Tous morts mais une Terre sauvée !

Un groupement d’associations néerlandaises (la “True Animal Protein Price Coalition”) vient de soumettre au parlement européen un rapport vantant les avantages économiques et environnementaux d’une taxe sur les protéines animales.

Cette même idée vient d’être suggérée aussi par le cercle de réflexion britannique FAIRR et la télé/radio publique (France info) considère même cette taxe comme inévitable en expliquant, qu’entre 2000 et 2017, la consommation mondiale de viande aurait augmenté de 40% ; avec le sous-entendu que cette augmentation exercerait une pression intolérable sur les ressources de la Terre.

Selon ces associations, taxer la viande de boucherie à hauteur de 0,47€ les 100 grammes pour le bœuf, 0,36€ pour le porc et 0,17€ pour le poulet limiterait considérablement les émissions de CO2 et éviterait 500 000 décès par an.

L’argument climatique

A l’appui de cette proposition, ces organisations invoquent les « coûts cachés de la viande au niveau environnemental » car l’élevage de bétail serait responsable de 20% des gaz à effet de serre (les flatulences bovines et porcines ?) et la production de protéines animales compterait pour 75 % des émissions agricoles totales de gaz à effet de serre.

En outre, la production de viande exercerait une pression importante sur les ressources en eau.

La conclusion est qu’il faut réduire drastiquement la consommation de protéines animales pour sauver la planète et la consommation de viande pourrait, grâce à cette taxe, être réduite, d’ici à 2030, de 67 % pour le bœuf, de 57 % pour le porc et de 30 % pour la volaille.

De là à affirmer que les animaux d’élevage et de basse cours sont dangereux pour la planète, il n’y a qu’un pas qui semble avoir été franchi ; les animaux d’élevage devenant, par la magie des mots, un fardeau environnental !

On se situe ici, encore une fois, dans le contexte fumeux des taxes dites comportementales ; dont le but officiel est d’orienter le comportement du consommateur en taxant lourdement les produits que l’on veut qu’il ne consomme pas !

Cette technique est déjà largement utilisée avec la taxe soda, les taxes sur l’alcool et les cigarettes dont la consommation est estimée dangereuse pour la santé. On parle aussi de taxer la charcuterie dans le même but …

Elle est aussi utilisée avec l’automobile puisque l’on taxe lourdement les voitures thermiques pour contraindre les consommateurs à acheter des voitures électriques qui polluent … plus mais différemment !

Au-delà de ces considérations, il s’agit bien évidemment d’un choix idéologique fondé sur le présupposé, non confirmé par la science, d’un « dérèglement climatique dû à l’action de l’homme » ; sans vouloir envisager autre chose et notamment de simples variations climatiques, lesquelles sont pourtant déjà intervenues dans le passé (cf l’optimum médiéval de 950 à 1300 ou encore le petit Age glacière entre 1400 et 1900).

L’argument fiscal

Selon cette organisation, au seul niveau européen, cette taxe rapporterait 32 Md€ d’ici à 2030.

L’argument de nature à favoriser son adoption est le fait que cette manne fiscale serait reversée et il n’est pas besoin de titiller longtemps un politicien avec ce type d’argument pour emporter son adhésion ; car quel politicien ne rêverait pas de disposer d’une grosse manne fiscale qu’il pourrait redistribuer à seule fin de se rendre populaire !

Le tout est de savoir à qui ?

Il est suggéré d’en reverser la moitié à la filière de l’élevage pour favoriser l’investissement et la transformation des exploitations. Un tiers serait destiné à compenser une baisse de la TVA sur les fruits et légumes, perçus comme l’alternative principale des consommateurs, et 20 % seraient destinés à limiter l’impact de cette taxe sur les revenus modestes.

Plusieurs questions se posent immédiatement :

  • Reverser la taxe à la filière de l’élevage pour favoriser l’investissement et la transformation des exploitations après l’avoir assassinée est bien une idée technocratique complètement déconnectée des réalités car on peut quand même se demander vers quel type d’activité vont pouvoir s’orienter des éleveurs qui seront dissuadés de faire de l’élevage…
  • Ne vaudrait-il pas mieux favoriser l’agriculture que de tout faire pour pénaliser les agriculteurs dont le métier est à la fois dur et souvent mal payé ?
  • Si, hypothèse d’école, d’une année sur l’autre, tous les animaux d’élevage sont abattus, il n’y a certes plus de viande mais il n’y a plus de base taxable non plus et plus d’argent à redistribuer ! La poule aux œufs d’or fiscale ne pond plus et le schéma miraculeux devient juste un désastre !
  • D’ailleurs, la simple diminution de consommation de viande entrainera une diminution de la base taxable et des recettes fiscales espérées !
  • Ce genre d’idée fait fi de l’adaptabilité de l’homme qui va se mettre à faire de l’élevage « personnel » dans des conditions sanitaires qui pourront s’avérer « douteuses » et l’épidémie de corona virus est là pour nous en rappeler les conséquences éventuelles !
  • Si on élimine la filière animale, il n’y aura plus de lait, plus d’œufs, plus de beurre, plus de fromages, plus de produits lactés en général ; compte non tenu de tout un tas de sous-produits qui entrent dans les préparations alimentaires ! Toute l’industrie de transformation de la viande disparaît ; tout comme votre boucher et le préjudice de la disparition de tous ces secteurs économiques s’élèvera alors à bien plus de 32 Md€ !
  • On évoque la consommation d’eau : les promoteurs de cette idée ne savent visiblement pas que l’élevage se pratique en fonction des ressources hydriques disponibles et qu’évidemment on n’élève pas du bétail en plein milieu du désert ! En Grèce, où il n’y a pas beaucoup d’eau, on élève des chèvres (en semi-liberté) qui sont peu exigeantes, mais pas des vaches car elles crèveraient ; et l’agriculteur n’est pas assez idiot pour gaspiller ainsi son capital !
  • Les plus faibles économiquement seraient les plus pénalisés puisque, plus le revenu est faible plus le budget alimentation est proportionnellement important. On voudrait contraindre les populations les moins aisées à renoncer purement et simplement à la viande qu’on ne s’y prendrait pas autrement ; c’est à dire que ce qu’on leur « propose » n’est rien d’autre qu’une régression ! Il est douteux que leur verser de l’argent « pour compenser » soit de nature à résoudre ce problème …
  • Il existe déjà toute une série de taxes sur les abattoirs et le commerce de la viande. En ajouter une de plus n’est surement pas de nature à favoriser la filière mais il est vrai que ce n’est pas le but !

Le problème alimentaire

Quoiqu’en disent les tenants des régimes alimentaires sans viande, le régime alimentaire de l’homme est celui d’un chasseur cueilleur qui, il y a 10.000 ans, s’est livré aussi à l’agriculture ; ce qui lui a permis de faire un formidable progrès dans la gestion des ressources et de limiter les périodes de disettes ou de famines et de limiter la mortalité !

Notre régime alimentaire n’est pas celui d’un primate exclusivement arboricole ni même celui d’un ruminant et ne se nourrir que d’herbe, de légumes et de fruits est en fait dangereux pour la santé Les avis médicaux sont unanimes et imposer un régime vegan à un enfant (surtout en bas âge) est assimilé à de la maltraitance.

Interdire ou limiter la consommation de viande n’est donc pas bénéfique pour la santé et on peut légitimement se demander quel est le bénéfice que l’on peut en attendre de telles mesures si on doit tuer l’humanité pour sauver la planète ?

En fait, ne devrait-on pas plutôt se réjouir d’une augmentation de la consommation de viande au niveau planétaire, signe d’une amélioration du niveau de vie et des régimes alimentaires, surtout si les ressources le permettent ?

Or, la mise en place de cette taxe aurait pour essentiellement l’effet inverse en obligeant la population à se passer d’aliments carnés qui nous apportent les protéines dont nous avons besoin ? Dès lors, l’affirmation selon laquelle cette taxe sauverait 500.000 vies apparaît extrêmement suspecte et laisse à penser que ce serait plutôt l’inverse !

Des effets non maitrisés

Il faut être conscient que cette idée émane d’urbains bobos qui ont une vision complètement déformée du monde, de la nature et de l’écologie. Ce sont d’ailleurs les mêmes qui sont pour les éoliennes et contre les centrales nucléaires sans se poser la question d’où vient l’électricité qui recharge leurs smartphones et leurs consoles de jeux et qui prennent l’avion pour aller à la plage ou au ski !

Il s’agit essentiellement de gens qui soit ne veulent pas manger de viande et donc pour lesquels l’augmentation du prix n’est pas gênante soit de gens qui ont des revenus leur permettant de la payer beaucoup cher !

Ce sont les mêmes qui se livrent à « l’agri bashing » et qui préconisent l’interdiction des OGM, des pesticides, des engrais, des désherbants sélectifs (type glyphosate) sans se poser la question des conditions dans lesquelles les aliments qu’ils consomment seront produits.

J’avais déjà décrit cette tendance élitiste dont la plus évidente est la voiture qui sera un jour réservée seulement à ceux qui auront les moyens de payer des taxes exorbitantes !

Le premier problème est qu’au nom des principes dont ils sont convaincus et qui priment toutes autres considérations, ils veulent imposer leurs choix personnels de vie et/ou idéologiques aux autres en utilisant des prétextes présentés comme écologiques alors qu’ils ne le sont même pas car affaiblir la population mondiale par le biais d’une modification forcée de son régime alimentaire ne peut pas être considéré comme bénéfique ou même seulement comme un progrès !

Car, le premier résultat d’une telle mesure ne serait-elle pas d’affamer les éleveurs puis la planète ? Ce qui n’est sûrement pas la bonne solution  …

Le deuxième problème est que ces organisations disposent de moyens financiers et donc d’un pouvoir de nuisance qui est obligatoirement pris en compte par les politiciens alors que l’urgence climatique ne repose que sur des modèles ou des prédictions qui se sont tous avérés faux !

Cela explique qu’E Macron, tout comme ses prédécesseurs, ne va reculer devant aucun excès, ni de langage ni même financier et surement pas devant un argument de bon sens, pour se jeter à corps perdu dans des promesses écologistes à la fois fumeuses, ruineuses et inutiles à seule fin de pêcher des voix ; alors même que les français sont surtout intéressés par des mesures concernant la sécurité des biens et des personnes ! Ne vient-il pas de convoquer un conseil de guerre écologique (sic ?!?) la posture martiale n’étant là que pour affirmer sa détermination ?

Et, ce qui ne laisse pas d’inquiéter, cette dérive idéologique se retrouve aussi à la tête des institutions européennes !

En fait, la réalité est que la terre ne peut pas être un immense parc naturel protégé sous une bulle et on sait que toute activité humaine et toute production d’énergie sont polluants et peuvent donc être remises en question. C’est un fait que l’on ne peut pas éviter. Il s’agit ensuite d’évaluer les couts d’une technologie ou d’une pratique au regard de nos besoins d’énergie et des gains apportés.

Alors, pourquoi s’en prendre ainsi à un mode d’alimentation millénaire et pourquoi ne pas « s’attaquer » à d’autres sources de pollutions ; en n’oubliant pas que toute activité humaine est polluante ?

Pourquoi ne pas parler de la surpêche qui vide les mers ou des pêcheries industrielles en Norvège ou en Grèce car combien faut-il d’aliments industriels pour faire un kg de poisson ? (il faut 5 à 7 kg d’aliments en granulés pour faire un kg de poisson).

On pourrait aussi suggérer à ces hollandais de taxer lourdement le gaz qui sert à chauffer les serres hollandaises (les Pays Bas sont le premiers producteurs d’Europe de fleurs) car finalement, c’est bien connu, comme le riche est toujours l’autre, le pollueur est aussi toujours l’autre !

Et pourquoi pas une taxe carbone sur les crémations mortuaires ?

En fait, on s’aperçoit que tout est sujet à critique et certaines personnes, sous prétexte de défendre la planète Terre, sont prêts à éliminer les animaux en se basant sur des considérations fumeuses.

Seulement, on connait les dérives de cette vision eugéniste du monde : il y a trop d’animaux donc on interdit les animaux et ensuite on estimera que la pression démographique est devenue trop lourde pour la Terre et on interdira les humains … ou du moins certains d’entre eux ! On a connu cela entre 1936 et 1945 et, à l’époque, c’étaient essentiellement les juifs qui n’avaient plus le droit de respirer.

En conclusion

Entre les écolos, les vegan et autres idéologues de l’écologie, il est vrai que nous ne manquons pas de spécialistes d’une agriculture essentiellement régressive dont le but principal n’est pas de faire des propositions constructives mais d’interdire !

Il ne faut pas être dupe : la promesse de distribution d’argent gratuit, extorqué sous forme d’impôts, n’est qu’un habillage incitatif, pour ne pas dire démagogique, mais la question qui se pose à la fin est quand même : « dans quel but » ?

On est clairement affaire à des écologistes sectaires, intolérants, végétariens ou même vegan pour lesquels manger de la viande est une abomination et qui donc souhaitent en interdire la consommation, d’une manière ou d’une autre ; l’écologie n’étant qu’un vecteur comme un autre pour parvenir à ce but.

Ces personnes sont en outre atteintes de taxomania, affection malheureusement de plus en plus courante chez les gens désireux d’imposer aux autres leur vision du bonheur sur terre.

Néanmoins, quand tout aura été à la fin, interdit, aura-t-on pour autant atteint le paradis sur terre ?

En fait, nous savons que l’écologie punitive et fiscale ne s’arrêtera, comme le socialisme, que lorsqu’on aura fini de dépenser l’argent des autres.

Bien cordialement à tous !

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

4 réflexions sur « Tous morts mais une Terre sauvée ! »

  1. Moi je propose une taxe sur les explosifs militaires, les missiles, bombes, obus, grenades, mines et munitions en tout genre, quand ça pète, ça fait des morts et aussi beaucoup de CO2.

  2. True human spermatozoid & ovarians pride Coalition

    il est en effet inadmissible que pleins de spermatozoïde et ovaires féconds soient injustement envoyés a coups de battoirs ou dans des puits sans fondement

    c’ets injuste , il faut créer un lobby européen …que dis je mondial …allez n’ayons pas peur des mots interplanétaire a la procréation normalement insistée sous peines de taxes..
    Watson/Siri/Alexa et les webs cams pourraient nous y aider ?

    Licence de fornication : La reproduction a base de cet article est autorisée qu’à la condition de l’utiliser , d’éviter de me citer et le site faire le signe de croix avant le pèché originel

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