Le gouvernement est empêtré dans sa réforme des retraites dont tout laisse à penser que ce n’est pas la réforme qu’il fallait conduire (au moins en ce qui concerne le secteur privé) et qu’elle va couter une véritable fortune au contribuable et/ou au cotisant.
En effet, le gouvernement prend des engagements budgétaires en tirant des chèques en blanc sur l’avenir sans que personne d’ailleurs ne s’en émeuve … ni ne s’en inquiète. Business as usual, on continue comme si de rien n’était alors que la dette publique atteint désormais des sommets en s’établissant, depuis le 30 septembre dernier, à 100,4% du PIB.
Elle est désormais de 2.415 Md€ avec une augmentation de près de 40 Md€ rien que pour le troisième trimestre 2019 et elle progresse beaucoup plus vite (à 3.4%) que les taux accumulés de la croissance économique (1.2%) et de l’inflation (1.2%) !
De manière plus réaliste, si l’on rapporte le montant du déficit au budget (environ 300 Md€), on atteint alors un déficit de 30% (plus de 100 Md€) ; ce qui situe d’avantage la réalité de son niveau !
De fait, la France vit à crédit et emprunte 1 Md € par jour, à seule fin de distribuer du niveau de vie à des français qui ne sont nullement conscients de la provenance des sommes qui leur sont allouées et qui d’ailleurs, à vrai dire, … ne veulent nullement le savoir !
Le problème est que la France vit de plus en plus à crédit et la dette augmente de plus en plus vite entre les revendications corporatistes, les lubies administratives, les options politiques erronées mais électoralement porteuses !
La question qui se pose, pour toute personne censée, est évidemment : combien de temps cela va-t-il durer ?
A cela, deux raisons :
- Les traités européens autorisent un déficit exceptionnel mais interdisent des déficits à répétition au-delà de 3% du PIB ; or la France est en déficit constant depuis 45 ans avec une réduction temporaire à 2,5% en 2018 au prix d’un véritable tabassage fiscal (via la CSG notamment). Le déficit devrait littéralement exploser pour 2019 à 3.4% (107 Md€) ! La France se trouve donc en infraction et est la seule des 28 pays membres à franchir la barre des 3% !
- La solvabilité budgétaire de la France va finir par s’effondrer devant l’accumulation des dettes,
Alors, pourquoi cela fonctionne-t-il encore aujourd’hui ?
Pour quatre raisons :
- La BCE assure une solvabilité budgétaire en alimentant en liquidités les banques qui reprêtent cet argent aux Etats surendettés tels que la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal,
- L’Etat a organisé, de manière sournoise, la captation des flux monétaires et l’épargne des français ; notamment par le biais de l’assurance vie qui représente plus 1.600 md€ d’encours. Il faut dire aussi que les règles bancaires européennes imposent aux banques et compagnies d’assurance d’acheter de la dette étatique; laquelle est considérée, par ces mêmes règles, comme …sûre.
- Le stock d’épargne disponible, c’est à dire l’ensemble de l’épargne des français, sert de garantie à la dette étatique avec l’idée sous-jacente que si l’Etat se trouve en difficulté, il pourra toujours se servir sur cette épargne. C’est d’ailleurs là que vous vous apercevez que vos économies constituent la contre-valeur implicite des dettes de l’Etat et que celui-ci, en cas de « gros » problème n’hésitera pas à se servir,
- Les français paient toujours leurs impôts (même s’ils râlent) et le prélèvement à la source a été mis en place pour éviter toute jacquerie fiscale puisque vos impôts sont désormais payés par un tiers. Les flux de trésorerie ne sont jamais interrompus et l’Etat administratif peut toujours faire face à ses engagements (du moins pour l’instant).
La dette française est donc considérée, pour l’instant, comme étant « sans risque ». Elle bénéficie d’ailleurs du taux zéro … bien qu’il ne faille pas trop se leurrer car les taux zéro constituent une anomalie économique temporaire qui dure mais qui ne pourra pas durer éternellement.
Et il y a tout lieu de craindre le jour où les taux se remettront à monter … pour des raisons pour l’instant incertaines (tensions internationales, pénuries de matières premières, propagation d’une crise économique provenant de la Chine ou des USA, difficultés de financement par les prêteurs qui se détournent des obligations d’Etat dites OAT) mais inéluctables.
Seulement, il ne faut pas rêver, la croissance infinie de la dette n’est pas possible ; même si E Macron, jetant par-dessus les moulins ses promesses de 2017, a renoncé à réduire les déficits publics. Il a d’ailleurs, de la même façon, tiré un trait sur sa déclaration initiale de procéder à une réduction de 120.000 postes de fonctionnaires ! Ce n’est pas la priorité et pour résumer sa pensée : c’est carrément « ringard » !
La vérité est que l’expérience des gilets jaunes a été un véritable révélateur pour le jeune haut fonctionnaire catapulté en politique et qui ne voit le « petit peuple » que de très loin, du haut de sa … très haute tour d’ivoire administrative. Il a découvert que la rue peut devenir très violente et difficile à contenir ou même à calmer.
Il n’a pas pris la mesure de la contestation populaire et n’a pas compris que l’alourdissement violent de la fiscalité, même au nom de l’écologie, n’était pas un nouvel eldorado fiscal mais une source de colère populaire. Car, c’est bien la hausse du prix du carburant au nom d’une transition écologique dont les recettes allaient combler les déficits du budget général sans compensation pour les intéressés (des gens à revenus modestes qui n’ont pas d’autre choix que d’utiliser la voiture), qui a mis le feu aux poudres !
Il a été contraint de distribuer 17 Md € pour calmer la rue mais cela a fortement creusé le déficit budgétaire car, encore une fois, nos dirigeants fonctionnaires ont préféré distribué de l’argent qu’on n’avait pas plutôt que d’adopter la seule option réaliste à terme : réduire la dépense publique !
Car, en France, en vertu d’une détestable habitude, on dépense d’abord et, ensuite, on cherche les possibles recettes fiscales au lieu d’examiner les moyens disponibles avant d’engager quelque mesure que ce soit. En outre, on ne réduit jamais les dépenses ; l’administration, qui dirige le pays, dépense toujours plus et la seule issue envisagée est toujours l’augmentation de la pression fiscale ou de l’endettement !
La gestion administrative continue de faire ses ravages mais, quand on connait le mode de fonctionnement de l’administration, on comprend mieux l’absence totale de résultat significatif autre qu’un désastre financier … avec des déficits qui ne servent qu’à payer des frais de fonctionnement (dépenses courantes) et non des investissements amortissables sur de longues périodes.
Et la réforme ratée des retraites se situe exactement dans ce cadre car, pour calmer des salariés du secteur public mécontents et qui bloquent « un peu » le pays, il va falloir allonger la monnaie et cela va même couter très cher.
L’IFRAP estime que la réforme va couter plus cher que si on n’avait rien fait et prévoit un surcout de 20 Md €. Natixis pense que l’échec prévisible de la réforme des retraites va faire passer le poids des retraites de 14% en 2020 à 18,5% du PIB en 2040 avec un alourdissement des cotisations sur les jeunes actifs et les entreprises !
L’extorsion va donc non seulement continuer mais s’amplifier alors que les tensions sociales s’exacerbent et que les français se rendent bien compte d’une dégradation de leur situation personnelle au travers une diminution constante du revenu réel disponible depuis 2008 !
Or, au-delà de 100% d’endettement par rapport au PIB, il devient extrêmement difficile de revenir en arrière, car la spirale de la dette fait que l’Etat ayant de plus en plus besoin de ressources pour faire face à ses échéances, il augmente donc la pression fiscale qui finit par porter atteinte à l’activité économique en provoquant un effondrement de la croissance potentielle et par voie de conséquence une augmentation de l’endettement … et la boucle est bouclée ! Ce qu’on appelle une trappe à dettes !
Natixis, dans son flash éco du 17 janvier prend pour exemple l’Italie qui, avec un endettement public de 135% du PIB et en dépit d’un déficit public pas très élevé et en tout cas inférieur au déficit français, le confirme sans ambiguïté. Même avec des taux d’intérêts très bas, elle n’arrive pas à redresser la situation et continue à s’enfoncer dans la dépression ; l’endettement public n’ayant pas servi à faire progresser le PIB mais seulement à assurer des dépenses courantes (salaires et protection sociale). En clair, l’endettement excessif et une très forte progression de la pression fiscale ont fini par bloquer la croissance potentielle qui est égale aujourd’hui à zéro. Ses perspectives d’évolution sont désormais désastreuses !
Pour l’instant, nous sommes dans une période d’inflation très basse qui … peut durer surtout avec le ralentissement mondial, mais on ne pourra pas toujours compter sur la banque centrale pour financer à taux gratuit nos lubies du fameux modèle social français si dispendieux et si couteux, modèle qui favorise les fraudes et les abus en tous genres mais aussi les salariés du secteur public.
Que se passera-t-il si l’inflation revient ?
A vrai dire, la BCE n’aura pas le choix, elle sera obligée, dans le cadre de sa mission de politique monétaire, d’augmenter les taux d’intérêts pour éviter un emballement de l’inflation, une aggravation des déséquilibres financiers et la formation de bulles sur les prix d’actifs et cela provoquera irrémédiablement une crise de solvabilité des Etats surendettés ; comme cela est arrivé en 2008 à la suite de la crise des subprimes !
Seulement à l’époque, les taux n’étaient pas à zéro ; ce qui signifie que, si l’arme monétaire et la baisse des taux ont pu alors être efficaces, ce n’est plus le cas aujourd’hui puisque les taux sont déjà à zéro !
Evidemment, du côté des Etats qui s’entêtent à vouloir toujours vivre au-dessus de leurs moyens tels que la France et l’Italie, la fermeture des vannes budgétaires ne se fera pas de gaité de cœur. Elle sera contrainte c’est à dire que le gouvernement n’aura pas le choix …
E Macron, ou son successeur, sera contraint de stopper la dérive budgétaire … laquelle n’est autre que de la mauvaise gestion parce la charge de la dette va littéralement s’envoler et parce que les prêteurs, devenus méfiants, ne voudront plus prêter !
E Macron prend-il officiellement la mesure de ce risque ? Visiblement pas ; même s’il ne peut ignorer cette réalité !
Le jour où la France se verra couper les vivres, ce sera l’explosion car le pays se trouvera dans la situation d’un drogué à qui on va expliquer que, désormais, il n’aura plus sa dose quotidienne … et ça risque d’être explosif !
Evidemment, il convient de se préparer à ce genre d’évènement inéluctable bien que difficile à prévoir dans le temps et détenir des assurances vie et des OAT (qui ne sont que de la dette étatique) va devenir de plus en plus dangereux ; surtout que la faillite est d’ores et déjà inscrite dans les textes puisque la loi dite Sapin II prévoit d’ores et déjà le blocage de l’épargne en cas de … nécessité !
Pour dire les choses crûment, on se prépare une véritable Bérézina budgétaire avec pour conséquence inexorable un tsunami fiscal car, ce qu’on ne vous dit pas, c’est qu’en pareille occurrence, il faudra, au mieux, des dizaines d’années pour redresser la situation … sans pour autant avoir la certitude d’y parvenir !
On peut rappeler utilement l’histoire de l’Allemagne qui s’est retrouvée ruinée à la fin de la première guerre mondiale, qui a littéralement explosé en 1923 avec l’hyperinflation (notamment en raison des indemnités qu’elle devait verser en vertu du traité de Versailles de 1919), et qui se trouvait en état de banqueroute en 1938 ; date à laquelle A Hitler a décidé de se lancer dans une guerre de conquêtes à seule fin de piller ses voisins (après avoir confisqué les biens des juifs). L’Allemagne n’a pu finalement s’en sortir que dans les années 1950 avec le soutien des USA et le plan Marshall ; c’est à dire après plus de 30 ans d’errances et de malheurs !
L’exemple le plus récent est l’Argentine qui n’arrive pas à se sortir de l’hyper inflation et de la dépression à la suite des dérives fantasques du péronisme et des excès monétaires de la période Kirchner. Elle vient, à nouveau, de faire défaut sur sa dette alors qu’elle était l’un des cinq pays les plus riches du monde au début du 20°siècle.
Cela démontre que les excès de politique économique et les dérives budgétaires entrainant la destruction du tissu économique sont ensuite très difficile à corriger ; même sur une longue période !
Vous ne pourrez pas dire qu’on ne vous a pas prévenus !
Bien cordialement à tous !
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