les Français s’expatrient, mais ils ne sont pas nombreux à revenir loin s’en faut ; ainsi, un nombre croissant part pour éviter le chômage, ou simplement parce que leurs compétences ne sont plus accessibles ou pas assez bien payées en restant au pays. Si l’on y ajoute le fait que revenir en France est un véritable parcours du combattant administratif noyé dans la bureaucratie franchouillarde et kafkaïenne, on comprend que, non non, ce n’est pas un biais statistique mais bel et bien une tendance de fond : les Français fuient leur pays.

Franchement, on se demande bien pourquoi.

Tout le monde sait pourtant que ce pays de Cocagne est envié par tous à tel point qu’on se bouscule à ses frontières ! Ou presque : en fait, lorsqu’on demande aux expatriés où ils veulent se rendre, ce n’est pas la France qui arrive en premier, loin s’en faut. Dans une étude de HSBCqu’on pourra compulser fébrilement, on se rend compte que la France n’arrive même pas dans le top 10.

Pourtant, le pays a tellement d’atouts qu’on se demande ce qui peut bien pousser tous ces gens productifs à s’en aller, et tous les autres à ne pas y venir… Tenez, prenez les dernières dispositions dont on parle dans les milieux bien informés, les ministères affairés et les administrations bien en cour : comment ne pas voir tout l’intérêt que peut avoir, pour l’investisseur, le pensionné, le jeune diplômé ou l’entrepreneur de venir s’installer en France, d’y passer sa retraite ou d’y développer son activité alors qu’on est justement en train de tout faire pour rendre l’héritage plus attrac… heu pardon pour taxer encore plus l’héritage, bien que la France soit l’un des pays du monde où il est déjà le plus taxé ?

Eh oui : puisque la taxation forcenée de l’héritage a déjà donné d’excellents résultats par le passé, qu’il démontre tous les jours son pouvoir d’attraction sur les gens de tous horizons et de tous les pays, il serait idiot de ne pas passer la démultipliée et d’en rajouter une couche, n’est-ce pas ?

Pour le jeune diplômé, l’entrepreneur, l’investisseur qui veut se lancer, quoi de plus attractif qu’apprendre qu’une nouvelle vague de taxations est déjà dans les tuyaux ministériels ? Et puis, quel plaisir de savoir qu’on va, un jour, être si honteusement riche qu’on fera partie des 20 % de chanceux qui continueront à payer leur taxe d’habitation ?

Et puis, il faudrait vraiment être fou pour ne pas devenir propriétaire en France : tout y est fait pour favoriser la propriété privée, inciter le développement et l’initiative personnels ainsi que la prise de risque capitaliste et son pendant, l’enrichissement qui permettra de créer des emplois ! D’ailleurs, c’est bien simple : tout est si favorisé, si incité et si encouragé qu’il faut, depuis le premier janvier de cette année et pour les propriétaires immobiliers dans un nombre croissant de villes, disposer d’un authentique « permis de louer » délivré par notre belle administration pour pouvoir faire ce qu’on veut de son bien immobilier.

Devant ces éléments, et alors que l’avalanche de ponctions diverses se fait déjà entendre au son sourd et grave du « On Ne Touchera Pas Aux Dépenses Publiques » et du « C’est Gratuit C’est L’État Qui Paye », il devient vraiment difficile d’expliquer le comportement de ces Français qui quittent leur pays par milliers. Ou, a contrario, il ne vient guère qu’une pensée, simple et résumée ainsi :

Fuyez. Ce pays est foutu.

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Une irrépressible envie de fiscal

L’été approche et avec lui, cette période intéressante pendant laquelle, alors que les citoyens, les syndicalistes et les contribuables sont partis se dorer la pilule, le gouvernement va tenter de faire passer toutes les petites saloperies, les petits coups tordus, les petites lois assassines que les Français découvriront, effarés, à leur retour.

Alors que l’année passée, le gouvernement fraîchement nommé entendait toiletter vigoureusement le Code du travail (avec finalement un résultat pour le moins pastel) et l’année encore précédente, on sentait surtout un gros désir de sociétal, les options promettent d’être un peu plus étroites cette année.

Il faut dire que, malgré la flamboyante reprise (mais si) et la baisse palpable et durable du chômage (mais si), l’argent ne rentre pas aussi bien et autant que prévu dans les caisses de l’État qui, ne l’oubliez pas, a un très gros appétit.

Ici, point n’est besoin de s’étendre sur les petits dérapages budgétaires des uns ou des autres et soyons magnanimes : il est par exemple difficile pour nos députés d’être à la fois hyper-pointus dans leurs textes de lois, généralement si bien ficelés, et au top sur la gestion des finances de leur Assemblée. Compte tenu du rythme de galérien auquel ils sont astreints pour réformer la France « dans des proportions jamais vues » (puisqu’ils vous le disent), il était inévitable que le budget de fonctionnement de l’Assemblée dérape de 20 millions d’euros (une broutille), qui seront épongés en tapant dans la « réserve » (qui reste, quoi qu’on puisse dire, les poches du contribuables puisque c’est de là que l’argent provient toujours).

Et si l’on ne se penche donc pas trop sur les petites sorties de routes ici ou là, il reste néanmoins quelques soucis de trésorerie plus généraux à régler.

Eh oui : malgré toute cette flamboyance en pack de douze et ce spectaculaire en shrink-wrap, il faudra bien continuer à ne pas entretenir les routes départementales trouées, y disposer de jolis panneaux « 80 » tout neufs acoquinés à de tout nouveaux radars mobiles, à ne pas renouveler les matériels antédiluviens de l’armée, à distribuer des prébendes et de l’argent frais aux myriades d’associations lucratives sans but qui tètent vigoureusement aux généreuses mamelles républicaines, à produire de la culture française comme on débite de la saucisse industrielle et à éponger les dettes de toutes ces entreprises publiques, para-publiques, EPIC et colégram autres dont le service au public se résume essentiellement à une longue suite d’emmerdes gluantes.

Or, tout ça voyez-vous, ça coûte un fric fou !

Et dernièrement, il a circulé plusieurs informations cocasses qui pourraient introduire une insolente dose d’optimisme chez les Français. Il importe donc de remettre un peu les pendules à l’heure.

D’une part, le prélèvement à la source est toujours d’actualité.

Non, l’idée complètement idiote de Hollande et sa brochette de clowns à roulettes n’a pas été abandonnée et, pire encore alors que Macron avait toute latitude pour envoyer tout ce projet stupide aux oubliettes, le gouvernement actuel a continué sur la même lancée.

Certes, l’aspect désopilant des explications et des tentatives de camouflage qui entourent le projet n’échappera à personne. D’un tweet à l’autre, le comique de répétition s’installe même avec réjouissance.

Amélie de Montchalin

@AdeMontchalin

« L’objectif du prélèvement à la source c’est que le travail paye : désormais un euro gagné est un euro gagné et on n’aura plus besoin d’épargner pour payer ses impôts » @Europe1

Cependant, les dégâts que causeront immanquablement les dizaines de milliers de ratés et les erreurs sur les centaines de milliers de cas particuliers ingérables ne pourront probablement pas être versés au crédit du gouvernement ou de son budget. On peut d’ores et déjà s’attendre à de nouveaux moments de panique budgétaire dans les mois qui suivront la mise en place de l’usine à gaz.

D’autre part, si certains naïfs croyaient bêtement que la taxe d’habitation allait disparaître, ils en seront pour leurs frais.

Je l’avais largement expliqué dans un précédent billet et comme prévu, alors que cet impôt s’éteint doucement, une surtaxe s’éveille. De surcroît, foin de s’éteindre, il est déjà question de remettre en cause la fameuse (fumeuse ?) disparition : c’est bien joli de supprimer cette taxe d’habitation, mais ce serait sans compter sur Super-Bruno, le héros de la Justice Sociale en lycra moulant qui se chargera de rappeler que pour ceux qui ont aussi une habitation secondaire, ce serait vraiment trop injuste qu’ils en soient subitement exonérés : ♩ l’égalité en droit pour tous ♫, sauf les riches ♬, faut pas déconner ♪.

La suppression oui, mais pour tout le monde, non.

Il faut dire que cette suppression pourrait entraîner un manque-à-gagner™ de plus de 24 milliards d’euros. Et par les temps qui courent, avec 24 milliards d’euros, on peut en financer, des radars routiers pour ralentir les voitures, des avions qui ne volent pas et des trains qui ne roulent plus !

Malheureusement, même avec ces petits milliards ici ou là, ces petits arrangements ne suffiront pas pour aider à conserver le train de vie de l’État : miracle des miracles, les dirigeants commencent à comprendre que l’augmentation d’impôts tous azimuts ne peut plus être une réponse à tous leurs désirs humides de projets pharaoniques, de réformes minimales sur fond de communication luxueuse et de conservation des prébendes et autres fromages gras de la République.

Oui, vous l’avez compris : à côté du volet « recette » qu’ils s’emploient pourtant à conserver obèse, ils s’attaquent miraculeusement au volet « dépense ».

C’est d’ailleurs saisie d’un effroi d’ampleur biblique que la presse subventionnée nous relate cette nouveauté et commence l’exténuante description de ce qui pourrait advenir si jamais cette pente infâme était poursuivie : « le musée des horreurs » (ces mesures que personne ne veut prendre – sans blague !) vient de rouvrir et ce seraient certaines prestations sociales qui en feraient les frais…

Eh oui : il semble qu’après 50 années d’ouverture des vannes à argent public, après un demi-siècle de distributions tous azimuts, après des décennies à acheter une paix sociale en donnant à Paul l’argent pris de force à Pierre puis à ponctionner Paul pour en redonner une petite part à Pierre pour mieux le taxer ensuite, après des années à éparpiller de la richesse produite aux quatre vents des lubies sociales, politiques et économiques à la mode du moment, il soit arrivé ce moment tant redouté où l’argent gratuit des autres devient si difficile à trouver qu’il faille enfin réduire la voilure, fermer quelques robinets, assécher quelques sprinklers et couper quelques petits tuyaux d’arrosage.

Ouf. Il était temps, pourrait-on croire.

Hélas.

Parallèlement, tout indique que l’esprit français, énarque même, de nos politiciens n’a, malheureusement, pas bougé d’un iota.

À la complète incertitude fiscale qui se dessine encore une fois, tant au niveau des entreprises qui vont devoir composer avec le prélèvement à la source et les nouvelles lignes (et les polices de caractère plus épaisses) sur les feuilles de paie, qu’au niveau des particuliers qui ne sauront pas avant un moment s’ils vont devoir payer ou non cette taxe d’habitation qui a disparu mais oui mais non mais peut-être, il faut ajouter cette compulsion invraisemblable de nos dirigeants à vouloir absolument régenter, réguler et foutre les doigts de l’État partout où ils le peuvent et où il n’a rien à faire :

Edouard Philippe

@EPhilippePM

Dans le code civil, nous allons introduire noir sur blanc la considération des enjeux sociétaux et environnementaux dans la définition de l’entreprise.

Oui : pendant que les entreprises et les particuliers vont se débattre dans un océan d’emmerdes administratives supplémentaires, le gouvernement par la voix de son Premier ministre semble fermement décidé à en ajouter une couche.

Oui, ce pays est foutu. Mais ce qui ruinera définitivement le pays n’est pas, comme on pourrait le penser, ses syndicats fossiles, son administration pléthorique ou la mentalité de rond-de-cuir gauchiste qui a maintenant diffusé partout dans la société française, non. Ce qui ruinera définitivement le pays, ce seront ses politiciens qui, n’arrêtant pas d’ajouter du malheur au malheur, des lois aux lois et de changer de pied pour danser, finiront par rendre toute initiative impossible.

Immobile, le pays pétrifié sera enfin pacifié de l’intérieur.

Sur le Web:   http://h16free.com/2018/05/21/61009-une-irrepressible-envie-de-fiscal

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Dépense publique en France : vers l’infini et au-delà !

La fin de l’année approche à petits pas serrés. Les fêtes, les retrouvailles familiales et les vœux sirupeux du Président de la République tomberont à point nommé pour nous faire oublier nos petits tracas quotidiens. D’autant que les bonnes nouvelles s’empilent actuellement à un rythme soutenu.

On apprend avec une joie non feinte que beaucoup de Français ne seront pas au chômage cette année et les années prochaines.

En effet, la Fonction Publique recrute. Encore et toujours plus.

De façon vraiment réjouissante, il semble en effet admis que toutes les coupes budgétaires qui se sont succédé ces dernières années (mais si, puisqu’on vous le dit), que la tempête d’austérité de force 9 qui a sévi sur le pays (puisque je vous dis que c’était de l’austérité !) et que les résolutions fermes, déterminées et contrôlées au millimètre de nos politiciens dans le domaine du contrôle de la masse salariale de l’État n’ont pas suffi à désamorcer l’élan pris par les administrations publiques sur les quarante dernières années : propulsées par leur pondéreuse inertie, les voilà qui embauchent 20.400 fonctionnaires de plus en 2016 par rapport à 2015 et ce malgré la diminution (oui, vous avez bien lu) des effectifs dans la fonction publique territoriale de 0.4%.

On comprend aisément que ce petit mouvement de diminution dans la fonction publique territoriale était un geste manqué. Non seulement, la fonction publique d’Etat continue d’embaucher hardiment, mais la fonction publique hospitalière grossit toujours. Sa bonne santé lui permet encore de trouver des forces pour augmenter ses effectifs de 0.2%, même si un petit essoufflement se faire sentir (puisqu’elle était parvenu à grossir de 0.3% l’année précédente).

Autrement dit, le nombre de fonctionnaire augmente toujours. En triturant un peu les chiffres, l’INSEE parvient à trouver des situations où l’augmentation est moins forte qu’ailleurs, mais youpi : une augmentation, même plus faible, reste une augmentation.

Il serait dommage d’approcher de la fin d’année avec une besace trop peu remplie de petits cadeaux.

C’est pour cela qu’une seconde excellente nouvelle sera ajoutée à ce billet : non, en France, tout le monde n’est pas payé avec un lance-pierre. Et sans prendre le cas, très particulier, de nos députés condamnés aux coquillettes-beurre par suite d’indemnités trop rikikis, il reste encore heureusement dans ce pays de vraies solutions pour un salaire dodu, par exemple en étant haut fonctionnaire pour Bercy.

Ce que dénonce la Cour des Comptes — de façon bien pusillanime alors que les fêtes approchent, n’est-ce pas — en notant que certains émoluments ont un « niveau élevé et difficile à justifier ». S’y ajoutent aussi quelques irrégularités qui vaudraient certainement de solides contrôles fiscaux aux entreprises privées qui les appliqueraient mais qui se termineront en chanson (car nous sommes en France, nous sommes au Ministère des Finances et nous sommes opulents et compréhensifs).

Bien évidemment, entre ces emplois publics qu’il faut bien payer d’une façon ou d’une autre, ces salaires de hauts fonctionnaires qu’il faut bien abonder d’une façon ou d’une autre, et ces dépenses parfois quelque peu fastueuses de certains politiciens qu’il faudra bien éponger d’une façon ou d’une autre, la France, généreuse et pas trop bégueule, a choisi d’appliquer une méthode simple composée de deux volets.

Le premier consistera à accroître la dette. Les générations futures, de toutes façons rôties par le réchauffement climatique, seront aussi étouffées par la dette que nos dirigeants leur accumulent gentiment sur le dos depuis des décennies. Ce n’est pas si fréquent que toute une génération dispose du choix de son suicide : écologique ou financier. Compte-tenu de la direction prise, le cumul semble probable.

Le second est toujours efficace et puisqu’on tape sur les enfants, tapons aussi sur les parents pour faire bonne mesure : les impôts seront mis à contribution.

Eh oui : alors que la masse salariale de l’État devient obèse, que le nombre de fonctionnaires augmente gaillardement, tout indique que, pour 2018 – joie, bonheur et CD de Jul coincé en boucle – les ménages vont voir leurs impôts et taxes augmenter encore un peu ! Selon l’Insee (le même organisme qui a découvert plein de nouveaux fonctionnaires embauchés en 2016), les Français paieront au moins 4,5 milliards d’euros en plus en 2018.

Rassurez-vous : l’égalité devant l’impôt imposera que ces augmentations ne porteront que sur une petite partie des Français, ceux qu’il conviendra de faire fuir avec tact pour assurer aux générations futures un avenir particulièrement croustillant.

Je résume.

D’un côté, un État qui grossit, inexorablement.

De l’autre, des impôts qui s’insinuent partout.

Coïncidence ?

Mais bien sûr que oui !

Tout le monde sait que pour les emplois des uns et des autres dans la fonction publique, pour tous ces salaires confortables, l’argent provient directement d’un chaudron que le gouvernement a trouvé au pied d’un arc-en-ciel et qu’il a du arracher aux leprechauns qui le protégeaient vaillamment : Emmanuel Macron, solidement harnaché sur sa licorne de combat, est allé repousser les méchants lutins qui tentaient de le tenir à l’écart de la grosse marmite remplie d’or. Après quoi, triomphant, il est allé porter le butin dans les coffres du pays et s’est empressé d’en reverser une partie au bon peuple reconnaissant.

L’année 2018 s’annonce déjà formidable : grâce à son charisme dévastateur, notre président à déjà repéré une grotte qui contient mille et un trésors et dont il connaît l’incantation magique nécessaire à son ouverture. D’un ferme « Sésame, ouvre-toi », il saura s’accaparer de nouvelles richesses qui, soyez en sûrs, iront bénéficier à tous en République du Bisounoursland et permettront aussi de mettre du baume sur les fiches de paie des hauts-fonctionnaires, embaucher de nouvelles forces vives dans nos institutions les plus indispensables, et surtout éviter tout alourdissement des taxes et ponctions que le bon peuple subit.

Vous verrez : tout va très bien se passer.

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Imposer le luxe ? Encore un combat d’arrière-garde idéologique d’une France d’envieux. par h16

De façon semble-t-il immuable, les réformes en France sont de deux types : celles qui sont annoncées en grande pompe et qui sont en réalité des ajustements micrométriques sans intérêt, et celles qui représentent un vrai changement d’idéologie, et qui sont à la fois peu annoncées, mal communiquées et qui débouchent systématiquement par des hurlements de tous les côtés de l’Assemblée. Apparemment, la réforme de l’ISF appartient à la seconde catégorie.

L’Impôt de Solidarité sur la Fortune, c’est cette exception française idéologique permettant de faire comprendre aux riches contribuables français que vivre dans ce pays de Cocagne est un véritable privilège qu’on entend bien leur faire payer. Régulièrement ajusté, remis au goût du jour d’année en année par différents gouvernements tant de droite que de gauche, cet impôt permet de calmer les pulsations victimaires de l’aile marxiste de la gauche, tout en faisant croire à l’humanisme et à la compréhension de l’aile gaullienne de la droite.

La réforme de cet impôt, maintes fois proposée et jamais lancée effectivement, faisait partie des habituels bobards de campagne du président Macron. De façon intéressante, le président aura choisi de ne pas l’oublier et d’effectivement proposer que ne soient plus comptés que les biens immobiliers dans son assiette. Horreur et consternation pour les collectivistes de droite et de gauche, la jalousie aiguisée par cet inévitable « manque à gagner » si jamais les yachts, voitures de luxe, lingots ou chevaux de course étaient sortis du patrimoine taxé !

La nouvelle, relayée par une presse tout à fait calme et pondérée à l’idée que des sales bourgeois riches pourraient voir leur ISF diminuer, a immédiatement déclenché une salve de protestation de la plupart des ténors politiques, allant même jusqu’à créer un gros malaise auprès des députés En Marche de la majorité soutenant pourtant cette réforme.

Malaise à tel point palpable qu’on a pu observer tout ce petit monde En Marche arrière discrète pour expliquer que des amendements étaient possibles et que finalement, taxer les lingots d’or, les chevaux et les Ferraris s’avérait absolument indispensable pour la santé économique – et morale, surtout morale, voyons – du pays. Il ne faudrait pas que des salauds de riches échappent à si bon compte à la ponction libératoire (forcément libératoire). À chaque fois, on retrouve le même argument, composé chimiquement pur de débilité concentrée :

« Les yachts, les jets privés, les chevaux de course, les voitures de luxe ou encore les lingots d’or ne sont plus pris en compte dans le nouvel impôt sur la fortune immobilière. Ce n’est pas possible ! Des symboles de ce genre doivent être beaucoup plus taxés. Un yacht, c’est m’as-tu-vu, ce n’est pas productif pour l’économie. »

Bien évidemment, tout le monde sait que les yachts sont produits par des licornes auxquelles seuls les riches ont accès, que ces yachts ne mouillent jamais dans des ports français, qu’ils n’emploient aucun marin ni aucun personnel à bord, que leur entretien ne nécessite aucun savoir-faire français. D’ailleurs, les maires de la Côte d’Azur qui se plaignent de leur désaffection des ports français sont des nigauds qui ne comprennent rien à rien, c’est évident. De la même façon, les Ferraris n’ont jamais rien apporté à l’économie française. Rien. Nada. Quant aux chevaux de course, ils s’auto-entretiennent tout seul et apparaissent pour le Grand Prix de Diane dans un petit « pouf » rigolo juste avant l’épreuve pour disparaître dans le même petit « pouf ! » rigolo une fois l’épreuve achevée. Là encore, c’est évident et Joël Giraud, rapporteur du budget et l’auteur de cette analyse économique précise comme une miction de poivrot en fin de soirée, l’a fort bien compris.

En tout cas, le premier ministre Édouard Philippe semble tout d’un coup bien seul à défendre l’idée – aussi sotte que grenue, cela va de soi – que tabasser les riches pourrait bien avoir suffisamment d’effets délétères pour contrecarrer les bénéfices tirés de cet impôt.

Pourtant, et comme l’explique très bien Vincent Bénard dans une série de tweets, il serait temps de comprendre que ces objets de luxe sont un moyen bien plus efficace et bien plus moral que l’impôt pour redistribuer les richesses des classes les plus aisées vers le reste de la population.

Ainsi, en faisant supporter aux riches des marges dodues voire colossales pour des produits qui ne sont que marginalement meilleurs que ceux que nous consommons tous les jours, l’industrie du luxe apporte une contribution majeure à la redistribution des richesses : non seulement, les achats luxueux sont déjà largement taxés (TVA), mais les biens produits le sont à grands renforts de main d’oeuvre à forte valeur ajoutée, ce qui permet à cette industrie d’être une bonne pourvoyeuse d’emplois et d’opportunités pour tous les artisans et industriels français et ceux qui veulent travailler pour eux.

De la même façon, le « luxe technologique », celui qui par exemple apportait aux riches les premiers magnétoscopes dans les années 80, les premières télévisions « plasma » dans les années 90 ou les premiers GPS dans les années 2000 dans les Audi A8, les Mercedes S et les BMW série 7, permet incidemment de trouver un marché à ces innovations en fin de développement, au moment où elles sont très chères et doivent être rapidement rentabilisées.

Le luxe permet alors aux industriels d’en amortir rapidement le coût en capital pour en faire bénéficier, quelques années après, le plus grand nombre : les écrans plats, le GPS ou les graveurs DVD se sont très rapidement démocratisés, de la même façon que la voiture, bien de luxe dans les années 30, est devenue un bien grand public dans les années 60. Les premières télévisions étaient un « produit de luxe » au moment des premières productions en série, alors que maintenant, plus personne ne s’étonne d’en trouver plusieurs dans un foyer moyen.

Or, la caractéristique essentielle du luxe est que, contrairement à l’impôt, le riche n’a pas envie d’y échapper et ne fait rien pour : si l’exil fiscal existe évidemment, l’exil luxueux semble assez irréaliste ; là où le riche mettra tout en place pour échapper à la ponction fiscale – comme tous les autres contribuables du reste (y compris ceux qui, hypocrites, mentent leur attachement à l’impôt et leur participation sans faille à la collecte) – il fera en revanche tout pour bénéficier de ce luxe que cette majorité parlementaire, cette opposition et toute cette belle brochette d’envieux veulent absolument surtaxer et lui rendre odieux.

En réalité, il vaut bien mieux garder nos riches et leur vendre, ici et maintenant, du bon luxe bien gras, bien dodu : c’est non seulement très bon pour nous tous, mais c’est aussi excellent pour nos finances, beaucoup plus que ces impôts qui les font fuir.

http://h16free.com/2017/10/02/59212-imposer-le-luxe-encore-un-combat-darriere-garde-ideologique-dune-france-denvieux

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[Redite] Nos sénateurs sont trop coûteux et ne veulent surtout pas que ça se sache. par h16

Il y a un an, on constatait amèrement mais sans surprise que le Sénat peinait à contrôler son coût en regard d’une utilité tous les jours plus discutable. L’avènement d’une nouvelle donne politique n’aura pas fondamentalement changé les choses. Le Sénat est toujours aussi coûteux, et comme le montre l’actualité récente, ses membres semblent toujours autant à l’abri de la moindre réclamation ou du moindre rappel à l’ordre de la réalité.

Ah, décidément, qu’il fait bon, en France, avoir un train de Sénateur !

Dans de nombreuses familles, il existe un vieil oncle fêtard, une cousine un peu gâteuse ou un beau-frère trop prodigue dont on se borne, aux réunions de famille, à éponger les dettes. Dans la famille France, ce personnage haut en couleur et cher en frasques coûteuses, ce serait le Sénat. Régulièrement, la presse (re)découvre que cette institution, en plus d’agiter le microcosme politico-politicien à chaque vote législatif un peu pointu, peut facilement s’enorgueillir d’un coût de fonctionnement particulièrement élevé pour une utilité tous les ans plus douteuse.

Les chiffres ne font guère de doute et même s’ils n’intéressent (presque) personne, méritent d’être ressortis. En effet, alors que le pays semble s’enfoncer avec un délice malsain dans des polémiques vestimentaires particulièrement habiles à camoufler ses problèmes économiques et politiques fondamentaux, il semble intéressant de constater que peu, pour ne pas dire rien, a été fait pour aligner le train de vie des Sénateurs avec la passe économique délicate que connaît le pays.

Pour s’en convaincre, il suffira de reprendre quelques articles, pas tous récents, mais toujours d’actualité : entre l’indemnité de base, déjà élevée à 5.388 euros net par mois, à laquelle on ajoutera un défraiement de 6.037 euros d’autant plus généreux qu’il n’est soumis à aucun contrôle, les facilités de transport (en avion ou en train), les primes diverses et variées et les facilités qu’offre naturellement la fonction (à commencer par l’excellent restaurant), le Sénateur français revient cher. Plus de 23.000 euros par mois, en fait. Quant à l’institution elle-même, avec son budget qui dépasse les 323 millions d’euros à l’année, elle ne se classe pas parmi les parents pauvres de la République.

Malheureusement, même si on rappelle ces chiffres aux Français de temps en temps, leur réaction semble toujours aussi prosaïque, si ce n’est pas carrément détachée. Tout se passe pour ainsi dire comme si le Sénat n’existait pas vraiment, ou seulement le temps de l’une ou l’autre procédure législative dans laquelle il viendrait mettre son grain de sel, à l’occasion.

Peut-être l’opacité des comptes est-elle responsable de cette nonchalance des contribuables face aux dépenses princières de ces élus si particuliers. Bien sûr, ces derniers se défendent, âprement même, de cacher leurs coûts et leurs émoluments et prétendent à la transparence en faisant assaut de petits rapports commodes plus ou moins validés par la Cour des Comptes. Cela ne suffit malheureusement pas, loin s’en faut.

C’est là que les choses deviennent intéressantes puisqu’alors, la curiosité pousse certains journalistes (ceux qui n’ont pas oublié le sens de leur travail) à mener des enquêtes. Et lorsqu’il s’agit du Sénat, la stupéfaction est souvent de mise. Il y a quelques années, une équipe de France 3 découvrait en effet que l’opacité des comptes de cette institution républicaine était parfaitement assumée. On se souviendra du moment mémorable où le questeur du Sénat (un certain Bernard Saugey) expliquait trouver parfaitement normal que ces comptes détaillés ne soient pas disponibles.

Pour lui, je cite

« ce n’est pas la peine que tous les gens regardent des choses qu’ils ne seront pas capables de commenter ; ils auront certainement des réflexions idiotes. »

On comprend dès lors assez bien l’état d’esprit de ces élus, et leur positionnement quelque peu spécial vis-à-vis des contribuables lorsqu’ils demandent des comptes. Ce qui explique notamment leur récente réaction lorsqu’un ouvrage d’Yvan Stefanovitch, paru courant juin, s’entichait de détailler les dérives sénatoriales qui, sans être illégales (et pour cause : la loi, c’est eux), n’en restent pas moins éthiquement discutables et économiquement injustifiées par les temps qui courent. En effet, en publiant « Le Sénat. Un paradis fiscal pour des parlementaires fantômes », le journaliste tente de lister et décrypter les privilèges et autres facilités dont disposent ces élus.

Mais chose pas du tout étonnante lorsqu’on reprend les propos du questeur, nos sénateurs n’entendent pas se laisser ainsi remonter les bretelles morales par un journaliste qui ose résumer la dérive d’un lapidaire « Le Sénat, c’est quatre ou cinq jours par mois pour… 11 350 euros net mensuel ». Ce qui se traduira, quelques jours après la parution du livre en question, par un vote de la Haute Chambre à la fois sans débat et fort discret puisqu’avec seulement 40 votants … Vote qui autorisera Gérard Larcher, l’actuel président de cette assemblée, à attaquer en diffamation Yvan Stefanovitch, pour faire bonne mesure.

On ne se formalisera pas des conditions dans lesquelles ce vote est intervenu (allez lire l’article en lien ci-dessus, c’est particulièrement croustillant) puisqu’on comprend ici qu’il est surtout question pour l’institution de protéger ses arrières et qu’en l’occurrence, tous les moyens sont bons, même ceux qui sont les plus moralement douteux.

Malheureusement pour les sénateurs, la petite agitation procédurière et leur tentative de discréditer le journaliste via un dépôt de plainte en diffamation ne changera rien au fait que les questions soulevées restent pertinentes : pourquoi les Français doivent-ils supporter les coûts d’une institution qui ne fournit pas ses comptes, n’oblige ses membres qu’à une transparence particulièrement minimaliste, et qui se refuse à toute remise en cause ?

Il serait intellectuellement aisé de croire que faire faire des économies à ces élus et à cette institution est un exercice anodin, voire vain tant les déficits budgétaires de l’État sont énormes, les dérives des administrations gigantesques et les abus évidents des uns et des autres, depuis les collectivités territoriales jusqu’aux grands ministères nationaux.

Il n’en est rien. Imposer la transparence au Sénat est l’un de ces petits pas indispensables qui s’imposent pour débuter la démarche d’enfin assainir les finances d’un pays trop longtemps laissé en pâture aux politiciens les plus cupides. D’autant que l’impact financier serait palpable : non seulement, les petits ruisseaux font les grandes rivières, mais retailler le Sénat pour coller à la réalité du pays, par exemple en redimensionnant le nombre d’élus, s’impose alors qu’on attend plus de réactivité de ses institutions. 100 sénateurs suffisent, et 248 sénateurs de moins, c’est plus de 68 millions d’euros d’économisés tous les ans. Alternativement, abaisser l’ensemble des frais de fonctionnement au pro-rata de cette diminution ramènerait son coût à moins de 100 millions à l’année (contre 323 actuellement).

Et, miracle, alors qu’on peut parier sur un fonctionnement aussi efficace de la Haute Chambre, 200 millions d’euros deviendraient à nouveau disponibles pour des postes qui manquent cruellement de moyens, notamment dans le régalien, cet espace que l’État semble avoir déserté pour compter fleurette au social voire au sociétal. Combien de places de prison pourrait-on aménager avec ces sommes sauvées de ces dispendieuses administrations ? Combien de matériels informatiques pourrait-on fournir aux forces de l’ordre ou à la Justice qui en manquent cruellement ? Combien de justiciables ou de victimes pourraient être aidés par ces fonds de nouveau disponibles ? Pour rappel et rien qu’à titre d’exemple, l’aide juridictionnelle représente 405M€ en 2016, dont 20M€ pour les victimes. On pourrait plus que doubler ce montant sans toucher d’un euro aux impôts et taxes collectés chez les Français…

Et au-delà de l’impact économique d’une véritable refonte du Sénat, il faut comprendre l’impact psychologique indispensable que cette réforme entraînerait : auprès des Français qui payent, qui verraient qu’on peut faire bien mieux sans prélever plus, et en ne faisant grogner qu’une toute, toute petite poignée d’entre eux. Pensez donc : pour seulement 248 politiciens retournant à la vie active, on aurait d’un coup 65 millions de Français plus heureux (le calcul peut aller bien au-delà, comme je le détaille ici).

Autre bénéficie psychologique évident : les autres élus comprendraient subitement le message que leurs épaisses rémunérations peuvent disparaître, les incitant ainsi fermement à arrêter les âneries coûteuses et les débats consternants et à se retrousser les manches pour parler des vrais sujets (au hasard : le chômage, l’insécurité ou la pérennité du système de santé, pour rire).

Bien sûr, ici, je m’aperçois avoir été pris d’une transe rêveuse. Tout comme il n’y aura pas de réforme du Sénat, il n’y aura aucune espèce de transparence de sa part. Démontrant toute leur futilité et leur mépris des contribuables qui payent pour leurs salaires, les Sénateurs ont largement prouvé qu’ils étaient complètement déconnectés des réalités de terrain. Et même si une diminution effective du nombre et du train de vie des élus est maintenant indispensable pour des raisons éthiques (ils doivent montrer l’exemple) et des raisons économiques (ça nous coûte trop cher), vous pouvez parier qu’il n’en sera absolument rien.

Tout se déroule comme prévu.

Article paru initialement le 22.08.2016

http://h16free.com/2017/08/06/58676-redite-nos-senateurs-sont-trop-couteux-et-ne-veulent-surtout-pas-que-ca-se-sache

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Ah bon, on est à l’os ? Ah bon, on fait ce qu’il faut ? par H16

 On l’a dit, on le répète : la situation est grave parce que l’austérité frappe la France de plein fouet, pif, paf. Partout, les élus, âpres à la dépense et conscients de leur énorme responsabilité si un déficit trop gros venait à obérer les finances publiques, font assaut d’inventivité pour tailler dans les services obèses, couper les charges indues et affûter les budgets au plus près.

Bien sûr, cela provoque de la grogne, des cris et des grincements de dents chez ceux qui sont les premiers touchés par ces mesures courageuses. Ainsi, le ministère de la Culture a-t-il pu mesurer les difficultés à assécher les robinets d’argent public et l’impitoyable dureté des éléments se déchaînant sur le monde des Arts a même fait l’objet d’une carte dédiée. Dans les collectivités territoriales, la main ferme de l’État refuse d’ouvrir un peu la bourse publique, et les élus locaux sont donc confrontés à de douloureuses décisions et doivent faire preuve de créativité pour dégager des marges de manœuvre et faire des économies. Il faut dire que d’après la Cour des comptes, ces collectivités n’ont encore fait que peu d’efforts pour réduire leurs dépenses de fonctionnement (notamment en personnel). Serrer la vis s’impose donc avec urgence pour redresser les finances du pays.

Et les résultats sont là ! Grâce à ces mesures inédites dans un pays jadis habitué à la dépense, Christian Eckert, le secrétaire d’État au Budget, a eu le plaisir d’annoncer que la masse salariale des collectivités locales avait bondi de 4% l’an dernier après une progression de 3.1% en 2013 ce qui est très … heu… Bondi ? Quoi ? Hein ?

Vous voulez dire qu’en cette période de disette budgétaire et alors que le déficit de l’État pour cette année ne devrait pas être inférieur à 70 milliards d’euros, nos élus sont infoutus non seulement d’arrêter les embauches, non seulement n’arrivent pas à se contenter d’embaucher autant que l’année précédente, mais qu’ils sont infoutus de s’empêcher d’augmenter encore le nombre d’embauches d’une année à l’autre ?

tout ceci est parfaitement normalNon ! Ce n’est pas possible. Si cela se savait, cela déclencherait, à n’en pas douter, un mouvement de grogne sans précédent chez ces Français qui payent, chèrement, ce genre de gabegies.

Et alors qu’on entend partout l’orchestre philharmonique d’instruments à vent, pipeaux et flûtes de l’Élysée, jouer sa célèbre rhapsodie « On fait 50 miyards d’économies », il est impensable de lire en parallèle que les dépenses publiques ont encore augmenté, pour atteindre 57.7% des richesses produites, un chiffre jamais atteint auparavant.

Pourtant, pourtant, rappelez-vous, on a bien dit partout que l’austérité frappe les Français ! On a même entendu, partout, sur les plateaux télé, à la radio, on a lu dans moult éditoriaux d’une presse massivement subventionnée que la crise obligeait des économies dans les services publics (que le monde nous envie) à tel point que ces services sont menacés au moment même où les Français en ont le plus besoin (bien sûr) !

Nous aurait-on menti ? Nos élus nous bobarderaient-ils le visage sans vergogne ? Ne se foutrait-on pas un petit peu de notre gueule ?

Oh, ce serait du populisme que dire ça. Il semble évident que, derrière les masses ventripotentes qui siègent à l’Assemblée et au Sénat se cachent des hommes et des femmes respectueux des Français et de leurs finances, qui n’ont à cœur que le bien-être du contribuable si souvent mis à mal. D’ailleurs, c’est précisément pour cela que jamais, ô grand jamais, ces élus ne voteraient, en pleine crise, une loi pour augmenter encore (encore !) les indemnités de certaines catégories de hauts fonctionnaires.

Jamais.

Ah tiens, si.

bonification indiciaire

Apparemment, même en période de crise, on peut être élu de gauche, qui pense au peuple qui trime, ou de droite, qui fait attention aux deniers publics, et voter dans une belle décontraction une augmentation pour des hauts fonctionnaires alors qu’il est plus que temps que toute augmentation, toute nouvelle embauche soit parfaitement et totalement proscrite.

Mais à bien y réfléchir, peut-être que ces votes d’augmentations, peut-être que ce dénides uns et des autres (Delaunay, qui estime sans rire que « L’État et les collectivités sont générateurs d’emplois » ou Philippe Laurent, président de la Commission des finances de l’AMF, Association des maires de France, qui rétorque simplement qu’« Il ne peut pas en 2014 y avoir 4% de progression de la masse salariale »), peut-être que cette parfaite déconnexion avec la réalité explique assez bien le constat sans échappatoire possible que, non, non, l’austérité n’a toujours pas commencé en France ?

dépenses administrations publiques - 2013

Peut-être cette préoccupation à continuer le train-train quotidien des dépenses fumistoïdes, des gabegies décontractées et le déni douillet qui les accompagne expliquent-ils que non, loin s’en faut, le gouvernement, les politiciens et les administrations sous leur responsabilité ne font absolument pas ce qu’il faut, et ont même la furieuse tendance à accroître le problème ? Par exemple, alors que tous ceux qui ont encore un contact avec le réel ont bien compris que l’un des gros problèmes qui plombent le pays est le poids des charges, comment interpréter un petit amendement ajouté lors du vote de la loi de finance de Sécurité sociale pour 2015, petit amendement qui ouvre grand la porte à l’obligation de payer des cotisations pour les gérants minoritaires non salariés ? Tout comme les centaines de bonnes idées précédentes (depuis la loi Macron jusqu’à la loi Consommation en passant par d’autres), toujours motivées par les meilleures intentions, et déclenchant toujours les pires catastrophes, comment ne pas voir ici à l’œuvre une bonne dose de crétinerie ou un désir pervers d’emmerder encore un peu plus certaines personnes ?

Comment ne pas voir, devant l’accumulation de ces débilités néfastes, que nos élus sont maintenant prêts à raconter n’importe quelle bêtise pour faire perdurer la situation tant qu’elle leur est profitable ? Comment ne pas voir leur déni, et comment ne pas voir qu’au final, … ce pays est foutu ?

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En France, travailler dur est sévèrement condamné. par H16

En France, en matière de Code du travail, il y a des limites à toutes les bornes et lorsqu’elles sont dépassées, toutes les barrières volent en éclats derrière les frontières les plus lointaines, là-bas, au-delà de l’horizon, en particulier lorsqu’il s’agit de définir et fixer une fois pour toutes, pour les siècles des siècles, ce qui est autorisé de ce qui ne l’est pas.
Prenez la semaine des 35 heures. Il est maintenant clair que cette durée de travail hebdomadaire, choisie avec finesse par une équipe socialiste taraudée par le besoin d’expertise et d’exactitude dans ses décisions, est à la fois harmonieuse, indispensable à l’équilibre entre la vie familiale et le travail en entreprise, qu’elle a permis de créer des millions d’emplois (au moins) tout en abaissant la consommation française d’anxiolytiques et de substances qui font rire, et en rendant Martine Aubry, l’autrice de cette loi, à la fois intelligente et désirable sexuellement.
filoche wtfIl était donc relativement impensable qu’on puisse imaginer, ne serait-ce qu’une seconde, revoir de façon substantielle l’évidente nécessité de faire fermer boutique àtout le monde au moins une fois par semaine, sauf, bien sûr, ces entreprises qui travaillent pour l’État, qui ont des activités saisonnières, qui manipulent des denrées périssables, qui ont des travaux urgents à réaliser, qui font du gardiennage, qui ne peuvent pas faire autrement, qui …Bref, vous le comprenez : la France ne peut pas multiplier les dérogations, étroitement surveillées, sauf à saborder cette joie de vivre, cette magie de l’exception française qui permet à chacun de goûter à une qualité de vivrensemble que le reste du monde nous envie, du lundi au samedi de 9:30 à 12:00 et de 13:45 à 16:45 sauf le mercredi après 13:30 et un peu plus longtemps le vendredi parce qu’il y a nocturne jusqu’à 17:30.

On comprend bien, dans ce cadre, le ressentiment qui s’est emparé de tous les fiers travailleurs français lorsqu’il fut question d’une remise en cause sournoise — le turbo-libéral est toujours sournois — de la fermeture dominicale, lâchement organisée par Emmanuel Macron, évidemment turbo-libéral lui-même, qui en veut aux chatons communistes, épuisés de fatigue après une dure semaine à lolcater comme des fous. Immédiatement, la société française s’est dressée comme un seul homme pour combattre cette abomination et cette ouverture dominicale a bien vite été réduite à une petite peau de chagrin.

oooh filochePartant, si on a minutieusement calé la semaine à 35 heures et si la fermeture dominicale est à ce point essentielle pour l’équilibre des shakras républicains, démocratiques et citoyens, on comprend qu’il ne pourra y avoir aucune latitude, aucune marge de manœuvre, aucune excuse ni aucun passe droit pour ceux qui tenteraient bêtement de bosser tout le temps, non mais oOooh !

Dès lors, on ne peut absolument pas s’étonner de la mésaventure qui est survenue à un quadruplet de boulangers récalcitrants dont l’atteinte à la bonne marche de la société française en général et de Dax en particulier était devenue intolérable. Ces quatre malfaiteurs avaient en effet décidé de travailler sans discontinuer tous les jours de la semaine, complot ourdi sans honte dans le seul but de s’enrichir en vendant du pain.

Rendez-vous compte. On apprend ainsi que parmi les condamnés opérait un boulanger qui n’a pas hésité à produire des pains, des brioches et probablement d’autres viennoiseries (la présence d’enfants parmi mes lecteurs m’oblige à ne pas détailler davantage les horreurs commises) pendant plus de trois ans (oui, quand je vous dis que c’est atroce), et que le criminel a été jusqu’à utiliser l’ignoble chantage à l’emploi pour faire perdurer son abominable commerce :

« Avec cette fermeture, on va devoir licencier des personnes qui sont là pour moi depuis 4 à 13 ans »

Heureusement, l’État a agi. Frappant durement ces dangereux criminels, il a infligé amendes et condamnations avec inscription au casier à ces entrepreneurs qui faisaient ainsi passer leur métier, les emplois et la satisfaction des clients avant le vivrensemble républicain moelleux.

« Avoir un casier judiciaire de cinquième classe au tribunal de police, c’est quand même la classe la plus haute avant le tribunal correctionnel… J’ai honte d’être chef d’entreprise, de vouloir uniquement travailler. Je ne comprends pas. On attendait franchement la relaxe. Se battre pour travailler… Je suis épuisé. »

M’enfin, c’était évident que vous ne pourriez pas continuer vos activités délictueuses ainsi sans encourir les foudres administratives !
filoche m'enfinEt pour cause !

C’est un crime sans victimes : des employés payés et déclarés, des patrons heureux, des clients satisfaits, tout ceci doit être réprimé avec d’autant plus de force que personne n’était là pour pleurer. Lorsque la veuve est heureuse et l’orphelin occupé à compter fleurette, heureusement, l’État est là pour prendre le flambeau de la misère ; si elle n’existe pas, il saura la trouver quitte à la provoquer, pour ensuite la représenter fièrement, le bras vengeur et le glaive séculier pour faire bonne mesure, devant des juges, qui appliqueront une loi ciselée dans l’équité, la logique et l’intérêt collectif.

oh filochePire encore, il ne faut pas perdre de vue quecette activité débordante permettait de créer de la richesse et des emplois, ce qui constitue en France trois crimes ignobles : le premier, celui qui consiste à rendre inégaux ceux qui travaillent par rapport à ceux qui ne travaillent pas (et là, ça défrise du Gégé au rasoir à petit sabot) ; le second, qui permet d’afficher un très mauvais exemple de brèche ouverte devant la loi au vu et au su de tout le monde ce qui affaiblit le pouvoir des syndicats et fait péter des boulards gros comme des militantes EELV aux inspecteurs du travail qui passent par là ; le troisième enfin, le plus grave, qui ose donner ou redonner le moral à ceux qui croient, niaisement, que si personne ne se plaint, mieux, si tout le monde y trouve son compte, alors le bonheur global augmente. Grossière erreur ! Tout le monde doit savoir que le bonheur est exclusivement distribué par l’administration, après une demande correctement remplie sur Cerfa en trois exemplaires, et avec un délai de livraison variable selon arrivage.

Dès lors, mes petits amis, il faut le comprendre : pour toutes ces raisons essentielles à la formation d’un vivrensemble chimiquement pur, toute tentative de se remonter le moral, seul ou en groupe, de créer de la richesse, seul ou en groupe, de faire un métier que l’on aime et de se rendre gaiement au turbin le matin sera vertement réprimée.

Nous sommes en Socialie : travailler dur sera condamné. Ceci n’est pas ouvert à négociation. Rompez.

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Fiscalités, taxes, ponctions, prélèvements, impôts : les cinq non-solutions de François Hollande par H16

Ah, douceur de vivre et miracle de la vie politique française ! Chaque jour qui passe est la démonstration cuisante de l’échec des politiques interventionnistes. Et pourtant, obstinés, nos politiciens remettent inlassablement le couvert. Ils sont rigolos. Coûteux, mais rigolos.

Je tombe ainsi sur un article décrivant par le menu les cinq « solutions » qui s’offrent actuellement à François Hollande pour sortir du brouillard.

(On appréciera au passage l’emploi du terme « brouillard » pour décrire la soupe épaisse dans laquelle notre président semble faire un crawl malaisé, encombré de ses petits brassards Mickey pendant que les membres du gouvernements, en apnée, tentent désespérément de faire croire qu’ils ont pied.)

Devant les difficultés du benêt rondouillard, les solutions proposées s’étalent gentiment du n’importe quoi tranquille au ridicule rutilant. Ainsi, le président pourra-t-il choisir de « prendre un virage à gauche », ce qui dans un pays gravement socialiste, promet quelques bons moments de rigolade. Amusant : l’auteur de l’article – lucide ou prudent ? – convient lui-même que ça n’a à peu près aucune chance de réussite. Mais rassurez-vous, la seconde solution, qui consiste à virer à droite, est tout aussi irréaliste et vouée au même échec. La solution trois (l’autoritarisme), dont le taux de réussite est jugé « insignifiant », est à mourir de rire : imaginer ce pauvre François, qui a déjà du mal à avoir de l’autorité avec sa propre brosse-à-dent, déployer de l’autoritarisme, c’est assurément miser sur un cheval qui n’est même pas en course.

Les deux dernières solutions sont symptomatique de ce que le pays peut produire de plus finaud : dissoudre l’assemblée ou garder le cap. Si l’auteur estime à raison que la dissolution n’amènerait rien de bon (au mieux, une cohabitation paralysante, au pire un gloubiboulga mou d’alliances hétéroclites et fragiles), il estime pudiquement que garder le cap aurait un taux de réussite inconnu.

Ah bon ? Continuer sur la trajectoire actuelle aurait donc un taux de réussite inconnu, c’est-à-dire pas clairement nul ?

C’est surprenant. Et d’autant plus que la trajectoire actuelle est connue, et que ses résultats, catastrophiques, continuent de s’empiler gentiment. On peut prendre l’exemple de ce brave Michel Sapin, cheville ouvrière de la bidouille statistique gouvernementale, qui nous annonce que les centaines de millions engloutis en créations d’emplois-bidons pardon d’emplois-d’avenir ont été dépensés en pure perte, mais que ce n’est pas grave, on va continuer sur la lancée. Ce serait dommage de gâcher un si bel élan et de ne pas claquer tout ce qui reste, même si on sait que cela ne produira rien de bon.

parabole de l'aspirine (c) Maître Du Monde

Reste tout de même que le triste pitre nous apprend, gêné, que la mesure phare du président, probablement décidée entre deux portes capitonnée d’un confortable bureau républicain, ne rend pas les résultats attendus. Oh. Zut alors.

Pour mémoire, il s’agit de ces « contrats de génération » qui couplent l’emploi d’un jeune avec l’emploi d’un sénior et qui permettent, sur le papier, le transfert de connaissance du second vers le premier. Hélas. Comme toute mesure arbitraire socialiste, elle ne modifie qu’à la marge le comportement des acteurs individuels (entreprises, salariés jeunes ou vieux) et ne résout donc en rien le problème du chômage de masse, problème d’ailleurs à l’évidence aggravé par les gesticulations pitoyables de l’équipe en place lorsqu’avec cette constance qui ferait l’admiration d’autistes et d’obsessionnels compulsifs incurables, elle choisit de continuer à créer vigoureusement de l’emploi public pour compenser les pertes d’emplois privés.

Cet acharnement consciencieux dans le débile à haute concentration de moraline socialiste est si méticuleux, si proprement préparé qu’on peut parler ici de pathologie.

sapin a des tendances

Pendant ce temps, on a trouvé une méthode originale pour assouplir un peu la situation : de nouveaux prélèvements. Quand je vous disais qu’ils étaient rigolos, vous voyez, je ne vous mentais pas : ils sont effectivement rigolos !

Cette idée originale est inespérée pour renouveler la panoplie pourtant fournie de trouvailles fiscales du gouvernement. Et puis, on sait déjà qu’elle portera ses fruits et que les résultats seront excellents, probablement même avec un rendement supérieur à celui qui était prévu, d’une part parce que Laffer, on s’en fiche, et d’autre part parce que la situation en France ne cesse de s’améliorer.

Comment, en effet, ne pas croire que les Français souscriront dans l’esprit à ce grand élan de « justice sociale » qui consiste à faire payer des impôts et des taxes sur de l’épargne et sur des intérêts passés ? Comment ne pas trouver une sorte de justice sociale poétique à ce que les salauds des classes riches payent rétroactivement sur des revenus vieux de plus de dix ans ? (Pour rappel, est maintenant riche en France tout individu qui termine le mois avec un compte en banque strictement positif – bienvenus chez les riches !). Et puis le gentil prétexte socialiste affublé du maroquin du Budget (ou de ce que, en France, on appelle un budget), Bernard Cazeneuve a déclaré :

« Si nous prenons ces mesures-là, ce n’est pas par appétence particulière pour l’impôt, mais parce que nous sommes confrontés à des déficits sociaux qui ont pris une dimension abyssale. »

Et ces déficits abyssaux ne se sont pas constitués sur les politiques consternantes qu’ont prodiguées lui et ses amis tous bords confondus sur les dizaines d’années précédentes. Non, non. Ce sont les méchants épargnants qui n’ont pas donné assez et qu’on va donc punir de façon juste et sociale, et tout ira mieux ensuite. Car enfin, comment imaginer que cette augmentation de la taxation des PEA pourrait avoir des effets de bords ? Pfruit, allons, ne nous faites pas rire ! Il m’apparaît limpide que tout ceci a obligatoirement été pensé pour que tout se passe comme prévu. Les cylindres rentreront dans les cubes avec la grâce et la rapidité qui s’impose lorsqu’on a un très très gros maillet pour ajuster les pièces, et puis c’est tout.

Certains pensent que nous sommes gouvernés par des incompétents. C’est probablement vrai : il n’est qu’à écouter le ministre en carton de l’économie, un certain Pierre Moscovici, se faire démonter par Nicolas Doze, chroniqueur de BFM TV alors invité par Ardisson sur Canal+, pour comprendre que les clowns au pouvoir ne sont pas arrivés là où ils sont pour la grande compétence des domaines qu’ils prétendent gérer, mais bien par leur entregent politique, leur capacité à manipuler, à embobiner, bref, à cultiver cette perversion si spéciale qui fait d’eux des monstres socialement acceptables mais économiquement destructeurs.

moscovici croissance faillites

Certains autres pensent que ce sont des cyniques qui nous dirigent. C’est possible, après tout ; ils ne joueraient qu’un rôle, sauraient pertinemment que nous allons au mur mais, tous calculs faits, sauraient aussi s’en protéger à titre personnel. Nous aurions donc à faire à des sociopathes méticuleusement sélectionnés d’élections en élections, pour répondre aux attentes des Français en matière de câlins, mais absolument dépourvus de la moindre empathie pour ceux qu’ils sont censés aider.

moscovici la croissance des taxes

Certains autres, enfin, pensent que nous avons hérités de fous. Car il y a bien une part de folie à toujours répéter de façon butée les mêmes actions, déclencher les mêmes effets et blâmer le reste du monde pour les résultats médiocres obtenus.

Mais dans tous les cas, que nous ayons à faire à des incompétents, des cyniques ou des fous, … ce pays est foutu.

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En France, la liberté économique continue de chuter

Aujourd’hui,  je vous propose un billet avec un peu moins de chatons et de petites vignettes animées, mais que j’espère néanmoins intéressant. En effet, tous les ans, grâce aux travaux de l’Institut Fraser, on dispose d’un classement de la liberté économique des pays du monde. Tous les ans, on peut donc comparer la liberté économique de son pays avec celle des voisins. Parfois, cela picote.

Comme je sais que certains ne se payent pas de mots et veulent des chiffres, des statistiques, des tableaux volumineux, je signale que l’intégralité du rapport se trouve ici et les fichiers de données, sous ce lien-là.

Comme l’indique clairement l’Institut Fraser, l’indice de Liberté Économique qu’il publie mesure à quel point les politiques mises en place par les institutions d’un pays permettent de soutenir la liberté économique, définie par la possibilité de faire des choix individuels, d’échanger sans contraintes, la possibilité d’entrer sur un marché et d’y commercer sans entraves, et la sécurité des personnes et des propriétés privées. L’indice est construit à l’aide d’une batterie de plus d’une quarantaine de points précis et permet de mesurer cinq grandes caractéristiques économiques d’un pays : la taille de son gouvernement (dépenses, impôts), la liberté et la sécurité offerte par la structure légale en place, l’accès aux capitaux, la possibilité de commercer à l’extérieur des frontières, et enfin la régulation du crédit, du travail et du monde des affaires.

On le comprend : l’indice n’est pas un rapide bricolage de quelques valeurs jetées au hasard, mais bien le résultat d’une étude sérieuse de paramètres économiques pertinents. Cela donne une bonne solidité aux conclusions que cet indice permet de brosser.

Et parlant de conclusions, quelques unes fort éclairantes se trouvent dans les premières pages du rapport.

De façon générale, et sans grande surprise, on peut affirmer qu’il vaut mieux être pauvre dans les pays où l’indice est plus élevé qu’ailleurs. En pratique, le revenu par habitant est semble-t-il assez directement corrélé, et de façon apparemment exponentielle, avec l’indice de liberté économique : plus un pays est libre économiquement, plus le premier décile (les 10% les plus pauvres) accèdent facilement à des biens et services, et plus ses revenus sont élevés.

economic freedom and income of the poorestPlus intéressant, on remarque cette année encore la forte corrélation entre la liberté économique et les libertés civiles : lorsqu’un État lâche la bride à ses citoyens sur le plan des libertés civiles, il semble en profiter pour le faire aussi sur le plan économique ou, plus prosaïquement, on peut raisonnablement penser au vu des chiffres que la liberté économique découle assez facilement des libertés civiles habituelles (liberté de mouvements, d’installation, d’opinion, de religion, de contracter).
economic freedom and political rights and civil libertiesAu passage, on ne sera pas franchement surpris de trouver en bas de tableau les pays aux libertés fondamentales les plus bafouées, et on ne pourra s’empêcher de noter que ces pays, quand ils ne sont pas carrément sous dictature ou en pleine guerre civile (Libye, Syrie), se revendiquent tous ultra-libérraaah bah non, ils crient tous leur amour du socialisme ou du communisme (Argentine, Venezuela, Zimbabwe, RDC, …). Troublante coïncidence qui est confirmée par l’ultra-turbolibéralisme débridé des États en haut de tableau, parfois revendiqué mais en tout cas toujours présent. Cette coïncidence n’empêchera nullement les trolls collectivistes de continuer à réclamer l’avènement d’une redistribution toujours plus importante, un État toujours plus fort et plus présent, même devant la réalité qui leur donne tort, encore et encore, de façon constante depuis 1917. Mais après tout, il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, même devant les faits.

Enfin, pour terminer la série des petits tableaux colorés, on ne peut passer sous silence la corrélation évidente entre l’indice de liberté économique et l’espérance de vie : plus un pays est libre économiquement, plus il est libre politiquement (ou l’inverse), mais en tout cas, plus l’espérance de vie de ses habitants est grande.
economic freedom and life expectancyAutrement dit, non seulement, la liberté économique se traduit par une liberté politique et civile, mais plus important encore, cela se traduit par une vie plus longue. En somme, moins un pays est libre économiquement, plus l’espérance de vie y est courte. Dès lors, restreindre la liberté des gens à produire, à établir des relations économiques avec les autres individus, veut très concrètement dire les empêcher de vivre et revient à les faire mourir plus vite. Là encore, difficile de ne pas corréler cette simple remarque avec les joyeux pays du dernier quartile, savant panachage de dictatures, de pays en guerre civile, en déconfiture globale, dont les dirigeants sont tendrement adorateurs du collectivisme, et pour lesquels les habitants ont plus souvent qu’ailleurs une mort anticipée.

Dans tous ces chiffres, il serait dommage de ne pas observer la situation particulière de la France. Peut-être certains lecteurs (moins habitués au ton général de ces colonnes) seront surpris de la trouver dans le second quartile. Oui, oui, vous avez bien lu : pas le premier, mais bien le second. Apparemment, la patrie des Droits de l’Homme, ce phare qui doit illuminer le monde de sa sagesse et qui récolte 7.12 points n’est pas franchement dans le haut du tableau. Elle se fait damer le pion par (notamment) l’Uruguay (7.18) , la Hongrie (oui, oui, et sans mal, même, à 7.25), le Pérou (7.34),le Rwanda (7.43) ou le Chili (7.77).

La déception continue si l’on observe la tendance générale pour le pays : la France baisse. Pour rappel, les chiffres sont ceux calculés sur les indicateurs de 2013, ce qui signifie donc qu’on peut s’attendre à ce que ça baisse encore en 2014 et 2015. Voilà qui est vraiment réjouissant, non ?
indice liberté économique de la FranceEt lorsqu’on regarde les pays en haut du tableau, on se rend alors compte de l’écart de la France avec ceux qui récoltent les meilleurs scores. On pourra pleurnicher tout ce qu’on veut, mais force est en effet de constater que non, une plus grande liberté économique ne veut pas dire casse sociale, absence de couverture maladie ou chômage galopant. Que du contraire, même.

indice de liberté économique - top 10Et en lien avec l’actualité, notez que ce sont dans les pays en haut du tableau que les flux de populations se dirigent en priorité. On parle actuellement beaucoup de migrants, et la sortie de cet indice est l’occasion de se rappeler que s’ils migrent, ils le font d’abord vers des pays qui représentent pour eux le meilleur espoir de s’en sortir, y compris sur le plan économique. Comme par hasard, c’est donc plutôt vers des pays comme la Nouvelle-Zélande, la Suisse, l’Angleterre, Singapour ou la Jordanie qu’ils se tournent, que vers la France qu’ils boudent. Eh oui : à sa 70ème place (oui, 70ème – 58ème en 2012 et 40ème en 2011) la France peine à attirer les talents …

Le message est clair : à mesure qu’on diminue la liberté d’entreprendre et qu’on met tous les jours un peu plus de bâtons dans les roues de ceux qui veulent, simplement, commercer et développer une activité, à mesure qu’on sabote doucement la liberté économique du pays au prétexte d’augmenter l’égalité de traitement et d’accès aux richesses des individus, on diminue aussi la liberté tout court, la richesse du pays, des individus, et, incidemment, leur espérance de vie. Pire : on finit par ne plus pouvoir garder chez soi ceux qui fournissent la plus grande productivité, ou les plus innovants. Et on n’arrive plus à attirer ceux qui, à l’extérieur, ont un potentiel créatif, intellectuel ou artistique.

Il est donc plutôt effrayant de constater que les Français réclament plus d’État, et par corrélation moins de liberté économique…

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FONCTION PUBLIQUE: LA SCLÉROSE DE LA FRANCE par H16

Certains petits-déjeuners sont des traquenards. On croit s’enfiler tranquillement quelques innocentes viennoiseries, voire un œuf et du bacon, quand, soudain, entre le jus de fruit et le thé ou le café, on déclare bêtement que le statut des fonctionnaires français est inadapté au monde moderne. Immédiatement, le bacon se rebelle, l’œuf tourne, le jus de fruit se renverse et le café bout. Ce jour-là, plutôt que parler, le petit Emmanuel aurait mieux fait de se concentrer sur sa confiture …Eh oui ; vendredi 18 septembre au matin, Emmanuel Macron, invité à un petit-déjeuner-débat organisé par le think-tank « En Temps Réel », a décidé de remettre en question le statut de la fonction publique, tabou pourtant clair notamment en Socialie et plus encore lorsqu’elle est dirigée à gauche, qu’il a déclaré n’être plus « adéquat » dans certains cas. Pour un Macron complètement débridé, c’est clair : maîtriser les déficits publics et parvenir à redresser la situation passe par une réforme du statut de la fonction publique pour un certain nombre de missions qui ne le justifient pas.
gifa olivia wilde surprised

Surprise. Stupeur. Ahurissement. Consternation. L’audience présente au petit-déjeuner a probablement dû recracher quelques petits bouts de croissants dans un cri étouffé en prenant conscience de toute l’ampleur de la déclaration du ministre : une remise en cause du statut de fonctionnaire, mais, mais, mais vous n’y pensez pas, mon brave, ce n’est plus une réforme, c’est une mutinerie que vous fomentez-là !

La stupeur n’a cependant pas empêché l’information de parvenir jusqu’au Chef de l’État, alors en train de bricoler de la médaille du côté de Tulle. Ce dernier a profité de l’occasion pour écraser rapidement toute velléité de son ministre à remettre en cause le tabou du statut de fonctionnaire. Il y a des choses qui ne se disent pas, même en privé, même en off, même dans un think-tank, même lorsqu’on a été choisi comme faire-valoir réformiste du gouvernement. Pour l’ « entourage » du président, il fallait réagir vite sous peine de laisser s’installer un doute, abominable, concernant le statut de la fonction publique.

gifa lolcat : Sniffage de chatonQuant à Manu les bons tuyaux, il a bien vite rectifié le tir : « Ouh là là, une réforme, vous n’y pensez pas, sans langue de bois ni provocation, ce n’est pas ce que je voulais dire, on m’a salement déformé le propos, je n’étais plus moi-même, une overdose de jus de fruit ou de bacon, pas d’autre explication, j’ai été drogué, la sniffette au chaton ne m’a pas réussi et tout ça » a-t-il rapidement déclaré (en substance) à l’AFP, histoire de bien montrer sa totale allégeance au patron et enlever toute envie aux uns et aux autres de seulement envisager la question.

Fouyaya, on pourrait croire qu’on a ainsi évité l’incident grave… En fait non, l’incident a bel et bien eu lieu, et la gravité s’en ressent déjà : les habituels excités du service public et les thuriféraires du Tout À l’État se sont levés comme un seul parasitehomme pour s’écrier que les déclarations du ministre étaient insupportables. Au premier rang des exaltés, on retrouve sans mal le député Yann Galut, qui dévoile clairement le fond de sa « pensée » :

« Je trouve qu’à quelques semaines des élections régionales, où l’on doit mobiliser notre électorat, où l’on doit réaffirmer nos valeurs de gauche, reprendre une fois de plus des propositions qui sont de droite, des mots qui sont de droite, je pense que c’est irresponsable de la part du ministre de l’Économie »

Notez au passage que si le Galut s’est tout remonté le bourrichon au point de demander la démission du gouvernement, c’est avant tout parce que les déclarations de Macron risquent bien d’amoindrir encore un peu le futur score électoral catastrophique du PS. Entre deux bouffées de panique, le pauvre député du Cher comprend confusément que son poste est menacé à terme par les vaguelettes du ministre, et, comme une bonne partie de la gauche actuelle, perdre son mandat serait une catastrophe pour notre homme qui n’a jamais connu autre chose que la politique et ses coulisses. Pour lui, comme pour tous ceux qui ont hurlé et qui font actuellement tout pour minimiser les propos de Macron, même si l’évidence des positions qu’il tient leur crève les yeux (et leur fend le cœur, les pauvres petits choux), il fallait réagir et tenter le tout pour le tout pour que jamais, ô grand jamais, une réforme de ce statut ne soit envisagée.

gifa sad rabbitQue voulez-vous, la France et sa fonction publique sont des petites choses fragiles et colériques qu’il ne faut, sous aucun prétexte, bousculer ou même effleurer. Les tabous, devenus omniprésents, ont consciencieusement sécurisé tous les domaines en verrouillant tout discours qui pourrait porter sur la pertinence des 35 heures (elles ont créé de l’emploi, un point c’est tout), sur le travail du dimanche (inutile et destructeur familial), sur l’épaisseur du code du travail (seule garantie d’une couverture parfaite de tous les cas possibles), et sur le statut même des fonctionnaires.

La sclérose est maintenant totale, et si l’on a encore le droit (ouvert à débat) de penser, en revanche, plus rien ne peut être dit et encore moins fait, et ce, même lorsqu’on tient compte de l’ampleur réelle des précédentes « réformes » de Macron, nanoscopique. La moindre évocation d’un changement un peu courageux entraîne des levées de boucliers, des hurlements et des appels à la démission sans la moindre nuance, paralysant complètement le législatif et l’exécutif du pays, et ce, au détriment évident de ceux qu’ils entendent protéger — un paquet de fonctionnaires auraient en réalité tout intérêt à une refonte massive de leur statut, qui injecterait, enfin, un peu de méritocratie dans un système devenu particulièrement démotivant, ce que beaucoup sont largement prêts à reconnaître.

Le bilan est sans appel : plus rien ne bouge dans le pays, notamment depuis l’avènement des lois sur les 35 heures (en 2000), lois qui ont scellé l’avenir d’un pays qui a officiellement choisi de travailler moins là où tous les autres choisissaient de travailler plus et plus longtemps. Or, un corps (fut-il social) qui ne montre plus aucun mouvement, aucun signe de vie pendant plusieurs années peut légitimement être déclaré mort. Eh oui : en réalité, Galut, Maurel, Lebranchu, Lienemann, Narassiguin et tant d’autres, Hollande compris, en s’opposant à toute discussion de fond sur ces tabous, montrent un attachement morbide au système social français, cadavre mort depuis longtemps, et refusent de le laisser reposer enfin en paix, comme des enfants immatures incapables de comprendre que l’animal familier est décédé et ne reviendra plus.

Malheureusement, pendant qu’ils s’accrochent encore et encore, le cadavre pue de plus en plus.

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A PRÉSENT, TU LE SENS COMMENT, TON CONSENTEMENT A L’IMPÔT? par H16

(TOUJOURS D’ACTUALITÉ…)

Vraiment, il n’y a pas à tortiller : il y a vraiment des cadors en charge de la communication dans ce gouvernement ! Alors que la colère fiscale continue de monter inexorablement et que (il faut bien le dire), aucune espèce de bidouille hollandiste ne pourra facilement en venir à bout, les annonces et autres fanfaronnades de Bercy redoublent dans la presse.

minion loves bananaJ’avais d’ailleurs noté dans un précédent billet les déclarations effarantes de Cazeneuve, dit Bernie Les Bons Budgets, qui admonestait les gentils moutontribuables en dénonçant leur trop grande propension à râler devant la ponction juste, redistributive et très très citoyenne qu’il leur impose actuellement pour tenter d’équilibrer les finances d’un pays dont tout indique qu’il trottine à sa catastrophe. Dans une tempête de poncifs déchirants de bêtise, le ministre un peu désemparé s’en est pris aux méchants qui détruisent Les Radars Qui Sauvent Des Vies, aux vilains racistes et autres bananophiles déjantés qui, dans une méchanceté vraiment poujadiste, se liguent tous contre l’impôt, le tout en rappelant que ronchonner ainsi est fondamentalement anti-démocratique, anti-républicain, anti-vivrensemble, anti-état, donc, super-mal :

« Le légitime débat sur le niveau des prélèvements obligatoires ne doit pas effacer un principe fondamental : celui du consentement à l’impôt, qui est consubstantiel à la République. »

Devant ce genre de saillies, on se demande un peu quel lumineux cabinétard a bien pu pousser Bernie à prendre la parole pour sortir ce chapelets d’âneries bien-pensantes ; remuer le couteau taxatoire dans la plaie fiscale française en serinant à qui veut l’entendre que le tabassage auquel on assiste est « consubstantiel à la République », c’est assurément un fin calcul de communicant qui ne va pas du tout exciter les contribuables à l’approche de Noël.

cazeneuve consentement a l impotEt le plus fort, c’est que la contre-performance communicationnelle de Bernie entre admirablement bien en collision avec les petits couinements d’aise de la porte-parlote du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem qui, pendant que le soutier du budget tance vertement le Français ronchon, se permet d’étaler une joie franchement déplacée de l’état fiscal catastrophique du pays : s’appuyant sur un rapport de l’INSEE qui semblerait découvrir une baisse des inégalités en France, l’aimable prétexte-parité nous sort ainsi :

« Le consentement à l’impôt (…) se renforce chaque fois que l’impôt est juste. »

Mais bien sûr. Du reste, si on remplace « impôt » par « euthanasie », ça marche admirablement bien et ce n’est pas un hasard, ça procède du même type de raisonnement. Le plus intéressant, dans les roucoulades mièvres de la ministre, n’est d’ailleurs pas son plaidoyer ridicule pour un impôt juste (s’il l’était, je crois que Cazeneuve n’aurait pas à rouspéter dans les colonnes du Monde) mais dans la façon dont elle interprète l’étude de l’INSEE. Ainsi, elle constate qu’avant la redistribution fiscale et citoyenne en 2012, le niveau de vie moyen des 20% les plus riches était 7.6 fois supérieur à celui des 20% les plus pauvres, alors qu’après, joie et sourire lumineux sur le visage de la porte-parole, youpi, le rapport n’est plus que de 4 ! Magie du socialisme qui transforme les riches en pauvres et les pauvres en pas riches.

Ce que la brave Najat s’empresse de ne surtout pas évoquer, c’est que les chiffres de 2011 montraient que le rapport passait de 7.4 à 3.9. Autrement dit, en 2011, les écarts entre riches et pauvres étaient plus faibles. Pauvre, pauvre Najat qui ne sait pas lire les études de l’INSEE et qui en déduit niaisement au « retour de la solidarité fiscale en France » alors que, bien tristement, cette étude montre exactement le contraire. En réalité, ce genre d’études, bricolage statistique assez peu significatif, forme comme souvent le lit des joueurs de pipeau que Najat n’est certainement pas la dernière à occuper.

najat consentement a l impotSi l’on s’en tenait aux seuls borborygmes ministériels, on pourrait se dire que tout ceci s’apparente simplement aux habituels mouvements de manche des clowns qui nous gouvernent. Enlevez-les, le spectacle s’arrête et plus personne ne veauterait pour eux. Cependant, il faut comprendre un peu la dynamique dans laquelle s’inscrivent ces déclarations.

En effet, si seul le Camp du Bien actuellement au pouvoir rouspétait sur l’antipatriotisme primaire des mécontents de l’impôt, il n’y aurait guère matière à réflexion. Cependant, il ne faut pas longtemps pour découvrir que dans l’autre camp, on tient exactement le même discours ! Oui, vous avez bien lu : un type comme Luc Chatel, que certains présentaient comme libéral — rires appuyés dans toute la salle — n’a ainsi rien trouvé de mieux à déclarer que, je cite :

«  Il faut arrêter de taper de manière sournoise, j’allais dire bête et méchante, sur le principe même de l’impôt.  »

Et pourquoi donc ? Parce que l’impôt, subitement, serait devenu désirable ? Parce que le consentement à l’impôt, pour ces gens qui, justement, n’en payent pas, veut dire « Absence de couinement sous la pression », le peuple devrait « arrêter de taper sur le principe même » ? Décidément, comme on le voit, ce fameux consentement est, bien plus que l’antiracisme de synthèse au goût banane, un thème fédérateur chez tous les élus.
chatel consent a l impotMieux encore : il suffit d’écumer la presse pour découvrir que depuis quelques semaines, un petit crin-crin lancinant s’est installé à différents postes des institutions de l’État, dans les administrations, les cabinets, les ministères et l’Assemblée. Ainsi, voilà Bercy qui fanfaronne sur le nombre soit-disant conséquent de régularisations de dossiers : oyez, oyez, les brebis fiscalement égarées reviennent chez le bon pasteur qui saura s’occuper d’elles !

L’idée consiste à faire croire qu’un nombre énorme de contribuables, pris de remords ou trop anxieux de se faire attraper par des services fiscaux d’une redoutable efficacité, se rendrait pieds et poings liés devant le centre des impôts le plus proche pour y chercher rédemption et arrangement fiscal amiable avant les terribles foudres prévues dans quelques semaines. Le but est double : cela permet d’une part de montrer à tous les autres fraudeurs pas encore convaincus qu’ils ne perdent rien pour attendre, et d’autre part – et c’est encore plus important – de convaincre les créditeurs de l’État français (fort nombreux) que la capacité de Bercy à lever des impôts et les ramener dans les caisses n’est en rien amoindrie.

Et cette démarche est absolument indispensable, parce qu’en face, le peuple, lui, se laisse de moins en moins faire et ça se voit. Ça se voit dans les sondages qui découvrent que 44% des Français ont déjà payé des services au noir, ça se voit dans les sondages qui se rendent compte qu’un quart des Français serait tenté de frauder le fisc, et surtout, que la moitié serait prêt … à fuir la France pour échapper au chômage et aux impôts.

Et lever des impôts, dans ces conditions, devient plus difficile, plus délicat. Or, si jamais le Consentement à l’impôt des Français venait à s’émousser de façon trop visible et trop durable, la crédibilité même de Bercy, et par voie de conséquence, de tous ces fiers larrons s’effondrerait avec la disparition du crédit qui va avec.

Ce à quoi l’on assiste ici, c’est le début d’affolement d’une classe politique.

La gauche, ainsi, n’a absolument aucune idée d’où elle va et n’a qu’un seul outil dans la boîte de François, une pelle qui a déjà bien trop creusé. Et la droite, qui n’a aucun projet depuis des lustres, en est réduite à tenir le même discours.

Mais ces gens qui s’étonnent de la grogne ont oublié quelque chose d’essentiel : quoi qu’il arrive, d’où qu’ils puissent parler, c’est le peuple, et certainement pas eux, qui décide quand trop c’est trop. C’est ce peuple, et pas eux, qui définit, par son usage, sa tempérance, son calme et sa docilité, les termes précis de son consentement. C’est ce peuple, et pas eux, qui décide si sont une bonne chose ou pas les radars, l’écotaxe ou les privilèges que certains s’étaient octroyés et croyaient gravés dans le marbre.

Et lorsque la démocratie est en panne, lorsque le gouvernement refuse d’entendre le désaccord qui monte, lorsqu’il n’y a plus, justement, de consentement à l’impôt, les actions violentes, au contraire des pétitions, méprisées, ou des manifestations, dispersées dans le gaz, sont finalement tout ce qui reste.

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OPTIMISATION FISCALE: MICHEL SAPIN FAIT DES MOULINETS DU MENTON! par h16

La chose est maintenant sûre : l’État français perd de l’argent à gros bouillon parce que ses concurrents fiscaux sont meilleurs. Et ça, mes petits amis, scrogneugneu de nom d’une pipe en bois, ça ne se passera pas comme ça ! Le gouvernement, se rendant subrepticement compte de ces fuites massives de capitaux, va donc agir pour corriger cette situation inique !

Et par « gouvernement », on entend ici Michel Sapin, l’actuel ministre de nos actuelles finances, ce qui, quand on voit la bobine rebondie du premier et la tronche émaciée des secondes, donne à réfléchir. Le Michel, il ne s’en laissera donc plus compter : « Je serai intraitable » aurait-il même déclaré jeudi dernier (peut-être sous le coup d’un vin un peu trop capiteux), lançant ainsi une offensive en règle contre les sociétés françaises qui auraient eu l’idée saugrenue de faire de l’optimisation fiscale par l’intermédiaire de filiales à l’étranger ou de rescrits fiscaux (tax rulings) accordés par d’autres pays de l’Union européenne.
sapin et le consentement à l'impôtEt en avant, voilà notre joufflu politicien juché sur sa Rossinante à l’assaut de moulins fiscaux qu’il ne maîtrise pas mais se fera fort de démanteler de ses petits bras agités. Il est tout remonté, notre homme, et il compte bien parvenir à quelques résultats. D’après plusieurs études, le fisc français serait (avec l’allemand) l’un des plus grands perdants de ces rescrits fiscaux. De surcroît, le mois dernier, les 28 gouvernements de l’Union se sont entendus pour une règle de transparence totale entre administrations nationales, couplée à un échange automatique des informations sur ces tax rulings. Ceci devrait déboucher sur une nouvelle directive européenne, pilotée par cet as de Moscovici qui a fait tant de bien à la France et dont on imagine sans mal qu’il va faire des étincelles dans le domaine. D’ailleurs, les discussions en cours portent sur la durée de la rétroactivité du coup de matraquage fiscal qu’il faudra appliquer (oui, oui, rétroactivité légale, en droit fiscal, c’est possible), et que le brave commissaire, toujours aussi lucide sur le plan économique, entend porter à 10 ans.

On attend déjà avec gourmandise les effets de bords débiles et crisogènes que ces belles intentions vont provoquer. En attendant, vilains évadés fiscaux, vos jours sont comptés, et vos portefeuilles surveillés ! Tremblez, mauvais contribuables félons !

Ceci étant dit, intéressons-nous deux minutes au fond de l’affaire pour mesurer l’ampleur des dérapages à venir. Cela nécessite d’être un peu technique, mais le jeu en vaut la chandelle, ne serait-ce que pour dissiper les épais nuages de pignouferie que les articles produisent autour du sujet.

Passons rapidement sur la différence entre évasion fiscale et optimisation fiscale, on a maintenant l’habitude de la confusion journalistique éhontée qui permet de faire passer les utilisateurs chevronnés de la seconde pour des malandrins habitués de la première. L’optimisation, rappelons-le, consiste à limiter son impôts en utilisant tous les moyens légaux mis à sa disposition, que ce soit par des montages juridiques plus ou moins complexes (mais légaux) ou des investissements dans certaines niches fiscales (légales). L’évasion, par définition, consiste à fuir d’une prison fiscale vers un pays de moindre tabassage en soustrayant autant que possible l’opération aux yeux des gardes-chiourme fiscaux.

Passons également sur cette logique socialiste assez typique qui veut que l’impôt est un dû et qu’il est formellement interdit de chercher à le réduire, même par des dispositions pourtant légales. Dans la belle idée de nos collectivistes, comme tout ce que vous faites leur appartient (la réciproque étant fausse, soyons sérieux), tenter d’en garder un peu pour vous constitue un vol. Implacable comme un goulag de Sibérie en plein hiver.

tax manRentrons plutôt dans le vif du sujet : ces fameux rulings. Qu’est-ce que c’est exactement ? Pour le résumer dans un format raisonnable, il s’agit d’une entente entre un contribuable et une administration fiscale (dans la mesure où ce dernier a confiance dans l’administration) qui consiste à faire valider des hypothèses de travail par les services fiscaux compétents. Essentiellement, il s’agit de prendre contact avec eux pour leur expliquer un cas spécifique, en leur présentant la façon dont on l’interprète, et en leur expliquant le calcul qu’on espère voir appliqué pour ses impôts. Dans la foulée, on attend donc de cette administration une confirmation ou une explication de la façon dont elle va réaliser ses opérations. Bien évidemment, à aucun moment il ne s’agit d’une discussion de marchand de tapis dans laquelle le contribuable négocierait avec l’administration pour obtenir un rabais, un abattement ou que sais-je. En somme, il s’agit avant tout de bien s’approprier les règles fiscales locales.

Dans le cadre de sociétés multinationales, se pose alors la question de cette application à l’échelle du groupe. On peut en effet être juste au niveau local mais avoir tort au niveau de toute la holding. C’est ainsi que s’introduit le concept d’abus de droit, qui revient en l’espèce à mettre en place un mécanisme à visée exclusivement fiscale. Le mot-clé ici est exclusivement. Et dans ce cadre, le fisc français doit être en mesure de prouver que le montage n’a pas d’autres buts que d’échapper à l’impôt. Une bonne optimisation fiscale consistera donc à « fournir de la substance » c’est-à-dire, à créer une filiale dans un autre but que celui d’échapper à l’impôt, ce dernier bénéfice ne devenant alors qu’un sous-produit pratique de l’opération, et non recherché en premier lieu.

À partir du moment où ces deux éléments, le ruling et la substance, sont réunis, le mécanisme d’optimisation fiscale est inattaquable. A contrario, vous vous exposez ou bien à des risques dans le pays de défiscalisation (en cas d’absence de ruling) ou bien dans le pays d’origine (en cas d’absence de substance).

En pratique, la loi française couvre déjà tous les abus. D’ailleurs, les employés du fisc ne se privent absolument pas de contrôler les sociétés systématiquement dans les trois ans qui suivent la mise en place d’un tel mécanisme. Et bien sûr, le fisc est au courant de ces pratiques puisqu’au moment du montage, la création de la filiale entraîne automatiquement le paiement d’une « exit tax » sur la valeur de l’apport.

taxer c'est volerPour revenir aux dernières déclarations de Sapin, il faut donc comprendre que, tant que la directive n’est pas votée et transposée en droit fiscal français, tout est déjà en placepour encadrer cette optimisation. Oui, vous l’avez compris : le petit ministre est dans l’incantatoire, les moulinets de menton, les agitations de petits bras et l’enfumage de journaliste. La volonté de dissuasion pour effrayer le contribuable (qu’il soit particulier ou société) est ici assez claire, et vise sans doute à ralentir ou geler ces montages complexes dans l’attente de la loi définitive, mais c’est à peu près tout.

Enfin, on ne peut que déplorer ces nouveaux petits pas sur la route de la servitude, petits pas marqués par de nouvelles limitations de mouvements des capitaux, et la réduction de la concurrence fiscale entre les États en se calant, bien évidemment, sur les plus gourmands, en tuant les avantages comparatifs de petits (Luxembourg, Suisse, Belgique, Irlande, …) qui misent sur une politique fiscale accommodante comme outil d’attractivité. Faire le contraire, transformer la France en relâchant les contraintes fiscales, en offrant aux investisseurs un paysage fiscal à la fois stable et doux, n’était pas envisageable. Pensez donc : si ça marche pour le Luxembourg ou la Belgique, ça ne peut pas marcher pour la France !

Décidément, Moscovici d’un côté, Sapin de l’autre, de concert pour entraîner toute l’Europe dans la spirale fiscale française … Forcément, ça va bien se passer

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CONTROLE URSSAF! Rendez-vous, vous êtes cernés! Pan! Pan!

Le décor pourrait être celui d’un Flunch. Oui, c’est ça : imaginez un Flunch, avec ses plantes décoratives en plastique, ses tables en formica, ses chaises en formica, ses plateaux repas en formica et ses caissières en formica pleine forme qui enregistrent les achats de clients blasés. Le repas est fini, quelques consommateurs ramènent le plateau sur le tapis roulant destiné à les amener à la cuisine. À ce moment, deux colosses tombent sur le gérant du restaurant, le plaquent au sol en hurlant « URSSAF, rendez-vous ! »
L’analyse post-mortem montrera que le salaud de gérant, malencontreusement mort d’une crise cardiaque à la suite de cette descente impromptue, n’avait que ce qu’il méritait : outre un taux de cholestérol bien trop élevé, ce capitaliste assoiffé du travail des autres utilisait subrepticement ses clients pour du travail dissimulé. En effet, en ne rémunérant personne pour que les plateaux soient correctement ramenés sur le tapis roulant de la cuisine, ce patron parasite tentait à l’évidence de s’affranchir des saines règles salariales de France que le monde nous envie ; en ne payant pas un serveur pour faire ce travail, il dissimulait le travail de ses propres clients.

Une honte.

oh filocheBon, ok, c’est une histoire inventée et vous aurez compris que j’exagheuu ah tiens non en fait, je n’exagère même pas : on découvre, stupéfait que la réalité dépasse encore l’affliction, que la mésaventure cocasse de ce méchant gérant de Flunch est une simple variation sur un fait, bien réel celui-là, qui se déroule en Bretagne : en juin 2012, une gérante du bar « Mamm Kounifl » de Locmiquélic, près de Lorient dans le Morbihan, a subi un contrôle URSSAF plutôt musclé. Vers minuit trente, alors qu’il est de tradition pour les clients, lorsque le bar est bondé comme ce soir-là, de rapporter leurs verres un fois les consommations terminées, une cliente profite de son trajet vers les toilettes pour déposer quelques verres sur le comptoir. Ni une, ni deux, une femme se lève et colle sa carte tricolore sous le nez de la patronne pendant que son mari se fait plaquer par un homme pour … un contrôle URSSAF.

Soyons honnête : pour une fois, il ne s’agit pas de l’un de ces faits divers tristement sanglants qui relaterait ensuite comment les clients de l’établissement, mis en joue par une faune interlope déjà chargée en substances psychotropes, se sont fait dépouiller avant que le chien de la patronne se fasse tuer, son canari violer et sa voiture voler pour assurer aux malfaiteurs une fuite plus rapide. Ouf. Après tout, ce n’était que des inspecteurs URSSAF, ces gens assoiffés de justice, d’égalité et pétris d’humanisme vibrant dans leurs yeux globuleux de têtards subventionnés ; on pouvait s’attendre, donc, à un dénouement heureux parsemé de petits bisous et de câlins logiques après une malencontreuse méprise.

oooh filocheIl n’en fut rien : les inspecteurs, emportés dans leur implacable désir de justice et malgré la stupeur des clients du bar, expliquent alors qu’ils considèrent que les clients se comportent comme des serveurs. Les contestations de la gérante ne feront – évidemment – qu’aggraver son cas : on est en France, république citoyenne, certes, festive, bien sûr, mais surtout populaire et attachée à rappeler aux patrons et autres employeurs que l’entreprise privée n’y est que tolérée, socialisme oblige. Dès lors, foin d’excuses bidons et de convivialité supposée dans ce geste des clients, il y aura poursuites. Non mais.

Et poursuite il y eut : dans le mois, un courrier en recommandé leur enjoint de payer une amende de 7.900€ pour travail dissimulé, avec saisine du procureur de la République. En novembre, la brigade de gendarmerie de Port-Louis leur signifie leur placement en garde à vue pour travail illicite ; flanquons les aubergistes au trou, cela leur apprendra à être un peu trop conviviaux, non mais.

Citoyenne et Festive, depuis 1789Las. L’URSSAF, pas du tout aidé par un parquet à cheval sur les principes, ne pourra pas se payer le couple infernal : le rapport, comportant des anomalies, transforme la garde à vue en simple audition, qui aboutira à un classement sans suite de l’affaire en novembre 2012. Heureusement, l’Organisme Égalitaire de Ponction Sociale à Coups de Bâton ne se laissera pas si facilement impressionner par quelque procureur tatillon et poursuit donc sa procédure au civil en réclamant, après pénalités, 9.000€ à la gérante.

À ce point du récit, j’entends déjà quelques idiots inutiles trolls socialoïdes lecteurstrès naïfs m’objecter qu’en réalité, il semble évident que les inspecteurs de l’URSSAF n’auraient jamais tenté une telle procédure sans avoir de solides preuves qu’une affaire louche se déroulait dans ce bar ; ainsi, rien n’interdit d’imaginer qu’une « cliente » était en réalité une serveuse travaillant au noir et rapportait les verres régulièrement, pour toute la salle. Étonnamment, un tel cas de figure est assez facile à prouver (présence de la « cliente » de façon régulière dans l’établissement, jusqu’à l’heure de fermeture ou dès son ouverture, pas de table attitrée, ne consomme rien, etc…). Le classement sans suite par le parquet laisse alors entrevoir une collusion entre la justice et les gérants de bar, hypothèse tout à fait crédible qui place immédiatement la Bretagne dans les terres de révoltes et de complots ourdis contre la République.

wtf filochePlus sérieusement, ceux qui connaissent les méthodes de l’URSSAF ne sont ici absolument pas étonnés de cette histoire rocambolesque où des citoyens innocents se retrouvent poursuivis pour des faits imaginaires par l’une des pires engeances (avec les inspecteurs des impôts et les douaniers) que la société doive supporter. Ce cas ridicule est en réalité parfaitement symptomatique de tout ce qui va de travers dans ce pauvre pays : deux petits kapos de Prisunic, tout imbus des pouvoirs qui leurs sont octroyés pour ruiner leurs concitoyens, n’avaient absolument aucun contrôle plus judicieux à faire, aucune mafia (avec un peu plus de répondants qu’une gérante de bar) à pourchasser, ou un syndicaliste à rappeler à ses devoirs d’employeur modèle(voire tout un syndicat, allons-y gaiement) et seront donc tombés à bras raccourcis sur une proie facile pour boucler leurs quotas d’affaires.

Et puis, quelle bonne idée de saboter un commerce qui fonctionne ! La France, de toute façon, a trop de travail et quelques chômeurs permettront de rappeler à tous ce qu’est la joie d’avoir si facilement un travail, une entreprise qui fonctionne et permet de payer les impôts, les taxes et les cotisations qu’on demande par brouettées entières parce que nos inspecteurs le valent bien ! Bref, il faut le dire : cette intervention musclée s’impose dans ce pays qui prend décidément trop de liberté avec le travail.

URSSafMais on peut aller plus loin : on le comprend, les URSSAF ont fort à faire pour redresser les torts dans ce pays, et on sent nettement que leur force de frappe s’étiole à mesure que le mal s’étend et ronge la société. Mais il n’est pas dit que les fiers citoyens du Bisounoursland laisseront faire. C’est pourquoi je vous propose de participer vous aussi à la dénonciation de ces abominables déviances et du travail dissimulé par lequel les saines cotisations et les bonnes charges sociales ne sont pas perçues, amenant tous les jours le pays plus près du précipice de l’enfer turbolibéral des gens qui contractent entre eux sans utiliser la Sécu, sans passer par les syndicats, et ne s’en portent pas plus mal, tout en grignotant des chatons mignons et des bébés communistes.

Vous aussi, utilisez le cerfa ci-joint pour dénoncer, à votre tour, tout travail dissimulé dont vous auriez connaissance. C’est plus qu’utile, c’est nécessaire pour redresser ce pays. Que dis-je, nécessaire ! C’est vital ! Il en va de la République du Bisounoursland et de la bonne santé de tous nos fiers Inspecteurs du Travail sans lesquels la France pourrait fournir du travail à tous ceux qui le demandent pardon je veux dire s’enfoncerait dans le chaos désordonné de la catallaxie.

Lecteurs, lectrices, à vos plumes!

UNE FAMILLE QUI VIVRAIT COMME L’ETAT, CA DONNERAIT QUOI?

Lorsqu’on a un gros, un énorme déficit budgétaire chronique et une dette abyssale, babylonesque, voire une hippopodette, il est difficile d’appréhender l’ampleur du désastre. Cependant, celui-ci devient évident lorsqu’on ramène l’exercice budgétaire du pays à l’échelle d’un ménage.

Un billet de h16 et Baptiste Créteur, de Contrepoints

Le droit français a longtemps fait du comportement d’un bon père de famille la norme comportementale de bon usage et de saine gestion ; le bon père de famille est soucieux des biens et intérêts qui lui sont confiés comme s’ils étaient les siens propres. Pour connaître le statut de nos chers dirigeants, ramenons la politique budgétaire de la France à l’échelle d’un ménage.

L’État français disposait, dans le budget 2013, de 240 milliards d’euros de ressources pour 302 milliards d’euros de charges. La dette publique, elle, se montait à 1 912 milliards d’euros. Ces chiffres, pleins de zéros difficiles à lire et dans des unités de mesure, la dizaine ou la centaine de milliards, assez difficiles à appréhender, sont des chiffres prévisionnels ; ils ont été votés par les parlementaires, en toute décontraction. Comme chaque année, il est parfaitement raisonnable d’attendre que la réalité sera encore pire. Oui.

Comparons cela à un ménage moyen. Avec ses 2 410 euros de revenu net mensuel, notre ménage moyen, s’il se comportait comme l’État français,dépenserait 3 032 euros chaque mois – avec un découvert mensuel de 622 euros. Ramené à l’année, les 28 920 euros de revenus sont loin de suffire pour dépenser 36 391 euros, et le ménage doit donc emprunter 7 471 euros – alimentant un total d’endettement de 230 396 euros. Oui, 8 fois son revenu annuel. C’est un ménage qui sait vivre, que voulez-vous : on ne vit qu’une fois, autant le faire bien surtout si c’est avec l’argent du banquier.

On comprend mieux, au regard de ces chiffres, la gestion que font les hommes politiques de leur propre patrimoine et leur incapacité à épargner – si tant est que leurs déclarations puissent être crues. Compte tenu du respect qu’ils ont pour la parole publique et les engagements qu’ils prennent, rien n’est moins sûr ; entre Jérôme Cahuzac qui, lui, a su épargner, et la pause fiscale dont tout le monde, meurtri, attend l’arrêt aussitôt que possible, l’honnêteté de nos dirigeants pose question.
et-si-une-famille-dépensait-comme-le-gouvernement

Et à bien y réfléchir, la lucidité des créanciers également.

Aucun ménage ne parviendrait à faire accepter un découvert de 25% de ses revenus chaque mois, surtout compte-tenu de son profil d’endettement. Les ménages français sont, en moyenne, endettés à hauteur de 80% de leurs revenus, pas 800%, comme l’État actuellement (230 396 euros de dettes pour 28 920 de revenus). Mais il est vrai qu’aucun ménage n’a la bombe atomique, une armée d’inspecteurs du fisc secondée par une armée de policiers, de gendarmes et de soldats outillés et entraînés pour éviter toute confusion maladroite entre « contribuable » (qui paye et se tait) et « citoyen » (qui est armé et entend se défendre tout seul comme un grand).

Au passage, cette dette génère un coût important pour la famille France ; elle paye chaque mois 563 euros pour éponger les intérêts de sa dette, sans même songer à rembourser (rappelons que la famille France s’endette chaque mois, et qu’il lui est impossible, par on ne sait quelle misère, de mettre le moindre sou de côté – le prix du caviar s’envole, dirait-on).

Sur 3 033 euros de dépenses au total, cette hypothétique (mais dépensière) famille France consacre 382 euros à l’achat d’armes diverses, dont des drones dépassés qui font un peu pitié, en plus de 177 euros pour sa sécurité pure, ce qui fait déjà 559 euros. S’y ajoutent 641 euros pour l’enseignement scolaire et 260 pour l’enseignement supérieur et la recherche, avec un résultat qu’on qualifiera pudiquement de mitigé, pour un total atteignant déjà 1 460 euros sur ces seuls trois postes. Avec les 563 euros de la dette, c’est déjà plus des 2/3 que la famille France aurait déjà dépensée.

Les autres petits postes de dépense sont aussi édifiants : 26 euros pour la culture (sachons vivre), plus 12 pour les médias, le livre et l’industrie culturelle (sachons vivre) ; 5 euros pour le sport, la jeunesse et la vie associative (sachons vivre, que diable !) ; à côté, 13 euros pour la santé (sachons tomber malade ?) paraissent bien insignifiants à la famille France, qui dépense 103 euros pour favoriser l’emploi. Sans grand succès.

Si la famille France était notée par des agences de notation, le ménage « État français » serait vraisemblablement assez loin du triple A. Heureusement, rassurez-vous : l’État français n’est pas vraiment un ménage, et personne n’entend considérer que le gouvernement français pourrait se rapprocher d’une gestion de « bon père de famille ». Faut pas déconner. Car le ménage « État français » dispose d’une arme secrète pour se renflouer : le patrimoine de tous les ménages français. Si le ménage France n’existe pas et fait à peu près n’importe quoi de l’argent qui lui est confié, ce n’est heureusement pas le cas de l’écrasante majorité des ménages français, ménages politiciens inclus. Et ça, l’État l’a bien compris : non content de leur prélever pas loin de la moitié de leurs revenus, il peut à tout moment leur confisquer tout ou partie de leur patrimoine. Ça s’est déjà vu, dans le passé en France, et récemment en Europe ; les Chypriotes s’en souviennent.

Non, décidément, la gestion que font les hommes politiques du budget ne correspond pas à celle qu’en ferait un bon père de famille. Ou alors, « bon père de famille » comprend l’homme bourru et alcoolique, vivant d’expédients et de petits larcins minables d’une journée à l’autre, frappant femme et enfants lorsque l’argent ne rentre pas assez – ce qui étend la notion très au-delà de ce qu’elle pourrait signifier intuitivement…

Les politiciens comptent sur vous pour, un jour ou l’autre, éponger les dettes, leurs dettes, celles qu’ils ont contractées en votre nom pour non pas vous aider, vous servir, mais pour rester au pouvoir. Et ce jour approche plus que vous ne le croyez.

À vous de voir si vous êtes d’accord, mais sachez qu’il faut agir vite : ils ne vous demanderont pas votre avis.

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ABUS DE DROIT: LES DÉPUTÉS TENTENT L’EMBUSCADE FISCALE!

J’en avais parlé dans ces colonnes à la fin du mois de Juin et un article récent et assez fouillé de Contrepoints revenait sur d’autres aspects inquiétants : l’oppression fiscale est bel et bien en marche, et la tournure que prennent les choses est réellement glaciale, à plus d’un tour.

Et histoire de fournir un peu de contexte, revenons sur ce que nos députés sont en train de mettre en place, alors que nos journalistes s’empressent au mieux de n’en rien rapporter, et au pire, comme on pourra le voir plus loin, en poussant à la roue de la propagande.
cahuzac : mon compte est à singapourPour rappel, tout part comme d’habitude d’un fait divers, qu’on pourrait qualifier de scandale républicain annuel tant ce qui est arrivé est à ce point banal et répétitif : l’affaire Cahuzac ayant éclaté avec ce qu’on sait d’absence totale de toute remise en question de la part des politiciens, tant de droite que de gauche, il a été promptement décidé, par ceux-là même qui étaient finalement les plus directement concernés, que toute cette vilaine évasion fiscale du Paradis Taxatoire Français devait être combattu âprement. Parce que bon, les finances du pays ne peuvent souffrir d’un tel drain (qui commence à se voir). Bien évidemment, il s’est rapidement révélé (sans surprise) que cette affaire aura servi de prétexte à réécrire une partie du code fiscal, judicieusement choisie pour offrir de nouvelles voies d’enquêtes et d’inquisition de la part du fisc.

taubira et ses 150000 eurosEn substance, le projet de loi« relatif à la lutte contre la fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière » prévoit notamment, comme je l’expliquais, la possibilité de recours à des techniques d’enquêtes spéciales ; rassurez-vous, les fers chauffés au rouge et le plomb fondu dans la gorge n’en font pas encore partie, mais il est probable que certains de nos élus y ont pensé, même si de façon seulement fugace. Pour le moment, il s’agit surtout de laisser au fisc la liberté d’utiliser des preuves éventuellement obtenues de façon illicites, ce qui est tout à fait bisou-compatible avec une République qui respecte les droits de l’Homme.

Cette introduction dans la loi d’un tel procédé était, on en conviendra aisément, déjà gratiné.

Rebondissement récent : le Président de la Commission des Finances au Sénat, Philippe Marini (un de nos très chers députés), qui est aussi UMP que socialiste, a introduit dans la foulée une petite proposition au moins aussi choupinette que l’élément dont je fais mention ci-dessus : le brave Philippe nous propose de modifier un peu la loi entourant la notion d’abus de droit. Il veut ainsi, et je cite la proposition,« renforcer la procédure de l’abus de droit en élargissant son champ d’application aux cas où les actes mis en cause répondraient à un motif essentiellement fiscal. »

Le mot important, ici, est « essentiellement ».

Éclairons un peu.

L’abus de droit est au départ une notion de droit civil. En quelques années de fiscalité délirante débridée millimétrique comme seuls l’Assemblée Nationale et Bercy sont capables de concevoir, cette notion est devenue la pierre d’angle de biens des inspecteurs des impôts, trouvant en elle un bon argument pour redresser du contribuable par paquets de douze.

L’abus de droit fiscal (article 64 du livre des procédures fiscales) vise à sanctionner tout schéma juridique dont l’unique motivation est fiscale. Par unique, on comprend (et ce fut bien précisé par le Conseil d’État) qu’on veut ici éviter toute interprétation arbitraire des inspecteurs fiscaux : l’abus de droit ne devra concerner que les schémas motivés par un but exclusivement fiscal.

Tout montage devra donc avoir été fait pour une raison non fiscale, au départ. Et si, en conséquence de ce montage, la facture de Bercy s’en trouve réduite, tant mieux. En revanche, tout montage effectué pour réduire la facture et pour lequel on ne peut trouver le moindre autre but se trouverait sanctionné. La ligne est donc fine, mais elle existe, et sa finesse aura occasionné, on s’en doute, des luttes des années durant de la part des contribuables contre l’administration pour faire valoir ce point devenu fondamental.

On l’aura compris : la proposition de Marini, qui montre ici que le socialisme de droite n’a absolument rien à envier à celui de gauche dès qu’il s’agit d’aller piocher dans la poche des autres, revient à modifier en profondeur cette notion. À présent, elle s’applique aux montages ayant un but essentiellement, et non plus exclusivement, fiscaux. Autant dire que dorénavant, l’administration fiscale aura une belle et grande latitude pour cogner sur l’assujetti.

En effet, qu’est-ce qu’un motif « essentiellement » fiscal ? Toute utilisation d’une niche fiscale, parfaitement légale, est, par définition, un montage essentiellement fiscal. Et le fait d’utiliser « trop bien » ces différentes niches sera donc punissable avec une telle proposition (au passage, la sanction est sévère : l’impôt total éludé doit être payé, additionné d’une majoration de 80%). La mère Duflot appréciera certainement que ses piteuses tentatives soient à ce point sabotées, mais en attendant, la schizophrénie fiscale qui accompagne tous ces projets laisse perplexe.

Bien évidemment, comme je le mentionnais en introduction, ce genre de textes, s’il était réellement connu du grand public, déclencherait assez probablement un vent de panique et de colère de la part d’un peuple qui sent de plus en plus le vent du boulet fiscal lui passer près de la couenne, tant le pelage a déjà été tondus ras.

Pour éviter telle fronde, on observe de façon assez prévisible la parfaite docilité des journalistes dans leur mutisme : à part dans la production bloguesque éventuellement hébergée sur des sites un peu visibles, et à part bien sûr Contrepoints, c’est le néant total.

En revanche, la propagande pro-fiscalité contondante, elle, passe de mieux en mieux.

Je pourrais m’étendre à loisir sur l’article éhonté du Monde, paru en février dernier, et qui avait déclenché autant de sourires consternés que de commentaires surpris devant son titre disant qu’« être taxé nous rend heureux », même si la conclusion, délicate, qu’une réforme de l’impôt semblait nécessaire, était camouflée dans le torrent de câlins républicains dans lequel l’impôt, c’est fantastique et la taxation super-chouette, à condition d’être simples.

Et bien sûr, on en retrouve une autre belle louchée, plus récente celle-là, dans un article de Slate de début août, dans lequel l’auteur concède vaguement qu’effectivement, l’avalanche d’impôts en France aurait intérêt à se calmer, essentiellement parce que le FMI le demande … et surtout pas parce que l’austérité de nos fanfarons du gouvernement ne s’est traduit par absolument aucune baisse des dépenses publiques (au contraire même). En outre, l’auteur de l’article, tout fripé de ses convictions keynésiennes, ne peut s’empêcher de tenter quelques tacles ridicules (par le truchement du gauchiste Sterdyniak, cet outil commode à ressortir quand on ne maîtrise pas l’économie) afin de faire bien vite oublier le fameux jour de « libération fiscale » – décidément, cette mesure d’oppression taxatoire est un excellent marqueur à imbécile, comme je le notais dans un précédent billet.

Bref, la presse a fait vœu de silence sur les manœuvres qui se mettent en place destinées à traquer le contribuables jusque dans ses chiottes, et quand elle évoque le sujet, c’est plutôt dans le registre propagande et petits fours : on en revient bien vite aux éternels poncifs sur le nécessaire impérieux d’une bonne ponction des familles ; c’est entendu, l’oppression fiscale n’est qu’une chimère, une vue de l’esprit. L’austérité, cela suffit, passons plutôt à autre chose.

Et quand les députés se placent en embuscade pour dépecer le moutontribuable, on n’en fera pas plus qu’un entrefilet, à l’occasion.

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BINGO MAFIEUX POUR LES DOUANES. ( en hommage à Yvette Bert)

Article prémonitoire pour le suicide provoqué par le fisc de “mamie loto”. Daté du lundi 19 Août 2013.


La Nature, avec cet esprit taquin qui assure que l’évolution des espèces sera toujours une course-poursuite, a produit pour chaque animal un nuisible qui lui est spécifique. Par exemple, pour le chien, on trouve la gale sarcoptique canine. Pour le chat, il y a l’ankylostome, un ver rouge assez dégueu d’un à deux centimètres de long. Pour l’honnête homme, il y a le douanier.

Bien évidemment, j’en vois deux ou trois, dans le fond, qui s’agitent un peu, l’air mal à l’aise : « Comment peut-il dire des choses pareilles, enfin, voyons ! » ou, pire, qui se disent, en se rappelant un de mes vieux billets : « Au secours, il remet ça ! »

ProtectionnismePourtant, je ne fais ici que constater une chose évidente et la redis simplement, sans fard et sans les chichis politiciens qui enrobent d’habitude ce genre de franc-parler pour faire passer la pilule de merde en la camouflant dans une gélatine goût fraise : le douanier n’est, par essence et par nature, qu’un parasite de l’honnête homme. Il n’existe que dans le but exclusif de lui pourrir la vie. Plus exactement, son métier consiste exclusivement à lui amoindrir le pouvoir d’achat en renchérissant les biens importés ou à faire le gros bras pour des monopoles mafieuxqui le rétribuent directement ou indirectement. Comme le faisait déjà remarquerBastiat en son temps (et rien n’a changé depuis), le douanier intervient dans le but de saboter le commerce entre adultes consentants.

Sans le commerce qu’il entend parasiter, il n’existerait pas. Sans la force que lui procure l’État pour accomplir sa mission, il n’existerait pas. Sans la demande expresse d’autres parasites qui préfèrent tordre les bras des concurrents qu’améliorer leurs offres, ils n’existeraient pas. Sans le besoin de certains d’évincer les plus faibles, à coup de talons si besoin, il n’existerait pas. Le douanier n’est, véritablement, que la matérialisation physique des jalousies, des bassesses et des lacunes insurmontables des aigris et des ratés qui ont l’oreille du pouvoir. Et la plupart du temps, le douanier se trouve parfaitement heureux de cette condition de parasite.

customsJ’en veux pour preuve un récent article paru dans le Figaro, publié dans une grande discrétion. À l’unique exception de Contrepoints, les autres médias, en vacance (intellectuelle et aoûtienne), s’occupaient des bavouseries ministérielles et n’ont donc pas eu le temps de traiter l’histoire, je suppose. Dans ce petit papier, on découvre, absolument pas étonné dans cette France qui se délite de plus en plus, que la douane française réalise un travail parfaitement indispensable et réclamé à grands cris par toute une population : le tabassage fiscal de retraités impécunieux qui ont l’audace inouïe de répondre favorablement à des associations pour animer des séances de lotos-bingos. La violence même des actes perpétrés par ces pervers pensionnés me provoque des frissons de terreur dans le dos.

Il faut bien saisir toute l’ampleur du problème pour comprendre pourquoi la douane devait intervenir. On parle ici de lotos-bingos, c’est-à-dire, dans l’échelle de l’horreur, quelque chose qui se situe à mi-course entre le remplissage d’une feuille d’impôts et un samedi soir sans télé avec la visite impromptue de tante Gertrude, oui, celle qui a du poil au menton, une haleine de poney et des recettes de cakes reconnues chez Lafarge ; ce niveau d’horreur-là justifie à lui seul que les forces douanières agissent promptement et sans faiblir.

En effet, malheureusement populaires dans toutes les contrées de France où tant d’innocents continuent à voter, les lotos-bingos sont ces tirages au sort de boules numérotées promettant le panier garni ou la perceuse électrique et ne sont pas, loin s’en faut, un jeu de hasard aux airs bon enfant pour animer les clubs provinciaux du troisième âge ou le spectacle annuel de majorettes. Que nenni. Il s’agit, véritablement, d’un de ces moyens retors pour spolier l’État de son juste tribut ; c’est une façon astucieuse et presque imparable de blanchir de l’argent de la drogue, du sexe et du trafic d’armes. Au moins. D’ailleurs, le fait que ce soit généralement organisé ou animé par des retraités en dit long sur la puissance du lobby des joueurs de loto-bingos qui se trouve derrière !

le bingo, un jeu de mafiosiEt c’est donc en toute logique que les douanes et les services fiscaux sont intervenus dans des dizaines de dossiers à côtés desquels les fusillades marseillaises et corses font figure d’apéritifs : débarquement à 6h du matin chez des retraités impliqués dans ces trafics massifs de Bingo, avec à la clef des perquisitions, des gardes à vue, des procès en correctionnelle, des peines d’amende et de prison ; 650.000 euros en appel pour Bruna, petite retraitée de Bergerac, connue dans tout le milieu de grand banditisme pour ses recettes de gateaux au yaourt. 400.000 euros pour Patricia, à Nantes, qui faisait partie d’un vaste réseau de mamie tricoteuses. Près de 3 millions d’euros pour Philippe, dit le Caïd de Colmar, qui organisait des douzaines de cercles clandestins de bingos sauvages et dépravés avec panier de la ménagère à gagner chaque premier dimanche du mois. L’horreur.

Il était temps : la douane ferre de plus en plus de gros poissons, comme Annie, 62 ans, qui cumulait déjà une retraite scandaleusement confortable de 100 euros par mois (car oui, la retraite par répartition permet ce genre de largesses inouïes), et dont la cupidité sans borne l’a poussée à participer à plus de 181 lotos en 4 ans (soit à peu près 1 par semaine, la stakhanoviste !) pour près de 300 euros par mois (oui, vous avez bien lu : 300 euros par mois – que peut-on faire de toute cette montagne de pognon ?). Le fisc, heureusement, a vu clair dans le jeu de la trouble retraitée : elle a évidemment omis de s’être acquittée de l’impôt sur les spectacles de 127.923 euros (soit 106 années de sa copieuse retraite) et n’a pas déclaré les recettes des associations pour lesquelles elle travaillait, d’un montant total de presque 1.000.000 d’euros (on nage dans la plus pure folie).

Schnouffe à tous les étages. Diamants de gros calibres. Billets authentiques et contrefaits. Prostitution, traite des blanches, et, probablement, pédo-pornographie, tout y est.

Oui, on peut le dire : les douanes ont fait un fier travail. On est bien loin, ici, des quartiers sensibles de Grenoble, Marseille ou de Seine Saint-Denis. On est au-delà des anicroches banales, à coups de pierre ou de kalachnikov, entre jeunes et pompiers, policiers. Le bingo des retraités, c’est, à l’évidence, l’étage au-dessus des vols de passagers de trains (déraillés ou non). Il faut bien comprendre : le bingo, c’est l’antithèse de la République, du vivrensemble, du multiculturalisme, de la France apaisée. Il fallait donc écraser toute velléité de recommencer.

D’ailleurs, (et je cite l’article du Figaro), à la Direction générale des douanes, on dénonce « la prospérité inquiétante d’organisations structurées à l’enrichissement vertigineux »— un enrichissement vertigineux, en France, manquerait plus que ça, non mais ! — et, surtout, leur lien étroit avec les milieux du grand banditisme. Et même que d’abord, ils ont eu une affaire en mars dernier, à Aix-En-Provence. Alors ça ne rigole pas. Annie, Philippe, Bruna ou Patricia, ils vont morfler grave.

À ce point de l’analyse des conneries éhontées débitées par les parasites méprisables des douanes, on doit s’arrêter, et laisser refroidir la machine quelques secondes.
Implied FacepalmOn doit, en effet, se poser quelques questions, essentielles, ces questions que tout honnête homme se pose, et que même tout fonctionnaire, même travaillant pour les douanes, aurait dû se poser avant d’aller plus loin dans les dépôts de plaintes, dans les poursuites qui furent menées contre ces retraités.

Elle est où, la décence et l’honneur attachés à leur fonction, lorsqu’on voit ce qu’ils font ? Elle est où la mesure et la morale lorsqu’on lit que les enflures du Parquet firent appel de la relaxe d’Annie ? Quel est le but ? Écraser du vieux ? Ruiner du retraité ? Pourquoi ? Pour les trois francs six sous qu’ils devraient, hypothétiquement, à un fisc tentaculaire et de plus en plus fou ?

Oh, soyez sûrs d’une chose : les coprophages extrémistes qui ont lancé ces fatwas contre les bingos municipaux se regardent le matin dans la glace et disent, tous, à un moment ou un autre : « J’ai suivi les ordres », dans le meilleur des cas. Dans le pire, ils sont, comme je l’ai dit, joyeux d’écraser des honnêtes gens. Pour ceux-là, la justice, l’équité, la morale sont sans intérêt. Seul la Loi (aussi idiote soit-elle) et seul l’appât du gain (honorifique ou financier) attaché aux faits d’armes les motive.

Peu importe qu’on ne verra jamais ces minables douaniers et ces inspecteurs du fisc orduriers tenter des descentes dans certains quartiers « connus des forces de police ». Peu importe que leur job consiste à saboter celui des autres. Peu importe que ces douaniers et ces Bercy-boys n’ont jamais été là pour demander des comptes à Hollande, ou à Cahuzac. Peu importe parce que tout ce qui compte, maintenant, c’est de remplir les caisses de l’État. Il est aux abois et il ne recule plus devant aucune saloperie, aucune immondice.

Et ce n’est que le début : Français, Françaises, l’État s’attaque à vos ancêtres, à vos vieux. Il s’en prend aux honnêtes, aux pauvres et aux vulnérables. Combien de temps le supporterez-vous ?

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AVANT LA FAILLITE, L’ETAT ET LE FISC ACCÉLÈRENT LA TRAQUE.

Juqu’ici tout va bien.
Ou à peut près.
Ou disons que ça ne va pas bien, mais comme personne ne grogne trop fort, on continue sur la lancée : la pression fiscale s’accroît. Et ce n’est pas juste une petite mode passagère, une manœuvre politico-démagogique pour resserrer les rangs socialistes toujours prompts à s’éparpiller une fois la victoire advenue : si Hollande et sa fine brochette de minustres redoublent d’effort en matière fiscale, c’est tout simplement parce que l’État n’a plus un rond.
Et quand je dis qu’il n’a plus un rond, ce n’est plus la figure rhétorique qu’on pouvait encore employer il y a quelques années, pour exprimer le mécontentement grandissant devant les dépenses aussi folles que décontractées de nos dirigeants. En effet, à présent, les faits sont têtus et pointent bien vers une seule conclusion : les caisses sont dramatiquement vides au point que, pour prendre un exemple récent, certains sous-traitants de l’Armée sont en faillite. Or, dans un Etat bien géré, l’Armée serait la dernière entité à ne plus avoir de fonds…

Mais force est de constater que les signes s’accumulent et ne laissent plus place au doute :

  • Depuis 2004, l’intégralité de l’impôt sur le revenu sert à payer les intérêts de la dette ; le remboursement de ces intérêts est devenu le troisième poste de dépenses de l’État. Les impôts ne servent même plus à assurer les services publics ce qui explique très bien le niveau général catastrophique des prestations fournies : tous les services de l’État sont financés à crédit. C’est, évidemment, bon signe.
  • Cette année encore, le budget annonce un déficit large et même assumé avec fierté par Moscovici. Mais où l’État va-t-il trouver les 3.9% de PIB en déficit (soit 80 milliards d’euros) qu’anticipe déjà Bruxelles ? (Ne cherchez pas trop, la réponse est simple : dans vos poches et celles de vos enfants.)
  • Les taux de prélèvements sur les particuliers et les entreprises sont au plus haut, et la dépense publique a atteint des records, avec les résultats flamboyants que l’on voit (chômage, fraudes massives) et qu’on ne voit pas (perte de compétitivité, de moral, de dynamisme, individualisme, fuite des cerveaux).

Tout ceci se résume à quelques éléments simples : l’État ne rembourse rien et continue de s’endetter ; avec cet endettement, il nourrit directement et indirectement plus de la moitié de sa population, qui ne risque donc pas de réclamer moins de moyens. Et si les prélèvements peuvent éventuellement augmenter un peu, la marge disponible est faible, voire microscopique. Mathématiquement, comme la France est à peine capable de faire face aux intérêts de sa dette et ne rembourse plus du tout le principal, ce schéma ne peut aboutir qu’à une fin tragique : la faillite, par la cessation de paiement. Le moindre frémissement des taux d’emprunt sur les bons du trésor français signera la fin rapide de ce mécanisme délétère.

epic fail

Le constat est donc sans appel : la France est en faillite (et Sapin l’a même reconnu). L’issue, si elle est incertaine pour la date, reste inévitable. Mais en l’attendant, l’État français fera absolument tout pour tenir aussi longtemps que possible. Et s’il y a bien un levier qu’il peut utiliser, c’est le levier médiatique pour faire passer une idée simple : une grosse partie de son malheur provient des Méchants Fraudeurs.

Sans problème et rapidement, partant de cette prémisse, la propagande se met en marche. Il ne faut pas très longtemps pour que déjà fleurissent quelques articles qui tenteront de répondre à la question lancinante : qui fraude ? Et surtout, pour combien ? Ou plutôt, si l’on veut poser la question de façon franche et claire : « Combien les Méchants volent à l’État ? »

Parce que tout faire pour soustraire des doigts boudinés de types comme Kucheidaou Andrieux, tout faire pour éviter que le fruit de son travail ne se retrouve à payer des concubines ou des parvenus de la République (la liste est si longue), tout faire pour éviter que ce qu’on gagne ne finance, directement, des projets auxquels on s’oppose, voire, tout simplement, tout faire pour éviter de se retrouver ruiné en pure perte, tout cela est mal, méchant, inique même !

Dès lors, il faudra faire comprendre que celui qui tente de se soustraire sera puni, qui tente de fuir sera pourchassé, et qu’il n’y aura aucun pardon, aucune amnistie, aucun salut pour les renégats de l’imposition.

Dès lors, ce qui était vrai en France le sera aussi partout en Europe, moyennant des tractations qu’on sent de plus en plus désespérées pour assurer que tous les pays convergeront si ce n’est sur le plan fiscal au moins sur le plan judiciaire afin de choper les fuyards.

Et tout ceci n’est qu’une de ces étapes avant l’effondrement.

La suivante, c’est les États-Unis qui nous la montrent : même lorsque vous aurez employé tous les moyens légaux à votre disposition pour échapper à la taille, la dîme et la gabelle, même si vous êtes dans les clous, on vous passera au peigne fin, comme Apple par l’IRS, pour déterminer si vous êtes éthique : vous tentez, de façon parfaitement légale, d’amoindrir la ponction ? Vous tentez de redonner un peu de sens au travail dont vous avez de plus en plus l’impression qu’il est surtout effectué pour les autres, et surtout pour ceux qui, au sommet de l’État, s’en mettent tranquillement plein les poches et n’offrent aucune espèce de valeur ajoutée à votre vie dans l’enfer fiscal qu’ils vous construisent ? Eh bien vous serez jugés pour cela : vous n’avez pas le droit d’échapper ainsi à ces ponctions, même légalement, parce qu’après tout, vous avez bénéficié de l’État providence, voyons !

Eh oui : peu importe qu’en l’espèce, Apple crée des centaines de milliers d’emplois, qu’il reverse des milliards de dollars sous forme de taxes, voyons ! Tout ceci n’est rien comparé au fait que les dirigeants sont « sont nés dans des hôpitaux américains, sont allés dans des écoles et des universités américaines, ont bénéficié des législations et du service de l’ordre national » et peu importe qu’ils aient déjà payés par leurs propres impôts ou ceux de leurs parents ces « services ». Peu importe qu’ils n’aient jamais eu le choix ! (Et c’est d’autant plus vrai en France où le choix est impossible, monopoles obligent, et où cet argument du bénéfice des sévices publics, aussi mauvais soient-ils, est ressorti pour justifier l’avalanche de matraquages fiscaux de plus en plus sauvages.)

Hollande, capitaine de pédalo CCCPNe vous y trompez pas : ce grand raout médiatique contre la lutte fiscale sert bel et bien deux buts distincts et complémentaires. Dans une faible part, il tente de démontrer que le capitaine de pédalo est volontaire et décidé à pourchasser les vilains fraudeurs.
Ici, on peut facilement rire.

D’un autre côté, cela montre qu’on cherche de plus en plus frénétiquement des marges de manœuvre fiscale, et qu’on emploiera tous les moyens pour drainer tout ce qu’on peut.
Et là, on aura du mal à trouver ça drôle.

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une France qui rit, une France qui pleure…

Il y a deux façons d’assortir une cravate avec une chemise, dit-on. La première consiste à trouver une cravate dont le coloris dominant, ou les motifs, seront en accord avec la chemise. L’autre méthode consiste à choisir une couleur à l’opposé chromatique de la couleur de la chemise, pour jouer sur le contraste. Cela fait ressortir la cravate, et permet parfois de camoufler la banalité de la chemise. La politique, en France, est composée comme cette opposition chromatique cravate – chemise…

Et dans le rôle de la cravate, rutilante, chatoyante des mille feux que lui permet un train de vie très au-dessus de celui de la chemise (élimée, fadasse et camouflée derrière la débauche de moyens et de paillettes de l’accessoire vestimentaire), on trouve bien sûr les abonnés à la gamelle. Ces tendres mammifères se regroupent à l’Assemblée, au Sénat, dans tout un tas de Commissions Théodule lucratives et pléthoriques, ainsi que dans certaines associations où on se sent bien au chaud, protégé de la conjoncture économique par d’épaisses couvertures (sociales, financières, médiatiques, …)

Ainsi, à l’assemblée, les députés travaillent, furieusement, avec « Branleur » sur Lettre Compte Double, au moins.

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Au passage, il faut savoir que les débats de nuit, à l’Assemblée, sont notoirement plus chers que les débats pendant les heures normales ; eh oui, les huissiers (par exemple) sont alors payés au tarif de nuit, ce qui finit par faire une facture supplémentaire de50.000€ par heure. L’amendement débile revient vite cher, et le temps perdu (l’argent perdu ?) ne se rattrape jamais.

De son côté, le Président Hollande, lui, n’en perd pas et il n’oublie pas les amis. Il donne même des petits coups de pouce au pouvoir d’achat de certains. Il ne sera pas dit qu’un socialiste arrivé à la magistrature suprême, même sur un malentendu, ne fera pas preuve de générosité avec l’argent des autres !

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Et toujours dans le « ton sur ton » concernant la cravate, nous avons bien sûr les nombreuses associations en prise directe avec les fonds de la République. Le Cri du Contribuable nous fait régulièrement un petit détail de ces subventions et de la foire complète qui les accompagne, et consacre même ce mois-ci un intéressant dossier à la question. Une mention spéciale sera dédicacée aux associations de fonctionnaires, et notamment celles du Ministère des Finances. Illustrant de façon limpide qu’on n’est jamais si bien servi que par soi-même, surtout lorsqu’il s’agit d’argent et encore plus lorsqu’il s’agit d’argent des autres, ces associations bénéficient de largesses du Ministère qu’on pourra trouver fort généreuses en ces temps de disette et d’austérité (qui ne touche décidément pas tout le monde).

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On découvre ainsi que 75 millions d’euros sont destinés au gîte, au couvert et aux loisirs des fonctionnaires des Finances, en arrosant profusément des associations aux noms sortis tout droit d’une production Uderzo / Goscinny (ALPAF, EPAF, AGRAF et ATSCAF) ; par exemple, l’ALPAF a reçu 29 millions d’euros de subventions du ministère en 2011. Oui. 29 millions, qui viennent directement de vos poches. 28 millions d’euros auront servi à l’association EPAF, destinée à la mise en œuvre des prestations de tourisme social “vacances enfants” et “vacances familles”, qui, comme chacun le sait, doivent bénéficier du soutien des contribuables sans quoi les enfants et les familles des fonctionnaires des finances seront tout tristes, ce qui aigrit les inspecteurs des impôts et, par voie de conséquence, risque bel et bien de faire pleuvoir des contrôles par mesure de rétorsion.

Bien sûr, il resterait plein d’autres domaines à évoquer pour bien détailler les parures chamarrées de la cravate. Mais celles que j’ai évoquées ici donnent déjà le ton, une bonne idée générale de la forme, de la couleur et de la richesse du tissu.

Regardons à présent la chemise, celle qui fait tant contraste avec cette si jolie parure. Et quand je parle de contraste, il est effectivement violent. C’est bien d’opposé, chromatique et économique, dont on parle ici.

De loin, de l’étranger, on le sait déjà, la chemise « France » paraît bien dépenaillée, terne, tristoune, et dont l’avenir semble surtout chargé de trous, de petites déchirures et de boutons partis ou mal recousus. Vue d’Angleterre, certain magazine avait déjà bien expliqué la situation, le ressenti général. La réaction devant ces provocations avait été cinglante de la part de la cravate, seule pièce vestimentaire qu’on entend dans ces cas-là : « Nous n’avons de leçons à recevoir de personne, messieurs les Anglais, tirez-vous les premiers. »

La réalité est un peu plus subtile.

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Et pour d’autres méchants réalistes qui refusent obstinément de se focaliser sur les colifichets rutilants, la situation française n’apparaît pas meilleure :

What this tells you is that France has not one, but two problems: finance and energy. And that prior to July 1, we can expect a bunch of real nasty announcements on both. Plus also, that François Hollande is not so sure he’ll last that long. That’s why he’s pushing it forward, hoping for a miracle.

On ne peut pas dire que ce soit un véritable souffle d’optimisme concernant ce pays. L’opinion des étrangers est d’ailleurs corroborée par quelques chiffres, parus récemment, et dont la presse française, les parlementaires, les associations, les élus divers et variés n’ont pas vraiment fait grand cas (le mariage homosexuel et le scrabble, mes amis, occupent déjà les esprits).

Pourtant, le secteur économique des services vient de subir sa plus forte contractiondepuis mars 2009. On voit mal, à la suite de cette contraction, ce dernier accoucher d’autre chose qu’une série de problèmes épineux que l’équipe hollandiste ne semble pas tout à fait en mesure d’affronter ; Montebourg a été laminé, et Moscovici a déjà les mains moites à l’idée de devoir gérer un euro fort (méchant, méchant euro fort).

De la même façon, la France qui pleure discrètement, cette chemise terne et élimée, a appris il y a quelques jours que l’industrie manufacturière a perdu plus de 120.000 emplois depuis 2009 (dont plus de 20.000 en 2012). Montebourg est déjà dans les starting-blocks … de la résignation ce qui est finalement l’étape juste avant l’acceptation fataliste qu’il ne sert absolument à rien (Audrey elle-même ayant renoncé à lui trouver une quelconque utilité). Notons toutefois qu’il n’a pas renoncé à gober les indemnités de son épuisant travail. La cravate se porte bien, merci.

Pas de doute : la situation est, littéralement, catastrophique. Petit-à-petit, les Français se rendent compte que les caisses sont vides, que les promesses de Hollande le sont aussi, que la situation économique se dégrade encore plus vite que tout ce que les nigauds socialistes pouvaient imaginer, et que l’équipe en place accélère le mouvement d’ensemble dans une improvisation brouillonne et pathétique. Mais alors que ces vérités parviennent enfin à une proportion grandissante de Français et que la grogne commence à monter, que cette France là commence à pleurer, l’autre France, elle, ne l’écoute pas. Elle ne l’écoute plus d’ailleurs depuis un bon moment. Les pleurs de la France-chemise sont couverts par les rires de la France-cravate.

Une question mérite d’être posée : ces rires, sont-ils insouciants, joyeux, ou … moqueurs ? Mine de rien, la cravate ne se foutrait-elle pas un peu de la gueule de la chemise ?

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LE PÈRE NOEL EST UNE ORDURE!

 

La nouvelle est tombée cet après-midi sur nos téléscripteurs : la société Merry Christmas Corp. a été placée sous contrôle judiciaire après que son dirigeant, Nicolas Noël, dit « Petit Papa », a été arrêté et écroué pour les nombreuses activités frauduleuses auxquelles se livrait sa société.

Cela n’avait en effet que trop duré puisque les scandaleuses opérations duraient depuis maintenant plusieurs centaines d’années et avaient provoqué des dégâts considérables. Les chefs d’inculpation sont multiples. On se remémore en effet que Merry Christmas Corp. était mouillée dans des affaires sordides d’exploitations de lutins sur des horaires plus qu’étendus, de la concurrence déloyale, des maltraitances à animaux, et j’en passe.

Ces lutins, sous-payés ou carrément pas du tout, devaient fabriquer des jouets pour des millions de consommateurs dans le monde. L’inspection du travail avait remis en janvier dernier un rapport accablant sur la société : lors de leurs perquisitions, les inspecteurs du travail avaient surpris les lutins, travaillant non-stop sur des jouets de toute nature, dans un environnement clos et au contact de produits chimiques dangereux ; aucune trace de salaires versés n’a pu être fournie par le dirigeant, ni la preuve qu’une cotisation d’une quelconque nature avait été versée à l’URSSaf. Les inspecteurs du travail n’ont pas non plus trouvé d’information concernant la moindre couverture sociale. L’absence de papiers en règle pour les lutins a permis d’aboutir à la conclusion évidente qu’ils étaient bien sous l’emprise d’un esclavagiste bedonnant et cynique les ayant dépouillés de leur passeport et les faisant travailler pour compenser leur logis et leur couvert.

Les inspecteurs ont aussi été alertés à de nombreuses reprises par la CGT et FO pour non respect de l’obligation d’un Comité d’Entreprise, l’absence de droits de syndicalisation des lutins étant foulés aux pieds sous le prétexte scandaleux que les lutins ne sont pas des êtres humains. D’autre part, la HALDE a été saisie à de multiples reprises pour discrimination outrancière : il semble qu’en effet, aucune lutine n’était embauchée dans les ateliers de Merry Christmas Corp. Ne respectant ainsi ni la mixité sociale, ni même la plus élémentaire présence de lutins handicapés pour atteindre les quotas fixés par les autorités, la société a, pendant de trop nombreuses années, bafoué les règles égalitaires de ce pays !

En outre, Nicolas Noël semblait marquer un point d’honneur à entrer en conflit avec toutes les lois sanitaires du pays. Comme les inspecteurs et la médecine du travail le rappellent, depuis les lois Manger-Bouger entrées en vigueur avec Grollande 1er, il estinterdit de manger trop gras, trop salé, trop sucré et de ne pas faire d’exercice ; or, les prises de sang et les analyses d’urine du prévenu montrent qu’il abusait manifestement de tout, deux fois, avec beaucoup de sauce. Son alcoolémie fait l’objet d’analyses plus poussées par la faculté de médecine qui a ici un cas clinique unique. Son indice de masse corporelle, sans rapport même lointain avec les préconisations en vigueur dans notre beau pays, amènent les docteurs qui ont examiné son cas à songer sérieusement à un enregistrement pour le Guiness Book.

Il y a, malheureusement, encore plus grave : lors de son intervention, la police a constaté qu’une étable, attenante au swet-shops de l’esclavagiste, contenait six rennes en bien piteux état ; interrogé à leur sujet, Nicolas Noël a avoué ne leur faire prendre l’air qu’une fois par an, pendant la nuit la plus longue et la plus froide de décembre – probablement pour ne pas alerter les voisins – et leur faire subir une vitesse abominable lui permettant la visite de millions de points de chute pendant 24 heures, sans pause ! Il s’est expliqué de la maigreur de ces pauvres animaux en arguant du fait que le traîneau auxquels ils sont attelés doit pouvoir voler (d’où la recherche d’un poids le plus faible possible). Le cynisme de l’individu, au surplus pondéral évident, a dégoûté une partie des enquêteurs.

Noel

Mais la chute de Merry Christmas Corp. sera en réalité due directement à l’action en justice de Chronopost, concurrent direct de la société, pour concurrence déloyale. Il est en effet apparu que l’ensemble du staff de la société devait être dopé pour arriver aux performances hallucinantes observées par le management de Chronopost. La société française a ainsi noté qu’en 24H, Merry Christmas Corp. distribue des millions de colis partout dans le monde, avec un taux d’erreur frisant le 0, et ce quelles que soient les conditions de trafic ou météo. Le dépôt de plainte aura permis, grâce a un jugement en référé favorable à la compagnie française et à la mobilisation politique du pays, déclenchée par un Montebourg remonté comme un coucou, d’arrêter les activités néfastes de la société renégate privée (et évidemment pas française).

À partir de 2013, ce sera donc la société toute fraîchement renationalisée « Chronopost » qui, le 24 décembre, se chargera de distribuer l’ensemble des cadeaux aux enfants, avec la précision qu’on lui connaît. Justice est rendue !

Bonne nuit les petits !

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SCIENCES PO, L’ENA: CES FABRIQUES “D’ELITES” DÉCONNECTÉES.

Amusante actualité : alors que des soubresauts agitent l’Institut d’Etudes Politiques, un livre retraçant les 27 mois d’un élève de l’ENA permet de découvrir la face cachée d’une école publique aux enseignements délicieusement décalés avec le monde réel…

ena = aneDans « Promotion Ubu Roi », Olivier Saby décrit ce qu’il a vécu sur les bancs de l’ENA, école nationale d’administration qui forme ceux appelés à diriger la France, et ce n’est pas triste puisque cela vient confirmer les impressions qu’on a en regardant la fine équipe d’énarques actuellement en place au gouvernement, dans les coulisses du pouvoir ou aux échelons supérieurs des principaux partis politiques : l’ENA est une merveilleuse machine à formater jusqu’au dernier degré l’élève qui y rentre, afin d’en faire un parfait petit soldat de l’étatisme et de la réglementation. Comme dans d’autres écoles, on lui serine sans arrêt qu’il est l’élite, qu’il est destiné à diriger le pays et son économie et qu’il sera la référence que tout le monde devra suivre et écouter.

Évidemment, le fait que les enseignements soient de plus en plus en décalage total avec ce dont la France a besoin n’intéresse personne, et surtout pas ni enseignants, ni les élèves eux-mêmes, très majoritairement contents de trouver en ces lieux la confirmation de leur évidente supériorité morale et intellectuelle.

Ce comportement se retrouve à bien des égards dans d’autres « grandes » écoles françaises. Et dans celles qui formatent les intellectuels de demain, qu’on reverra tous à pantoufler à toutes les bonnes places de faiseurs d’opinions, on trouve bien évidemment l’Institut des Etudes Politiques (SciencePo pour les intimes). Ces dernières années, l’Institut aura bénéficié d’une couverture médiatique importante grâce aux (ou à cause des, c’est selon) efforts de son directeur, Richard Descoings, dont la mort en avril de cette année, aussi subite que sulfureuse, aura permis à pas mal de Français de découvrir qu’une généreuse portion de leurs impôts se transvasait dans les poches peu nombreuses de privilégiés aux manettes d’écoles prestigieuses.

sciences pipo

Et les conséquences du soudain décès de Descoings se font encore sentir plusieurs mois après, avec la nomination peu aisée de son successeur désigné, Hervé Crès. Progressivement, les Français découvrent la gestion toute particulière qui entoure les grandes écoles et SciencesPo en particulier. Mon confrère blogueur l’Hérétique en a assez régulièrement parlé dans ses billets, et se réjouit que le système Descoings soit enfin exposé au grand jour. Il n’est pas le seul.

Beaucoup de journalistes influents, commodément passés par SciencePo pendant leurs études, n’ont maintenant de cesse de minimiser les aberrations découvertes à la faveur du renouvellement de tête de l’école, l’esprit de corps n’étant mine de rien pas un vain mot en France ou piston et coterie sont devenus la méthode pour l’élite de s’auto-coopter discrètement. Cette minimisation, du reste, est aussi le cas des actuels étudiants de l’Institut, dont on peut lire la prose dans des journaux comme La Tribune.

Le plus intéressant dans cette histoire, c’est justement cette capacité à ne pas voir, ne pas comprendre qu’il y a, bel et bien, un décalage entre ceux qui font partie du système, le trouvent parfaitement idoine, et le reste du monde dont la mâchoire se décroche abondamment à chaque révélation. Ainsi, les réactions de Hervé Crès, actuellement administrateur provisoire de l’IEP, devant les poursuites engagées par la Cour des comptes, sont magiques de candeur :

« Mes deux prédécesseurs, Alain Lancelot et Richard Descoings, ont été poursuivis par la Cour des comptes pour gestion de fait. Et alors même qu’ils ont été condamnés, cela ne les a pas empêchés de diriger Sciences Po, avec le succès qu’on leur reconnaît… Des directeurs de l’enseignement supérieur [au ministère] ont également été incriminés à ce titre ; et au sein des cabinets ministériels actuels, certains fonctionnaires ont également été poursuivis devant une juridiction. Si je devais être poursuivi et démis de mes fonctions, j’aurais le sentiment d’un acharnement : pourquoi me serait réservé un traitement différent de mes prédécesseurs ? Mais je suis serein. Je n’ai jamais failli ou engagé des dépenses indues d’argent public. »

Que voilà bien résumée toute l’essence de la pensée actuelle d’une certaine élite : on se rémunère grassement, on loge à l’œil dans des appartements républicains, on gère l’école dans la plus parfaite opacité, on paye des enseignants qui ne viennent pas, mais on est tout étonné lorsqu’enfin une instance de la République sort de son habituelle léthargie pour engager des poursuites (dont on se demande pourquoi elles ne l’ont pas été plus tôt).

Et non, cette attitude n’a rien d’exceptionnelle puisqu’elle est le fruit d’une certaine éducation, d’une certaine vision du monde qui est passée, d’une génération à une autre, religieusement. On la retrouve dans tous les raisonnements que cette élite tient lorsqu’il s’agit d’expliquer la France au reste du monde (forcément) ébahi. C’est le cas, par exemple, des Suisses qui se demandent pourquoi cette élite a cette idée si stéréotypée (et assez ridicule) de leur pays. Pierre Chappaz l’évoquait dernièrement sur son blog en relayant les articles de l’AGEFI. Et on mesure le fossé qu’il y a à combler lorsqu’un Jacques Sapir, frétillant économiste, évidemment collectiviste, sorti comme par hasard de SciencePipo, intervient sur une radio Suisse :

Il suffit de l’écouter (à 2’03) déclarer, sans rire, que les règles qui s’appliquent à un petit pays ne s’appliquent pas à un grand (« c’est une évidence ») sans jamais expliquer ni pourquoi, ni s’apercevoir de l’absurdité de ce raisonnement, comme si la gravité ne pouvait s’appliquer à partir du moment où on n’y croit pas. De la même façon (à 2’54), la concurrence, c’est assez moche, surtout lorsqu’elle est fiscale ! « Si tout le monde joue de la concurrence fiscale, les Etats ne pourront plus se financer », pardi ! Comme si les États pouvaient se financer actuellement, peut-être ? Comme si, encore une fois, on collait des dettes et des déficits chroniques sur le dos commode des paradis et autres exilés fiscaux qui sont, comme chacun le sait, la raison principale des déboires actuels de l’Etat (c’est aussi une évidence, je suppose). Ah, oui, c’est vrai, j’oubliais : le credo évident, pour tout socialiste ou alteréconomiste, c’est que les problèmes rencontrés en France sont toujours de nature extérieure, provoqués par le reste du monde qui ne fait rien qu’à lui en vouloir (cf perfide Albion, cf Chinois fourbes, cf Suisses qui jouent la concurrence sans vergogne).

L’analyse, dans la même interview (7’30), de François Garçon, est sans pitié, et parfaitement lucide :

« Les grandes différences entre la Suisse et la France, elles ne sont pas structurelles au niveau géographique ou démographique. Elles sont une culture de la compétition et de la concurrence à opposer à une culture du monopole et de la rente. Deuxièmement c’est une culture de la décentralisation et de la cantonalisation à opposer à une culture de la centralisation à outrance. Et enfin une qualité suisse qu’on ne retrouve pas en France qui est la subsidiarité. En France, on a un empilement de structures redondantes à tous les étages qui entraîne une déperdition d’énergies que nous ne trouvons pas en Suisse. »

Mais voilà : ces évidences (pour une partie des Français, expatriés ou non) n’en sont pas pour celui qui sort de l’ENA et de SciencePo. L’autre évidence, celle qu’il faut en finir avec l’ENA et Science Po, n’est même pas envisagé, ou si rarement, qu’elle sera rangée bien vite au rang des lubies temporaires d’illuminés rigolos. Les « élites » de ces écoles ont, pour une bonne partie, développé les bons réflexes de raisonnement pour se couler dans le moule douillet de l’étatisme républicain : ne surtout pas se distinguer, ramer avec le courant et barrer le pédalo le sourire au lèvre.

Chaque jour qui passe, la fracture entre les élites françaises et le peuple dont elles se sont octroyées la charge se fait plus visible, plus claire : une classe de dirigeants complètement endogames, reproduisant fidèlement des schémas déjà vieux il y a 30 ans. Ceci explique l’absence de renouvellement des idées et des individus (éliminez des Parlements ceux qui sont passés par l’ENA et/ou SciencePo, il ne vous restera plus grand monde). Et ceci explique, au moins en partie, pourquoi les mêmes recettes idiotes seront scrupuleusement appliquées pour résoudre les problèmes qu’elles ont créés en premier lieu.

Partant de là, ce pays est foutu.

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A quand le député stagiaire?????

Selon différentes sources journalistes bien renseignées, 10% de nos députés auraient eu un jour l’expérience de l’entreprise. C’est devant la faiblesse de ce pourcentage, d’ailleurs même pas remis en cause, qu’une association patronale, au nom réjouissant d’ « Entreprise et Progrès », propose d’en envoyer quelques uns en stage histoire de les former à cette réalité qui leur est bien souvent complètement inconnue.
Et oui, après tout, pourquoi pas ? Et si on envoyait nos députés, pendant la prochaine pause estivale, faire un stage dans une entreprise, histoire qu’ils découvrent un peu comment cela se passe, en vrai, sur le terrain ? En lançant l’opération « Moi, Parlementaire, une semaine dans les pas d’un PDG », l’association « Entreprise & Progrès » — qui regroupe 120 entrepreneurs et patrons d’entreprises de toutes tailles et de tous secteurs — pose plusieurs excellentes questions à la représentation nationale :
– Que connaissent-ils vraiment de l’entreprise ?
– Sont-ils prêts à aller sur le terrain ?
– S’ils ne connaissent pas le monde de l’entreprise, comment peuvent-ils s’estimer représentatifs de la population française ?Denis Terrien, le président de l’association, explique que son idée est venue du constat « que les députés français connaissent peu l’entreprise » (ce qui est une façon gentille de dire qu’ils sont, dans leur écrasante majorité, de parfaits ignorants de la question). Le but de ces stages est de faire assister le député à « une réunion d’investissement, une réunion avec des partenaires sociaux, une réunion d’embauche, pour mieux comprendre la vie de l’entreprise » … Et, probablement, d’aborder les questions que j’évoquais au précédent paragraphe.

Questions auxquelles les députés se sont déjà très rapidement employés à répondre aussi mal que possible, en se défilant, bien sûr, et en passant bien vite à un autre sujet. C’est dommage, les vacances approchent et il sera d’autant plus dur pour eux de trouver un stage s’ils s’y prennent à la dernière minute, bande de petits coquins. D’autant que le sacrifice n’est vraiment pas violent puisque le stage envisagé ne dure qu’une semaine.

the internship - les stagiaires

Oui, vous avez bien lu : la proposition n’est bien que d’un stage d’une semaine, ce qui laissera à nos élus largement assez de temps pour prendre des vacances avant de retourner « travailler » en septembre, moment auquel ils pourront faire un petit bilan de leur expérience en entreprise en pondant une nouvelle brouettée de lois idiotes (par exemple, visant à supprimer la précarité en l’augmentant d’un coup).

Malgré tout, ne boudons pas notre plaisir : cette idée de stage est intéressante à plus d’un titre.

Déjà, pour commencer, elle permet de rappeler que les députés n’ont pour la plupart aucune idée de ce qu’est l’entreprise. C’est toujours gênant pour des gens qui seront, par la suite, chargés de mettre leurs gros doigts dedans par le truchement de lois toutes plus complexes et détachées du terrain les unes que les autres. D’autre part, cela permet de mettre sur la place publique l’importance d’un stage, d’une exposition à l’entreprise, et par là même, faire naître l’idée qu’un député ne devrait raisonnablement pas émettre un avis sur le monde du travail, de l’emploi salarié ou de l’entreprise sans avoir pris part, au moins une fois dans sa vie, à une telle expérience.

On pourrait ainsi imaginer augmenter la durée de ce stage à trois mois, période suffisante pour avoir un meilleur aperçu de ces petites tâches récurrentes qui font la joie du chef d’entreprise : déclarations de TVA, délais fournisseurs, établissement de feuilles de paie, gestion du personnel et des congés maladies extensifs obtenus par certains salariés peu scrupuleux acoquinés avec certains médecins accommodants, relations (joyeuses) avec les banques, relances URSSAF, inspecteurs du travail, contrôles fiscaux, paperasserie diverse et variée imposée par la loi mais dont l’utilité pour la bonne marche de l’entreprise est strictement nulle, etc… Inutile ici de dresser une liste exhaustive de toutes les petites vexations auquel le patron d’une PME ou d’une TPE est confronté, ce serait plus long que le billet lui-même. En revanche, nul doute que le stage du député serait rapidement mis à profit : ce dernier pourrait par exemple être employé à remplir les Cerfas et autres formulaires rigolos que notre administration pond à tire-larigot.

licence de stagiaire

Le calvaire moyen ne servirait sans doute pas à décrasser les élus les plus hermétiques à toute forme d’intelligence, mais aurait, on peut en être sûr, un petit côté vaccinant sur les autres qui pourrait se traduire dans une législhorrée un peu moins vigoureuse (on peut rêver).

D’autre part, on pourrait aussi envisager très sérieusement de rendre un tel stage rigoureusement obligatoire après l’élection d’un député ou d’un sénateur, obligeant celui-ci à n’entrer en fonction que muni d’un certificat de passage, obtenu par exemple à la remise d’un rapport de stage en bonne et due forme. Bien évidemment, le député ou le sénateur ne pourrait en aucun cas travailler dans une entreprise de plus de 1000 personnes, ou dans une entreprise où l’État a des parts ou une participation, même lointaine, l’idée étant ici d’éviter toute collusion et conflit d’intérêt malencontreux qui heurterait, on peut en être sûr, le citoyen honnête qui s’agite en chaque Français (et donc, en chaque élu). Et quand on y pense, quel bénéfice on pourrait tirer de ces élus fraîchement affranchis de la vie réelle, arrivant sur les bancs de l’assemblée trois mois après leur élection, une fois l’excitation électorale calmée, et les pieds retombés sur terre !

Maintenant, j’ai bien conscience que tout ceci poserait un petit problème assez technique : lorsqu’on constate la moyenne d’âge de l’assemblée nationale, on doit se rendre à l’évidence : disperser cette brochette de vieux croûtons dans des stages en entreprise risque de s’avérer particulièrement délicat. Je passe sur l’évidente problématique des plus de 70 ans (une cinquantaine tout de même) qui devraient être débarqués purement et simplement, au motif que la retraite en France est, jusqu’à preuve du contraire, avant 70 ans (et puis ça renouvellera les bancs de l’Assemblée en diminuant ses frais de naphtaline). Reste à présent le gros de la troupe, c’est-à-dire des sexagénaires et autres quinquagénaires dont, je le rappelle, la majorité n’a jamais réellement connu le travail en général, et le travail en entreprise en particulier.

montagne de paperasseComment imaginer ces apparatchiks, flanquant le patron d’une PME, à remplir des formulaires qu’ils ont aidé à mettre en place alors que, pour la plupart, la concentration nécessaire pour en lire la première page dépasse de loin celle qu’ils sont capables de mobiliser dans le cours d’une journée entière ? Comment croire que des Cazeneuve, Estrosi, Duflot ou Cambadélis pourraient tenir trois mois avec une vraie mission, un vrai travail, sans aide-de-camp, sans chef de cabinet, sans secrétaire, sans stagiaire ou sans béquille d’aucune sorte, alors que l’écrasante majorité de leur travail consiste maintenant à faire acte de présence et qu’ils ont minutieusement oublié toute idée d’effort personnel depuis leurs plus tendres années, qu’ils ne lisent leur dossier qu’une ou deux minutes avant d’en parler et que leurs fulgurantes pensées se résument le plus souvent à aligner des mots aussi creux que possible pour éviter de déclencher de la grogne entre deux élections ?

À l’évidence, il y a, avec cette idée de stage pour nos élus, matière à creuser mais on ne pourra s’affranchir de la nécessaire réflexion sur le renouvellement des élites, leur lien avec le monde réel, et l’impératif absolu qu’ils ont à s’y reconnecter de toute urgence…

Cela presse. Je ne suis vraiment pas sûr qu’il y reste encore du temps pour redorer la fonction.

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LA RÉUSSITE FLAMBOYANTE DU SOCIALISME FRANÇAIS.

par h16

Enfin de bonnes nouvelles ! Le président socialiste, le gouvernement socialiste, le parlement socialiste, les régions, les départements et les villes majoritairement socialistes vont enfin pouvoir sabrer le champagne avec un sourire aux lèvres : quelques bons points viennent d’être engrangés et vont enfin relancer la machine économique française.D’abord, il y a bien sûr l’augmentation, partout en Europe, de la vente de voitures. Si ce n’est pas un signe de reprise, ça, franchement, je ne sais pas ce que c’est ! À coup sûr, on va terminer l’année en beauté avec des ventes record. Il était temps, on se demandait un peu ce que le consommateur européen faisait de tout l’argent qu’il avait gagné récemment et on en venait même à soupçonner certains de le mettre bêtement de côté au lieu de le claquer rapidement, quitte d’ailleurs à prendre un petit crédit au passage (il n’est pas cher en ce moment, et tendrement conseillé par une BCE en mal d’inflation).

Et pardon que dites-vous là bas dans le fond ? La fronce ? Quoi ? Ah, pardon, la France ? C’est un beau pays, où tout va bien et où le gouvernement est content et ouvre cérémonieusement le champagne en gobant des petits fours en compagnie d’accortes jeunes femmes. Voilà voilà. Comment ça ? En matière de voitures ? Mais oui, il y en a aussi en France, elles roulent très bien tout va bien, et vous reprendrez bien un petit peu de saumon, non ? Quoi encore ? Les ventes de voitures en France ? Ah mais allez-vous nous enquiquiner encore longtemps avec ces détails ? Oui, bien sûr, il y a des petits soucis de ventes ici et là et apparemment, les consommateurs français refusent obstinément de renouveler le parc automobile. Que voulez-vous que je vous dise ? C’est bien fait pour lui, il a voté pour ça, et ça ne doit pas vous empêcher de goûter un de ces délicieux canapés aux truffes, n’est-ce pas !

rick-callum-fed-up-oBon, ensuite, n’oublions pas que la délinquance recule. Et ça, c’est franchement une excellente nouvelle qui montre que tous les dispositifs courageusement mis en place par le pouvoir en place auront porté leurs fruits. Les malfrats se le tiennent pour dit. La poigne et la fermeté de Valls ont fini par payer. C’est tout.

Quoi encore ? Comment ça, statistiques tronçonnées ? Comment ça, ça augmente pourtant en PACA et dans le Nord-Pas-De-Calais ? On s’en fiche, puisqu’en moyenne, ça va mieux ! Oui, oui, je vous entends bien rouspéter sur le changement subit de mode de calcul, sur celui de l’organisme chargé des statistiques, et sur le fait que ce dernier ne serait pas tout à fait indépendant du ministère de l’Intérieur… Mais pourquoi chercher absolument des chiffres tristes là où ils sont joyeux et revigorants ? Quel rabat-joie vous faites-là !

Et puis surtout, à ronchonner ainsi, c’est un coup à louper l’information-clef, celle qui redonne du tonus et du peps, celle qui excite les neurones et vous colle une patate d’enfer pour les semaines à venir : la croissance française est revenue, mes petits amis, c’est vraiment supayr, non ?

Oui, le calcul de cette croissance intègre bien les dépenses publiques, c’est évident, et cela n’enlève rien au fait que la France évite ainsi (de justesse) une petite récession de derrière les fagots. C’est le principal. Certes, la croissance, jusqu’alors évaluée nulle lors du second trimestre, a été révisée à la baisse (-0.1%) par l’Insee, ce qui fait que d’avril à juin, comme au troisième trimestre 2013, l’économie française a connu un petit épisode récessif de rien du tout. Pas de quoi en faire un plat. Certes, cette jolie hausse du PIB français (0.3%, mes canaris, si c’est pas de la bonne grosse bombasse de croissance de folie, ça, hein !!!) s’explique avant tout par la persistance d’une solidedépense consommation des administrations publiques qui ont grimpé de 0,8% cet été. C’est-y pas merveilleux de savoir que, même en période d’austérité qui fouette, les administrations se dressent comme seul rempart à la récession et, redoublant d’efforts, dépensent à fond de train ce que les foyers ne peuvent plus faire ? Vous la sentez, la bonne reprise, la vigueur de la croissance et l’austère foutage de gueule ?

Le Président Des BisousAlors oui, je sais, certains m’exhiberont (méchamment, j’en suis sûr) les chiffres du chômage de longue durée, qui sont de plus en plus mauvais. Gnagnagna, la crise a aggravé le phénomène de persistance dans le chômage, note l’Insee, gnagnagna, le nombre de chômeurs de longue durée s’est accru de 56% entre 2008 et 2013, gnagnagna et insérez un petit Hollande bashing. Moi, je dis stop. Ce n’est pas sa faute, à Flanflan la Tulipe Monsieur François Hollande, le Président des Bisous. Bien sûr, la conjoncture n’a pas été tendre avec le petit bonhomme de Corrèze, et sa subtile stratégie, qui consiste à attendre la reprise comme d’autres Godot, montre des petits signes d’affaiblissement de la fonction tant on pourrait croire à une obstination malsaine à ne surtout rien faire de concret.

Mais c’est une stratégie qui en vaut largement une autre, excitée pour ne pas plus dire et pas plus faire, qu’un certain président avait tenté sans succès, hein, après tout. Et puis on exagère beaucoup le risque d’une très hypothétique montée du Front National, moi, je vous le dis. Même si, dans cette belle France socialiste qui carbure maintenant à la dette comme jamais auparavant, il y a, apparemment, de plus en plus de quartiers pauvres, que les faillites d’entreprises marqueront un record cette année, et dont la construction immobilière s’est totalement effondrée au point d’atteindre un point bas jamais atteint depuis les années 40, on ne m’empêchera pas de penser qu’augmente franchement le Bonheur Intérieur Brut, seule mesure vraiment efficace de la joie de vivre partagée par tous.

En cette année 2014 finissante, on peut déjà dresser deux constats assez clairs. Le premier, c’est que le socialisme officiel, estampillé « partageux », « Camp du Bien » et « Vu à la Télé », revenu en force après de longues années de désert, a provoqué autant de catastrophes économiques qu’en 1981, à la différence que la France d’alors pouvait encore se permettre un écart avec la réalité, sa dette n’étant pas préoccupante. Mais malgré cette évidence que les mêmes recettes aboutissent aux mêmes résultats, une proportion encore trop importante de Français continue de se voiler la face et réclame une version encore plus extrême de ce socialisme qui les conduit droit au gouffre.

obstiné, celui qu'on ne croit pas seulement idiot, mais qui prouve l'êtreLe second constat est que la précédente tendance, bien sarkozienne, qui a consisté àassommer le peuple d’impôts et de taxes a été conservée et même amplifiée dans des proportions insoupçonnables. Et la raison de ce matraquage inouï est simple : l’État est maintenant aux abois et n’a plus un rond : on ne s’étonne même plus d’apprendre que des profs sont payés en tickets restaurant, que l’armée vend son matériel pour pouvoir le relouer ensuite, que certaines retraites vont être sabrées, et que l’austérité (la fumeuse) touche maintenant l’equipement de police et gendarmerie.

En somme, l’Etat court dans une course sans fin (et sans freins) après le pognon, parce que les réformes nécessaires n’ont pas été faites, que celles qui sont lancées sont ridicules et coûteuses, que toutes demandent finalement ce temps qu’il n’a plus, et surtout parce que le pays est inapte à se réformer par le haut (ses dirigeants et ses « élites »). Et parce qu’il en est incapable, il devra donc se réformer par le bas. Et en général, ce genre de réforme ne se fait pas dans le calme.

Ce pays est foutu.

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