La France doit redevenir un pays libre !

La France doit redevenir un pays libre !

Je lis avec intérêt les articles qui proposent des réformes à mettre en œuvre en France. Même ceux qui déraisonnent sont intéressants, car ils donnent de précieuses indications sur la véritable nature du mal français. Bien entendu, il ne faut pas oublier qu’une partie de la population n’aspire pas aux réformes, non qu’elle vive particulièrement bien, mais parce qu’elle a peur du changement. Je ne m’adresse donc qu’à ceux qui n’ont pas peur.

J’ai de fréquentes discussions avec d’éminents confrères qui enseignent la médecine à la faculté. Tous mesurent bien les limites de leur science, qui n’est pourtant pas mince. Le temps des mandarins suffisants est bel et bien terminé. Et face aux maux que la médecine ne sait toujours pas guérir, nombre d’entre eux se réfèrent à l’arrivée inattendue d’un médicament qui changera la donne, comme cela s’est si souvent produit dans l’histoire.

Mon propos de ce jour n’est cependant pas d’ordre médical, mais politique. Je ne me réfère à la médecine que pour tenter de discerner, dans la foule des procédés, celui qui nous donnera la clé capable d’ouvrir la lourde porte qui bloque la venue des réformes.

L’ampleur des défis que doivent affronter les réformateurs en France est impressionnante. C’est presque tout un monde qu’il faut reconstruire. Et pourtant notre pays est riche d’une histoire plus que millénaire qui devrait lui donner une inégalable sagesse. Mais il est surtout affligé d’insupportables démagogues qui polluent tous les débats et laissent le peuple désemparé.

J’ai eu le privilège de faire un long service militaire dans l’aéronavale et de vivre dans le monde des pilotes. Tous évoquaient les moments où, dans un avion, les choses se passent mal, et où il faut « en revenir au manuel », c’est-à-dire mettre en œuvre méthodiquement les recommandations du protocole. Je pense qu’il faut procéder ainsi pour réformer la France.

Notre manuel, c’est la Constitution. Loin de n’être qu’un catalogue d’idées générales, elle est un véritable discours de la méthode. Et ce qu’elle nous dit de plus fort, c’est que notre pays est le lieu de la liberté. Le mot est le premier dans la brève liste de nos « droits naturels et imprescriptibles ». Il l’est aussi dans « la devise de la République ». Difficile de faire mieux, difficile de faire plus fort. Alors, armés de la liberté, voyons ce que nous pouvons en faire.

Rappelons-nous Rousseau. « L’homme est né libre, et partout il est dans les fers. » Le Français naît libre d’après la Constitution, et il est aussitôt pris dans un entrelacs d’objurgations et d’interdits qui en font un prisonnier. Telle est la réalité de la France actuelle. Ceux qui  tiennent le Français dans les fers agissent selon une logique opérationnelle qui leur donne ce droit en vertu des postes qu’ils occupent. Et ces postes leur ont été attribués en considération de la compétence qu’est censée leur donner soit un diplôme, soit une avancée hiérarchique, soit encore la faveur du Prince, qui est de droit divin en république plus encore qu’en monarchie.

Le drame de la compétence, n’est évidemment pas le savoir, mais l’autorité. Un savant sans autorité est un homme comme les autres. Un homme détenant une autorité est, si on ne la limite pas, un dictateur. La France grouille de dictateurs, petits, moyens et grands, qui sont persuadés que leurs actes sont bons pour le peuple. Et ce foisonnement d’actes dictatoriaux, on ose l’appeler, dans les discours officiels, la démocratie. Non. La France n’est pas une démocratie. C’est une dictature.

Bien entendu on entend déjà les hurlements indignés des dictateurs qui se voient remis en cause dans ce qu’ils ont de plus cher : leur autorité. « Comment, s’étouffent-ils, vous pouvez écrire ce que vous voulez, où voyez-vous une dictature ? » Eh bien, mon bon Monsieur, eh bien ma bonne Dame, dans l’immensité des actes qui me sont interdits ou dictés.

Alors revenons au médicament qui nous guérira, au manuel qui nous sauvera, revenons-en à la liberté. Partout où un Français est privé de liberté, il doit pouvoir en appeler à son droit à la liberté. Et partout l’autorité doit déférer à sa demande. Tel est le principe qui nous apportera les réformes que chacun sait indispensables en France.

Que les oiseaux de mauvais augure cessent leurs criailleries, que les faux penseurs bottés et casqués s’engagent dans notre armée et fassent silence dans les rangs, que les citoyens oublient toute peur et bombent leur torse orné de la plus belle médaille qui soit, celle de la liberté, que la France redevienne ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : un pays libre.

Certains diront : mais comment faire ? Très simple : oser !

Claude Reichman

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6 réflexions sur « La France doit redevenir un pays libre ! »

  1. Quel beau billet Claude.
    Notre génération a connu l’époque où chaque mois voyait un interdit sauter.
    Aujourd’hui chaque jour propose un nouvel interdit.
    Et c’est bien le problème
    Mais… ce sont les français qui souhaitent cette situation et non leurs potiches politiques.
    Oui la liberté est la clef de la prospérité, de la richesse, du progrès, de la justice, elle l’a prouvé, mais elle doit se conquérir.
    Et les efforts de la conquête il n’y a que nous qui les acceptons, alors que notre âge ne nous les permet plus.
    Amicalement.

    1. C’est trop de pessimisme, cher Henri. Pourquoi tant de gens parlent, écrivent, agissent, si ce n’est pour faire évoluer l’opinion ? En nous-mêmes sur ce blog ? Exprimer le pessimisme, c’est lui donner droit de cité. Seule l’action permet l’espoir. Et l’espoir ne réside qu’en la liberté. Ainsi que dans le goût de combattre. Amitiés. Claude

      1. Je me suis mal exprimé. Je ne suis pas pessimiste et j’adhère à tout ce qui peut éclairer ou convaincre l’opinion publique.
        Je dis simplement que c’est elle qui commande et donc c’est par elle que passe la solution et non par un homme potiche de l’Etat.
        Il faut la convaincre ou qu’elle soit convaincue et le temps nécessaire pour cela ne se maîtrise pas.

  2. Trop tard pour le redressement, le déclin est sans retour pour des siècles. En France le déclin est en cours de finalisation. La France n’ a plus les moyens et tous les jours qui passent, le démontrent. La France, un pays qui était Riche, mal gouvernée depuis 1970.
    Un pays est cultivé non en raison de sa fertilité ou de son économie, mais en raison de sa liberté !

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