Tous les articles par Didier Picot

L’Administration détourne 200 milliards € par an

L’Administration détourne 200 000 000 000€ (200 milliards €) par an en frais de fonctionnements inutiles. Il ne s’agit pas d’un simple relâchement coupable, mais d’une ponction dévastatrice des forces vives du pays. Ce fait politique majeur, dont personne n’osera parler, sera en creux au centre de l’année électorale qui s’ouvre.

32% de frais de fonctionnement

Je cherchais ce chiffre depuis longtemps. Dans un rapport publié par l’Institut Montaigne en  Mars 2019, Jean-Ludovic Silicani, haut fonctionnaire, ancien Commissaire à la Réforme de l’Etat, nous l’a enfin dévoilé : notre pays consacre 18% du Produit Intérieur Brut (PIB), c’est à dire de la richesse créée par le pays, à payer le personnel administratif, les bureaux et les autres frais de fonctionnement de son Administration (ordinateurs, téléphones, automobiles, frais de représentations, consultants, etc.). Comme la dépense publique représente 56,4% du PIB, ça veut dire que 32% de nos impôts et des dettes que nous accumulons servent à payer ses frais généraux.

Le reste sert véritablement à quelque chose : 57% de la dépense publique vont aux dépenses dites « d’intervention », c’est à dire les diverses aides, subventions et transferts sociaux accordés aux particuliers, associations et entreprises, 7% sont des investissements et 3,5% environ servent à régler le coût de la dette.

Alors, 32%, soit 413 000 000 000 € de frais de fonctionnement par an (chiffre 2017), c’est beaucoup ou pas ?

L’Administration détourne 200 milliards

  • L’Etat lui-même a établi un standard (pour les autres) : 15%. Suite au scandale des dépenses somptuaires de la Ligue contre le Cancer payées avec les dons, il a en effet établi que les frais généraux d’une association d’intérêt général ne pouvaient pas dépasser ce chiffre.
  • On estime que les frais de fonctionnement public en Allemagne s’élèvent à 8-10% du PIB, soit en environ moitié moins qu’en France.

Réponse : 32% c’est au moins deux fois trop. 200 000 000 000 € (200 milliards) de trop.

Ces 200 000 000 000€ de trop, c’est 3 fois le budget des Armées, 17 fois celui de la Justice, 40 fois celui de l’Agriculture.

En frais de personnel et de fonctionnement inutiles.

Chaque année !

Une méthode de dissimulation éprouvée

Pour nous cacher ce détournement, l’Administration, avec la complicité active de la presse officielle, a mis en place différents discours :

  • Les frais généraux sont un mal nécessaire (ce qui est vrai mais pas à ce niveau)
  • Si vous critiquez l’administration, c’est que vous êtes un être primaire qui n’aime pas les fonctionnaires ! (sans commentaire)
  • Tout est transparent : lisez les dizaines de milliers de rapports et de pages de sites internet (ce qui est vrai, la complexité servant ici d’opacité),
  • L’administration fait des efforts de réduction de coûts (à part réduire les prestations au public c’est faux).

Si vous n’êtes toujours pas convaincus, arrive l’argument massue : vous remettez en cause le contrat social, la nécessaire solidarité, la protection des plus faibles, la redistribution etc.  Vous êtes un égoïste au cœur de pierre qui tourne le dos au bien commun !

Nous y voici : la classe dominante, mandarinale, confond son intérêt de classe avec l’intérêt général. Paraphrasant la grande General Motors des années 1960 aux Etats-Unis, voici son slogan : ce qui est bon pour l’Administration est bon pour la France !

Et puis, si vous n’êtes pas d’accord, on fait grève.

Un détournement fiscal mortel

Des frais de fonctionnement au standard international (10% de PIB), ça signifierait :

  • La fin des déficits publics qui sont de 3 à 6% du PIB (hors COVID), soit beaucoup moins que les détournements de l’Administration,
  • Une baisse de tous les impôts de 15% à 18% (TVA, charges sociales, etc.),
  • Alternativement, à imposition égale, des dépenses d’intervention augmentées de 200 milliards : une éducation nationale plus performante, une administration de la santé qui fonctionne (enfin), des capacités de défense largement supérieures, des minimas sociaux plus confortables, etc., vous pouvez rêver !
  • Ou, dans la pratique probablement, un mix des deux.

Une sale histoire d’argent qui détruit le pays

La gauche réclame plus d’impôts pour plus de redistribution, la droite moins d’impôts pour soutenir la compétitivité des entreprises. Ces deux discours teintés d’idéologie ne prennent pas en compte la réalité toute simple : notre Administration détourne des sommes gigantesques au profit de son clan et prive ainsi le pays de ses ressources et de son énergie créatrice.

Il ne s’agit pas juste d’un dépassement coupable, mais bien d’un détournement de fonds débilitant qui détruit l’économie, l’emploi, le lien social, le consentement à l’impôt, la redistribution et la protection des plus faibles. Sans compter que la dette abyssale qu’elle nous met sur le dos signifie, à terme, la perte de notre indépendance nationale.

Comme un trou noir qu’on ne veut pas voir, l’Administration française aspire et détruit tout sur son passage, et d’abord la France.

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Le Conseil d’Etat condamne l’Etat : quelle farce !

Quatre associations de défense de l’environnement ont obtenu ce 14 Octobre la condamnation de l’Etat par le Tribunal Administratif de Paris pour inaction climatique, assortie du paiement d’un Euro symbolique et d’une injonction de réparer le préjudice écologique causé.

Le 4 Août dernier, c’est le Conseil d’Etat (www.conseil-etat.fr) qui, pour sa part, avait condamné l’Etat à verser une astreinte de 10 M€ au motif que le Gouvernement n’avait pas pris les mesures nécessaires au rétablissement de la qualité de l’air dans 5 zones du territoire national. Cette astreinte est à payer à 5 associations, dont Les Amis de la Terre, à hauteur de 1,2M€, et le solde (8,8 M€) à des agences publiques. Elle porte uniquement sur le 1° semestre 2021 : début 2022, le Conseil d’Etat se prononcera sur l’imposition d’une nouvelle astreinte au titre du 2° semestre 2021, et ainsi de suite.

Une victoire pour les Associations

Les Associations à l’origine de ces diverses actions se sont bruyamment réjouis du succès de leur démarche devant la justice administrative et on les comprend. La France a en effet voté des lois et pris des engagements internationaux, notamment en 2015 dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat. D’après ces Associations, ces engagements ne sont pas tenus ou leur mise en œuvre suit une trajectoire qui montre qu’ils ne le seront pas. Par leurs actions en justice, elles renforcent leur pression sur les pouvoirs publics en matière environnementale.

Une lecture institutionnelle rapide des faits semble valider la bonne santé de la séparation des pouvoirs dans notre pays : le citoyen réuni en association peut saisir le pouvoir judiciaire pour forcer l’exécutif à respecter la loi votée par le Parlement ou les traités qu’il a approuvés. En soi, ça semble une bonne nouvelle. Mais examinons ça de plus près.

Qui est le Conseil d’Etat ?

Le Conseil d’Etat a été créé par Bonaparte en 1799, même si depuis le XIII°s et surtout à partir de Louis XIV, le Roi s’entourait d’un conseil de juristes. Sous la V° République, il remplit trois fonctions :

  • conseil du Gouvernement et dans certains cas du Parlement, notamment au sujet des projets et propositions de loi,
  • échelon suprême de la justice administrative, c’est à dire juge d’appel de dernier ressort de tout litige relatif à l’action des pouvoirs publics,
  • gestion des tribunaux et des cours d’appel administratifs.

Autrement dit, le Conseil d’Etat est étroitement impliqué dans l’analyse des projets de loi et, en même temps, est juge suprême de leur interprétation. Faire du conseil juridique le juge ultime d’une loi qu’il a validée est contraire aux principes élémentaires de gouvernance. On ne peut pas être juge et partie, situation fort justement dénoncée par l’Union Européenne.

Par ailleurs, formellement, le Président du Conseil d’Etat est le Premier Ministre ; autrement dit, le Conseil d’Etat dépend du Gouvernement. En pratique, la Présidence du Conseil d’Etat est assurée par son Vice-Président, depuis 2018 Bruno Lasserre, haut fonctionnaire énarque.

Les Conseillers d’Etat sont au nombre de 300 environ, dont 1/3 environ sont en disponibilité dans d’autres institutions ou dans le privé. Ils sont fonctionnaires, nommés à vie et constituent à eux seuls un corps de fonctionnaires (parmi les plus de 300 catégories de fonctionnaires que compte notre pays). Les jeunes conseillers sont exclusivement recrutés à la sortie de l’ENA. D’ailleurs, le Vice Président du Conseil d’Etat est de droit Président du Conseil d’Administration de l’ENA : vous l’avez compris, nous sommes ici au cœur du cœur de la caste des hauts fonctionnaires et énarques qui dirigent la France.

Le Conseil d’Etat condamne les Français à payer

En condamnant l’Etat, ce sont les Français que le Conseil d’Etat condamne à payer : l’Etat c’est nous et son budget ce sont nos impôts. Ce jugement n’aura aucune incidence personnelle pour les membres du Gouvernement, aucune réduction de leur budget n’interviendra : c’est nous contribuables qui paierons. A ce titre, le cocorico des Associations, par ailleurs subventionnées avec nos impôts, nous laisse soudain un mauvais goût dans la bouche. La créativité des fonctionnaires pour nous faire les poches me laisse bouche bée !

Le Parlement évincé

Dans son discours, prononcé le 21 Mai devant la Cour de Cassation (www.conseil-etat.fr), le Vice-Président Lasserre explique que rien n’obligeait le Conseil d’Etat à « ouvrir son prétoire au contentieux climatique ». Il aurait très bien pu décider de ne pas juger cette affaire, ne serait-ce que parce qu’en qualité de conseiller de l’Etat, il était illégitime à le condamner sur un dossier éminemment politique.

L’analyse politique est que cette caste de fonctionnaires a pris la décision politique de se substituer au Parlement dans son rôle de contrôle de l’action du gouvernement (art. 47 de la Constitution). Le monde fonctionnaire a confisqué le pouvoir et les contre-pouvoirs.

En s’arrogeant le contrôle de l’action du gouvernement, les fonctionnaires évincent le Parlement, c’est à dire nous le Peuple, de la vie politique. Ce jugement est une farce ; plus grave, c’est un clou de plus planté par la caste des hauts fonctionnaires dans le cercueil de la démocratie en France.

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TROISIEME CONFINEMENT : UNE BELLE DEMONSTRATION DE COHERENCE ET DE MAITRISE

Nombreux sont les observateurs qui ont moqué l’absurdité des mesures sanitaires décrétées par le préfet Castex, actuellement Premier ministre. En réalité, après un tâtonnement initial, les mesures annoncées depuis des mois révèlent une belle maitrise des règles d’exercice du pouvoir. Mais pour en saisir la logique, il faut se mettre à la place de ceux qui nous gouvernent et comprendre leurs objectifs.

Le petit manuel du dictateur

Dans leur excellent ouvrage « The Dictator’s Handbook, why bad behavior is almost always good politics », (« Manuel du dictateur : pourquoi les mauvais comportements sont presque toujours de bonne politique ») publié en 2011 aux éditions Public affairs, les chercheurs en science politique Bruce Bueno de Mesquita et Alastair Smyth (ci-après B&A) nous proposent une grille d’analyse qui me semble particulièrement éclairante, et qui n’est pas sans parenté avec l’ouvrage, non cité, de Bertrand de Jouvenel « Du pouvoir » (1945).

L’axiome de base posé par B&A est que l’objectif de tout aspirant à une position de leadership est de prendre le pouvoir, puis de le conserver aussi longtemps que possible. La politique est donc l’art de conquérir le pouvoir et surtout de le conserver. Je pense que personne ne les contredira, mais il faut aller au bout de la logique et la comprendre intimement.

Car, c’est l’objet de leurs travaux, il y a des « règles d’exercice du pouvoir » (« rules to rule by ») et ces règles sont les mêmes partout et tout le temps, quel que soit le régime politique, que ce soit une autocratie ou une démocratie, que l’on soit dans le privé ou le public. Les bons leaders connaissent ces règles et savent les appliquer. Je vous donne un indice : agir « pour le bien » du peuple ou « l’intérêt général » ne fait pas partie de ces règles, sauf si le leader ne peut pas faire autrement !

Une fois au pouvoir, la motivation la plus profonde du leader est donc de maintenir son pouvoir. Pour ce faire, tout leader a besoin d’une coalition de supporters qui le soutiennent. Personne n’a un pouvoir absolu qu’il assume seul. Pour démontrer ce point, B&A prennent l’exemple de Louis XIV : même le plus puissant des rois avait besoin de supporters.

Pour conserver sa place, le leader doit procurer des faveurs à ceux qui le soutiennent, que B&A nomment les « essentiels ». En clair, il faut les payer afin de s’assurer de leur soutien et de leur loyauté. Par conséquent, tout le travail du leader est de trouver l’argent pour payer les essentiels. Dans une autocratie, faire de « bonnes actions politiques » est totalement inutile : pas besoin de s’occuper du peuple pour conserver le pouvoir, il suffit de payer les essentiels. Tout le travail de l’autocrate est donc d’organiser la dépossession du peuple à leur profit pour s’assurer de leur fidélité.

La limite du système évidemment est la révolte du peuple qui peut en avoir assez de se faire piller et se révolte. Pour gérer ce point-là, il faut s’assurer du soutien de la police et l’armée. Les auteurs démontrent que les leaders tombent en général parce qu’ils ont perdu le soutien des forces de l’ordre (Mubarak, le Tsar en 1917, etc.).

Deux exemples parmi d’autres illustrent l’analyse: Robert Mugabe, dictateur du Zimbabwe, probablement le pire leader pour son peuple de ce dernier demi-siècle, est mort dans son lit à un âge très avancé parce qu’il a toujours su payer les « essentiels » (la police et l’armée notamment).

Un autre exemple est constitué par les dictatures communistes : le leader se repose sur une coalition d’essentiels, sélectionnés au sein du parti communiste. Vient ensuite le peuple qui est privé de ses droits et dépossédé de son travail pour payer la coalition au pouvoir.

Le Manuel du dictateur propose une analyse détaillée et passionnante des stratégies mises en place par les autocrates à travers le monde et l’histoire  pour se maintenir : mettre les « essentiels » sous pression, trouver l’argent dont ils ont besoin, pervertir le système électoral, etc.

Les mêmes règles d’exercice du pouvoir s’appliquent en démocratie

Or, ces « règles d’exercice du pouvoir » sont les mêmes dans les démocraties (et dans les entreprises, notamment celles qui sont cotées en bourse). La principale différence est le nombre « d’essentiels ». Les autocrates se reposent sur une petite coalition, tandis que les leaders démocrates ont besoin d’obtenir les suffrages d’une grande partie de la population : il leur faut créer une large coalition, ce qui change tout.

Voici la principale raison pour laquelle les démocraties donnent plus de satisfaction à leurs peuples que les autocraties : il y a un très grand nombre « d’essentiels », les électeurs. Dès lors, pas besoin de payer des faiseurs de rois, il vaut mieux répartir l’argent entre un maximum de personnes, le donner directement au peuple, sous forme de service ou de faible imposition. C’est pourquoi  les démocraties ont des taux d’imposition bien inférieurs aux autocraties et prodiguent beaucoup plus de services qu’elles.

Il y a une forte corrélation entre le bien-être du peuple et la taille de la coalition au pouvoir : plus elle est grande, plus la démocratie est aboutie, mieux les ressources sont réparties à travers la population et donc mieux elle se porte. En France, nous avons un des taux d’imposition les plus élevés du monde, ce qui donne un indice quant au degré de démocratie dans notre pays, comme nous le verrons ci-dessous.

Où trouver l’argent ?

Il y a trois grandes catégories de revenus pour un leader : 1/ l’argent des impôts, ce qui nécessite que le peuple travaille et accepte de payer les impôts, 2/ l’emprunt et 3/ la vente de ressources naturelles.

Le mieux, ce qui pose le moins de difficultés, c’est évidemment les ressources naturelles. Le leader doit s’en assurer la maitrise. Il peut ensuite les piller à sa guise et acheter ses soutiens (cf Poutine et les oligarques) ou il peut les confier à des tiers sans avoir besoin de taxer la population ou de payer les forces de l’ordre (cf les compagnies pétrolières internationales au Nigéria qui ont leur propres services de sécurité).

Vient ensuite la dette, très prisée du leader parce qu’elle produit tout de suite des revenus et qu’il n’aura pas à la rembourser : ses successeurs s’en chargeront.

Enfin le plus compliqué et le plus cher est la taxation du peuple : c’est impopulaire et ça nécessite d’entretenir une administration onéreuse qui est elle-même tentée d’abuser de son pouvoir de collecte. Pour que ça marche, il faut que le peuple soit motivé à travailler et accepte de se faire « spolier légalement », comme l’écrivait Frédéric Bastiat. Pas toujours simple.

Le cas de la France : une petite coalition au pouvoir depuis 40 ans

 Je l’ai exposé dans « Vendons les Parisiens ! », la France est tenue par une petite coalition de hauts fonctionnaires et d’apparatchiks qui contrôlent tous les pouvoirs : exécutif, administratif, législatif et judiciaire ainsi que les contre-pouvoirs statutaires que sont les partis politiques, les syndicats et la presse. Elle appuie son pouvoir sur la caste des fonctionnaires qui en constitue le réservoir. Ainsi, la coalition détient  les finances publiques, tous les rouages de la contrainte d’Etat et de nombreux actifs économiques grâce au capitalisme de connivence. Elle est au pouvoir depuis l’arrivée du premier d’entre eux à la mandature suprême, Valéry Giscard d’Estaing. Depuis la présidence de François Mitterrand, elle a constamment augmenté son étreinte sur le pays.

En application des règles d’exercice du pouvoir, pour conserver son pouvoir, le leader doit acheter le soutien de sa coalition de fonctionnaires et de quelques autres, et ça, ça coute cher aux contribuables que nous sommes, comme je l’ai exposé dans nos colonnes.

D’où vient l’argent en France ?

En France, nous n’avons pas de ressources naturelles à vendre. Par conséquent, traditionnellement, la plus grande part des ressources servant à payer la coalition provient des impôts et des charges sociales. Ce n’est donc pas une coïncidence si nous avons l’une des meilleures administrations fiscale du monde en terme de % de recouvrement : c’est son cœur de métier !

Le dispositif a été utilement complété par un recours massif à l’endettement qui est passé de 20% en 1980 à 100% du PIB en 2019, avant la crise sanitaire. Ceci est rendu possible par la qualité de notre administration fiscale (du point de vue de nos créanciers) et par le fait que les actifs des Français ont été mis en première garantie par la loi Sapin II, entre autres.

Jusqu’ici tout va bien.

Le problème inédit de la pandémie : payer la coalition et …

La pandémie a posé à tout ce petit monde un problème radicalement nouveau et totalement imprévisible : du fait que plus personne ne pouvait travailler, la collecte d’impôts dégringolait, ce qui en cascade mettait en danger les capacités d’emprunt de la coalition. Or comment faire pour payer tout ceux qui protègent le pouvoir sans rentrée d’impôts. Panique à Bercy et à l’Elysée.

Après quelques tâtonnements malheureux lors du premier confinement, la coalition a affiné le dispositif avec un seul et unique objectif : faire rentrer un maximum d’impôts. Mais pour ça, il fallait que les gens travaillent !

La première erreur lors du 1° confinement, la fermeture des écoles, a donc été corrigée. Si les gens doivent garder leurs enfants, ils ne peuvent pas payer leurs impôts. Donc on garde les écoles ouvertes. Par contre, pas besoin d’ouvrir les universités : les étudiants ne rapportent rien au fisc.

Deuxième décision : si les gens doivent aller travailler, on arrête de les confiner chez eux pendant le temps de travail (6h-19h). Il n’y a aucun problème sanitaire à ce que les gens s’agglutinent dans le métro puisqu’il s’agit de payer les impôts !

Par contre, les restaurants, avec leur TVA à 5,5% ou 10% ne rapportent pas grand-chose, la culture non plus, pas besoin de les ouvrir. On explique donc que, contrairement au métro, la proximité dans les bistrots, pose un problème sanitaire.

Les enfermer chez eux le soir et le week-end permet de mieux contrôler les Français, surtout maintenant que tout est enregistré par la NSA américaine et son équivalent national. Et puis quand ils sont chez eux, les Français ne font pas de bêtises. Certes, les violences conjugales augmentent et l’enfermement déprime les Français, mais en quoi ces détails collatéraux concernent-t-il la coalition ?

Donc la plupart des mesures prises par le gouvernement s’expliquent par le besoin de payer la coalition qui dépend d’abord du travail des Français. L’objectif sanitaire, même s’il occupe les discours et les ondes, est totalement subordonné à la règle d’exercice du pouvoir exposée dans le Manuel du dictateur.

… éviter l’insurrection populaire

La limite de l’exercice est bien entendu la réaction du peuple. Une autre série de mesures s’explique par la crainte du pouvoir, en particulier du Président Macron sérieusement échaudé par les Gilets jaunes, d’avoir sur les bras une nouvelle insurrection populaire.

Une fois que la coalition a été payée à 100% (pas d’abattement pour chômage technique pour ses membres, bien entendu), la coalition a alloué des ressources à la population à qui l’on interdisait de travailler (restaurateurs, intermittents du spectacle, indépendants, etc.).

Puis, pour ce 3° confinement, le gouvernement a innové en proposant une série de mesures apparemment incohérentes (ouverture des librairies et des coiffeurs, relaxation de la contrainte géographique à 10 km, activités sportives pour les enfants, etc.) mais qui répondent à la logique de préservation du pouvoir : éviter l’insurrection populaire.

Une vraie maitrise des règles d’exercice du pouvoir

L’analyse ainsi proposée à la lumière du Manuel du dictateur révèle que loin d’être un bricolage de mesures incohérentes, l’action, en lien avec cette crise, de la coalition de fonctionnaires au pouvoir depuis 40 ans démontre une vraie maitrise des règles d’exercice du pouvoir.

Du point de vue du peuple, maltraité par la coalition, il faut se rappeler que l’objectif de la démocratie n’est pas d’être efficace, mais d’éviter qu’un petit nombre n’opprime le peuple, ne le ruine et ne l’asservisse. Plus la coalition est grande, plus grand est le nombre d’électeurs que le leader doit satisfaire, mieux le peuple se porte. C’est vrai partout et toujours.

En France, le pouvoir a été usurpé par une petite coalition, ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour ceux qui n’en font pas partie.

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Eloge des fonctionnaires qui fonctionnent

L’histoire se passe dans un petit local d’environ 15m2, situé à moins de 100m du marché de Saint Jean de Luz. Deux tables hautes font office de comptoirs, au fond, un petit bureau vitré est équipé d’une table et de trois chaises. Une grande boite aux lettres permet de déposer des documents à toute heure. Trois employés sont présents aux heures ouvrables. Quatre lettres ornent discrètement la porte vitrée : C P A M.

Chaque jour, de nombreux citoyens se rendent dans ce modeste local pour y exposer leurs petits (et grands) problèmes d’assurance maladie. J’ai pu noter le professionnalisme et la disponibilité des personnels de cette annexe de la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) : ils apportent à chacun une aide précieuse avec patience et compétence.

Eloge des fonctionnaires qui fonctionnent

L’exercice n’est pourtant pas aisé : rassurer les vieilles dames, répéter la même réponse des dizaines de fois par jour, traiter le stress des citoyens face à un système kafkaïen, stress qui se manifeste parfois par des énervements voire des comportements carrément désagréables. Etant au bout de la chaine, les préposés de la CPAM doivent traiter tous les dysfonctionnements et lourdeurs de leur organisation, tout en respectant l’avalanche de réglementations bureaucratiques qui rendent leur travail plus difficile.

Ces agents de la CPAM appartiennent à la catégorie des « fonctionnaires qui fonctionnent », au même titre que les enseignants qui enseignent, les personnels soignants qui soignent, les assistantes sociales qui assistent, les  policiers qui gendarment, les services municipaux qui chaque jour s’occupent de nos communes, etc.

Comme tous les Français, j’ai beaucoup de respect pour leur travail : ils sont le véritable service au public. A chaque visite, je me fais la remarque qu’il y a encore des services au public et des fonctionnaires qui fonctionnent.

Ou plutôt en l’espèce, qui fonctionnaient. Car le local a fermé ses portes en Juin 2020. Vous connaissez déjà l’explication officielle : le COVID bien sûr.

La fin annoncée du service au public

Désormais, si vous voulez obtenir un rendez-vous, connectez vous sur le site. La CPAM a probablement en ligne de mire la stratégie mise en place par l’URSSAF dont le site d’Anglet, sur le BAB, est depuis plusieurs années déjà fermé aux visiteurs. La porte d’entrée est cadenassée, il n’y a pas d’interphone, pas la peine de sonner personne ne viendra. D’ailleurs, il n’y a pas de sonnette. Un papier posé dans le sas vous informe que si vous avez une question, vous pouvez envoyer un e-mail.

Le service au public remplacé par des emplois de bureau

La pandémie du Covid a donné à l’Organisation étatique qui nous dirige nos vies (c’est à dire les femmes et des hommes qui ensemble exercent tous les pouvoirs exécutifs, législatifs, judiciaires, administratifs nationaux, régionaux et locaux) l’excuse parfaite pour accélérer l’atteinte de son vieil objectif : supprimer les contacts avec le menu peuple.

Pour l’Organisation, le problème du service au public, c’est que c’est un travail difficile, usant, fatiguant et, au fond, considéré comme inintéressant. La preuve ? Dans l’Organisation, servir le public est un emploi subalterne, déconsidéré par la hiérarchie et surtout mal payé. Servir le public, ce n’est pas pour les chefs. Comme le disait déjà Clemenceau, « les fonctionnaires, c’est un peu comme les livres dans une bibliothèque, ce sont les plus hauts placés qui servent le moins. »

Bien sûr, la communication officielle de l’Organisation encense « les héros du quotidien » comme elle l’a fait au printemps 2020 pour le personnel soignant. Mais c’est pour maintenir le mythe (et faire oublier sa pathétique performance). Car pour un agent, obtenir une promotion c’est quitter le service au public pour un emploi de bureau.

Vous pourriez être tenté de croire que servir le public est la raison d’être du service public, de l’Organisation, mais ce serait une erreur. Je l’ai déjà évoqué, les objectifs de toute organisation, qu’elle soit publique, commerciale, associative, religieuse, militaire ou autre, est de grandir, se développer, augmenter son bien-être, sa richesse, étendre son pouvoir sur son environnement. Pour une organisation, satisfaire sa raison d’être, sa mission devient rapidement un objectif secondaire voire une nuisance : il est en effet plus pénible de travailler que de se prélasser dans l’organisation.

Dans le privé, le patron exige que son organisation remplisse sa mission. C’est pourquoi, quand elle fait du lard, il purge les états-majors des improductifs budgétivores. Rien de tel dans l’Organisation.

Une Organisation perverse

Depuis près de 50 ans, le nombre de bureaucrates inutiles de l’Organisation augmente deux fois plus vite que la population, tandis que décroit celui des fonctionnaires qui fonctionnent. Avec une grande perversité, elle veut faire croire aux Français que la déliquescence du service au public serait de leur faute : ce serait parce que nous ne payons pas assez d’impôts que l’Organisation manquerait des ressources nécessaires à l’accomplissement de sa mission.

L’Organisation exige toujours plus de pouvoir et d’argent. Les fonctionnaires qui fonctionnent, ceux que nous respectons, ne sont qu’un alibi à sa voracité.

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Gestion du COVID : un immense succès politique

Personnellement, je suis bien incapable d’évaluer si la gestion de la crise du COVID par nos dirigeants est une réussite ou un échec en matière sanitaire.

Par contre je pense qu’elle est un immense succès politique pour l’Etat, c’est à dire l’organisation et les femmes et les hommes qui collectivement exercent les pouvoirs exécutifs, administratifs, législatifs et judiciaires. Trois éléments me semblent en effet dessiner le surgissement d’un nouveau régime politique à leur main.

Tout est interdit, sauf ce qui est permis

Le premier est apparemment le plus anodin : l’attestation de déplacement dérogatoire. Cette petite tracasserie, peu contrôlée mais qui a tout de même permis au Fisc de soulager les Français de plusieurs dizaines de millions d’Euros de contraventions, est un marqueur symbolique fort du changement de nature du régime politique en France. Pourquoi ?

Rappelons le fondement d’un régime dictatorial : tout est interdit, sauf ce qui est spécifiquement autorisé. A la faveur de la Révolution, le peuple français a inversé la norme et exigé la liberté : par défaut tout est permis, sauf ce qui est interdit. Ca change tout !

Jusqu’à Mars 2020, malgré une submersion de lois, règlements et textes qui contraignaient nos comportements chaque jour davantage, le principe de la liberté première demeurait. Depuis, cette attestation faussement anodine a fait son apparition qui acte que désormais tout est interdit sauf ce qui est expressément permis et décrit dans la case cochée. C’est un basculement de sens, le basculement d’une liberté première vers une contrainte première. Elle crée un précédent infiniment perfectible pour instaurer à terme un véritable contrôle social.

L’incohérence, l’arbitraire sont le message

Nous avons tous remarqué l’incohérence des innombrables mesures et règlements destinés à dicter la vie des Français dans le moindre détail. S’en moquer, comme l’on fait certains commentateurs, me semble une double erreur. D’abord parce que, même s’il ne faut jamais perdre notre sens de l’humour, le massacre des libertés fondamentales (économique, mouvement, réunion, manifestation, culte, presse, vie privée, etc.) est gravissime. Mais surtout parce qu’en réalité cette incohérence, voulue ou non peu importe, signifie que l’arbitraire, le fait du prince, est le nouveau mode de gouvernement. Le medium est le message : l’incohérence, c’est à dire l’arbitraire, est désormais la norme.

Le pouvoir législatif s’est couché et a voté une nouvelle fois l’état d’urgence, le pouvoir judiciaire a abdiqué en rejetant tous les recours juridiques, la presse a révélé sa complicité en instaurant un bombardement médiatique hallucinant, au sens littéral du terme. Fin de discussion : le pouvoir de contrainte est total et sans limite, la Constitution, l’état de droit sont, a minima, suspendus.

Une France domine l’autre

Même si nous Français n’en avons pas pris la pleine mesure, il existe dans notre pays deux univers séparés par un fossé qui est devenu gouffre : le secteur public et le secteur privé. A l’occasion de cette crise, le secteur privé a été violemment agressé, notamment par la privation de liberté économique : revenus en forte baisse et taux de chômage en hausse verticale. Le secteur public, lui, n’a même pas été égratigné.

D’ailleurs, vous l’avez peut-être remarqué : quand le Président a fait appel à la solidarité et à l’esprit civique des Français, il ne s’adressait qu’aux jeunes et aux Français du privé. Les élus et le secteur public n’étaient pas concernés, comme si l’engagement, par ailleurs remarquable, de milliers d’hospitaliers dédouanait des millions d’élus et de fonctionnaires de prendre leur part de l’effort collectif.

Le fait qu’absolument personne ne l’ait relevé en 2020 est en soi un basculement. Comme l’inégalité de naissance sous l’Ancien Régime, personne n’ose plus remettre en cause la domination totale de la France publique sur le pays. Un clan a pris le pouvoir et, sans surprise, il s’en sert pour forcer le peuple à faire ce qu’il ne ferait pas volontairement et pour s’approprier leur patrimoine et les fruits de leur travail.

Alors, parenthèse ou basculement ?

Vous pourrez me rétorquer que, certes cette situation est désagréable, mais 1/ qu’elle est une réponse passagère à une crise indiscutable et 2/ qu’elle ne résulte pas d’une intention délibérée. Peut-être, mais peut-être pas.

  • Depuis 2015, nous avons vécu plus de la moitié du temps sous état d’urgence (attentats, gilets jaunes, crise sanitaire). Or, à chaque nouvelle instance, les mesures sont de plus en dures, puis elles deviennent permanentes. « Le coup d’état permanent » qu’était pour Français Mitterrand la V° république ne suffisait plus : nous vivons désormais sous « l’état d’urgence permanent »,
  • L’Etat a déjà annoncé que le prochain état d’urgence serait climatique. A cet égard, on peut légitimement se demander si la crise du Covid n’est pas finalement une simple répétition générale, un test grandeur nature destiné à affiner les méthodes de déstabilisation et in fine d’asservissement du bon peuple de France,
  • L’oppression, au sens premier de gêne respiratoire, que cause le port du masque est désormais imposée aux enfants dès 6 ans. Y-a-t il symbole plus clair de la volonté d’ancrer l’arbitraire et l’oppression dans la durée ?

Y a-t-il une intention dictatoriale ? A chacun son point de vue. Mais la sociologie des organisations nous enseigne que l’objectif de tout groupe dirigeant est d’asseoir un pouvoir toujours plus large et plus inexpugnable. A cette aune, la gestion du Covid par l’Etat est un immense succès politique.

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Drones, caméras et reconnaissance faciale

La presse parle beaucoup de la proposition de loi n°3452 débattue à l’Assemblée et qui a été présentée par le député LREM Jean-Michel Fauvergue, haut fonctionnaire de police dans le civil, par M. Christophe Castaner, ancien ministre de l’Intérieur, et par une longue liste de députés LREM et Agir ensemble.

Elle se concentre sur l’article 24 parce qu’elle les concerne directement dans leur capacité à exercer leur métier et à documenter les actes de police. Mais cette proposition de loi contient plusieurs autres articles de loi particulièrement liberticides dont je voudrais vous parler aujourd’hui.

Un continuum de « sécurité globale»

L’objectif affiché dans l’exposé des motifs de cette proposition de loi est d’« intégrer plus directement l’ensemble des acteurs de la sécurité et de la sûreté autour d’un continuum de sécurité » pour « offrir aux Françaises et aux Français une « sécurité globale » ». Ce continuum de sécurité repose « sur la reconnaissance du rôle et de la valeur des différents acteurs de la sécurité : 1/ les forces de l’Etat, 2/ les polices municipales et 3/ le secteur de la sécurité privée ».

Des drones, caméras et logiciels de reconnaissance faciale

La proposition de loi autorise spécifiquement :

  • l’utilisation dans l’espace public de drones équipés de caméras,
  • la transmission des images en direct au poste de commandement,
  • le « traitement des images », terme pudique désignant l’utilisation du logiciel de reconnaissance faciale Alicem, suite à la décision du Conseil d’Etat du 4 Novembre 2020 l’autorisant.

 Le premier objectif affiché de l’utilisation de ces moyens de surveillance, qui n’ont rien à envier à ceux déployés à Hong Kong et en Chine totalitaire, est la surveillance des manifestations et des manifestants. L’Etat se prépare à accueillir les successeurs des gilets jaunes. Le second objectif est « la prévention d’actes terroristes ».

Le troisième est « le constat des infractions et la poursuite de leurs auteurs ».

Autrement dit, la surveillance de la population. Globale.

Surveillance de l’espace public et privé

Contrairement à ce qu’affirme l’exposé des motifs de la proposition de loi, le texte de l’article 22 ne fixe en rien des « garanties qui assurent le respect des libertés publiques ».

Certes, cet article explique que ces images prises d’aéronefs seront « réalisées de telle sorte qu’elles ne visualisent pas les images de l’intérieur des domiciles ni, de façon spécifique, celles de leurs entrées ». Ce texte serait carrément comique s’il n’était gravissime.

Car ces drones auront toute capacité à filmer en temps réel l’espace public et l’espace privé, comme je l’ai expérimenté au mois d’Avril lorsqu’un drone de la police, équipé de haut-parleur et de caméras évoluait au dessus de chez moi en filmant et intimant l’ordre à la population de rentrer chez elle. Vous l’avez compris, il s’agissait de ces dangereux citoyens qui prenaient l’air (avec attestation) par un beau dimanche de printemps en période de confinement.

Quel respect des libertés publiques ?

« Le public est informé par tout moyen approprié de la mise en œuvre de dispositifs aéroportés de captation d’images (…), sauf lorsque les circonstances l’interdisent. » lit-on encore à l’article 22.

Autrement dit, en pratique, toute latitude est laissée aux forces de l’ordre, sans contrôle judiciaire, sans contrôle démocratique pour nous filmer et utiliser les logiciels de reconnaissance faciale dans l’espace public et dans l’espace privé. Ceci est inacceptable.

Qui est visé ?

Ed Snowden, héros du XXI° siècle qui a mis sa vie en danger pour dévoiler au monde la surveillance totale mise en place par la National Security Agency (NSA) aux Etats-Unis, a démontré que ces pratiques n’étaient pas efficaces contre les attentats terroristes. Ainsi, contrairement à ce qui est prétendu, l’objectif de cette loi de sécurité globale est d’abord le contrôle et la surveillance totale de la population.

Faire peur et détourner l’attention

Ça fait maintenant près de 6 ans que l’Etat utilise les crises qui se succèdent (attentats terroristes, crise climatique, gilets jaunes, crise sanitaire) pour resserrer son étreinte sur le pays. Aucune théorie du complot ne sous-tend cette analyse : par nature, le pouvoir veut toujours plus de pouvoir et il utilise les circonstances pour atteindre ses objectifs. En 2020, il fait peur à la population et profite de la diversion pour faire passer des lois scélérates.  Le procédé est aussi vieux que la politique.

Sécurité contre liberté ?

Dans cette période où nous avons à déplorer de véritables agressions mises en scènes pour nous choquer et nous faire réagir, la tentation est grande d’abandonner nos principes démocratiques et d’accepter une limitation de nos libertés en espérant ainsi acheter notre sécurité. C’est une illusion comme l’a écrit si pertinemment Benjamin Franklin : « Ceux qui accepteraient d’abandonner la Liberté essentielle pour acheter un peu de Sécurité temporaire ne méritent ni Liberté ni Sécurité. »

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Chemin des Dames  et Covid : désastres parallèles ?

Le 16 Avril 1917, le Général Robert Nivelle, chef d’Etat Major de l’Armée française, lançait la fameuse offensive du Chemin des Dames. « La bataille commença à 6 heures du matin. A sept heures, elle était perdue » écrivit Abel Ferry – le neveu de Jules – qui était sur place.

Nivelle, le pire général de la Grande Guerre

 « Nivelle s’entêta, histoire de transformer une défaite en désastre. » raconte Bruno Jarrosson dans son passionnant ouvrage La panne de l’intelligence stratégique (L’Harmattan, 2014) consacré à la stratégie militaire et politique dans la Grande Guerre. Quatre semaines et 50 000 morts plus tard, le Général Nivelle fut démis de ses fonctions et remplacé par le Général Philippe Pétain.

Ce désastre militaire et humain ne fut même pas le pire de la Grande Guerre : sur sa statue à cheval face à l’Ecole Militaire, c’est incontestablement Joffre qui détient la palme en matière de massacre de la jeunesse française.

Mais c’est parce que cette offensive restera le point culminant de la nullité stratégique, de l’aveuglement et de l’arrogance d’une génération de leaders pitoyables que le Chemin des Dames vaut au Général Nivelle sa réputation de pire général en chef de la guerre, Allemands et Français confondus, dans un concours d’incompétence stratégique pourtant très relevé.

L’idéologie tue

Parmi les dramatiques erreurs stratégiques identifiées par Bruno Jarrosson, la plus immédiatement mortelle était sans doute l’idéologie militaire de l’époque : l’offensive à outrance. Or, avec l’invention de la mitrailleuse, l’avantage était à la défense. « Attaquons, attaquons comme la lune » disaient alors quelques rares esprits critiques. Dès l’automne 1914, il est clair que cette stratégie est en échec. Mais le raisonnement idéologique a conduit à l’appliquer systématiquement en 1915, 1916 et 1917, jusqu’au Chemin des Dames.

« La stratégie de Joffre, puis de Nivelle, se résume à cette idée : concentrer les moyens dont je dispose pour percer le front. De chaque échec, il concluait qu’il n’avait pas concentré assez de moyens. Tel est le mode de la pensée directe : face à l’échec faire plus de la même chose. Ne pas renoncer à une stratégie qui a échoué, mais l’amplifier. Il s’agit d’un mode de pensée clos qui n’imagine pas de sortir de son cadre. La pensée est juste par définition, la faille est dans l’exécution. » explique Bruno Jarrosson.

Les objectifs du commandement français étaient étroits : percer le front pour détruire l’armée ennemie. Joffre ne voyait que ses 720km de tranchées, les concepts de point de moindre attente, stratégie indirecte ou autres fondements de la stratégie ne l’effleuraient même pas. L’idée qu’on puisse penser autrement  n’était pas concevable. C’était le règne de l’idéologie, de la pensée unique, qui est l’inverse de la pensée stratégique.

Le cœur se serre en pensant à tous ces jeunes hommes massacrés par l’incompétence stratégique de ces généraux qui, eux, reçurent des obsèques nationales. Comme d’habitude, les décideurs paient leurs erreurs avec la souffrance et le sang des autres, en l’espèce des jeunes.

Covid, nouvelle panne de l’intelligence stratégique ?

La crise du Covid est évidemment assez différente de la Grande Guerre, mais il me semble que l’on peut distinguer plusieurs parallèles assez troublants entre ces deux moments.

Le premier est probablement l’étroitesse des objectifs que se fixe le gouvernement : vaincre le virus à court terme pour éviter une surmortalité des personnes âgées. On ne perçoit aucune réflexion d’ensemble sur la situation sanitaire, psychologique, économique du pays dans la durée. Nous sommes dans une stratégie étroite, directe de confrontation au virus : les décisions du gouvernement subordonnent toute la vie du pays à cet objectif. Comme en 1914-1917, nos dirigeants sont dans la pensée unique. Ils n’imaginent pas et n’acceptent pas qu’on puisse penser différemment.

Pourtant, le 4 Octobre 2020, un collectif d’épidémiologistes des maladies infectieuses et scientifiques spécialisés en santé publique américains, anglais, allemands et autres, publient la Déclaration du Great Barrington dans laquelle ils énoncent :

« Les politiques actuelles de confinement produisent des effets désastreux sur la santé publique à court, moyen et long terme. Parmi les conséquences, on peut citer, entre autres, une baisse des taux de vaccination chez les enfants, une aggravation des cas de maladies cardio-vasculaires, une baisse des examens pour de possibles cancers ou encore une détérioration de la santé mentale en général. Cela va engendrer de grands excès de mortalité dans les années à venir, notamment dans la classe ouvrière et parmi les plus jeunes. ».  Ils proposent une stratégie de « protection focalisée ».

Personne en France n’en a parlé. Aucune évaluation des conséquences à moyen et long terme des décisions prises actuellement n’est seulement esquissée.

La sociologie de nos dirigeants

Le deuxième parallèle entre ces deux moments me semble devoir être recherché dans la sociologie de nos dirigeants. De même que les généraux de la Grande Guerre appartenaient à un clan militaire soudé, imprégné d’une idéologie unique, nos ministres, leurs entourages et les hommes et les (quelques) femmes qui composent de plein droit le Haut Conseil de la Santé Publique et font la politique sanitaire du gouvernement proviennent tous du même groupe social, les hauts fonctionnaires et assimilés : ils ont, quasiment tous, été toute leur vie payés par nos impôts. Autrement dit, ils sont plutôt inquiets pour leur santé, mais pas du tout pour leur emploi ou leur salaire à la fin de mois.

A la lumière de ce constat sociologique, on comprend mieux les décisions prises. Et en annonçant en Mars dernier que le pays était « en guerre » contre le virus, on comprend aussi que le Président Macron désignait les futures victimes : les jeunes. « En temps de paix, les fils ensevelissent leurs pères ; en temps de guerre, les pères ensevelissent leurs fils. » disait Hérodote.

 La guerre des générations est déclarée

Les auteurs de la Déclaration du Great Barrington rappellent que ce virus est environ mille fois moins mortel pour les jeunes que pour les vieux, qu’il est moins dangereux pour eux qu’une grippe saisonnière. Ce sont pourtant les jeunes qui sont ciblés, affaiblis, culpabilisés, désignés comme les coupables de la contamination de leurs ainés. Ce sont les collégiens qui sont brutalisés par le port d’un masque oppressant et inutile, les étudiants qui reçoivent un diplôme dévalorisé, les jeunes qui abordent un marché du travail sinistré comme jamais, leur vie sociale et amoureuse qui est interdite. Par contre, il n’y a aucun problème de distanciation physique pour nos jeunes quand il s’agit de les autoriser à prendre des métros ou des trains bondés pour aller travailler et ainsi alimenter les coffres du Trésor Public et les caisses de retraite des fonctionnaires.

La guerre des générations est déclarée et ce sont les jeunes qui règleront la facture. Comme par hasard, toutes les mesures prises sont financées par la dette, ce qui veut dire que ce sont les jeunes qui demain devront les rembourser.

Comme en 14, nos vieux dirigeants se servent honteusement de la jeunesse pour se protéger et protéger leur position. Je suis, comme le philosophe André Comte-Sponville, révolté par cette inversion des valeurs : dans une société civilisée, ce sont les parents qui protègent leurs enfants, pas le contraire.

Les fonctionnaires agressent le secteur privé

L’autre catégorie de victimes, sans surprise, sont les acteurs et employés du secteur privé. Le président du Medef s’interrogeait le 26 Octobre pour savoir si la France avait les moyens de s’offrir un nouveau confinement, synonyme de désastre économique, d’explosion du chômage et de misère pour les plus faibles.

La réponse est pourtant claire : nous, citoyens ordinaires, n’avons pas les moyens d’un nouveau confinement, mais nos dirigeants si. Elus ou pas, ils sont tous payés par nos impôts. Leur taux de chômage est de zéro, leur revenu à la fin du mois de 100% avant, pendant et après le couvre-feu/confinement.

« La crise sanitaire, c’est une chose trop grave pour être confiée à des fonctionnaires hospitaliers »

 Joffre, général en chef de 1911 jusqu’à Décembre 1916, ne discutait jamais de sa stratégie avec les hommes politiques. « Comme la chose militaire est devenue pour le pire et pour le pire l’unique soucis de la France, Joffre exerce donc un pouvoir total sans contrôle républicain. Joffre est de fait devenu le dictateur de la France. A l’automne 2016, le gouvernement saisi par le doute comprendra qu’on ne discute pas avec Joffre, il n’est d’autre choix que de le démettre. Ce qui ne se passera pas sans difficulté, car Joffre, comme tout dictateur, va s’accrocher à son siège avec une énergie farouche. » explique Bruno Jarrosson.

En réalité, il faudra attendre encore un an et la nomination de Georges Clemenceau à la Présidence du Conseil pour que le pouvoir politique reprenne le contrôle du pays : « La guerre !, c’est une chose trop grave pour être confiée à des militaires » clamait Clemenceau.

Et de fait, un an plus tard, la France et les Alliés gagnaient la guerre. De l’autre côté du Rhin, l’inverse se produisait : les généraux Hindenburg et Ludendorf obtenaient le départ du chancelier Bethmann Hollweg, en poste depuis 9 ans. En pratique, les militaires allemands contrôlaient le pays, jusqu’à la défaite.

Même si ceci n’est pas, loin s’en faut, la seule raison du dénouement de cette guerre désastreuse, cette observation me semble intéressante. L’avenir nous dira si un troisième parallèle pourra être fait entre le Chemin des Dames et la crise du Covid.

Dictature sanitaire ou retour de la démocratie ?

De plus en plus de Français ne reconnaissent plus à nos dirigeants la légitimité morale de diriger le pays parce que, de par leur statut, ils sont exemptés des conséquences de leurs décisions. Peut-être que cette crise va nous permettre de secouer le joug de ce régime en exposant le degré et la profondeur de son incompétence.

Mais la difficulté à laquelle nous sommes confrontés un siècle plus tard est que, comme je l’ai démontré dans Vendons les Parisiens ! la société civile n’est plus représentée dans les organes du pouvoir. A peu près tout ce que la France compte d’hommes et femmes politiques sont des fonctionnaires ou ont vécu toute leur vie sur les impôts des Français.

En France, il n’y a plus de classe politique, seulement une organisation administrative qui usurpe une part sans cesse grandissante du pouvoir et de la richesse des Français et les étouffe. Lorsque ce constat, né de la simple observation des faits, sera largement partagé, alors la voie du retour à la démocratie sera ouverte.

Dans Diplomatie, Henry Kissinger fait remarquer qu’historiquement, aucun régime politique en France n’a survécu à une défaite militaire. Il n’est pas sûr que celui-ci résiste à la crise du COVID.

En tout cas, une chose semble certaine : cette fois-ci, aucun d’entre eux n’aura de funérailles nationales.

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La terrifiante Convention Climat (2° partie)

Dans les années 1950, un étudiant américain en psychologie, Stanley Milgram, notait que les bureaucrates et bourreaux nazis au procès de Nuremberg se justifiaient en indiquant qu’ils avaient obéi aux ordres et que donc ils ne pouvaient être tenus responsables de leurs actes. Afin de comprendre si ces comportements étaient propres aux nazis ou s’ils étaient universels, Stanley Milgram a conçu et exécuté, de 1961 à 1963 à Yale, une expérience destinée à évaluer le degré d’obéissance d’un individu à une autorité qu’il juge légitime, notamment quand elle induit des actions qui posent des problèmes de conscience, comme l’infliction de chocs douloureux voire mortels.

L’obéissance de l’individu à l’autorité  

Pour ce faire, l’équipe du professeur Milgram a recruté au hasard par petites annonces les sujets d’une expérience, bien rémunérée, présentée comme une étude scientifique de l’efficacité de la punition sur la mémorisation.

Elle mettait en présence une figure d’autorité, l’expérimentateur, sûr de lui et vêtu d’un uniforme gris de technicien, l’enseignant, objet de l’étude, et un étudiant attaché à une chaise électrique. Chaque fois que l’étudiant répondait mal à une question, l’enseignant devait lui envoyer un choc électrique dont la puissance augmentait graduellement (de 75 à 450 volts). L’expérimentateur et l’étudiant étaient des acteurs et il n’y avait pas de chocs électriques, mais l’enseignant-cobaye qui était censé punir ne le savait pas.

Si l’enseignant-cobaye demandait qui était responsable au cas où quelque chose arrivait à l’élève, l’expérimentateur répondait : « je suis responsable ». Cette réponse soulageait le sujet et beaucoup ont poursuivi. L’expérience a révélé que, malgré les cris et supplications de l’étudiant et la dangerosité explicitée des chocs élevés, jusqu’à 65% des participants avaient administré des chocs maximum, potentiellement mortels. Avant l’expérience, les chercheurs pensaient que ce taux serait de 1 à 3%.

Des séries d’expériences dans le temps ont fait varier les divers paramètres. Elles ont été reproduites et confirmées par des successeurs de Milgram. Elles ont démontré que :

  • Les femmes obéissaient de la même manière que les hommes, voire davantage,
  • Le sujet devait être convaincu de la légitimité de sa mission,
  • La distance entre l’enseignant-cobaye et la victime influençait l’obéissance,
  • Même chose pour la distance entre la personne d’autorité et l’enseignant-cobaye,
  • L’apparence et le rang de la personne en position d’autorité pouvaient augmenter ou diminuer l’obéissance.

Cette expérience et ses résultats, qui ont alors beaucoup choqué, ont valu à Stanley Milgram d’être reconnu comme un des psychologues sociaux les plus importants du XX°s. Les films d’époque de l’expérience sont visibles sur YouTube.

La Convention Climat et l’autorité

Dans la première partie de cette chronique sur la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) publiée fin Juillet, j’ai partagé avec vous mon inquiétude :

  1. avant même le début des travaux de la Convention, le Président s’était engagé à soumettre ses propositions « sans filtre » au référendum, au vote du Parlement ou à application réglementaire,
  2. plus de 80% de ses propositions reposaient sur la contrainte, la taxation, l’augmentation du rôle de l’Etat ou la restriction des libertés.

En fait, le protocole d’organisation de cette CCC m’a immédiatement évoqué l’expérience de Stanley Milgram : les participants sont tirés au sort, ils sont mandatés par la plus haute autorité du pays, représentée au quotidien par les fonctionnaires du CESE. Elle leur confiait une mission légitime : faire des propositions socialement justes pour sauver le monde de la catastrophe écologique en 2030. Pour compléter le dispositif, le Président indiquait qu’ils ne seraient pas responsables de leurs recommandations puisque le pouvoir politique assumerait.

A la lumière de Stanley Milgram, il était prévisible que la CCC produirait des recommandations punitives et liberticides. Nos dirigeants le savaient puisqu’ils ont appris tout ça à Science Po.

La Convention Climat : rien de nouveau

L’idée de réunir un groupe de citoyens tirés au sort pour travailler sur des sujets de société peut sembler intelligente, voire judicieuse à un moment où la parole des politiques et de l’administration semble largement discréditée.

Mais en réalité, l’exercice n’est en rien une nouvelle forme d’exercice de la démocratie, il ne fait que confirmer que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les participants ont reçu les données d’entrée produites par l’administration et ils ont suivi le même raisonnement hypothético-déductif qu’elle. Les règles d’engagement du processus sont les mêmes que celles de nos fonctionnaires au quotidien : ils ont l’autorité sans assumer la responsabilité de leurs actes et leurs victimes sont loin. Le résultat est tristement habituel : contraintes, punitions, taxation et restrictions de liberté. Non seulement, ces propositions ne sont pas plus légitimes que les autres lois, mais tenter de nous le faire croire discrédite la démocratie parlementaire.

Comme pour la crise sanitaire, il est temps que  nos dirigeants cessent de nous prendre pour des imbéciles et des enfants irresponsables.

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LA TERRIFIANTE CONVENTION CLIMAT

En réponse à la crise des Gilets Jaunes au printemps 2019, le Président de la République a initié le Grand Débat national. C’est dans ce cadre qu’a été lancée, en Octobre 2019, la Convention Citoyenne pour le Climat.

150 citoyens tirés au sort ont travaillé pendant 9 mois sur cinq thèmes : consommer, se nourrir, se déplacer, se loger, travailler et produire. Répondant à la feuille de mission que leur a donnée le Premier ministre, ils ont défini 149 « mesures structurantes pour parvenir, dans un esprit de justice sociale, à réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 40% d’ici 2030 par rapport à 1990. »

Comme beaucoup, je m’inquiète de la détérioration de l’environnement, je pense nécessaire d’agir pour améliorer la situation et je ne sous-estime pas l’immense complexité du problème. C’est pourquoi je me suis intéressé aux travaux de cette Convention conduits au Palais d’Iéna, au sein du Conseil Economique Social et Environnemental (CESE). Troisième assemblée de la République, établie par la Constitution de la V° République, cette assemblée largement inconnue des Français  a un rôle consultatif sur les politiques publiques. Ses membres, rémunérés, sont nommés par différentes associations et syndicats représentant les « forces vives de la nation » explique-t-on au CESE qui se veut le champion de la démocratie participative.

Le rapport de la Convention Citoyenne pour le Climat a été publié le 21 Juin 2020 et présenté au Président de la République le 29 Juin dans les jardins de l’Elysée. Ce ne fut pas juste une garden-party comme tant d’autres, mais un évènement important, peut-être un moment charnière du mandat d’Emmanuel Macron, voire même de la V° République. En effet, avant même de connaître les résultats de la Convention, le Président de la République s’est engagé à ce que ses propositions législatives et réglementaires soient soumises “sans filtre” soit à référendum, soit au vote du parlement, soit à application réglementaire directe.

C’est pourquoi je me permets de vous recommander de vous rendre sur le site de la Convention Citoyenne pour le Climat et de voir par vous même ce qui s’est passé. L’explication du processus et du fonctionnement de la Convention, la consultation des documents mis à la disposition des membres de la Convention sont passionnants.

Je vous invite à ne pas regarder ce site de manière rapide et superficielle. Les objectifs définis par la Convention paraissent pertinents et souhaitables, les quelques mesures rejetées vous sembleront probablement extrêmes ou ineptes, celles retenues et mises en avant raisonnables. En écoutant la vidéo montrant la présentation du rapport au Président, vous noterez combien de fois les orateurs se félicitent du caractère démocratique de cette Convention. A survoler tout ça, vous pourriez en retirer l’impression que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes démocratiques, alors que la lecture des 149 propositions est proprement terrifiante :

  • 58 propositions (39%) reposent sur la contrainte, l’obligation, l’interdiction, le durcissement des lois, la réglementation ou l’imposition de sanctions,
  • 43 propositions (29%) représentent une augmentation des impôts et taxes ou une augmentation de coûts devant être supportées par les individus ou les entreprises,
  • 12 propositions (8%) constituent une attente aux droits fondamentaux tels que le droit de propriété ou les libertés individuelles (la liberté économique, la liberté de circulation, liberté d’opinion, etc.),
  • 10 propositions (7%) recommandent un élargissement du rôle de l’Etat,
  • 12 propositions (8%) concernent la formation, l’éducation, l’information, la conviction,
  • 14 propositions (9%) relèvent de la déclaration d’intention ou de la recommandation de bonnes pratiques.

Ainsi, plus des 4/5 (83%) des propositions reposent sur la contrainte, la taxation, l’augmentation du rôle de l’Etat ou l’atteinte aux droits fondamentaux des français garantis par la constitution !

Est-ce bien raisonnable ? Peut-on raisonnablement penser qu’une évolution majeure de notre société comme celle que la Convention appelle de ses vœux puisse se faire contre les Français, en les contraignant et les appauvrissant ?

Peut-on penser qu’en forçant la mise en œuvre de ces propositions, l’Etat français pourra, seul et contre le pays, atteindre les objectifs qu’il a contribué à fixer à la COP21 ? Alors que le nombre de Français du secteur privé dont l’activité fait vivre l’ensemble de la population (enfants, étudiants retraités, fonctionnaires, chômeurs, autres) est en diminution constante année après année, peut-on leur imposer un nouveau fardeau, restreindre leurs libertés, prélever leurs propriétés, réglementer leur vie à chaque moment et penser améliorer notre performance environnementale et notre société ?

Existe-t-il un seul exemple dans le monde et dans l’histoire d’un état qui ait réussi à imposer par la force et l’appauvrissement de sa population une évolution positive de la société qu’il représente ?

Je ne le crois pas. Nous faisons fausse route. Ce n’est pas le moment de brutaliser la société française en l’étouffant dans un nouveau carcan de lois, réglementations, taxes et restrictions de libertés. L’avenir de notre pays se construira avec les Français, pas contre eux.

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Pourquoi la loi NOTRe a éradiqué les communes

Nous avons vu dans ces colonnes, à partir de l’exemple du Pays Basque,  comment la loi portant Nouvelle Organisation Territoriale de la République (loi NOTRe), votée en Août 2015, avait

               1/ acté la disparition de la commune en tant que cellule de base de l’édifice politique français et

                      2/ centralisé toutes les décisions politiques locales entre les mains du maire de la grande ville locale et des fonctionnaires territoriaux.

Pourquoi les Parisiens en ont-ils décidé ainsi, quel objectif poursuivent-ils ?

Définition

Dans ce texte, les Parisiens, en italique, ne sont pas les habitants de Paris.

Le mot désigne l’ensemble des femmes et des hommes, élus et non élus, à Paris et « en province », qui exercent les pouvoirs exécutifs, administratifs, législatifs, judiciaires et contrôlent les contre-pouvoirs que sont les partis politiques, les syndicats et la presse. En quelques mots, on pourrait dire qu’il s’agit de l’élite politique, médiatique et intellectuelle qui dirige la France. C’est « Paris » comme on parle de « Washington » ou de « Moscou » pour désigner les États-Unis ou la Russie.

Même si la plupart des Parisiens habitent à Paris ou dans son agglomération, un grand nombre d’entre eux exerce leur talent « en province ».

Rappelons que les Parisiens qui nous gouvernent ont un point commun : qu’ils soient élus ou non,  ils sont (presque) tous fonctionnaires. Je l’ai expliqué en détail dans « Vendons les Parisiens ! » et plus brièvement dans ces colonnes : à quelques rares exceptions près (dont Mitterrand et Sarkozy), tous les Présidents, Premiers ministres et ministres depuis 1974 sont fonctionnaires, de même que la majorité des députés et sénateurs, tous les juges et bien sûr tous les membres des administrations à Paris et en « province ». Ils contrôlent également les contrepouvoirs que sont les partis politiques, les syndicats et la presse. Ils ont assis un pouvoir total, arbitraire et sans partage sur l’appareil d’Etat français.

Or, un pan de démocratie résistait encore : la démocratie communale et ses 35 000 villages gaulois. Mettons-nous un instant à leur place de hauts fonctionnaires : nous contrôlons tout l’appareil d’Etat, comment faire pour imposer notre pouvoir vertical jusqu’au fond de la vallée la plus reculée ?

Premier problème : il y a beaucoup trop de communes

Essayez d’écraser un acarien avec votre chaussure, vous n’y arriverez pas ! De même, l’Etat ne peut rien contre des milliers de villages de deux cents habitants dirigés par des maires bénévoles. Donc il faut regrouper tout ça dans des entités moins nombreuses et plus grandes sur lesquelles l’Etat aura des moyens de pression.

A peine quinze jours après les élections municipales de 2014 qui avaient infligé une cinglante défaite à François Hollande et au parti socialiste, les hauts fonctionnaires ont pris les choses en main : le 3 Avril 2014, notre Président-fonctionnaire de l’époque a publié une tribune dans la presse régionale qui lançait la réforme destinée à abolir la démocratie municipale, la future loi NOTRe.

Les 158 communes du Pays Basque ont été regroupées en une Agglo unique : le rapport de force entre l’Etat et elle est de 200 contre 1. Ceci assure à l’Etat un contrôle total de l’Agglo Basque et lui permet d’interfacer avec un acteur suffisamment sophistiqué pour diffuser ses politiques parisiennes jusque dans le moindre village.

Au niveau national, en 2016 par l’opération de la loi NOTRe, nous sommes passés de 35 000 communes à 1 258 intercommunalités.

Premier objectif : accompli.

Deuxième problème : le pouvoir politique est entre les mains d’élus locaux

C’est à dire du peuple, ces ignorants : vous comprenez le problème ! Il est urgent de le transférer à des professionnels « compétents et désintéressés » : des fonctionnaires. La méthode consiste à créer une nouvelle administration de grande taille et à l’inonder de textes législatifs et réglementaires d’une complexité extrême. Les élus seront vite dépassés et l’administration fonctionnaire locale, désormais au pouvoir, prendra ses ordres de l’administration centrale parisienne.

Nous l’avons vu, c’est exactement ce qu’a magnifiquement accompli la loi NOTRe : le maire de la grande ville locale qui est aussi, comme ailleurs, le Président de l’Agglo s’appuie sur ses fonctionnaires pour administrer depuis Bayonne les 158 communes du Pays Basque. Les élus des communes sont devenus des machines à sanctifier de l’onction démocratique des délibérations parisiennes qu’ils n’ont pas travaillées.

Deuxième objectif : accompli.

Parlons argent

Dans un rapport de 2012, la Cour des Comptes a révélé que, dans 93% des cas, la constitution des intercommunalités dans les années 2000 avait engendré une augmentation importante, voire honteuse des coûts de fonctionnement.

Ceci ne faisait que confirmer le phénomène économique connu sous le nom de « rendement décroissant de la fonction administrative » dont la théorisation a valu à Ronald Coase le Prix Nobel d’économie en 1991. Le regroupement de deux organisations ne génère pas d’économies d’échelle administratives, au contraire, il augmente mécaniquement les coûts : une organisation de 1000 personnes exige en effet plus de structure administrative que n’en nécessitent deux organisations distinctes de 500 personnes.

Tout ceci ouvrait des perspectives d’autant plus intéressantes que la grille de rémunération des fonctionnaires territoriaux augmente avec la taille de la collectivité. Donc regrouper les collectivités augmente automatiquement la rémunération de leurs agents.

Du point de vue de nos hauts fonctionnaires, le résultat est splendide : un nouvel étage dans le mille-feuille administratif, plus de fonctionnaires payés plus cher, donc un transfert de richesse du privé vers eux et leurs collègues.

Troisième objectif : accompli.

Achever l’œuvre de la Révolution

Mais la finalité de cette loi n’est pas immédiatement visible : en réalité, il s’agit d’achever l’œuvre de déstructuration de la société française entamée à la Révolution.

La commune est en effet l’héritière de la paroisse, elle constitue la cellule de base plus que millénaire de la France. Elle est le socle du pays auquel les Français sont tellement attachés, comme le montre l’amour et le respect qu’ils portent à leur magistrat préféré : le maire.

A la Révolution, les provinces ont été abolies et remplacées par des départements souvent fantasques afin de casser le pouvoir des féodaux et de déconstruire l’appartenance provinciale, mais les paroisses n’ont pas été touchées.

Dans « Décoloniser les provinces », Michel Onfray explique pourquoi le Jacobinisme hait les communes : elles représentent une réalité physique, une communauté véritable, tandis que la Nation française n’est qu’une fiction. La volonté de faire disparaitre les communes relève de la plus pure tradition jacobine.

L’histoire des peuples est celle de leur lutte contre leurs gouvernants et celle du peuple français ne fait certainement pas exception ! En 2020, elle oppose  les Français à la caste des fonctionnaires. Pour dominer le peuple, ces derniers ont entrepris de les déraciner, de les couper de leur être profond. Ainsi, douloureusement affaiblis, ils seront plus facilement soumis.

Tel est, je propose, le sens profond de l’éradication des communes voulue et accomplie par la loi NOTRe.

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Comment la loi NOTRe a éradiqué les communes

La loi portant Nouvelle Organisation Territoriale de la République, dite loi NOTRe a été votée le 7 Août 2015 et publiée le lendemain au Journal Officiel. Généralement présentée comme « l’acte III de la décentralisation », elle est connue de la plupart des Français pour la première partie de son œuvre, la réduction du nombre de régions en France métropolitaine (33 articles).

Pourtant la seconde partie de la loi, largement inconnue du public, est la plus importante tant par le nombre d’articles qui y sont consacrés (61) que par sa portée. Pudiquement intitulée « Des intercommunalités renforcées », elle opère l’éradication du fondement de l’organisation sociale, historique et politique de notre pays : la commune.

Dit autrement, elle acte la disparition de la commune en tant que cellule de base de l’édifice politique en France. Accordez-moi s’il vous plaît un moment pour vous présenter le mécanisme à travers l’exemple du Pays Basque : c’est du grand art, un travail de professionnel de haut niveau.

L’organisation du Pays Basque en 2015 et aujourd’hui

Depuis 1790, le Pays Basque et le Béarn se partagent à peu près également le département des Pyrénées Atlantiques (64) : environ 300 000 personnes vivent dans les 158 communes du Pays Basque. En 2015, elles étaient regroupées en dix intercommunalités.

L’objectif affiché de la loi NOTRe était d’éliminer les intercommunalités dont la population était inférieure à 15 000 habitants et de les fusionner avec leurs voisines. A cet effet, elle a conféré des pouvoirs étendus aux préfets pendant une dizaine de mois.

A l’issue d’un processus mené tambour battant en 2016, les dix intercommunalités qui quadrillaient le territoire basque ont été abolies et, début 2017, ses 158 communes ont été regroupées en une Communauté d’Agglomération Pays Basque. Un conseil communautaire, composé de 232 membres, a lieu plusieurs fois par an, il vote le budget et les délibérations qui lui sont présentées. Les 158 maires y siègent, les plus grosses communes y envoient en outre plusieurs représentants.

Une commission permanente de 69 membres se réunit plus fréquemment tandis qu’un bureau de 25 membres, dont 15 vice-présidents, épaule le président élu par ses pairs. Une administration de plus de 1000 personnes prépare et exécute les décisions votées par le conseil ou prises par le président.

Les compétences des communes transférées à l’Agglomération

En 2020, les compétences de la commune se résument à la gestion des écoles primaires, à l’investissement et l’entretien des voiries, bâtiments communaux et espaces verts municipaux, à l’entretien du patrimoine religieux et aux subventions aux associations, dont le Centre Communal d’Action Sociale qui organise une action sociale de proximité pour les plus faibles et démunis.  Enfin la commune organise la vie locale, comme par exemple la définition de l’horaire du marché et autres sujets du quotidien.

Toutes les autres compétences communales sont maintenant transférées à « La Communauté Pays Basque » qui assume seule, du littoral atlantique à l’extrémité de la Soule, la responsabilité de conduire les politiques locales en matière d’urbanisme, d’économie, d’agriculture, de transports, d’eau, d’environnement, de gestion des déchets, de transfrontalier, de culture, de langue basque, pour ne citer que quelques unes de ses 21 compétences.

« L’urbanisme ne se définit plus à la seule échelle d’une commune » rappelle Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne et Président de la Communauté Pays Basque, dans son discours de vœux 2020. Il a évidemment raison tant pour l’urbanisme que pour les autres sujets énumérés ci-dessus: la commune seule est souvent trop exigüe pour être pertinente.

Le débat politique est supprimé

Dès lors, comment est organisé le débat concernant ces politiques majeures au niveau du Pays Basque ? A l’occasion des élections municipales 2020, moment de débat et d’échange avec les citoyens électeurs, qui propose quoi ? Quelle politique foncière et immobilière pour le Pays Basque ? Quelle stratégie de développement économique, quelle politique de « mobilités » ? Comment gérer l’eau, les déchets, l’environnement ? Etc.

La réponse est simple : pas de débat. Aucune vision politique n’est présentée, aucun projet n’est soumis aux électeurs, aucun échange n’a lieu. Rien. Le sujet des municipales 2020 est l’entretien des voiries et de l’horaire du marché municipal. Le débat politique, au sens le plus noble du terme, sur la gestion et l’avenir du Pays Basque est supprimé.

C’est logique, les candidats à la fonction de maire ne nous parlent que des sujets municipaux sous leur responsabilité. Aucun candidat ne présente un projet politique pour le Pays Basque, tout simplement parce que c’est hors-sujet !

Ainsi la Loi NOTRe a réalisé le prodige de priver les citoyens de toute voix au chapitre sur les politiques locales. Elles sont désormais décidées à Bayonne sans que personne n’ait présenté aux citoyens le moindre projet ni ne les aient consultés.

Le nouveau mode de scrutin municipal a éradiqué la commune

En parallèle, le mode de scrutin des élus communautaires a été subtilement bouleversé. Jusqu’en 2020, au moment de son installation, le Conseil Municipal élisait en son sein d’abord le maire, puis les adjoints et enfin les élus qui le représenteraient au Conseil Communautaire. C’est donc le Conseil Municipal, organe délibérant de la commune, qui nommait ses représentants, leur déléguait ses pouvoirs et donc était en droit de leur demander des comptes.

En 2020, les électeurs vont élire (par un système de fléchage) deux catégories de conseillers municipaux :

             – les premiers qui siégeront à l’Agglo et au Conseil Municipal,

             – les seconds qui ne siègeront qu’au Conseil Municipal.

Tandis que les seconds se prononceront sur l’horaire du marché hebdomadaire, les premiers, maire en tête, prendront part aux décisions politiques affectant l’ensemble du Pays Basque (urbanisme, économie, transports, etc.).

Dans son discours de vœux en Janvier dernier, le Président Etchegaray, homme de loi qui connaît pourtant son sujet, a énoncé que « le socle communal (était) inébranlable » et que « l’administration de base (restait) communale ». Cette affirmation est fausse mais, comme nous allons le voir, la manipulation est subtile et perverse.

Elle repose sur une confusion volontaire entre le maire et le conseil municipal.

Le conseil municipal représente la commune parce qu’y siègent majorité et opposition(s), il reçoit et incarne la voix de tous ses habitants. Il est l’organe délibérant de la communauté de ses habitants constituée en personnalité morale publique. Le maire est certes le premier des conseillers municipaux, mais son pouvoir est quasi nul en l’absence d’une délibération votée par son conseil. Seul, il ne représente que lui-même.

A l’issue du scrutin municipal 2020, comme nous l’avons vu ci-dessus les maires et les quelques conseillers des plus grandes communes seront pour la première fois élus à l’Agglo à titre personnel. Ils représenteront directement les habitants du territoire communal, mais plus la commune, c’est à dire la communauté de ses habitants constituée en personnalité morale publique. Ils ne seront pas tenus de solliciter l’avis du conseil municipal sur les délibérations votées à l’Agglo. Juridiquement, ce qu’ils font à l’Agglo ne regardera pas le conseil municipal ni l’entité communale.

Politiquement, nous l’avons vu, ils n’auront rien promis aux citoyens ni au conseil municipal pendant la campagne 2020, ils ne leur devront aucun compte sur leur action à l’Agglo.

Dorénavant, la commune en tant qu’organe politique de la communauté de ses habitants n’aura plus voix au chapitre sur la gestion de l’agglomération à laquelle elle appartient. Elle est abaissée au rang de comité de quartier de l’Agglo, responsable de l’horaire du marché. C’est désormais le maire (et quelques conseillers) qui lui sont substitués et vont siéger au conseil communautaire.

Ainsi, d’une part, les citoyens ne sont pas consultés sur la gestion de leur cité, le Pays Basque, et d’autre part la communauté qu’ils constituent est privée du droit d’y participer. La commune, n’est donc en rien le « socle inébranlable » vanté par le Président de la Communauté Pays Basque, tout au plus le paillasson sur lequel il s’essuie les pieds tous les jours.

Vous conviendrez avec moi que la manipulation relève du grand art.

L’agglomération pays basque ne rend compte à personne

Regardons maintenant les choses au niveau de l’Agglomération Pays Basque. Institutionnellement, elle n’est pas issue des communes : la loi l’a établie et a exigé que les communes lui transfèrent leurs compétences et leurs biens. De fait, elle n’est pas intercommunale, c’est à dire issue des communes, elle est supra-communale : elle a préséance sur les communes, ses décisions s’imposent à elles. Elle  ne leur doit aucun compte, de même qu’elle ne doit aucun compte non plus aux citoyens, nous l’avons vu.

Comme nous le verrons en détail dans le prochain article, la loi NOTRe n’est pas un acte de décentralisation mais au contraire un mécanisme de centralisation politique et administrative.  Au Pays Basque comme dans presque toutes les agglomérations de France, la présidence de l’Agglo revient au maire de la plus grande ville, chez nous au maire de Bayonne : toutes les décisions relatives aux politiques locales au Pays Basque sont maintenant centralisées entre ses mains. En pratique, le pouvoir est exercé non pas par la communauté des maires mais par les fonctionnaires de l’Agglo sur lesquels le Président de l’Agglo s’appuie. Afin de maintenir des apparences de  démocratie, les délibérations préparées par les fonctionnaires sont votées par un parterre sidéré de maire-individus qui, par construction, ne portent pas la voix de leur commune.

Ainsi, avec la loi NOTRe en 2015, le Parlement a, ni plus ni moins, mis fin à la démocratie locale :

  • Il a retiré aux citoyens le droit de s’exprimer sur la gestion de leur cité,
  • Il a centralisé toutes les décisions entre les mains du maire de la grande ville locale et des fonctionnaires territoriaux,
  • Il a acté la disparition de la commune en tant que cellule de base de l’édifice politique français.

Dans chaque commune en 2020, les candidats se sont déclarés, ont réuni une équipe et entamé leur campagne électorale, comme si rien n’avait changé.

Décidément, cette loi NOTRe est un vrai travail d’orfèvre. Les Parisiens auraient eu tort de se priver, personne n’a rien remarqué.

contact@vendonslesparisiens.com

Prochain article : Pourquoi la loi NOTRe a éradiqué les communes

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Mai 1940, Mai 2020, une même sidération ?

Il est un épisode de l’histoire de France que nous connaissons très mal, voire que nous ignorons délibérément tellement il est traumatique et même tabou : l’effondrement militaire de la France en quelques semaines en Mai 1940 et les décisions prises en Juillet.

Pour rappeler ce qui s’est passé les 9 et 10 Juillet 1940, je m’appuierai sur l’ouvrage de référence de la période, « La France de Vichy », publié en 1973 et actualisé en 1997 par Robert Paxton, un historien américain arrivé en France en 1960 à 28 ans pour y rédiger sa thèse. « Sur un sujet qui remue encore  trop profondément les Français, il est bon qu’un miroir leur soit tendu par un auteur étranger » explique Stanley Hoffmann dans sa préface.

Printemps 1940, la France sidérée

A peine trois semaines après le début de l’attaque allemande du 10 Mai 1940, il est clair que la bataille de France est perdue. Dans la nuit du 16 au 17 Juin à Bordeaux, le Président de la République Albert Lebrun accepte la démission du Président du Conseil Paul Reynaud et nomme à sa place l’animateur des membres du gouvernement favorables à l’armistice, le maréchal Philippe Pétain. La France avait le choix entre capituler ou poursuivre la lutte depuis l’Algérie, à l’époque partie intégrante du territoire français. Elle sera le seul pays envahi par l’Allemagne dont le gouvernement n’a pas quitté le territoire occupé pour poursuivre la lutte.

Il est évidemment facile de condamner nos dirigeants de l’époque depuis le confort ouaté de nos vies pacifiques. L’inimaginable effondrement du pays en quelques semaines a plongé la nation dans une sidération collective : « une crise soudaine des forces vitales se traduisant par un état de mort apparente (souvent à la suite d’un très grand choc émotif) ».

C’est dans ce contexte de sidération que, le 9 Juillet 1940, les députés et sénateurs se réunissent à Vichy, « épuisés physiquement et émotionnellement. (…) Pierre Laval, (vice-président du Conseil) n’a pas besoin de faire violence à l’Assemblée pour qu’elle décide, le 9 Juillet, par 624 voix contre 4 que « les lois constitutionnelles doivent être révisées. » explique Robert Paxton. Le lendemain 10 Juillet, par 569 voix contre 80, les députés et sénateurs mettent fin à la III° république, s’assoient sur la tradition démocratique et  donnent naissance à un nouveau régime autoritaire.

Juillet 1940, la France entreprend la « Révolution nationale »

« Il ne faut pas se méprendre sur la gravité de l’œuvre accomplie le 10 Juillet. Si l’armistice avait été une révolution diplomatique, rien n’obligeait la France à en faire une constitutionnelle. Un régime d’armistice administrant le pays juste pour assurer le fonctionnement des services indispensables, comme ce fut le cas en Belgique et en Hollande, était une solution tout aussi valable. La loi présentée par le gouvernement le 10 Juillet (…) confère au maréchal Pétain les pleins pouvoirs, et non pas seulement ceux qui permirent à bon nombre de présidents du conseil de légiférer par décrets lois en période de crise, elle l’autorise explicitement à rédiger une nouvelle constitution. (…) La France est le seul pays occupé à ne pas se contenter de s’administrer, elle fait une révolution intérieure de ses institutions et de ses valeurs morales » explique Robert Paxton.

Encore une fois, il est impossible d’imaginer l’état d’esprit de nos parlementaires confrontés à un tel désastre. De fait, ils étaient à la merci de factions qui profitèrent de la faiblesse générale pour imposer leur lecture de la crise, leur agenda et prendre le pouvoir. « Pour ces critiques de la société moderne, 1940 est un jugement de l’histoire porté non pas seulement sur la III° république, qui ne mérite même pas le mépris, mais sur la conception globale d’un monde libéral, capitaliste et individualiste » écrit Robert Paxton.

Et de fait, la France s’est lancée en 1940 dans la mise en place d’un ordre économique et social nouveau qui va modifier profondément la façon dont les Français étaient gouvernés, instruits, employés.

« Jamais il n’y eut autant de Français prêts à accepter la discipline et l’autorité. (…) Par besoin d’une vie normale prenant les formes les plus élémentaires – besoin de retrouver son foyer et son emploi – bien des Français se sont engagés sur la voie d’une complicité quotidienne qui les conduit peu à peu jusqu’à prêter un concours actif à des mesures que personne n’aurait imaginées en 1940 » explique Robert Paxton.

Mai 2020 : il est urgent d’attendre

Des dramatiques événements de Juillet 1940, je propose de retenir que, pour un individu comme pour une société, il est urgent de ne prendre aucune décision lourde en pleine période traumatique.

 Même si la situation de Mai 2020 est infiniment moins grave qu’il y a 80 ans, la France, soumise à 8 semaines de confinement et à un arrêt menaçant de son économie, est aujourd’hui dans un état de sidération et de grande fragilité émotionnelle.

Dans cette période si particulière, il est urgent d’attendre et de ne prendre aucune décision lourde au delà de la gestion de la crise sanitaire et économique. Plus que jamais, il est indispensable d’ignorer ces nombreux prophètes qui tentent de nous imposer leur lecture de la crise, de recycler leurs idéologies mortifères et de nous enfermer dans un régime autoritaire. Et de lire « la France de Vichy » !

Contrairement à lieu commun imbécile, les Français sont disciplinés et responsables. Ils ont fait preuve en 2020 d’un civisme qui force l’admiration.  Le moment venu, toute réflexion à long terme devra s’appuyer sur les fondamentaux : la liberté économique, la liberté de choix de l’individu, son corollaire la responsabilité individuelle, le respect de la vie privée et bien sûr la démocratie fondée sur la séparation des pouvoirs.

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