« Nous savons qu’ils mentent. Ils savent qu’ils mentent. Ils savent que nous savons qu’ils mentent. Nous savons qu’ils savent que nous savons qu’ils mentent. Et, pourtant, ils persistent à mentir. » Soljenistsyne
La fuite des cerveaux est un frein à l’entreprise : il s’agit de l’enfer fiscal et administratif qui incite les plus brillantes de nos élites à chercher ailleurs un paradis perdu par pure idéologie.
Aujourd’hui, on estime à 3 000 000 le nombre de Français expatriés.
Il ne s’agit heureusement pas toujours d’une fuite, mais d’un choix et un atout qui permet à la jeunesse de découvrir le monde autrement que par l’Éducation nationale et une information médiatique pas toujours objective.
La France ne se place pas parmi les meilleurs en ce qui concerne la part des scientifiques et ingénieurs de l’Union européenne : elle compte pour 13 % de la population européenne et ne dispose que de 10 % de scientifiques et d’ingénieurs, contre 19 % en Allemagne et en Angleterre (source eurostat).
Soit elle n’en forme pas assez, ce qui ne semble pas être le cas, soit les « cerveaux » s’expatrient. Et c’est malheureusement le constat qu’il convient de faire.
La France est le deuxième pays le plus touché au monde par la fuite de ses cerveaux, elle a un solde négatif de 130 000 alors que les Allemands ont un solde positif de 374 000 !
Le nombre de jeunes diplômés partant à l’étranger, estimés à 80 000 par an, a doublé ces dix dernières années !
UNE BALLE DANS LE PIED
Le coût de formation d’un ingénieur par l’Éducation nationale est estimé à 200 000 euros, soit 16 milliards d’euros par an pour ces exilés… financés directement ou indirectement par les seuls créateurs de richesse que sont nos entreprises.
Certains vont revenir en France après une dizaine d’années, mais la majorité restera dans son nouveau pays d’accueil, et va donc se mettre au service d’entreprises étrangères concurrentes.
Quelle belle opération, financer la formation d’une élite pour mieux enfoncer le pays qui, d’année en année, est de plus en plus déclassé !
Nous pourrions donc comparer la France à un pays sous-développé qui, faute de débouchés correctement rémunérés, inciterait ses ressortissants à émigrer sous de meilleurs cieux.
Ce qui est donc reproché aux pays du tiers monde à forte émigration se pratique en moindre volume mais à un coût astronomique !
À cette fuite des cerveaux peut également être associée l’évasion fiscale car beaucoup fuient le pays pour créer une entreprise à l’étranger.
LES RAISONS DE CET EXIL
L’addiction française sans cesse réaffirmée à l’égalitarisme et à la dépense sociale oblige à trouver des financements supplémentaires qui pénalisent les entreprises en augmentant d’une façon inconsidérée leurs charges sociales. Et comme toujours en France on va s’en prendre aux plus riches.
Un salaire mensuel de 4000 euros, considéré comme un signe de richesse par François Hollande, est taxé socialement deux fois plus qu’en Allemagne ; et celui de 8000 euros trois fois plus !
Un cadre va donc souvent gagner deux fois plus à l’étranger tout en conservant une couverture sociale au retour dans son pays.
Le cas est encore plus flagrant pour un chercheur. Avec un niveau d’études pouvant atteindre Bac+12, et en plus des contraintes administratives subies, il va débuter sa carrière avec un salaire de 2200 euros, un des plus bas en Europe.
Il ne faut pas chercher plus loin les raisons de l’expatriation de nos savants et prix Nobel qui trouvent aux États-Unis, mais également en Allemagne, un environnement et une considération qu’ils n’on plus en France.
LES CONSÉQUENCES DE LA FUITE DES CERVEAUX
La situation de la France devient catastrophique et peut rappeler « la révocation de l’édit de Nantes » qui a eu pour conséquence l’exil d’une grande partie de l’élite protestante. Cet exil qui a nui à l’économie française bénéficie encore aujourd’hui aux pays d’accueil via sa descendance !
La France était à la pointe de la recherche mondiale dans de nombreux domaines. Pour ne citer que les principaux :
La santé, inventeur du vaccin avec Louis Pasteur, le pays n’a pas su développer un vaccin anti-Covid !
La filière énergie d’Alstom cédée à General Electric qui devient responsable de l’entretien des centrales françaises et fournit les pièces d’entretien du porte-avions Charles De Gaulle.
Les télécommunications qui ont vu Alcatel être avalé par Nokia qui démantèle une par une les unités implantées en France.
Le transport ferroviaire, encore bien-portant a donné toutes les clefs à la Chine pour nous détrôner à terme à l’export.
Le nucléaire, avec la Chine devenue rapidement le maître avec la mise en route de plusieurs EPR tandis que celui de Flamanville accuse un énorme retard.
Nous avons offert notre élite et notre savoir-faire à ceux qui aujourd’hui sont devenus les maîtres du monde.
CONCLUSION
Faut-il encore une fois dénoncer cette administration française qui décourage toute évolution et ambition créative !
Faut-il encore une fois dénoncer l’hyper-social français qui tue le pays à petit feu !
Faut-il encore clamer haut et fort qu’une entreprise ne peut perdurer qu’avec des contraintes égales à celles de ses concurrentes étrangères !
Tant que les Français et les hommes politiques qu’ils ont élu ne le comprendront pas il ne faudra pas s’attendre à des miracles !
Sauf peut-être concernant la fuite des cerveaux qui peut aussi se tarir, le système éducatif ne parvenant plus à former cette élite, compte tenu de la vitesse à laquelle il se dégrade… Ce sera le sujet de mon prochain article.
Il ne s’en cache même plus : le personnel de Bercy a usurpé le pouvoir. Il n’a plus aucune retenue, même pas une sorte d’hypocrisie. Alors que seuls les Parlementaires ont le pouvoir de décider du budget et de l’impôt, ils en sont réduits à poser des questions à l’Administration sur les finances publiques, s’ils le désirent !
Monsieur Dussopt, Ministre Délégué aux Comptes Publics, est l’archétype du brillant jeune homme qui, durant toute sa vie, n’a jamais été payé avec autre chose que l’argent de nos impôts. Peu après sa sortie de Sciences Po Grenoble, il est devenu attaché parlementaire avant d’être élu au Conseil régional de Rhône-Alpes, puis à l’Assemblée nationale de 2007 à 2017. Désormais Ministre Délégué aux Comptes Publics, on attend toujours qu’il prenne part à une activité économique produisant la moindre valeur ajoutée comptable.
Curieusement, les dix ans de vie parlementaire de M. Dussopt sont passés sous silence dans sa biographie sur le site du gouvernement, alors que son rôle ministériel apparaît dans la rubrique « mandats électifs ». Ne serait-ce pas un indice supplémentaire du mépris des bureaucrates pour les élus parlementaires ?
Dans son intervention hier mercredi 17 Mars mais aussi en Novembre 2020, M. Dussopt a tranquillement acté le fait que l’Administration avait usurpé le pouvoir de la représentation nationale.
Les bureaucrates usurpent le pouvoir des représentants du peuple
S’il y a bien un sujet politique, au sens le plus noble du terme, qui doit être décidé par les représentants du peuple réunis en assemblée, c’est bien celui de l’impôt et du budget de la nation. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, partie intégrante de notre Constitution, est on ne peut plus claire sur le sujet : ce sont les citoyens à travers la représentation populaire qui décident de l’impôt, de la dette, du budget. C’est la loi, c’est la Constitution.
Or, il faut entendre Monsieur Dussopt faire un éloge obséquieux du Président de la Commission des Finances du Sénat, Jean Arthuis, pour comprendre le mépris dans lequel il tient nos représentants élus. Concernant le rapport sur l’avenir des finances publiques que M. Arthuis devait remettre au Premier Ministre aujourd’hui, notre ministre a affirmé avoir « toute confiance dans son indépendance de plume, mais aussi dans la qualité des propositions qui nous seront portées et que nous examinerons avec la plus grande attention. » Notre petit ministre a confiance, on croit rêver !
Plus grave, lors d’une récente intervention au Sénat début Novembre 2020, M. Dussopt avait annoncé au Sénat la mise en place d’un groupe de travail au sein de l’Administration pour réfléchir aux pistes de rétablissement des finances publiques. En réponse à la critique du sénateur LR Jérôme Bascher qui rappelait l’existence d’instances existantes chargées de cette tache, notamment le Parlement, notre ministre, par un incroyable renversement des valeurs, proposait d’auditionner les élus parlementaires qui le souhaitaient !
« Nous souhaitons si les parlementaires en sont d’accord, qu’ils puissent être auditionnés par des membres de ce groupe de travail (…) C’est une information que je donne au Parlement sur notre volonté de nous faire accompagner par des experts et des personnalités qualifiées dans ce domaine-là ».
Le ministre se fait accompagner dans ses décisions budgétaires par les parlementaires ! Elle est pas belle la vie de ministre !?
Ils ne s’en cachent même plus : la caste des administrateurs bureaucrates a subverti la démocratie et usurpé le pouvoir et elle l’assume tranquillement. Le mépris dans lequel elle tient nos représentants parlementaires et, à travers eux le peuple, n’a d’égal que la voracité avec laquelle elle utilise le pouvoir ainsi usurpé pour détourner à son profit le travail et le patrimoine des Français.
Si un juge vous a dans le pif pour X raisons, vous êtes sûr de gagner votre procès…
Au tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence jeudi dernier, un procès de trafic de drogue a tourné à l’affrontement entre le président du tribunal et les avocats. Un conflit d’une violence et d’une longueur totalement inédites. Récit.
Ce jeudi 11 mars, au tribunal correctionnel d’Aix-en-Provence à 9 heures, on juge un important dossier de stupéfiants. Des mules transportant de la cocaïne depuis le Brésil. Onze hommes et femmes sont prévenus. Un seul comparait détenu. Il y a aussi un détenu absent. Mais il a une bonne raison, la veille du procès, il a appris que ses deux filles et lui étaient positifs au test covid. Son avocat, Paul Sollacaro, a immédiatement prévenu le parquet et le président, Marc Rivet, en produisant le traçing covid et la fiche au nom de son client. Il leur a expliqué qu’il allait faire une demande de disjonction car son client, poursuivi pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs en récidive, encourt 20 ans de prison. Et il prévient : vu la gravité de la peine encourue, si la disjonction est refusée, il ne pourra pas prendre la responsabilité de répondre à la place de son client. Malgré cet empêchement majeur en pleine crise sanitaire, le président fait comprendre à l’avocat qu’il n’est pas favorable à la disjonction, le parquet non plus.
A l’audience, l’avocat plaide sa demande et dépose des conclusions. Comme prévu, le parquet s’y oppose, pour un motif sans particulière gravité, il estime juste plus logique que tous les prévenus soient jugés ensemble. Les autres avocats dans la cause n’émettent aucune objection. Le président se tourne vers ses assesseurs et, fait inhabituel, rend sa décision sur le siège. C’est non. Le cas de ce prévenu ne sera pas disjoint. « Je ne m’offusque pas je n’appelle pas le bâtonnier, dont acte Monsieur le président, mais je vais appeler mon client pour qu’il se présente car la peine encourue est très lourde et il proteste de son innocence »raconte Paul Sollacaro sur France 3.
« Les mains des services de police sur la robe de mon père »
« Vous n’appelez pas votre client et s’il vient je lui interdirai d’entrer dans la salle d’audience » rétorque brutalement le président. L’avocat insiste pour appeler, le président répète qu’il ne le laissera pas entrer avant de lancer à Me Sollacaro : « taisez-vous et sortez de la salle ! ». Mais l’avocat tient bon, la demande de disjonction n’est pas favorable à son client qui sera jugé seul plus tard, d’ici là, le procès peut se tenir, la solution qu’il propose va donc dans le sens de l’intérêt de la justice et du tribunal. « A ce moment-là je comprends que nous sommes dans une impasse, le procès n’est pas renvoyé, la disjonction n’est pas accordée, le prévenu atteint de la Covid ne peut pas être présent, il n’est pas en cavale, il ne peut simplement pas venir pour raison médicale… mais dans tous les cas on lui refuserait l’accès au Tribunal, s’il s’y présentait. On aurait pu imaginer une solution, dans le respect des mesures sanitaires, mais rien, on préférait le juger en son absence » confie Me Marylou Diamantara qui défend l’un des prévenus.
C’est alors que le président lance « Messieurs les policiers faites évacuer Monsieur Sollacaro ». Nous sommes dans une salle d’audience, le magistrat appelle l’avocat d’un prévenu dans un procès en cours « Monsieur », ce n’est pas anodin. « Il m’appelle Monsieur Sollacaro, faire mettre les mains par les services de police sur la robe de mon père, il a nié ma qualité d’avocat » s’insurge Paul Sollacaro sur France 3.Son père, Antoine Sollacaro, ancien bâtonnier d’Ajaccio, a été assassiné le 16 octobre 2012. Il intervenait dans des dossiers aussi célèbres que l’affaire Colonna ou encore Société méditerranéenne de sécurité (SMS). Par la suite, son fils avait mis en cause le comportement de la police ainsi que de la JIRS (juridiction interrégionale spécialisée) de Marseille. C’est peut-être par là qu’il faut chercher la raison du psychodrame qui est en train de se jouer en pleine salle d’audience car il se trouve que le magistrat Marc Rivet appartenait à cette juridiction.
« Mon confrère est en panique »
« Je trouve détestable de dire qu’il aurait été virulent dans sa prise de parole, car ce n’est pas le cas. Le magistrat a perdu patience, mon confrère a continué d’argumenter calmement et en quelques secondes tout a basculé » se souvient l’avocate, toujours sous le choc. Les deux policiers d’audience bloquent Me Sollacaro dans un coin de la salle. Ils sont rapidement rejoints par plusieurs agents de la pénitentiaire qui ont redescendu le prévenu détenu dans sa cellule sur ordre du président et viennent prêter main forte à leurs collègues. « Le président ne répond plus, mon confrère est en panique, les policiers commencent à l’empoigner, les surveillants pénitentiaires sont cagoulés, c’est impressionnant » raconte Me Marylou Diamantara. C’est alors, et alors seulement selon ce témoin que Me Sollacaro crie au président qu’il n’est pas digne d’être magistrat. Me Marylou Diamantara tient à préciser « il n’y a eu aucun donné acte par le président d’un quelconque outrage durant l’audience ». Sa cliente, une jeune femme de 20 ans sans casier qui comparait libre, fait une crise de panique. « Avec une consoeur, on se met devant la porte de la salle d’audience en demandant aux policiers d’arrêter, ils nous ont poussées, et dans la bousculade, j’ai déchiré ma robe. Il y a surtout cette image que je n’oublierai jamais, celle de mon confrère qui s’accrochait aux montants de la porte pour ne pas être expulsé ». Tous les avocats sortent de la salle et appellent leur bâtonnier. Tandis que les uns calment leur confrère, les autres rédigent un jeu de conclusion de donner acte, avec une demande de renvoi soutenue.
« J’ai peur de ce Monsieur »
Le président refuse les conclusions de donner acte, ce qui est juridiquement impossible en théorie. Le bâtonnier d’Aix-en-Provence Philippe Bruzzo, qui vient d’arriver, reformule la demande de renvoi en invoquant le fait qu’il manque un prévenu et son conseil. Par ailleurs, un autre prévenu avait demandé en vain un avocat commis d’office. A la demande du président, un seul avocat plaide pour toute la défense. « Une consoeur prend la parole pour évoquer la note du président du Tribunal Judiciaire de Paris, Monsieur Jean-Michel Hayat, rappelant suite à un incident similaire à Paris en 2019 qu’expulser un avocat dans l’exercice de son métier est parfaitement illégal ». Le président rétorque, en ricanant, et en substance, que c’est pour ça qu’il n’est pas président du Tribunal judiciaire de Paris (NDLR : Jean-Michel Hayat est aujourd’hui premier président de la cour d’appel de Paris). Le substitut réclame une suspension. A la reprise, c’est le procureur de la république en personne qui vient requérir un renvoi car les débats ne peuvent plus se dérouler sereinement. Le président rejette la demande de renvoi, sur le siège. « Je ne comprends pas son refus, le parquet offrait une porte de sortie, de toute façon on ne pouvait pas juger en l’absence d’un prévenu, de son avocat et alors qu’un autre prévenu était privé de défenseur, on ne pouvait plus prendre l’audience, l’ambiance était délétère » précise Me Marylou Diamantara. La situation est d’autant plus inexplicable qu’il ne s’agit même pas d’un problème de délai, l’ordonnance de renvoi a été rendue en octobre 2020, il était possible de juger le dossier jusqu’en avril prochain. « Ma cliente, qui a 20 ans et pas de casier pleure sur son banc, elle me dit « j’ai peur de ce monsieur » en désignant le juge. Je ne savais pas quoi lui répondre. C’est dramatique. Tous les avocats décident de quitter la salle. Nous refusons d’être complices d’un simulacre de procès dans lequel il manque des prévenus et des avocats ».
Il a expliqué aux prévenus que nous étions des traitres
L’après-midi, le procès reprend. Dans la salle il n’y a plus que le tribunal, le parquet, les prévenus et un journaliste de La Provence. Et puis le bâtonnier venu avec un membre du conseil de l’ordre président de la commission pénale. Le président commence son résumé des faits, puis il passe à l’interrogatoire des prévenus. « Ma cliente demande un avocat commis d’office, le président refuse. Malmené, le bâtonnier finit par quitter la salle » explique Me Marylou Diamantara. La situation devient de plus en plus extravagante. Les avocats sont tous en état de sidération. Pendant ce temps, le tribunal continue à juger comme si de rien n’était. En l’espace d’1h30, le président a interrogé les 10 prévenus, et à 16 heures il demande le réquisitoire. Le substitut réclame une nouvelle suspension. De son côté, le bâtonnier négocie avec le président de la juridiction et le procureur de la république. Tout le monde s’accorde sur la nécessité d’un renvoi et sur le fait que le président doit demander aux prévenus s’ils veulent un avocat commis d’office. Le président rejette une nouvelle fois la demande de envoi en invoquant l’intérêt de certains prévenus qui veulent être jugés aujourd’hui mais aussi l’organisation de la justice qui empêche de reporter le procès pour cause d’agenda surchargé. En revanche, il accepte la demande du bâtonnier de pouvoir commettre des avocats d’office.
« Il aurait pu faire une demande générale, il a choisi de faire venir chaque prévenu à la barre pour leur demander pourquoi ils voulaient un avocat… A cette occasion, il leur a expliqué que nous étions des traitres, que nous avions trahi notre serment de défense et notre robe », raconte Me Marylou Diamantara qui s’insurge : « venir nous dire qu’on est de traitres alors qu’on ne veut pas être témoin de ce déni de justice ! Il ne s’agissait pas ici, de protéger un avocat, mais la démocratie et l’état de droit tout entier…». Le président suspend jusqu’au lendemain 13 heures pour permettre aux avocats commis d’office de prendre connaissance des 10 CD Roms qu’il demande que l’on remette au bâtonnier.
Le vendredi matin tous les avocats se réunissent à l’ordre pour décider de la voie à suivre. Vu le contexte délétère, le bâtonnier d’Aix-en-Provence décide de se désigner lui-même. C’est lui qui se rendra à l’audience, avec le bâtonnier de Nice en renfort. A la reprise de celle-ci, les deux bâtonniers expliquent qu’ils sont les avocats de tous les prévenus présents, mais pas de l’absent car il est jugé par défaut et ne peut donc avoir un avocat commis d’office. Cependant, le dossier fait plus de 3000 cotes, ils n’ont pas le temps d’en prendre connaissance, et notamment d’examiner les éventuels problèmes de conflits d’intérêts. Ils demandent donc le renvoi. Le procureur soutient leur demande. Laquelle est une nouvelle fois rejetée. Le bâtonnier ne peut plus rien faire, il quitte la salle.
« Ma cliente sort en larmes »
Le réquisitoire se déroule dans une salle gardée par des policiers en uniforme appelés en renfort. Motif ? Le président a ordonné le huis clos, les policiers ont l’ordre de ne laisser entrer personne. Ce qu’il se passe alors, ce sont les prévenus qui le racontent à leurs avocats bloqués dehors. « Ma cliente sort en larmes, elle croit en écoutant le parquet que c’est la peine qui vient d’être prononcée. On tente comme on peut d’expliquer à nos clients comment se défendre ». Le procès se termine donc dans une salle interdite d’accès aux avocats où des prévenus qui encourant jusqu’à 10 ans pour ceux qui sont là, 20 ans pour l’absent, sont seuls face à leurs juges. Au terme du délibéré, le tribunal a prononcé des peines particulièrement basses. Excepté pour le prévenu absent qui se voit infliger 4 années d’emprisonnement délictuel et surtout un mandat d’arrêt. « C’est une manière de dire : voyez, nous avons jugé vite et bien ce dossier et personne ne fera appel car les peines représentent la moitié de ce qui aurait pu être prononcé » commente un observateur. Me Diamantara, deux jours plus tard est encore sous le choc. « Il y a un trou béant dans ma robe » confie-t-elle, un trou qui témoigne que tout ceci n’est pas un mauvais rêve. « A l’annonce de la décision Me Paul Sollacaro s’est emporté et a adressé au président des termes virulents qui ont conduit ce magistrat à devoir faire usage des pouvoirs de police »note le procureur dans un communiqué publié vendredi.
Le premier président de la cour d’appel s’est lui aussi fendu d’un communiqué pour signaler un « incident d’audience grave » et accuser l’avocat d’avoir proféré des « invectives et attaques personnelles virulentes ».
« Ces deux communiqués sont incompréhensibles, en particulier celui du procureur de la république qui nous a soutenus, en personne, et plusieurs fois à l’audience dans nos demandes successives de renvoi. Je note cependant qu’aucun des deux ne parle d’outrage mais évoque simplement des « propos virulents » dont ils n’ont pas été témoins personnellement », souligne l’avocate. Elle ne s’explique toujours pas ce qui a pu se passer. « J’ai rencontré ce magistrat quand il était juge d’instruction, il était remarquable. En janvier il est devenu président de chambre correctionnelle. Depuis, il a toujours été accessible et respectueux de la robe. Et soudain, il est devenu irrespectueux de tout ». Elle n’est pas la seule à penser ainsi. D’autres avocats dont le bâtonnier d’Aix-en-Provence lui-même confirment que c’est un homme intelligent, excellent juriste et grand magistrat. Personne ne comprend ce qui apparait comme un bras de fer. Voire un suicide professionnel. Le sentiment général sur place est celui d’un désastre judiciaire.
Un acte d’intimidation et de violence sur la personne d’un avocat
L’affaire a de loin dépassé les frontières régionales. La Conférence des bâtonniers, le CNB et le bâtonnier de Paris ont réagi, ainsi que de très nombreux barreaux et autres instances représentatives de la profession d’avocat.
Me Paul Sollacaro a porté plainte pour violences aggravées.
L’émotion dans la profession est grande. «C’est un acte d’intimidation et de violence sur la personne d’un avocat, doublé d’une violation consciente et délibérée des droits de la défense » relève Vincent Nioré, vice-bâtonnier élu du barreau de Paris et défenseur inlassable de ses confrères quand il était le délégué du bâtonnier aux perquisitions dans les cabinets. « Certes, la quasi-totalité des magistrats ne se conduit pas de cette façon. Mais il faut constater que ce type de grave incident a tendance à se répéter dans un contexte d’asphyxie de la justice et de tensions exacerbées entre les acteurs du monde judiciaire ». L’affaire est remontée jusqu’à ma Chancellerie. « J’ai demandé au directeur des services judiciaires du ministère de la Justice de prendre l’attache du Premier président de la cour d’appel d’Aix afin qu’il entend le président de l’audience en question » a confié le garde des sceaux Eric Dupond-Moretti au quotidien La Provence.
Ce matin dans sa matinale d’Europe 1, Sonia Mabrouk a reçu Mélanie Luce, la jeune présidente de l’Unef. Déroulant ses questions comme un rouleau compresseur, Sonia Mabrouk a mis au jour les dangereuses contradictions du syndicat étudiant.
L’interview a commencé en douceur, ce qui dans la matinale de Sonia Mabrouk n’est souvent pas bon signe pour l’invité. « L’augmentation des bourses et des aides au logement, c’est ça l’urgence. Il faut des mesures qui permettent d’avoir de l’argent dans les poches des étudiants et de manière immédiate », réclame Mélanie Luce. Et puis vient déjà le moment de la deuxième question : « Pour les auditeurs qui ne vous connaîtraient pas, vous vous présentez comme la première présidente « racisée » de l’Unef. A quelle catégorie raciale estimez-vous appartenir ? »
« Cela signifie que je ne suis pas blanche, et que je suis la première personne non-blanche à diriger l’Unef », explique Mélanie Luce, ajoutant qu’il ne s’agit pas d’une « race biologique » mais d’une « race sociale », c’est-à-dire ce à quoi (la couleur de peau) chacun serait renvoyé dans la société. « En vous présentant ainsi, vous validez vous-même cette assignation racialisante… », rétorque Sonia Mabrouk. Pour Mélanie Luce, il ne s’agirait que d’un « constat ». Rappelons ici ce que la réponse de Mélanie Luce a de fondamentale. Il s’agit du cœur nucléaire de ce qu’on appelle « l’identité victimaire », soit le fait de se définir non pas positivement, mais négativement, c’est-à-dire de la façon – évidemment oppressive – dont vous prétendez que les autres vous voient.
A partir de là, le cafouillage rhétorique commence à s’installer chez la jeune présidente de l’Unef. L’intervieweuse quant à elle semble savoir parfaitement où elle va : « vous estimez qu’il y a un racisme institutionnel venant des blancs ? Vous vous présentez comme « non-blanche » donc je me permets de vous demander s’il existe un racisme venant des blancs à votre égard ? »
« Le constat qu’on fait, c’est que nous sommes dans une société qui reproduit les discriminations, qui reproduit le sexisme. Aujourd’hui on a un écart de salaire entre les femmes et les hommes… » Et Sonia Mabrouk d’anticiper le changement de sujet : « Je vous parle du racisme. Existe-t-il un racisme d’Etat ? »« Vous voulez que je vous réponde ? », rétorque la jeune femme, comme pour essayer de gagner du temps. « Oui, j’aimerais bien, directement si c’est possible », répond la journaliste avec un sourire un brin carnassier.
Le combat est certes pour partie inégal. Malgré ses éléments de langage, la jeune fille de 24 ans n’est pas taillée pour un entretien sur le fil du rasoir. Sonia Mabrouk est une professionnelle de l’interview et elle va le montrer en déminant les réponses préfabriquées de Mélanie Luce. Exemple avec ce piège à double détente : « j’imagine que vous dénoncez toute forme de racisme ? » Réponse à la fois évidente et suicidaire de l’intéressée : « Bien sûr ». L’auditeur averti connaît déjà la question suivante et elle arrive une demi-seconde plus tard : « Y compris le racisme anti-blanc ? » Le piège est refermé.
Mélanie Luce a désormais le choix entre deux contradictions : soit elle répond par l’affirmative et contredit le postulat de base de l’indigénisme (le racisme anti-blanc n’existe pas car il n’est pas systémique), soit elle répond par la négative et contredit sa phrase précédente. C’est pour ce dernier choix qu’elle opte : « Alors…attention…je pense que la question c’est… ». « Ah, attention ? », jubile Sonia Mabrouk.
A partir de là, il ne reste plus à Sonia Mabrouk qu’à dérouler en appuyant sur le nœud de contradiction rhétorique duquel la jeune représente de l’Unef n’arrivera plus à se délivrer. « Le premier à avoir parlé de racisme anti-blancs, c’est Jean-Marie Le Pen », explique Mélanie Luce pour tenter de disqualifier l’expression. « Oui oui, bien sûr…je vois bien l’extrême droite… », rétorque la journaliste avant d’enchaîner sur les réunions « en non-mixité » (donc interdites aux blancs) organisées par le syndicat étudiant. Complètement débordée, la jeune femme interroge la journaliste : « est-ce que vous voulez des vraies réponses ? » Et Sonia Mabrouk, intraitable : « Je les attends depuis toute à l’heure, à vrai dire. »
Après moult tentatives d’esquives et de contorsions, la présidente de l’Unef est obligée d’admettre, à grands renforts d’explications louches, que l’Unef organise des réunions interdites aux blancs. Reste encore à avaler la polémique de l’IEP de Grenoble dans laquelle l’Unef a relayé les photos des professeurs pris pour cibles sur les réseaux : « Vous apportez ce matin votre soutien clair et franc à ces deux professeurs dont les noms ont été placardés sur les murs au nom d’une prétendue islamophobie ? »Et Mélanie Luce de répondre : « Mon soutien face aux menaces qu’ils peuvent subir, oui, par contre…il y a deux sujets… »
« Ah, il y un mais ? », enchaîne Sonia Mabrouk avant d’ajouter : « Est-ce que vous pensez que l’islamophobie tue aujourd’hui dans notre pays ? » Question quasi rhétorique à laquelle Mélanie Luce répond en ciblant l’extrême droite. « Madame Mélanie Luce, après les accusations d’être islamophobes, Charb et ses amis ont été tués à Charlie Hebdo. Après avoir été accusés d’être islamophobe, l’enseignant Samuel Paty a été décapité dans notre pays. Je vous pose une nouvelle fois la question. Qu’est-ce qui tue dans notre pays : l’islamophobie ou l’islamisme ? »
L’échange se poursuivra encore quelques minutes, mais en réalité, il a déjà cessé. Sonia Mabrouk vient de démontrer que l’agressivité n’est pas nécessaire pour pousser un invité dans ses retranchements. Poser les bonnes questions au bon moment suffit. La présidente de l’Unef est KO debout. C’est le problème des interviews en mixité !
La machine d’Anticythère, premier « calculateur analogique », est vieille de 2 000 ans et dépasse ce que l’on pensait savoir des technologies grecques antiques. Les mécanismes de la machine restent très mystérieux, les reconstituer est un travail infiniment complexe.
La machine d’Anticythère, vieille de plus de 2 000 ans, est le tout premier mécanisme de calcul analogique à notre connaissance. Issu de l’Antiquité grecque, un seul exemplaire a été mis au jour par les archéologues, en 1901, au sein d’une épave proche de l’île d’Anticythère. Grâce à des engrenages actionnés manuellement, la machine permettait d’anticiper les mouvements des planètes connues à l’époque (Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne), ainsi que ceux du Soleil et de la Lune, afin d’en calculer les positions astronomiques et de les mettre en rapport avec le calendrier des événements — quand devaient se tenir les Jeux olympiques, par exemple.
Malheureusement, l’appareil a été retrouvé incomplet : les fragments en notre possession ne représentent qu’un tiers de la machine d’Anticythère. À ce problème s’ajoute l’impossibilité de démonter la machine sans l’endommager — elle est bien trop précieuse pour cela. C’est là qu’intervient le travail inédit d’une équipe de recherche de l’UCL (University College of London).
Dans un papier de recherche publié le 12 mars 2021 dans Scientific Reports, l’équipe décrypte la reconstruction numérique de l’appareil, à partir des scans précédemment réalisés de l’appareil. Au XXè siècle, d’autres tentatives de reconstruction ont eu lieu, mais très infructueuses car les scientifiques n’avaient que peu d’informations sur le fonctionnement de l’appareil et les calculs sur lesquels il repose. Or, les scans tomographiques (la reconstruction d’un volume à partie de mesure) menés il y a quelques années ont révélé, au sein même des inscriptions cachées dans la machine, des données mathématiques sur son fonctionnement.
« Notre défi consistait à créer un nouveau modèle correspondant à toutes les preuves qui subsistent », expliquent, dans le papier, les six scientifiques menant ce projet.
Ils ont donc combiné les données découvertes par tomographie avec les calculs de Michael Wright, un conservateur qui avait construit une réplique incomplète par le passé, et avec les calculs astronomiques du philosophe grec antique Parménide. Ce dernier choix est crucial : pour reconstruire réellement la machine, il est impératif de reprendre les modalités de conception de l’époque. Il faut donc que la base mathématique soit celle des postulats de l’Antiquité grecque, à savoir, notamment, l’idée complètement invalidée que tout tourne autour de la Terre.
« Notre travail révèle que le mécanisme d’Anticythère provient d’une magnifique conception, dont la superbe ingénierie aboutit à un dispositif de génie. Il remet en question toutes nos idées préconçues sur les capacités technologiques des Grecs de l’Antiquité », explique l’équipe de recherche. La reconstitution numérique montre en effet que les mécanismes sont d’une précision millimétrée, jusqu’à faire tenir parfaitement un mécanisme d’engrenages superposés dans un compartiment d’à peine 2,5 centimètres de profondeur.
Durant leur reconstitution, les scientifiques ont pu constater que la machine d’Anticythère constituait un recueil astronomique « stupéfiant » : elle calculait les longitudes écliptiques de la Lune, du Soleil et des planètes ; les phases de la Lune ; les phases synodiques des planètes ; les éclipses (possibilités, heures, caractéristiques, années et saisons) ; les levers et couchers héliaques d’étoiles et de constellations importantes.
L’équipe de recherche a également remarqué que les erreurs dans le mécanisme ne proviennent pas de mauvais calculs géométriques, mais simplement du géocentrisme, la théorie erronée des Grecs voulant que la Terre soit au centre. À cause de ce mauvais postulat, le mouvement des corps était beaucoup plus difficile à prédire. Mais les calculs géométriques eux-mêmes étaient très bons.
Le prochain objectif de ces scientifiques est de s’appuyer sur leur reconstitution numérique pour procéder à une reconstruction physique de la machine — ce qui aboutirait à bien plus de révélations encore sur les mécanismes.
Un incendie a détruit mercredi dernier les locaux strasbourgeois d’OVH, un hébergeur de données. Aussi étrange que cela puisse paraitre, ce fait divers m’a plutôt rassuré.
Un incendie a détruit mercredi dernier les locaux strasbourgeois d’OVH, un hébergeur de données (ou data center). Aussi étrange que cela puisse paraitre, ce fait divers m’a plutôt rassuré. C’est la transition de ce matin.
Il faut dire que quelques jours plus tôt, j’avais vécu un moment surréaliste au téléphone, avec tout ce que ce terme suppose d’absurde et de poésie :
allo, la SNCF. Je voudrais réserver un billet. J’ai essayé de le faire sur votre site mais à chacune de mes tentatives, un message d’erreur apparait.
bonjour monsieur. Vous êtes allé sur quel site pour acheter votre billet ?
sur le site Oui Sncf.
et bien dans ce cas, il faut que vous les appeliez !
ah bon ? Mais je ne suis pas à Oui Sncf ?
non ! Nous c’est Sncf !
!?!
Cette anecdote est 100 % véridique. Elle m’a plongé dans une profonde perplexité. Comment une entreprise peut-elle héberger, sous le même nom, deux entités distinctes dont la finalité est la même, à savoir vendre des billets de train ? Il y a sans doute d’excellentes raisons mais elles ne sautent pas aux yeux. A moins qu’il s’agisse avant tout de décourager les clients d’appeler les plateformes téléphoniques avec de vrais humains au bout du fil, pour les obliger à ne plus passer que par internet.
N’est-ce pas ainsi que le monde de l’entreprise évolue, en dématérialisant à outrance une partie de ses activités ? En les confiant à des serveurs et à des robots ? Après tout, c’est ce qui m’est arrivé il y a quelques mois à Radio France avec mes fiches de paie. Jusqu’à présent, la DRH me les envoyait par courrier. Désormais, elles sont stockées dans le cloud, et c’est comme si mon salaire était devenu virtuel.
Ce processus de dématérialisation n’est pas nouveau. Il y a tout juste 20 ans, le patron d’Alcatel, Serge Tchuruk, avait créé la sensation en prophétisant l’avènement de l’entreprise sans usines. Cette stratégie avait un nom : le ‘’fabless’’. Son but : tout miser sur la conception des produits, la matière grise, et déléguer la fabrication, considérée comme moins noble, à des sous-traitants.
Certes, 20 ans plus tard, les usines n’ont pas disparu, mais cette idée d’une virtualisation de l’entreprise, elle, reste plus que jamais d’actualité. Exemple radical : celui de la marque californienne Fashion Nova, qui ‘’propose entre 600 et 900 nouveaux modèles de vêtements par semaine. Pourtant, elle n’existe que par un site web de vente en ligne. Toute l’activité de création et de production est déléguée à un réseau de plus de 700 sous-traitants’’.
Dans son rapport ‘’Scénarios de rupture à l’horizon 2040’’ (qui évoque justement le cas de Fashion Nova), le think tank Futuribles, spécialisé dans la prospective, anticipe une accélération de la dématérialisation et de l’automatisation de la force de travail dans les prochaines décennies. Y compris dans le domaine de la matière grise. Ainsi, selon Futuribles, on pourrait voir apparaitre en 2040 le 1er algorithme capable de concevoir et de gérer, seul, la commercialisation d’un produit. La ‘’recherche et développement’’ déléguée à une intelligence artificielle.
Bref, le numérique, l’IA, la robotisation…vont continuer à bouleverser en profondeur le monde de l’entreprise. Et de mes mésaventures avec la SNCF, j’en suis venu à imaginer un monde façon Brazil ou Métropolis, entièrement mécanisé, totalement déshumanisé. Cauchemardesque….
…mais stop ! Voilà que l’incendie qui a ravagé les locaux de l’entreprise OVH la semaine dernière à Strasbourg est venu me tirer de ce mauvais rêve. Le sinistre n’a heureusement pas fait de blessés, mais une partie des données hébergées par ce data center est partie en fumée. Et bien le fait d’apprendre que la dématérialisation a des limites, que le web n’est pas qu’une abstraction mais a aussi une existence physique, capable de brûler ; le fait de comprendre que le virtuel, c’est aussi du concret, que le réel existe, voilà qui m’a durablement rassuré.
J’espère juste que mes fiches de paie n’étaient pas hébergées dans leur cloud.
INDEMNISATIONLe 26 janvier 2019, le «gilet jaune» Jérôme Rodrigues avait été touché à l’oeil par un éclat d’une grenade de désencerclement lancé par un policier. « Une justice spécialisée dans les violences policières commence à se faire jour », s’est félicité son avocat
Dans ce dossier, un policier a été mis en examen le 14 janvier par les juges d’instruction chargés depuis février 2019 d’établir les responsabilités dans la mutilation de Jérôme Rodrigues, place de la Bastille lors de l’acte 11 des «gilets jaunes».
30.000 euros « à titre provisionnel au regard de la gravité de ses blessures »
Après un long travail d’enquête, basé sur des recoupements vidéos et des témoignages, le policier soupçonné d’avoir lancé la grenade de désencerclement, dont un éclat a frappé l’oeil de Jérôme Rodrigues, a été mis en examen pour «violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente», aggravées par plusieurs circonstances. Une qualification criminelle relevant des assises.
Le 11 mars, la Civi a estimé qu’il était désormais possible d’allouer 30.000 euros à Jérôme Rodrigues «à titre provisionnel au regard de la gravité de ses blessures», contre l’avis du ministère public qui avait demandé d’attendre la fin de l’information judiciaire avant de statuer sur cette demande.
Selon la Civi, «il est établi que Jérôme Rodrigues a été blessé par un tir de grenade (…) qui présente le caractère matériel d’une infraction de violences, alors que la légitime défense ne peut être opposée» à Jérôme Rodrigues, pas plus qu’un acte qui aurait été légitimement accompli dans l’exercice du maintien de l’ordre, «ni même une faute» qu’il aurait commise.
Les débuts d’une « justice spécialisée dans les violences policières »?
Les experts ont notamment fait «le constat d’absence de comportements violents ou hostiles de (M. Rodrigues) ou des personnes qui se trouvaient à proximité de lui, tandis que les policiers étaient la cible de manifestants se trouvant à un endroit bien différent de la place de la Bastille», selon cette décision.
Pour fixer le montant de l’indemnisation définitive, la Civi a ordonné une expertise qui doit être rendue en septembre. Pour l’instant, une expertise ordonnée dans le cadre de l’information judiciaire a évalué le préjudice du «gilet jaune» à «un déficit fonctionnel permanent de 25%». «Une justice spécialisée dans les violences policières commence à se faire jour, intégrant l’indemnisation des victimes dont les vies sont détruites par l’appareil policier» s’est félicité l’avocat de Jérôme Rodrigues, Me Arié Alimi.
Partager la publication "Justice : 30.000 euros d’indemnisation provisoire pour Jérôme Rodrigues, «gilet jaune» éborgné"
L’incendie qui a en partie détruit un datacenter du groupe OVHCloud à Strasbourg dans la nuit du 9 au 10 mars dernier a privé depuis de très nombreux clients de leurs sites internet. Et les gestes commerciaux ne sont pas à la hauteur des attentes.
Mathilde Picouret est une jeune vendeuse sur internet, installée à Urville-Nacqueville. Son domaine : les bijoux envoyés aux quatre coins de France après des commandes passées via le site marchand de sa marque La pie qui court. Seulement depuis le milieu de la semaine dernière, son activité est paralysée. « En me levant, je me suis rendu sur mon site mais il n’était plus actif. J’ai fait le rapprochement avec les informations concernant l’incendie du datacenter à Strasbourg ».
Rapidement Mathilde Picouret est informée par l’entreprise que son site était hébergé sur un serveur qui a été totalement détruit dans l’incendie. Autrement dit, toutes les données sont perdues. « Pour moi c’est un vrai préjudice car ce sont tous mes fichiers clients et mes contacts qui ont disparu », soupire la jeune femme.
Un préjudice estimé à 2000 euros
Dans son malheur, Mathilde Picouret a la chance de pouvoir compter sur un conjoint qui s’y connaît en informatique et qui travaille d’arrache-pied depuis maintenant une semaine pour recréer lui même un site marchand pour sa compagne. Cela lui évite des frais de création de site mais le préjudice économique reste lourd pour sa petite entreprise. « Si nous parvenons à lancer notre nouveau site marchand d’ici la fin de cette semaine, j’estime que j’aurai perdu environ 2000 euros », précise Mathilde Picouret.
Et ce n’est pas le « geste commercial » consenti par OVHCloud qui lui permettra de compenser cette perte! « Ils m’ont proposé _un avoir de 30 euros, autrement dit, la gratuité pour six mois d’hébergement de mon site, si je reviens chez eux_« , sourit la jeune femme avant de conclure, « il est hors de question de leur faire à nouveau confiance. J’irai chez un autre hébergeur, et je prendrai l’option garantie de sauvegarde ».
Partager la publication "LA GENEROSITE HORS NORME D’O.V.H…"
La peur de ce qui se produira une fois que tout ce cirque se finira enfin a remplacé la peur d’une maladie dont tout le monde ou presque a pris la correcte mesure.
Qui eût cru que la France aurait pu rester paralysée de peur pendant une année ? Un an. Un an de vie entre parenthèses, suspendue à la bonne volonté du Prince et de sa cour. Un an à attendre sagement les annonces sanitaires et gouvernementales. Un an à avancer dans le brouillard en courbant l’échine, en baissant la tête, en attendant que ça passe.
Un an que la France est une vraie poudrière, mais que l’étincelle ne se produit pas. Un an que tout le monde a peur, non pas seulement du virus, mais aussi de l’énorme explosion sociale qui pourrait se produire n’importe quand. Un an à vivre dans la peur de se réveiller dans un chaos généralisé. Un an à attendre que le pays s’embrase.
Cela fait belle lurette que la peur a changé, que la peur de ce qui se produira une fois que tout ce cirque se finira enfin a remplacé la peur d’une maladie dont tout le monde ou presque a maintenant pris la correcte mesure.
Et pourtant, ce ne sont pas les occasions de mettre le feu aux poudres qui ont manqué, entre les privations de libertés, les incohérences, les mesures humiliantes, les consignes vexatoires et les réelles difficultés ayant pour bon nombre de nos concitoyens dépassé depuis longtemps la cote d’alerte.
Il n’y a en fait qu’une seule raison pour laquelle ce pays n’explose pas. Il ne s’embrase pas parce que le noyau d’agitateurs indispensable à toute révolte, à tout mouvement, à toute révolution, ce noyau de Robespierre et de Louise Michel n’existe pas.
L’extrême gauche, comme l’extrême droite, ne sont que des vastes blagues, des salons d’intellectuels et de politiciens calculateurs peut-être forts en mots mais que le modèle d’État-nation centralisé et son cortège de privilèges et de petits pouvoirs arrangent bien en fin de compte.
Il est assez stupéfiant de comparer le nombre d’exhortations à la révolte et à la désobéissance civile qui pullulent sur tous les réseaux sociaux et la mollesse, si ce n’est la totale absence de concrétisation de ces appels qui semblent pourtant rencontrer une large et franche approbation.
Est-ce que les esprits ont besoin de s’échauffer plus que cela ? Est-ce qu’il manque un élément déclencheur fort et symbolique ? Est-ce que la peur a eu finalement raison des velléités révolutionnaires ?
LE MYTHE DE LA RÉVOLUTION
La France vit depuis 230 ans dans le mythe de la Révolution et cela fait bien longtemps que cette institutionnalisation de la révolte populaire est devenue un élément fondateur du pouvoir en place.
Cette peur de l’absolutisme, caricaturé comme le pire destin qui pourrait arriver à notre pays, le fige dans la peur de la fin de la Révolution populaire, qui serait l’aveu public d’un échec politique total.
Le pays des Droits de l’Homme et du Citoyen ne peut pas devenir un pays comme les autres. C’est impensable, inadmissible, inenvisageable. La France sombrera plutôt que d’admettre qu’elle s’est trompée, que son utopie de pays de cocagne n’est plus qu’un vague souvenir, une illusion passée, un rêve.
La France qui a fait la Révolution, ne peut qu’avoir raison, qu’être le phare du monde, la meilleure partout et en tout. Et qu’importe la réalité, elle préfère mentir, mentir à outrance plutôt que d’admettre la vérité : ce pays est fichu. Ce pays n’est même plus l’ombre de la puissance mondiale qu’il a été. Ce pays n’est plus qu’une caricature d’arrogance et de prétention.
LA CITÉ DE LA PEUR
La vraie peur, celle qui paralyse ce pays et qui l’empêche de réagir au traitement surréaliste que l’équipe au pouvoir lui fait subir et qui n’est même pas digne du management d’un club de majorettes, c’est la peur de la réalité.
Pour éviter de nommer la vraie peur et d’admettre la réalité, on s’invente des fausses peurs, des peurs qu’il ne coûte pas cher d’avoir et qui permettent de recréer cette illusion de maîtrise d’un monde qui nous échappe. Surtout, on s’invente des peurs qu’il est valorisant de combattre.
Une bonne partie d’entre elles, fantasmées et bienséantes, se sont retrouvées dans l’écologisme. Peur de l’apocalypse climatique, de la malbouffe, des OGM, du nucléaire, de la viande, du cholestérol et des maladies cardio-vasculaires, peur du tabac et du cancer, de l’alcool, peur de l’artificiel et de l’industriel, peur des pesticides, peur de tout.
L’écologisme est sans aucune conteste le parti de la trouille pathologique, où la moindre petite chose est synonyme de fin du monde et de catastrophes planétaires.
Mais il n’est pas le seul. La gauche entretient depuis des années la peur panique du fascisme, tout comme la droite entretient depuis des années la peur panique de l’invasion étrangère.
Comment ensuite s’étonner de l’absence de personnel politique courageux, dans un pays où le moindre menu dans les cantines, le moindre vêtement, la moindre phrase sont jugés sur un seul critère, celui de la peur érigée en mètre étalon de la valeur de toute chose.
LE BUSINESS DE LA HONTE
Cette peur est devenue tellement banale, tellement normale, qu’elle s’est structurée en un véritable business. Comment s’étonner du succès des émissions de télé-réalité, quand l’incohérence, la honte et la fuite des réalités sont devenues le quotidien de la vie publique de ce pays ?
Les Marseillais ont remplacé les Guignols. Mais c’est pour singer le même tableau : celui d’un spectacle pitoyable qu’il est bon d’exorciser par le rire et la moquerie. Cela nous évite de nous regarder en face, nous conforte dans le constat qu’il y a encore plus nul et plus pitoyable, plus honteux et plus peureux que le spectacle que nous observons dans notre quotidien.
Jean-Jacques Rousseau opposait deux réactions face au monde : l’amour propre et l’amour de soi. Critiquant le paraître pour sublimer la pureté et la beauté de l’amour véritable, il a dans son ode au beau entraîné le pays dans le déni de réalité et l’autodestruction qui sévissent depuis.
Le beau n’est pas un critère objectif ou une mesure universelle. Ce n’est pas parce qu’une assiette de cantine est décrétée belle, conforme aux canons de la beauté et de la morale (respectueuse de l’environnement, responsable, bio, sans OGM, sans huile de palme, sans viande, etc. etc.) qu’elle sera ce qu’il convient à l’écolier qui la consommera, pour les cuisiniers qui la prépareront et la serviront et pour tous les acteurs, économiques, éducatifs, familiaux, etc. qui participeront à ce qu’elle devienne réalité.
Ce cercle vicieux est devenu un véritable business, autant pour les marchands de savon que pour les politiciens.
RÉVOLUTION OU SÉCESSION ?
Il n’y a pas à s’étonner que le monde politique entretienne la peur et la honte. Ces moyens sont beaucoup plus efficaces que la coercition et la violence. Utilisés en même temps, ils deviennent des armes de soumission redoutables.
Il n’y a pas plus à s’étonner que les gens ne sortent pas de la petite contemplation de leur chez-soi, qu’ils ne se rebellent pas et ne défilent pas dans les rues.
Mais tout est une question de dynamique. Petit à petit, le fossé se creuse de plus en plus entre le parti du beau et le parti du bon, entre le quinoa et l’entrecôte, entre l’éolienne et l’appartement bien chauffé, entre la sécurité d’un monde bâti sur la peur de tout, sur la généralisation du principe de précaution et la liberté, entre la ville et la campagne, entre Paris et les régions.
Cette fracture sociale explique à elle seule pourquoi le pays n’a pas encore explosé, pourquoi les Français préfèrent rire et se moquer des prestations télévisuelles pitoyables du pouvoir plutôt que d’aller dans la rue : le mouvement qui se profile n’est pas celui d’une révolution, mais celui d’une sécession.
Les sondages récents sur les intentions de vote pour les élections régionales le montrent d’ailleurs très clairement : les partis en tête pour les élections présidentielles sont bien à la peine pour les élections régionales.
Si l’embrasement se produit (et tant de choses portent à croire qu’il se produira), il n’aura lieu que dans une dynamique de fracture, d’opposition des territoires contre le pouvoir central. Mais pour l’instant, la ligne rouge n’a pas encore été franchie comme cela avait été le cas avec l’augmentation du prix du carburant et la suite que l’on connaît sur les ronds-points.
Le Président de la République vient d’annoncer une réforme de l’ENA permettant à 6 jeunes défavorisés par promotion de devenir énarques en passant par un concours spécial… Et pourtant, souvenons-nous, le 25 avril 2019, à la sortie du mouvement des Gilets Jaunes, Emmanuel Macron déclarait : « Je pense qu’il faut supprimer, entre autres, l’ENA » « pour bâtir quelque chose qui fonctionne mieux ». Il ajoutait même : « Je souhaite que nous mettions fin aux grands corps ». Une annonce qui semblait contenter tout le monde, car cette école bien qu’elle forme l’Elite de nos administrations n’a pas réussi à former des gestionnaires qui ne fassent pas de la France le pays le plus taxé et le plus dépensier d’Europe. L’ancienne directrice de l’école, Madame Loiseau, déclarait même être « soulagée » de la suppression de l’ENA.
Sauf que, 2 ans plus tard, le Président de la République en visite à l’IRA (l’Institut régional d’administration) de Nantes a annoncé le développement d’une filière « talents », dès la rentrée de septembre 2021, dans les 5 écoles de la haute fonction publique… ENA comprise. Il s’agit ici de réserver des places aux candidats issus de milieux modestes. 700 places « talents » existent déjà dans les écoles de la haute fonction publique et Emmanuel Macron a annoncé son intention de les porter à 1 700 dès septembre prochain et de doubler leur allocation de 2 000 à 4 000 euros par an. En parallèle, un recrutement distinct avec un concours « talents » sera développé.
Plus question de supprimer l’école donc. Pourtant, en 2020, il y a bien eu « des ajustements du contenu de la scolarité de l’ENA » avec le développement de stages dans les PME notamment… Le ministère de la Transformation et de la Fonction publique précisait d’ailleurs que ces changements ne « constitu[ai]ent pas en soi la réforme d’ensemble qui sera annoncée en 2021 par le gouvernement ». De réforme importante point. Le gouvernement compte bel et bien enterrer la suppression de l’ENA et de son célèbre classement de sortie qui emmène à vie dans les grands corps de l’Etat que sont l’Inspection des finances, le Conseil d’Etat et la Cour des comptes sous une couche de communication pour la diversité et l’égalité des chances…
Amélie de Montchalin, la ministre de la Transformation et de la Fonction publique, a beau expliquer le 11 février sur BFMTV que son « enjeu, c’est de supprimer l’entre-soi, c’est de supprimer le corporatisme, c’est de supprimer tout ce qui ne va pas » à l’ENA, on comprend ce qu’il en est. Et ce n’est d’ailleurs pas étonnant puisque c’est la troisième fois en trois quinquennats que les grands corps de l’Etat ont eu la peau de la réforme de l’ENA. Déjà avant le Président Macron, Nicolas Sarkozy et François Hollande se sont cassé les dents sur la réforme de l’ENA et du classement de sortie. A chaque fois c’est donc la haute administration qui gagne le match.
La France est le seul pays développé doté d’une école de formation des hauts fonctionnaires avec entrée directe à vie dans les grands corps et les administrations centrales, comme l’ENA. A minima, une solution aurait été de supprimer le fameux classement de sortie. Le rapport Thiriet qui était censé préfigurer l’organisation de la suppression de l’ENA proposait d’ailleurs de lui préférer des entretiens d’embauche entre les jeunes diplômés et les administrations et un accès aux grands corps seulement accessible au bout de trois ans. Quand verrons-nous la vraie suppression de l’ENA ?
On ne sait pas tout sur le Covid-19, mais après un an de tâtonnements, de recherches, et d’expériences abondantes et variées aussi bien dans le champ médical que dans le domaine de l’adaptation de la société à la pandémie via les mesures de distanciation sociale, de confinement et de couvre-feu, on en sait néanmoins beaucoup :
· Selon les données de l’INSEE et de Santé publique France, la maladie n’induit aucune mortalité significative chez les moins de 65 ans. L’âge moyen des victimes du Covid est de 82 ans et 80 % des décès concerne les plus de 75 ans.
· Outre le caractère extrêmement discriminant de l’âge, il existe des facteurs de risque (trisomie 21, mucoviscidose, transplantation rénale ou pulmonaire, obésité, etc.) qui sont maintenant bien identifiés et qu’il est possible de prendre en charge spécifiquement.
· La campagne de vaccination commence à monter en charge et concerne précisément les personnes âgées et les personnes à risque avec extension imminente en direction des 50 à 64 ans (médecins, pharmacies, médecine du travail) et les 65 à 74 ans (en avril). D’après le Premier ministre, deux tiers des plus de 75 ans pourraient être vaccinés d’ici fin mars et les 50 ans et plus auront eu accès à une première injection d’ici mi-mai.
· Les Français se montrent de moins en moins hostiles aux vaccins anti-Covid malgré l’évidente nouveauté technologique des produits développés par Pfizer-BioNTech ou Moderna. De 40 % en décembre 2020, la part des personnes souhaitant se faire vacciner est montée à 61 % dans un récent sondage Odoxa pour Le Figaro. Chez les plus de 65 ans, le taux s’élève même à 77 %.
· En dehors de l’âge et des situations à risque, le fait d’être contaminé n’implique nullement que l’on soit gravement malade. Tout dépend de la charge virale et de la réponse immunitaire de chaque personne. De ce fait, le nombre global des contaminations qui sert d’indicateur principal pour évaluer la pression épidémique tend à exagérer la gravité réelle de la situation sanitaire et à créer un climat anxiogène dans la population. C’est pourtant le chiffre privilégié par le gouvernement dans ses communications.
· Sachant que les restrictions de déplacements et de réunion furent également dictées par les contraintes hospitalières, il y a lieu de se mettre à réfléchir à la meilleure façon de rendre les capacités d’accueil à l’hôpital plus adaptables aux circonstances qu’elles ne le sont actuellement.
· On commence aussi à prendre conscience que les confinements, les couvre-feux et les politiques de précaution dites « Zéro Covid » (confinement pur et dur pendant 3 ou 4 semaines pour pouvoir tout ouvrir après) échouent à faire barrage à la circulation du virus. La Nouvelle-Zélande, pays loué pour son intransigeance première, en est au troisième confinement strict d’Auckland (soit un tiers du pays) et constitue une excellente démonstration de la parfaite inutilité de mesures ultra-handicapantes prises à titre préventif.
· En revanche, on sait maintenant que ces mêmes confinements, couvre-feux et autres opérations musclées de restriction des réunions et déplacements sont d’une efficacité redoutable pour casser une économie, casser des vies et jeter les gens de tous âges dans la dépression et l’angoisse. Au point d’avoir provoqué neuf mois après le premier confinement un recul des naissances de 13 % en janvier 2021 par rapport à janvier 2020 (53 900 bébés contre 62 180), du jamais vu depuis 1975, fin du baby-boom.
Ainsi que j’ai déjà eu l’occasion de l’écrire, la conjonction de tous ces éléments positifs et négatifs pointe tous les jours un peu plus dans une seule direction démocratiquement soutenable, celle de la fin de l’état d’urgence sanitaire, lequel, vivante image d’un régime autoritaire obsédé d’hygiénisme, autorise le gouvernement à prendre pratiquement toutes les mesures de restriction qu’il souhaite en matière de déplacement et réunion des personnes, d’activités des entreprises, de réquisitions des biens et services et de fixation des prix.
Ce n’est absolument pas le moment de songer à des reconfinements aussi partiels qu’inutiles et destructeurs, lancés parfois par pur affichage politique comme on a vu Mme Hidalgo le faire pour se rétracter hypocritement le lendemain, mais celui de redonner aux individus leur capacité de prendre leurs décisions eux-mêmes pour se protéger, se faire soigner et retrouver enfin le cours de leur vie.
Et ce n’est certainement pas le moment de chercher à aggraver la contrainte sociale dure des restrictions de mouvement par la nouvelle contrainte sociale « soft » des passeports sanitaires en échange de la promesse de pouvoir « tout rouvrir ».
Or c’est pourtant ce que M. Macron (mais il n’est pas le seul) se propose tout tranquillement de faire, comme si c’était parfaitement naturel, intelligent, pragmatique – la marque admirable de l’homme d’État authentique et courageux qui a déclaré la guerre au Covid et qui ne reculera pas.
En marge du Conseil européen de jeudi et vendredi dernier, il a en effet annoncé une possible généralisation obligatoire de l’appli TousAntiCovid par laquelle les citoyens seraient non seulement tracés pour identifier les cas contacts mais soumis à la production d’une attestation vaccinale ou d’un test négatif datant de moins de 48 ou 72 heures pour avoir le droit d’entrer dans tel ou tel établissement accueillant du public – tout cela pour notre protection naturellement (vidéo du tweet, 01′ 50″) :
Il existe deux catégories d’objections au pass sanitaire : les conjoncturelles et les fondamentales.
En ce qui concerne les premières, voici ce que j’aimerais dire à mes amis qui pensent que c’est une faible contrainte à supporter face à la possibilité de retrouver sa vie d’avant : dans la mesure où la vaccination avance et prend d’abord en charge les personnes les plus à risque, et dans la mesure où le gouvernement lui-même se flatte de chiffres de couverture vaccinale appréciables dès ce printemps, chaque jour qui passe rend ces passeports sanitaires plus inutiles.
Sauf, oui, sauf à inscrire une nouvelle conquête au panthéon déjà chargé de la dérive liberticide d’Emmanuel Macron dont on sait hélas qu’il méprise les libertés civiles tout en se gargarisant de discours sur la France des Lumières qui ne renoncera jamais aux caricatures.
Car plus fondamentalement, vous l’avez entendu : après avoir totalement désorganisé nos libertés via la grosse artillerie des confinements, il envisage maintenant, très grand prince, de les « organiser ». Rien n’est plus inquiétant. Les libertés individuelles ne s’organisent ni ne se désorganisent. Elles sont, point. Toute autre configuration nous fait entrer dans un système illibéral où les notions de bien et de mal sont entièrement soumises à l’appréciation arbitraire et discrétionnaire des dirigeants.
Ne croyez pas que j’exagère : depuis le début de l’état d’urgence sanitaire, le gouvernement use de tous les subterfuges possibles pour le prolonger le plus possible et il a même essayé (sans succès pour l’instant) de le rendre pérenne.
Avec la pandémie de Covid, tout se passe comme si la Chine de Xi Jinping, dont l’Occident dénonce parfois, quand elle y pense, les petits travers à Hong Kong où dans le Xinjiang, était devenu le modèle idéal de gouvernance. Comme si le féroce contrôle social à base de carotte, de bâton et de beaucoup de numérique (Macron adore ce mot) que la Chine déploie pour s’assurer la docilité politique de ses habitants se voyait soudain reconnu comme parfaitement recevable dans notre immense patrie diplômée, gargarisée et tatouée es droits de l’homme.
Comme si une fois de plus nos libertés civiles devaient céder le pas devant une espérance de protection. Comme si nous étions des enfants, des êtres en état de minorité (comme disait Kant) incapables d’oser penser par nous-mêmes et d’exercer notre responsabilité pleine et entière. Des êtres privés de Lumières, condamnés à nous en remettre à plus clairvoyant que nous en la personne d’Emmanuel Macron, nouveau despote éclairé. Ça promet.
Philippe Guillemant vient de publier sur sa page facebook un texte intitulé : « Le principal but de la vaccination n’est pas d’ordre sanitaire » que nous vous proposons de découvrir ci-dessous, car très intéressant sur un certain avenir qui nous fonce droit dessus…
Philippe Guillemant est un ingénieur physicien français diplomé de l’Ecole Centrale Paris et de l’Institut de Physique du Globe. Il est Docteur en Physique et Habilité à Diriger des Recherches. Il exerce son activité au CNRS (UMR 7343, laboratoire IUSTI de Polytech’ Marseille) où il est Ingénieur de Recherche Hors Classe.
Le principal but de la vaccination est de parvenir à une normalisation du port d’identité numérique par chaque citoyen. Il sera en effet permis que le contrôle de ses droits d’accès à différents lieux (restaurants, boutiques, gares etc.) se fasse de manière automatique, ce qui ouvrira un immense marché, celui des objets connectés, tellement savoureux qu’il est capable de transformer des informaticiens en virologues.
Cela permettra également l’introduction d’une monnaie numérique déjà préparée par la suppression progressive de l’argent liquide.
Il y a deux cas à considérer :
Port d’identité numérique non intimement liée au corps : mobile, bracelet, montre, sac à main…
Port d’identité numérique intimement liée au corps : bague, puce sous la peau, identification génique…
Dans le second cas il sera impossible, sauf opération chirurgicale, de se débarrasser de son identité.
Dans un premier temps seul le premier cas est à considérer sérieusement. Ce n’est que lorsque l’usage d’une identité numérique sera normalisé par l’habitude (de vivre autrement) que le second cas s’imposera naturellement pour renforcer la sécurité de l’usage.
Aujourd’hui ce port d’identité numérique est déjà réalisé via nos mobiles, mais aucun usage n’en est fait, sauf marginal comme dans le cas de l’application StopCovid. Tout le monde a le droit d’entrer dans n’importe quelle boutique et de voyager sans être obligé d’avoir un portable. D’autre part le traçage des déplacements permis par un mobile est très grossier, sa précision étant comprise entre 1 et 10 mètres. On peut considérer que pour l’instant, avoir un portable est inoffensif.
Tout cela pourrait changer avec le contrôle vaccinal automatisé et la généralisation des objets connectés via la 5G et même dès la 4G. En particulier le traçage ne serait plus réalisé par GPS mais par analyse et triangulation de signaux via les objets alentours et sera à terme 100 à 1000 fois plus précis, à mesure que la technologie évoluera.
Le port non lié au corps d’identité numérique, dans un environnement peuplé d’objets connectés (maisons, voitures, routes, villes…) permettrait les recueils de données suivants par une I.A. :
Vérification d’autorisation d’accès pour les vaccinés
Contrôle de vitesse et stationnement (voiture connectée)
Identification de toutes sortes d’infractions à la conduite
Identification des personnes avec qui l’on déjeune
Mémorisation de tous les déplacements
Calcul de temps de travail ou temps de présence…
Détection de déplacement inhabituel…
Il convient de préciser qu’aucune loi ne pourrait empêcher l’implémentation des algorithmes correspondants, mais seulement en interdire l’usage. Toutefois, il serait extrêmement difficile de détecter qu’un tel usage n’est pas effectué. Seule son exploitation pourrait être rendue visible, mais cela laisse une grande place à une exploitation inavouée, par exemple par une société d’assurance où le calcul des droits est déjà réalisé de façon informatique.
Considérons maintenant le deuxième cas, et allongeons la liste précédente :
Maison intelligente (interactions, commandes, dialogues…)
Analyse d’activités privées (dormir, lire, faire l’amour…)
Surveillance de l’activité des enfant
Analyse des interactions familiales
Analyse de situation (repos, activité, chute…)
Analyse de comportement (geste brusque, activité sportive…)
Détection et mémorisation des habitudes.
J’en oublie certainement, sachant qu’il est difficile d’imaginer d’avance tout ce que la quatrième révolution industrielle pourrait nous inventer. Je ne parle ici que d’un transhumanisme très doux, presque acceptable, sans faire référence à quoi que ce soit d’intrusif comme une puce dans le cerveau, des nanorobots dans nos veines ou une vision artificielle et connectée. Mais il va de soi que l’acceptation de ces technologies intrusives est conditionnée à l’acceptation de l’usage d’identité numérique.
La question de savoir si nous allons effectivement rentrer dans ce nouveau monde, ou pas, va donc dépendre du niveau d’acceptation du vaccin. Il est en effet peu probable que l’on oblige chaque citoyen à porter une identité numérique lors de ses déplacements si 50% de la population n’est pas vaccinée, car on ne va pas limiter à ce point la liberté de circulation. Par contre, si seulement 5% de la population n’est pas vaccinée, il est fort probable qu’on entrera dans ce nouveau monde.
La réalité sera évidemment bien plus complexe que cette simplification binaire, qui n’a d’autre but que d’éveiller aux véritables enjeux.
Donc, je le répète, nous ne sommes pas confrontés à un problème sanitaire avec le virus. Ce problème-là est peanuts à coté du choix de société qui se trouve devant nous, qu’une politique de gouvernance mondiale semble avoir déjà fait à notre place.
C’est cela qui explique la dictature sanitaire qui de façon rationnelle n’a aucune autre raison d’être.
Mais je le répète une fois de plus, mon avis est qu’on n’entrera pas dans ce nouveau monde.
TRIBUNE – Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation Ifrap et auteure de La France peut-elle tenir encore longtemps? (Albin Michel), déplore l’abandon de l’idée d’Emmanuel Macron de supprimer l’ENA.
Voici la tribune d’Agnès Verdier-Molinié sur l’abandon de l’idée de supprimer l’ENA : « Souvenons-nous, 25 avril 2019, à la sortie du mouvement des Gilets jaunes et du grand débat, Emmanuel Macron déclarait : ‘Je pense qu’il faut supprimer, entre autres, l’ENA […] pour bâtir quelque chose qui fonctionne mieux.’ Il ajoutait même : ‘Je souhaite que nous mettions fin aux grands corps.’ Sauf que… Deux ans plus tard, le président de la République, en visite à l’Institut régional d’administration de Nantes, a annoncé qu’il allait réserver des places à l’ENA à des candidats issus de milieux modestes. Voilà sorti le prétexte de la diversité.
De suppression, il n’y aura donc point. Et surtout pas pour le classement de sortie qui permet d’entrer dans les grands corps (Conseil d’État, Cour des comptes ou Inspection des finances) à vie et de faire, sous protection du statut, moult allers-retours entre public, privé et politique sans prendre aucun risque.
Les troupes de la haute fonction publique se serrent les coudes et gagnent le match à tous les coups, ou presque
C’est la troisième fois, en trois quinquennats, que les grands corps de l’État ont eu la peau de la réforme. Déjà avant Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy et François Hollande s’y sont cassé les dents. Nicolas Sarkozy voulait, dès 2008, supprimer le classement de sortie de l’ENA… François Hollande souhaitait, aussi, aménager ce classement de sortie pour réduire l’influence des grands corps.
Une réduction du poids de ces derniers est bien passée par décret in extremis à la fin du quinquennat du président Hollande. Mais un décret daté du… 28 juin 2017, pris par le gouvernement d’Emmanuel Macron dès son arrivée au pouvoir, remet opportunément tout en place et rétablit le classement de sortie dans son organisation originelle.
Quand un poste de direction d’administration pourrait échoir à un profil issu du privé comme cela a été le cas pour la direction générale de l’administration de la fonction publique, tout le monde est prêt à sortir les bazookas pour l’éliminer, syndicats compris. Et malheureusement, ça marche. Les troupes de la haute fonction publique se serrent les coudes et gagnent le match à tous les coups, ou presque.
La France peut rebondir mais, pour changer de recette, il va falloir revoir le casting
La France est maintenant à la croisée des chemins. Pays le plus dépensier, le plus taxé d’Europe ; pays qui emprunte le plus en zone euro en ce moment ; seul pays européen à être doté d’une école comme l’ENA et d’un statut public aussi protecteur qui reproduit, quelle que soit leur origine sociale, des cohortes de dirigeants publics hors sol… À croire qu’on y apprend à créer des commissions, des strates publiques et des impôts en cascade.
Réveillons-nous. Allons-nous encore demander à ceux-là même qui ont contribué à emmener la France dans le mur de la dette, des impôts et du chômage comment reconstruire la France? Créer de ‘nouvelles’ commissions? Leur commander encore des rapports? Ce ne serait pas crédible. La France peut rebondir mais, pour changer de recette, il va falloir revoir le casting. »
Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web. Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait.Ok