Le premier temps est connu de tous.
En ce qui concerne les responsables de la dérive mortifère des trois voyous assassins, j’ai personnellement beaucoup de peine à croire à l’hypothèse officielle de la main des terroristes extrémistes musulmans, même lorsque ceux-ci réclament, à grand coup de communiqués, la paternité de l’opération.
Je vois plutôt un déguisement à bon marché pour ces meurtriers.
Je crois qu’en réalité ces assassins sont les enfants perdus d’une propagande égalitariste qui génère de terribles frustrations.
Bien pire que la richesse, le pouvoir administratif, qui accompagne le collectivisme égalitaire — relire Sakharov –, qui ne s’embarrasse pas de compétence, trouve à humilier journellement à tous les niveaux de l’échelle sociale.
Il suffit, pour comprendre cette humiliation, de patienter dans la salle d’attente d’une mairie, de l’URSSAF, des impôts, des flics, des tribunaux pour comprendre qu’il y a ceux qui sont du côté du pouvoir — exclusivement de situation — et les autres qui n’ont rien à attendre de cette société. Si par malheur, en plus, leur communauté est une minorité repérable le martyr est total.
La laïcité est une fable, juste un outil complémentaire d’humiliation, d’exclusion. Une croyance parmi toutes les autres, avec ses fous, ses intégristes.
Une croyance dont la prétention est telle qu’elle a éradiqué ce qui faisait la valeur de notre société : l’humanisme.
Cette qualité faite de respect de l’autre quel qu’il soit, de l’individu, unique, de sa liberté d’être, de paraître et de penser.
La laïcité intégriste est la rampe de lancement de la frustration qui peut atteindre des sommets dès qu’elle s’affranchit des règles.
Le deuxième temps est aussi terrible sociologiquement que le premier, même s’il ne fera pas couler le sang.
Suite à une émotion canalisée, entretenue et décuplée par les médias, trois millions de « Charlie Hebdo » vont trouver acquéreurs pendant que le contenu rédactionnel de ce journal l’avait amené au bord de la faillite. Il n’était suivi que par une minorité très particulière.
Peut-il revenir à cette minorité et garder son âme ?
Ou va-t-il essayer de conserver la plus grande partie de ces trois millions de lecteurs qui en feraient l’hebdomadaire le plus lu du pays ?
Quoiqu’il arrive il va falloir tuer. Ce sera :
– soit la mort de l’engouement, la déception de la majorité dont il est impossible d’imaginer qu’elle va se ranger derrière la pensée « bête et méchante » du journal. Le retour à l’anonymat, à la misère, que l’on tente de rompre par la provocation.
– soit il va falloir engager des spécialistes du marketing et changer la ligne éditoriale du journal pour la faire cadrer avec la pensée du plus grand nombre et essayer de garder la plus grande partie de ces trois millions de lecteurs imprévus.
Dans les deux cas quelque chose va mourir, il n’y a pas la place pour une solution médiane qui elle-même serait une troisième voie de mort.
C’est là, face à ces terribles échéances, c’est à dire demain, que journalistes survivants et zélotes de la compassion vont percevoir la vacuité et la lâcheté des politiques qui ne vont penser qu’à une chose : se faire la malle, s’éloigner le plus possible du monstre qu’ils ont créé sur le dos de l’emphatique naïveté des hommes.
Bien cordialement. H. Dumas