Le pillage, technique d’avenir ?

Il y n’y a que deux façons de s’enrichir : par le travail, mais en général c’est long et difficile, ou alors s’accaparer les biens d’autrui par le vol ou le pillage ; étant entendu que le pillage est un mode beaucoup plus facile et rapide de s’enrichir que le travail surtout … en France où il est pratiquement impossible de s’enrichir par le travail du fait d’une fiscalité écrasante !

Le pillage peut être culturel (André Malraux, ministre de la culture de De Gaulle, a commencé sa « carrière » comme pilleur de monuments au Cambodge en vue de leur revente à des collectionneurs) mais en général il est surtout économique parce que le but du pillage est essentiellement l’appropriation, le plus souvent par la violence, des biens d’autrui.

Néanmoins, il faut savoir que l’appréciation personnelle (et surtout idéologique) du pillage peut varier en fonction des convictions politiques car certaines personnes assimilent le libéralisme au pillage des pauvres au profit des riches alors que les libéraux assimilent le développement de l’étatisme au pillage des populations.

I-Une constante historique

L’Histoire est remplie de récits de pillages dont l’origine remonte à la plus haute antiquité et c’était le mode privilégié d’accumulation rapide de richesses. Les arabes ont un mot pour cette pratique et il est passé dans la langue française : la razzia !

Les tribus lançaient des raids pour aller piller les voisins !

Le pillage était même une tradition glorifiée dans le cadre des guerres et des campagnes militaires : les soldats avaient un droit de pillage et de viol sur les populations conquises et les armées revenaient triomphalement avec leur butin en or, argent, bétail et esclaves !

L’empire romain s’est livré avec violence au pillage de toutes les colonies conquises ; notamment pour entretenir une plèbe oisive avec du pain et des jeux. C’était la Pax Romana.

Les gaulois ont pillé Rome en 390 av JC (la rançon était de 330 kg d’or et c’est à cette occasion que le chef gaulois Brennus a prononcé le fameux Vae victis « malheur aux vaincus »), les peuples germaniques (goths) ont pillé Rome à trois reprises durant les grandes invasions barbares (en 410 ap JC par les troupes wisigothiques d’Alaric, en 455 par les vandales, en 546 par les ostrogoths).

Les vikings ont organisé de nombreuses expéditions dans l’Europe entière après avoir débuté, en 793, par le pillage de l’abbaye de Lindisfarne sur la côte de Northumbria (nord-est de l’actuelle Angleterre).

Les rois, au moyen âge, ont rançonné avec constance les populations (et parfois plus spécifiquement les juifs) qui leur étaient asservies ; essentiellement pour financer leurs guerres.

Le sac de Byzance par les Croisés en 1204, lors de la quatrième croisade, est également un épisode de pillage majeur effectué à l’initiative de la république de Venise.

Pendant la Révolution française, la nationalisation (confiscation) des biens du clergé (essentiellement de l’église catholique), par décret du 02 novembre 1789, n’a été, à bien y regarder, qu’un pillage destiné à renflouer les caisses vides de l’Etat révolutionnaire !

Le Louvre est rempli des rapines transalpines du général Bonaparte effectuées lors de sa campagne d’Italie (1796-1797).

II-Le pillage mode commun d’organisation sociale

On l’a compris, le pillage, quelle que soit sa forme, est un mode constant d’acquisition par la force ou la ruse des biens d’autrui et il n’est pas seulement le fait d’individus isolés ou en bande, il peut être aussi le fait d’organisations ou même d’Etats !

En fait, on s’aperçoit très rapidement que l’on retrouve le pillage à peu près partout !

Le pillage sauvage

Il est, le plus souvent, associé à des actes individuels et tout le monde a pu voir ces scènes de pillages de magasins lors d’émeutes. Il s’agit de phénomènes plus ou moins spontanés lors de périodes de troubles.

Mais, les arnaques par internet, les escroqueries, sont aussi du pillage de même que la copie par les usines chinoises des produits européens qui sont ensuite vendus à bas prix. C’est du pillage technologique dont l’incidence économique est évidente.

Mais, il peut prendre des formes tout à fait différentes. Ainsi, quand l’association DAL (droit au logement), soutenue par quelques artistes dument conscientisés, « réquisitionne » un logement privé pour y installer des squatters c’est clairement un pillage de la propriété privée au nom d’une idéologie : l’immeuble appartient nécessairement à un profiteur !

Le pillage légalisé

Aujourd’hui, le pillage militaire étant devenu, en Europe, moralement condamnable cela ne veut pas dire que le pillage a disparu. Il peut aussi être institutionnalisé et organisé par une organisation criminelle (racket) ou même un Etat voire même par une organisation ou un groupe au sein d’un Etat.

Toute rémunération qui ne correspond pas à un travail véritable ou à un service rendu (emploi fictif) relève de cette catégorie tout comme le pillage de fonds publics au profit d’une organisation, d’une entreprise ou d’un groupe de personnes en vue de bénéficier d’avantages indus par le biais de marchés truqués, de subventions illégitimes ; en général dans le cadre de pacte de corruption car la corruption est bien souvent à la source du pillage !

La mafia présente la caractéristique de posséder des entreprises légales qui s’insèrent dans l’économie officielle de l’Italie dans le seul but du pillage.

A partir de 1933, l’Allemagne nazie a organisé le pillage des juifs puis des pays de l’Europe entière à son profit au fur et à mesure de son expansion militaire ; sans que les allemands de l’époque y trouvent d’ailleurs quoique ce soit à redire. Ce pillage s’est étendu non seulement aux ressources alimentaires, aux biens d’équipement, aux matières premières mais aussi aux populations contraintes d’aller travailler dans les usines allemandes d’armement (STO – service du travail obligatoire- imposé par Vichy).

Le communisme s’est construit à partir d’une idéologie basée sur le pillage par le biais de l’appropriation des moyens de production et l’URSS a, à l’initiative de Staline, affamé l’Ukraine dans les années 32-33 tout en organisant  le massacre des populations récalcitrantes (les koulaks) dans le but de s’approprier les récoltes et les exporter afin de récupérer des devises destinées à financer tout ce dont elle avait besoin et qui n’était pas produit sur place.

Au niveau de l’Etat, le pillage est habillé d’un cadre légal destiné à le justifier mais la constante demeure la même : l’obtention forcée de revenus.

Ainsi, votre facture EDF est gonflée par de nombreuses taxes qui sont destinées notamment à financer des éoliennes qui ne fonctionnent pas. Il s’agit bien d’un pillage économique au profit des marchands d’éoliennes sous couvert d’écologie.

Plus discret et totalement légal, le pillage a lieu lorsque la population est astreinte au paiement de sommes qui ne correspondent à aucun service au profit d’une catégorie socio professionnelle qui bénéficie alors d’une rente.

Mais, ce n’est pas toujours le cas puisque les rémunérations somptuaires de Bercy et du Conseil Constitutionnel n’ont aucun cadre légal …elles relèvent, sans aucune ambiguïté, du pillage des recettes fiscales de l’Etat et il est particulièrement symptomatique que l’illégalité puisse se situer au plus haut niveau de la hiérarchie administrative !

On comprend donc rapidement que l’appropriation indue est beaucoup plus facile et sure lorsqu’elle a lieu en raison de la proximité avec le pouvoir légitime qui dispose de la capacité de contrainte.

 III-Le pillage technique d’avenir ?

Le désir conscient ou inconscient d’une grande partie de la population de vivre au détriment des autres laisse beaucoup d’avenir au pillage … même s’il est appelé autrement !

Le pillage est finalement une constante de la nature humaine et il est pratiqué à tous les niveaux privés ou publics qu’il soit exercé de manière explicite ou dissimulée.

Des sociétés industrielles et commerciales privées peuvent se livrer au pillage des ressources d’un pays ; mais c’est toujours avec la complicité des autorités locales légales ou de fait qui bénéficient alors de retombées financières (bakchich ou droit d’exploitation).

Lorsqu’elles sont le fait de l’Etat, elles sont en général habillées d’une idéologie. Avant c’était pour payer les caprices du roi, désormais c’est au nom de la solidarité … ou de l’écologie mais, d’une manière générale, toute rente accordée indument à une catégorie de population n’est qu’un pillage organisé en sa faveur et financé par les autres.

L’idéal de gauche de faire payer les riches n’est pas autre chose qu’un appel au pillage même s’il est masqué sous les arguments idéologiques de justice sociale et d’égalitarisme. Quand J-L Mélenchon promet de « redresser le pays » en spoliant les riches, les banques, les financiers, les prêteurs, il propose clairement à ses électeurs et clients de se livrer à un vaste pillage évidemment facilité par une victimisation des futurs bénéficiaires ; victimisation qui leur retire tout scrupule !

Si demain, l’Etat français se retrouve en difficulté, ce qui d’ailleurs ne va pas manquer d’arriver, il n’aura alors absolument aucun scrupule à prendre des dispositions dans le but de s’accaparer une partie des avoirs bancaires des français et ce sera évidemment du pillage.

De la même façon, avec une émission monétaire massive et une hyperinflation, il peut liquider sa dette rapidement tout en ruinant les épargnants !

Un contrôle fiscal peut aboutir au pillage du contrôlé par le biais d’un redressement indu dans le cadre d’une oppression fiscale exercée selon des règles que le contrôlé, bien souvent, ne comprend pas ; et le Code général des impôts n’est finalement qu’un monument dédié au pillage fiscal dans un système où les impôts sont, tout comme l’expropriation pour cause d’utilité publique ou la nationalisation sans indemnisation, des moyens de prendre la propriété d’autrui contre son gré sous l’argument de l’intérêt de la collectivité !

L’augmentation exponentielle des dépenses publiques depuis 40 ans a contraint l’Etat fonctionnaire à multiplier les astuces fiscales pour augmenter les prélèvements et le prélèvement à la source de l’IRPP comme de la CSG en est un excellent exemple dans la mesure où vos impôts sont payés par un autre (employeur ou caisse de retraite) et que vous ne pouvez désormais même plus vous y opposer, ni négocier ou faire une demande de remise, ou même tout simplement oublier de les payer ; compte non tenu du fait que vos revenus sont artificiellement gonflés du montant de l’impôt payé d’avance !?!

En l’occurrence, il s’agit pour les petits hommes gris de l’Etat de rendre le pillage acceptable et aussi opaque que possible. Combien de personnes connaissent le montant total de CSG qu’elles paient dans l’année ?

En fait, on s’aperçoit rapidement, lorsqu’il est fait référence à l’Etat stratège, notion si chère à nos étatistes et autres socialistes, que la seule stratégie réellement utilisée est celle déjà mise en place par Colbert lorsqu’il l’expliquait qu’il fallait « Plumer l’oie sans la faire crier » à un Louis XIV, qui s’y connaissait en matière de dépenses somptuaires puisqu’il a mis la France en faillite et provoqué indirectement la révolution française.

La principale caractéristique du pillage moderne est l’anonymat. Il est réalisé par les petites mains des petits hommes gris de l’Etat dans le cadre d’une organisation extrêmement sophistiquée où chaque acteur joue son rôle et contribue au système ; bien souvent sans même s’en rendre compte !

Evidemment, tout Pouvoir, pour pouvoir continuer son pillage, doit inspirer la crainte pour que les pillés ne se révoltent pas. Il faut donc être conscient que le fichage généralisé de la population, les diverses lois de « lutte contre la fraude fiscale » sont toutes des mesures ayant pour but de contrôler la population et de permettre son pillage sans qu’elle puisse y échapper !

C’est aussi pour cela que l’Etat s’est arrogé le monopole de la violence. Il lui est plus facile de contraindre une population qui ne peut pas se défendre surtout en utilisant l’argument fallacieux de sa protection !

Mais, inévitablement, le pillage génère de nombreux effets négatifs sur l’économie et sur le comportement  des personnes car il provoque une destruction du capital accumulé sans lequel aucune activité artisanale ou industrielle ne peut être exercée et, inéluctablement, les pillés finissent par s’en rendre compte. Ils tentent alors d’y échapper notamment par le biais de techniques d’évitement, voire de fraude fiscale ; et, s’il prend de trop grandes proportions, le pillage prend rapidement fin avec la ruine ou la disparition des pillés que ce soit par la mort ou l’exil.

Bien cordialement à tous !

Licence de publication : la reproduction de cet article est autorisée à la condition de le reprendre en totalité, d’en rappeler l’auteur ainsi que le site originel de publication.

 

 

 

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

2 réflexions sur « Le pillage, technique d’avenir ? »

  1. Eh bien Dominique… un bien beau résumé, clair, structuré, de la cause des malheurs évoqués sur ce blog depuis dix ans : le pillage. Merci.
    Nous arrivons maintenant aux croyances qui permettent ces causes, ce pillage, ce sont la religion égalitariste et son clergé. Ta plume sera essentielle…
    Amicalement.

    1. Merci !
      Mais il faut rendre à César ….
      Le pillage, c’est toi qui en parlé le premier !
      C’est donc ton idée et je me suis aperçu que c’était une réalité !
      Amicalement.

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