Le monde change … les britanniques ont décidé de quitter l’UE, des mouvements anti-européens se manifestent dans les pays dits du groupe de Visegrad (Hongrie, République Tchèque, Pologne) et, dernièrement, en Italie un gouvernement ouvertement europhobe est arrivé au pouvoir.
Ces mouvements sont le fait de formations dites populistes dont le point commun est leur hostilité à l’UE et qui exploitent, à leur profit, le mécontentement populaire. Elles prônent ouvertement un repli à l’intérieur des frontières qu’on pourrait qualifier de national.
Les raisons de ce mécontentement sont à peu près toujours les mêmes. Il s’agit :
– de la mondialisation qui a créé le chômage et qui appauvrit les populations,
– des migrants qui viennent en masse pour profiter des avantages sociaux,
Ce faisant, ces problèmes deviennent des enjeux électoraux et ces partis populistes organisent une instrumentalisation de l’opinion publique en jouant sur la nostalgie tout en proposant une amélioration de la situation matérielle moyennant un retour en arrière avec une référence explicite aux jours heureux (qui appartiennent forcément au passé).
Le discours actuel est celui de la stigmatisation des élites mondialisées qui agiraient « contre le peuple » et même L. Wauquiez, leader des Républicains se replie vers la droite identitaire tandis que son adjoint Guillaume Peltier affirme que : « E. Macron est le représentant de la technocratie parisienne, cosmopolite, individualiste, inculte, consumériste, mondialiste, déracinée, anhistorique ». On croirait entendre JL Mélenchon !
Evidemment, conformément à une logique constante, on recherche des responsables à cette situation et désigner un ennemi est la meilleure façon de souder le peuple derrière soi.
C’est d’ailleurs une constante de l’histoire ; lorsqu’il y a des difficultés, les dirigeants, soucieux surtout d’échapper à la vindicte populaire et souhaitant se conforter intellectuellement quant à leurs propres responsabilités, ont pour habitude de désigner des responsables … l’Europe, les banques, les multinationales, les profiteurs, les riches, les juifs …
Quand tout va bien, personne ne se plaint mais quand c’est plus dur ça râle ; alors que nos démocraties obéissent beaucoup à l’opinion qui va toujours dans le même sens : toujours plus d’avantages et jamais de remise en cause des avantages acquis …
Et pourtant, les sondages montrent que la population admet sans problème que nous dépensons trop dans les aides sociales …bien que, d’un autre côté, elle réclame un renforcement de la politique sociale car il est entendu que, dans ce système où la victimisation est de rigueur, le profiteur est toujours l’autre, le voisin ou le concurrent …
Evidemment, il y a une part de vérité derrière les griefs.
– la mondialisation :
On sait que la zone asiatique (Chine en tête mais hors Japon) a été, depuis 20 ans, la grande bénéficiaire de la globalisation de l’économie mondiale, avec un transfert des emplois vers cette zone ; ce qui a provoqué une stagnation ou une contraction de la production dans les pays d’Europe.
La France est devenue, avec la Grèce, le pays le plus désindustrialisé de tous les pays de l’UE car elle a enregistré un affaiblissement très net de son secteur industriel qui a été divisée par deux depuis une trentaine d’années. Il ne représente plus aujourd’hui que 11 % du PIB, alors que la norme européenne est de 20 %. Plusieurs pays européens sont d’ailleurs au-dessus de ce ratio : l’Allemagne est à 24 %, la Finlande et la Suède à 23 % et la Suisse à 21 %.
Alors, face à la mondialisation et au-delà de l’exploitation des réactions émotionnelles, intuitives et irrationnelles de la population, le retour vers la nation est-il la solution ?
Les partis populistes proposent d’abord de « s’affranchir des contraintes budgétaires » c’est à dire qu’ils ont prévu de dépenser plus alors qu’une telle stratégie, pour des états déjà complètement surendettés, apparaît totalement suicidaire (voir le Venezuela).
Ils proposent ensuite un repli national avec la remise en place de barrières douanières qui seraient destinées à protéger les entreprises nationales et leurs emplois. Trump, aux USA, joue à fond cette carte !
Seulement, ces remèdes apparaissent complètement erronés !
La première erreur est déjà de croire que la mondialisation s’opère contre nous et que nous existons dans un monde figé et immuable ! Le monde est dynamique et change et le retour aux vieilles recettes n’est pas nécessairement la bonne solution.
Il n’y a pas de protectionnisme intelligent et les taxes à l’importation sont avant tout des impôts qui sont nécessairement payés par le consommateur final ; qu’il soit américain ou européen ! La guerre des droits de douane engagée entre l’UE et les USA n’aboutira qu’à une escalade des prix dont le consommateur ressortira perdant !
En fait, le populisme c’est le refus de voir la réalité et la volonté exprimée par le peuple de bénéficier de toujours plus d’avantages sans se poser la question de savoir si cela est possible et qui paiera. On en revient à cette notion de F Bastiat : L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde.
Les privilèges, petits et grands, sont considérés comme des avantages acquis réputés intangibles et inaliénables. On le voit clairement avec les mouvements sociaux à la SNCF dont les employés refusent toute réforme car tous les gouvernements précédents avaient cédé devant le risque d’un blocage du pays ou encore à Air France dont le personnel est persuadé que l’Etat (qui détient 18% du capital) va intervenir une fois de plus pour calmer le jeu et leur concéder tous ce qu’ils exigent.
On a en fait atteint les limites de l’Etat providence qui vise, à travers la redistribution, à réduire les inégalités et assurer la cohésion sociale.
La hausse continue des dépenses publiques a entraîné fatalement une augmentation de la pression fiscale et la dégradation des marges des entreprises qui ont délocalisé (quand elles n’ont pas disparu tout court) vers des pays à faible coût de main d’œuvre bien que certains pays, tel l’Allemagne, aient réussi à échapper à ce schéma grâce à une économie très exportatrice et à une montée en gamme.
En fait, on est arrivé progressivement au bout d’un système : l’Etat providence s’avère trop dispendieux et n’a abouti qu’à des dettes massives dont on ne sait plus aujourd’hui comment se débarrasser. En France, ce sont plus de 740 Md€ qui sont dépensés chaque année au titre de l’aide sociale.
Ce schéma de l’Etat providence en expansion permanente ne pouvait fonctionner que tant qu’il y avait une croissance suffisante de la richesse produite pour amortir le coût des dépenses supplémentaires. Fatalement, à mesure que la croissance a ralenti et que le chômage augmentait, chaque gouvernement a inventé des mesures d’aide en direction de ceux qui pâtissaient de la situation.
Ces mesures, prises en fonction des circonstances par des politiciens en mal d’électeurs, ont été d’autant plus inefficaces qu’elles s’attaquaient aux symptômes, et non pas aux causes : la rigidification de l’économie.
Pour ce qui concerne la France, depuis 30 ans, le taux de chômage (officiel) reste englué aux alentours de 8 à 9%, la croissance est faible ou presque nulle, la dette publique est énorme alors que les impôts et les contraintes administratives sont toujours plus lourds ; faisant fuir les titulaires de hauts revenus et entrepreneurs qui n’investissent plus en France !
En voulant protéger les populations les politiciens n’ont fait qu’accumuler des contraintes et des dettes dont personne ne sait plus comment se sortir !
Le poids de l’État, spécialement en France, qui absorbe plus de la moitié du PIB (57%) est devenu insupportable. Il faudrait réduire les dépenses publiques mais on s’aperçoit vite que c’est presque impossible en raison des résistances opposées par la population bénéficiaire car chacun pressent, au jeu de la redistribution, que s’il perd sa place, il sera déclassé.
Alors, on trouve plus simple d’imputer à la mondialisation l’échec de l’Etat providence en s’imaginant que le retour à la nation est la solution.
On a alors droit aux clichés du plombier polonais ou du travailleur chinois payé un bol de riz alors que la seule véritable injustice est qu’une partie notable de la population se trouve privée d’emploi pendant qu’une autre a renoncé purement et simplement à l’emploi et se cantonne dans l’assistanat ; d’où un coût social colossal entre les cotisations qui ne rentrent plus et les allocations versées.
Le succès du populisme s’explique aussi par le fait que beaucoup de gens ont peur de la liberté ; pour eux c’est la jungle et certains se chargent de le leur rappeler avec l’ultralibéralisme et le détournement du sens des mots alors que nous vivons dans un monde ultra régulé – ultra contrôlé à l’antithèse du libéralisme !
La réaction populiste est une réaction de peur. Le peuple a toujours préféré la servitude à la liberté parce que la liberté fait peur et précarise. C’est l’aventure et les lendemains incertains alors que la population préfère la sécurité dans la servitude à la liberté dans l’incertitude.
Promettre le bonheur en préconisant protectionnisme et prestations sociales généreuses est à la portée de n’importe quel politicien. La peur de l’avenir explique le populisme et renforcer l’État protecteur en restaurant les frontières aboutit à se tourner vers le passé pour mieux fuir l’avenir.
Or, le repli à l’intérieur des frontières est illusoire car le retour à la nation prôné par certains est une erreur historique ; ce n’est qu’un retour en arrière, une régression.
Il faut être conscient que la fermeture des frontières c’est :
– la dislocation de l’UE,
– le retour au FF et à ses dévaluations,
– et des produits importés plus chers et donc la réduction du niveau de vie.
C’est donc un retour assuré vers la pauvreté ; compte non tenu du fait qu’instaurer une autarcie économique entraînerait en quelques décennies le décrochage du pays et la ruine de la population avec, à la fin, la chute du régime sauf à ce qu’il se maintienne au pouvoir par la force (dictature). Voir le Venezuela.
– les migrations et les droits sociaux :
Le point important qui est pourtant passé complètement sous silence est que cette immigration, musulmane pour l’essentiel, s’opère vers les pays chrétiens d’Europe de l’ouest et ne cherche nullement à aller en Algérie, au Maroc, en Tunisie, en Egypte et autres pays arabes.
Le problème de cette immigration massive amène à se poser des questions politiquement incorrectes ; lesquelles sont de deux ordres :
– on sait qu’elle concerne, pour l’essentiel, des populations en demande de bien-être matériel et d’avantages sociaux dont on sait aujourd’hui que nous n’avons plus les moyens de les financer ; sauf à alourdir encore des impôts et des cotisations sociales devenues insupportables. Ce sont donc des migrations économiques.
– on est obligé de prendre acte de l’échec de l’intégration de ces populations qui ne reconnaissent d’autorité qu’à Dieu et refusent de ce fait toute soumission aux règles de la République.
Or, pour l’instant, la responsabilité de l’UE est totale car elle n’a pas su apporter de réponse à ces questions alors que la suppression des frontières intérieures n’entraînait en aucun cas la suppression des frontières extérieures.
De plus, l’angélisme qui a prévalu ces dernières années n’a abouti qu’à laisser déborder la marée humaine ; à la grande inquiétude des populations européennes qui se posent légitimement des questions quant à leur avenir.
Il faut arrêter l’angélisme, les bonnes paroles, la contrition imposée par les moralistes médiatiques. Beaucoup de pays développés tels que l’Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande, les USA imposent des règles très strictes (même pour nous) en matière d’immigration ; et ce n’est pas un hasard.
On sait que les migrations sont devenues un business à la fois pour les trafiquants qui abandonnent dans les eaux internationales de pauvres gens qui ont payé très cher leur passage vers un bonheur promis mais aussi pour ces organismes présentés comme caritatifs qui repêchent ces mêmes migrants pour les importer en Europe.
Au-delà de ces clivages se posent donc de réels problèmes dont on ne voit pas le début du commencement d’une solution notamment parce qu’on touche à quelque chose de difficile à contrôler : l’insatisfaction générale des peuples alors que le pouvoir politique a une capacité décroissante à entraver le processus de globalisation qui est irréversible.
Le système devient instable et donc dangereux.
Il va nous falloir nous adapter ; ce qui va nécessairement nous obliger à des révisions déchirantes à propos desquelles les politiciens se gardent malheureusement bien de nous mettre en garde.
Bien cordialement à tous !
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