Le retour aux 90 km/h n’est pas possible !

Et vous n’imaginez pas les raisons pour lesquelles ce retour aux 90 km/h est impossible !

Je viens de lire un article sur CARADISIAC absolument renversant …

Alors que l’immense majorité des français (88%) souhaite le retour aux 90 km/h, alors que les 80 km/h n’ont pas permis une diminution significative des accidents mortels sur la route, on apprend que, malgré que le gouvernement ait ouvert au printemps dernier la voie à un assouplissement de cette réglementation, avec la possibilité pour les collectivités locales de remonter les limitations sur certains tronçons, il ne sera finalement pas possible de le faire.

Et vous n’imaginez pas la raison principale qui a été avancée par le pouvoir :

Le retour aux 90 km/h coûterait trop cher !

 Oui, le  retour aux 90 km/h, et le remplacement de 14 000 panneaux de signalisation, coûterait 1,4 million d’euros au contribuable et l’autorité vient affirmer qu’il est impossible de gaspiller ainsi l’argent public et les impôts payés par le contribuable !

Invoquer ainsi la nécessité de sauvegarder les intérêts des contribuables pour ne pas engager une telle dépense est tout à fait nouveau en France.

L’administration serait-elle devenue subitement vertueuse et soucieuse de l’intérêt du contribuable ?

Le problème est qu’on savait déjà que les données statistiques sur lesquelles étaient basées la mise en application du 80 km/h étaient plus que fantaisistes et reposaient essentiellement sur la volonté de l’administration d’imposer cette règle coûte que coûte !

Cela n’a pas empêché l’administration, par la voix du premier ministre, d’imposer sa décision et d’engager la dépense du changement des panneaux de signalisation … aux frais du contribuable.

On comprend dès lors que lorsqu’il faut prendre une mesure répressive décidée par l’administration, on n’hésite pas à dépenser l’argent du contribuable mais que lorsqu’il faut rapporter cette décision, on n’hésite pas à invoquer le coût excessif de cette mesure !

La réalité toute crue est que dans un pays comme la France où l’administration et le pouvoir jettent littéralement l’argent par les fenêtres pour engager des actions inutiles, mettre en place des comités théodules qui ne servent à rien si ce n’est à recaser les copains, invoquer une telle raison relève au minimum de la provocation mais plus probablement du foutage de gueule, pur et simple !

Car, la vérité est que  l’administration n’a jamais économisé l’argent du contribuable … au contraire, elle le dépense avec constance et prolixité sans jamais défaillir !

Il faut donc comprendre que l’administration a décidé qu’il n’y aurait pas de retour en arrière, qu’elle ne se déjugerait pas et qu’elle invoquerait pour cela tous les arguments possibles et imaginables !

Mais ce n’est pas tout !

Le ministère de l’intérieur a édicté, de son propre chef et sans en référer à quiconque, des conditions du retour aux 90 km/h qui sont extrèmement restrictives.

Vous allez apprécier …

Ne pourraient repasser à 90 km/h que les portions de plus de 10 km dotées de séparations physiques, d’alertes sonores en rive et dépourvues de tourne-à-gauche, de croisements, et où l’on ne trouve pas d’arrêt pour transports en commun.

 De plus, le tout devra s’accompagner d’un suivi des comportements et de l’accidentalité au niveau local avant et après modification des vitesses maximales autorisées.

On comprend dès lors que sur les 400 000 km de départementales et nationales à double sens de circulation qui sont concernées par les 80 km/h, seule une toute petite portion pourrait prétendre à un retour au 90.

Il apparaît dès lors évident que les conditions pour le moins extravagantes conditionnant le retour aux 90 km/h, telles qu’elles ont été posées par le ministère de l’intérieur et son administration, constituent une entrave manifeste à toute décision des autorités locales dans la mesure où celles-ci, devant la complexité des règles à respecter, renonceront bien évidemment à toute modification de la vitesse sur leur territoire.

Que doit-on en penser ?

Les conclusions à tirer de cette situation sont évidemment désagréables …

– nous sommes manifestement en présence d’une situation démontrant, de manière évidente, la toute puissance de l’administration et sa capacité à refuser de se déjuger en édictant des règles impossibles à respecter. En bon français, cela s’appelle un abus de pouvoir pour ne pas dire un pouvoir de nuisance !

– la mauvaise foi du pouvoir et de l’administration est absolument évidente,

– on comprend alors d’autant mieux l’immobilisme de la France et sa descente dans les classements internationaux pour l’ensemble de ses institutions, de ses résultats, de ses performances et même de ses infrastructures lorsque l’on a compris que l’administration s’oppose à toute modification de ses prérogatives, de ses décisions, mêmes mauvaises (la France est le seul pays de l’Union Européenne à avoir adopté le 80 km/h), et enfin n’hésite pas à prendre des décisions hors de toute concertation !!!!

L’administration a donc décidé qu’il n’y aurait pas de retour en arrière et met des bâtons dans les roues à toute tentative de modification des décisions qu’elle a prises et les collectivités locales n’ont, de facto, aucun pouvoir de décision sur leur territoire !

Il faut aussi ne jamais oublier que, pour l’administration, le seul facteur accidentogène est la vitesse mais jamais l’état du réseau routier et des infrastructures … dont elle est responsable !

La faute, c’est toujours celle des autres ….

La conclusion plus générale qui s’impose est que plus rien ne pourra jamais se faire dans ce pays tant que cette administration toute puissante qui exerce un pouvoir illégitime et nuisible n’aura pas été mise au pas et précipitée au bas du piédestal qu’elle s’est arrogée.

Les citoyens sont méprisés et leur avis ne compte pas, ils ne sont là que pour obéir (ici),

Les élus locaux sont tout aussi méprisés et leurs pouvoirs sont totalement annihilés par l’administration centrale qui fait la pluie et le beau (ou le mauvais) temps au gré de ses petits arrangements entre hauts fonctionnaires et petits marquis de la république !

Enfin, en menaçant les présidents de département de recours en justice de la part de victimes de la route, le gouvernement met clairement la pression sur les exécutifs départementaux pour les empêcher de prendre une telle décision.

La loi Mobilités permettant un retour (partiel) aux 90 km/h devrait être promulguée début 2020 mais le retour aux 90 demeure impossible techniquement.

Maintenant, vous saurez pourquoi !

Bien cordialement à tous !

Toute reprise de cet article vaut acceptation de la licence suivante : La reproduction de cet article n’est autorisée qu’à la condition de le rependre en totalité, d’en rappeler l’auteur et le site de publication originel.

 

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

3 réflexions sur « Le retour aux 90 km/h n’est pas possible ! »

  1. A mon avis, les responsables apparents d’un non – retour aux 90 kms/h ne sont pas à l’origine de la décision. Edouard Philippe l’avait défendu haut et fort qu’il fallait à tout prix mettre en place cette limitation afin d’éviter de nombreux morts. Comment voulez – vous que le premier ministre accepte de voir bafouer ses volontés? Et Macron en bon enfumeur qu’il ait, après avoir accepté de revenir sur la mesure dans le grand débat, ne veut pas le désavouer. Encore une fois, il fait semblant d’être d’accord mais ne le traduit dans les actes

  2. J’espère que WAZE va créer un lien informatique entre les panneaux de toutes sortes demandant une limitation de vitesse (il y en a au moins six) et un frein moteur facultatif sur votre véhicule le ralentissant progressivement pour entrer dans la zone de limitation.

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