Tous les articles par Yves Marchand

Durer

Et si l’on se mettait un moment dans leur peau ?

Croyez-le ou non, ils sont terrorisés. Leur position fragile due à une élection pour la plupart d’entre eux bancale, les conduit à la raisonnable prudence de ceux qui veulent rester là, dans le confort douillet de l’hémicycle.

Tout n’est qu’apparence. On peut ainsi faire semblant d’avoir son sac rempli de sortilèges, même lorsqu’on est démuni de tout. Tout coup d’éclat se révèlerait vain, révélant la fragilité du matamore.

Tant d’oppositions ! Mais ni majorité, ni opposition cohérente. Rien. Rien à prouver, rien à tenter, rien à faire.

Il leur importe seulement de se montrer à l’écoute d’une lointaine société qui ne comprend rien aux entrelacs parlementaires et qui n’attend rien d’autre que de conserver son confort et d’éviter le pire, c’est-à-dire, pour elle, d’éviter de sortir de cette passe démocratique avec un peu moins. La société observe. La presse tient la garde.

Il leur suffit donc de parler, de dire ce que l’on veut entendre de l’autre côté du miroir.

De leur côté à eux, le pire – ils le savent – c’est la dissolution. « Un tien vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l’auras ». Et l’avenir, à tenter de le découvrir, est bien loin d’être sûr. Alors, on s’observe, on se jauge, on cherche à décrypter les intentions cachées de celles et ceux qui commandent vraiment et qui diront quand doit cesser la comédie.

Marine est en embuscade, soupèse, planifie, pronostique. Les juges guettent.

Mélenchon bavasse et fait des moulinets. La gauche est divisée. Les ambitions s’aiguisent de toutes parts.

Pour l’instant il faut, pour durer, se contenter de ce théâtre d’ombres.

On peut néanmoins jouer, de temps en temps, à se faire peur. De préférence, la nuit, dans cet hémicycle qui en a tant vu et tant entendu qu’il préfère les fantômes à la réalité. Alors, pour se croire vivant, on peut tout dire, tout proposer, tout prévoir. Il n’en restera rien que des archives sonores. « Verba volant »…

Rien n’aura d’importance que le 49/3 et ses conséquences : défiance et censure ou non- confiance sans défiance.

Le temps n’est pas aux coups d’éclat.

L’essentiel, c’est durer.

Gageons qu’ils vont durer.

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Meurtres

L’assassinat de Yahya Sinouar, chef politique du Hamas, est caractéristique de la relativité de la morale.

Nul ne l’aimait. Même pas son frère – qui va sans doute prendre ouvertement les rênes – avec lequel, semble-t-il, il entretenait des rapports ambigus de stratégie et d’influence, bref de pouvoir. La jalousie et les conflits d’intérêt nourrissaient leurs relations.

Quant aux autres, tous les autres, ils le haïssaient. Parce que c’était un monstre cruel et impitoyable. Il a donc été exécuté aux termes d’une décision sans appel de Tsahal, validée par l’Etat d’Israël et sans doute approuvée par les Etats-Unis.

Personne ne le pleurera ni ne le regrettera. Et tout le monde, en apprenant son exécution, a poussé un soupir de soulagement, comme si enfin quelque chose de concret venait d’être accompli en faveur de la paix. Le même soupir avait été poussé après l’exécution de Ben Laden.

On est alors amené à se poser un certain nombre de questions.

Y a-t-il des assassinats justes et des assassinats injustes comme (cf. St Thomas) il y aurait des guerres justes et des guerres injustes ?

C’est évidemment la thèse de tous les Etats. Des dictateurs d’abord. Poutine ne se prive pas d’assassiner urbi et orbi pour les « atteintes à la sûreté de l’Etat » commises par ses opposants. On a l’habitude alors de s’indigner. Ce fut le cas pour Navalny. Des démocraties ensuite. Leurs services secrets ont à maintes reprises, dézingué un chef d’Etat rétif pour le remplacer par un homme à elles, et l’organisation de putschs ici ou là sur la planète ont permis, assassinats à la clef, nombre de changements de pouvoir considérés comme judicieux. La liste serait longue.

L’assassinat avec la raison d’Etat pour support n’a rien à voir ni avec un crime crapuleux – du moins en général – ni avec un crime passionnel – bien qu’il lui ressemble à certains égards – mais le résultat est exactement le même. Il s’agit de se débarrasser d’un gêneur sous couvert d’intérêt général en utilisant les méthodes de la vengeance privée.

Le Droit est fait pour pacifier les pulsions et déléguer à la société le soin de dire, aux termes d’un procès – autant que possible équitable – la condamnation que devra endurer le coupable.

Mais tout cela est bien compliqué quand on doit profiter de l’occasion, éviter les contraintes, aller vite et faire cesser le trouble.

Tout ce que l’on dit lorsqu’on a la rage au cœur, un Etat peut, sans le dire, le faire.

Il faudrait bien se débarrasser de qui vous savez outre-Atlantique pour empêcher le monde de devenir fou, mais aussi au cœur du continent pour éviter une guerre atomique, et au Moyen Orient pour que force reste à la loi et ainsi de suite…

S’il y a des assassinats justes, pourquoi se priver ?

Pas sûr que ce soit le bon chemin pour la paix.

En tout cas, il n’a pas encore fait ses preuves.

Au contraire.

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Notre avenir

Dans un formidable mouvement d’émancipation, afin de nous persuader que nous étions libres, nous avons d’abord tué Dieu.

Puis, ne sachant que faire de cette liberté nouvelle, nous avons inventé une nouvelle forme d’aliénation sous le vocable de doctrine ou d’idéologie.

La dernière en date est de loin la plus originale. Elle se présente non seulement comme un remède aux inégalités, aux injustices et aux dérives d’emprise de l’homme sur l’homme mais aussi comme une véritable religion sans Dieu ou plutôt vaguement empreinte de mystère sacré et de superstition.

Et, à l’instar d’un parti totalitaire, ses relais médiatiques, syndicaux et associatifs veillent à convaincre les sceptiques, ou du moins à les faire taire.

L’échec des idéologies marxiste et capitaliste a laissé le champ libre à l’écologie.

Comme une religion, elle s’est implantée par la base. Cela fait, elle avait encore deux stades à franchir.

Comme une arme idéologique de conquête du pouvoir elle a fini, grâce aux médias, par s’installer dans les foyers au point de devenir non seulement une commune façon de penser mais aussi un fondement économique.

Il n’en fallait pas plus pour que l’écologie devienne une évidence dispensée de démonstration, un axiome, un acte de foi.

Il lui reste à présent à devenir opérationnelle.

Pour s’emparer du pouvoir qu’elle vise, elle va devoir opérer sa mutation et passer de secte à idéologie de masse. Son avantage concurrentiel est de n’avoir d’autre concurrent qu’un populisme complotiste ou extravagant.

Elle va donc poursuivre le travail de ramollissement des volontés par principe de précaution interposé qu’elle a déjà entamé, pour permettre à la société d’accueillir l’écologie punitive capable de réduire les réfractaires. C’est elle qui inspirera l’idéologie nouvelle, reconnue comme « de nécessité » et susceptible de réunir la nation dans un grand mouvement sociétal de foi commune, où l’évidence l’emportera sur le raisonnement et le slogan sur le discours.

Là, se retrouveront les chantres de l’utopie, les tenants de l’autoritarisme et les adeptes de la délation, réunis pour fonder ensemble la dictature de la solidarité et de la fraternité, présentée comme le havre de notre bonheur commun.

Il n’y a pas de place pour la liberté individuelle dans une société qui choisit de privilégier l’avenir improbable sur le présent.

Nous allons devoir nous habituer à vivre le présent en fonction de ce que pourrait devenir l’avenir si nous n’obéissions pas aux ukases des nouveaux prêtres de l’écologie qui ont défini le bien et les moyens d’y parvenir.

Pas le bien pour les hommes, considérés comme des perturbateurs de la biosphère, mais le bien pour la planète, entité virtuelle construite à l’image de leurs fantasmes. Les dictatures ont toutes et toujours emprunté le chemin de l’idéologie salvatrice. Celle-ci n’échappera pas à la règle.

L’écologie déjà reconnue d’intérêt général se présente bien comme salvatrice du vivant.

Il ne lui reste qu’à imposer son pouvoir. L’échec des idéologies « de libération » devrait le lui permettre.

L’écologie, idéologie apostolique de remplacement, est notre probable avenir.

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Hypocrisie

Sous le titre « Vice, vertu, désir, folie », une exposition de peintures proposée par le musée des beaux-arts de Montréal révèle aux visiteurs l’état de la société des Pays Bas aux 15ème, 16ème et 17ème siècle sous l’angle des contraintes religieuses et de leurs échappatoires populaires.

Outre l’admiration portée à un art tellement maîtrisé que l’on se demande comment des artistes ont pu continuer à peindre après eux, on sort de là quelque peu chaviré en pensant bien sûr à Molière et à son Tartuffe, à Rabelais, aux épicuriens et aux hédonistes mais aussi à notre époque contemporaine qui semble au premier regard permissive et qui n’est pourtant qu’un pâle reflet des mœurs de cette époque.

Comparés à ceux de la Renaissance, nos styles de vie paraissent bien puritains !

On repense en particulier au scandale qui a accompagné la sortie du film Emmanuelle pour une attitude suggestive de l’héroïne du film lascivement abandonnée dans un fauteuil d’osier. Ou à Marco Ferreri et au scandale de « La grande bouffe » Fariboles ! Breughel, Jérôme Bosch ou Cranach ont fait bien mieux. Les peintres flamands ne se contentent pas de suggérer. Ils montrent. L’ivresse et la luxure n’ont de secrets ni pour eux, ni pour nous. Et lorsqu’ils suggèrent, ils vont plus loin dans la suggestion qu’un simple fantasme de papier glacé. Ce ne sont pas simplement quelques moines paillards mais tout un peuple qui s’adonne à des plaisirs lubriques. L’auberge peut brûler. Nul ne s’en soucie. À l’ONU, Chirac n’a rien inventé ! Et ce n’est pas parce que l’enfer leur est promis que ces braves gens s’en abstiennent. Ils en perdent même la raison. De là à faire passer pour folie ce qui n’est qu’expression des sens, il n’y a qu’un pas que franchissent hardiment les tartuffes.

Et il faut tout le talent de ces artistes, ce ne sont pas toujours les mêmes mais certains passent facilement de l’enfer au paradis, pour rappeler les chrétiens à la conduite à tenir pour obtenir leur salut. Il y a peut-être quelque dérision à montrer une abbesse de sang royal passant pour incarner la vertu dans l’habit de carême qui sied à son attitude austère alors qu’un peu plus loin l’empereur son père, dans le plus grand apparat, s’agenouille dans une attitude révérencieuse devant un enfant Jésus potelé et rieur. La pénitence a toujours été proposée aux autres !

On imagine bien une peinture contemporaine dépeignant un écolo-ermite vivant de peu dans sa grotte de l’Aveyron tandis qu’un peu plus loin nos chefs d’Etat se congratuleraient à Cancun pour célébrer l’avènement d’un monde décarboné…

Il faut laisser à Erasme le dernier mot : « C’est la folie qui répand la joie chez les dieux et les hommes ». Soyons fous mais ne le montrons à personne ! Nous n’en serons  que plus heureux.

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Carpe diem !

On se réunit, on discute, on complote, on crée des clubs, des forums, des séminaires et des rencontres, tout cela au nom du « Vivre ensemble » en République !

Résonnent alors partout les échos de leurs intrigues, dans les sérails d’experts, au café du commerce, au fil des réseaux sociaux et dans les hémicycles. Pas pour trouver la solution globale. Ce n’est pas leur objectif. Il s’agit simplement de satisfaire Gérard sans trop gêner Bruno tout en réglant leur compte à Eric et à Aurélien, pendant qu’on empêche Olivier de nuire à Jean-François tout en faisant croire à Laurent qu’il peut compter sur le Parti.

Avec l’arrivée du Rassemblement National, les prénoms changent. On a déserté le calendrier grégorien pour le calendrier « soap » tellement plus « cool » avec ses Jordan, Marine ou Steve. Mais rien ne change. Seul commande l’intérêt du parti et de ceux qui le composent.

Les Médias se gobergent. L’étalage du diagnostic psychologique présumé du Président, des déconvenues de seconds couteaux, des frustrations de courtisans délaissés, des ambitions refoulées d’ex-futurs leaders de la Macronie ou des rodomontades des matamores d’une gauche provisoirement sauvée du naufrage, sont tellement plus rentables que de savoir comment nous rembourserons nos dettes, comment nous accroîtrons nos exportations, comment nous compterons dans le bouillonnement des nouvelles technologies, comment nous modulerons l’immigration et comment nous réduirons les inégalités géographiques de l’intérieur, qu’il vaut mieux s’en tenir aux secrets d’alcôve des partis qu’à l’avenir de la nation.

Un parti, ça ne gouverne pas. Ca bavarde, ça critique, ça fustige, ça se disloque, ça diffame et ça récupère l’argent public au nom de la transparence et de la lutte contre la corruption, emplois fictifs à la clef, lorsque la loi sur le financement des partis ou des campagnes électorales devient elle-même facteur de corruption.

Il faut, d’après Jean-Luc, Mathilde et Manuel revenir à la transparence complète de la vie publique, c’est-à-dire, au régime des partis où tout est limpide comme l’eau de la source…Ils ne sont pas les seuls à l’espérer. Chaque parti, dans son for intérieur, rêve du temps béni où la proportionnelle leur offrait le pouvoir.

Le Président semble aussi convaincu que c’est avec les partis qu’il gardera la main. Il se trompe. Il l’a perdue. Seuls les partis conservent une petite chance de la prendre. Pas la France.

La IVème République est revenue en force avec son tragique destin : instabilité, paralysie, combinaisons. Tout ce que la Cinquième avait vaincu.

Mais comme on peut l’entendre ici ou là :« Tkt ! les JO sont là avec leur flamme ! Place aux jeux ! Réjouissons-nous ! On verra après. »

Les partis guettent.

Ils ne sont pas arrivés.

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En campagne

    • Un client : Alors, Mme Michu, cette dissolution ? Faut croire que votre M. Macron a pris la mouche … Faut dire, y avait de quoi, avec la déculottée qu’il a prise !

    • Mme Michu : Allez M. Lambda, ne vous faites pas plus bête que vous n’êtes ! Vous avez bien compris ! Et, au fond, ça ne vous arrange pas tellement que ça ! La cohabitation n’a jamais fait les affaires de l’opposition. Si vous ne le saviez pas, vous allez l’apprendre ! Et je tiens le pari : si les Français choisissent l’aventure, Mme Le Pen n’entrera pas à l’Elysée dans deux ans. Pas si bête de la part de M. Macron… En tout cas, pas mal joué !
    • Le client : J’ignorais que vous étiez commerçante et devin !
    • Mme Michu : Je ne suis pas devin, M. Lambda, j’ai hélas l’expérience… dont vous manquez apparemment.
    • Le Chœur : L’avenir appartient aux dieux. Malheur à qui les défie ! Nul humain ne peut prédire ce qu’il adviendra des choix d’un peuple aussi imprévisible !
    • Mme Michu : Chacun sait cependant qu’il ne suffit pas de vouloir pour pouvoir. Seules les circonstances qui échappent aux hommes dirigent leurs combats : la pandémie, la guerre à nos frontières, le renversement des alliances traditionnelles, la folie impérialiste, la crise économique…
    • Le client : M Bardella sera Premier ministre pour les jeux Olympiques.
    • Mme Michu : Et Mme Hidalgo sera toujours là !!! Le Président aussi. Sans compter que pour gouverner il faut un majorité. On voit mal le RN arriver au pouvoir avec la majorité absolue !
    • Le client : Il trouvera des accords avec la droite qu’il aura plumée. Avec Ciotti.
    • Mme Michu : Il est passé par ici !
    • Le client : Avec Zemmour et Maréchal !
    • Mme Michu : Nous voilà ! Et si la gauche refaisait une union de circonstances, façon NUPES ?
    • Le client : Elle sera archi battue !
    • Mme Michu : Bien possible, mais la question n’est pas là. L’opposition sera dans la rue, comme d’habitude et c’est bien là, dans le chaos, qu’on jugera de l’autorité de vos amis !
    • Le Chœur : Dans une démocratie, l’autorité, comme la vertu, naît dans l’opposition et s’efface avec le pouvoir.
    • Le client : La démocratie molle, c’est la démocratie du renoncement. La démocratie forte, c’est l’expression de la volonté du peuple en faveur de l’autorité de l’Etat…
    • Mme Michu : Vous rêvez, M. Lambda ! Le peuple ne veut d’autorité que si elle s’exerce contre son voisin ! Même la fasciste Mme Meloni a renoncé à son autorité. Bref, vous aurez Mélenchon dans la rue, vos complices en embuscade, la paralysie politique du gouvernement et une situation économique ingérable, Tout ce qu’il faut pour que la France redevienne raisonnable en 2027 ! Non, décidément, n’y comptez pas, votre championne n’entrera pas à l’Elysée !
    • Le client : On verra bien, Mme Michu ! En attendant, M. Bardella sera à Matignon…
    • Mme Michu : Pour sa perte, M. Lambda, pour sa perte !
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L’art de juger

La musique s’adresse directement aux sentiments sans impliquer aucun raisonnement. Michel Serres la classait au rang de langage vernaculaire universel, ce qui, pour un philosophe, était plus que méritoire. Il la créditait d’une capacité très supérieure aux mots qui, pour devenir universels exigent une traduction. L’universalité n’est accessible aux mots qu’avec l’intermédiation du traducteur. La musique est la seule expression artistique qui n’exige aucun apprentissage pour en saisir l’âme. On la ressent intimement.

On a ainsi coutume de dire que « l’art nous parle ». Et, en effet, l’art n’est jamais muet. Mais les spectateurs et les auditeurs sont parfois sourds et ne voient pas toujours très bien.

Pour les arts dits plastiques, les sentiments ne suffisent pas. Il faut apprendre à voir. L’un de mes vieux amis me disait à propos de l’art contemporain : « Il faut en voir le plus possible. C’est en voyant beaucoup d’œuvres que tu formes ton goût ». Il avait raison. À condition toutefois que le spectateur s’applique à voir.

Ce qui est vrai pour l’art contemporain, l’est tout autant pour l’art classique. Il y a tant de messages dans un tableau, les uns visibles mais incompréhensibles au premier regard, faute de connaissances de l’époque, du lieu ou des coutumes en usage du vivant de l’auteur, les autres allusifs à des événements connus des contemporains et de quelques initiés, puis passés dans l’oubli.

Toute connaissance exige un apprentissage.

Et c’est le spectateur et l’auditeur qui, grâce à cet apprentissage, censureront l’auteur ou lui donneront son label.

La politique n’est certes pas un art. Mais elle s’expose comme tel, se fait voir sur scène et se fait entendre devant un parterre d’audio-spectateurs d’autant plus sévères qu’ils sont artisans de leur propre avenir grâce à des interprètes qu’ils ont sélectionnés.

Reste pour ces spectateurs à comprendre l’œuvre, à en tirer les conséquences pour leur avenir et à approuver ou à censurer les acteurs selon qu’ils auront ou non répondu à leur attente.

La politique a, comme la musique, cette faculté d’être jugée sans avoir à être comprise. Elle devrait s’adresser à la raison. Comme la musique, elle s’adresse aux sentiments. La politique démocratique est de l’ordre de l’irrationnel. On aime ou l’on hait sans raison l’acteur politique.

Nul n’est besoin, comme en peinture, d’apprentissage pour devenir censeur.

Nul n’est besoin, comme dans un tableau de maître, de décrypter ses messages cachés.

Nul n’est besoin d’accumuler les connaissances pour former son goût à la politique.

Chacun peut la juger, sans la connaître, selon les sentiments qu’elle lui inspire.

Elle est, comme la musique de Michel Serres, un langage universel, de toutes les époques, de tous les continents et pour toutes les conditions.

Mais, à juger la cacophonie qui en résulte, c’est une drôle de musique !

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Souffrance et mort

La diarrhée législative actuelle sur l’euthanasie n’est que l’expression de la morgue de prétendus diseurs de Droit, auto-proclamés conducteurs d’opinion. Ce sont les mêmes que ceux qui croient pouvoir tout régler par des textes toujours décevants pour leurs prétendus bénéficiaires et qui persistent malgré tout à imposer leur vérité.

La loi a par nature une portée générale. Or il est des domaines où la législation ne peut être que minimale.

La souffrance et la mort, par exemple, qui touchent l’individu au plus profond de lui-même, restent du seul domaine particulier. La façon de surmonter la souffrance et le choix ou le rejet de la mort provoquée, en sont l’expression ultime. Nul ne peut se substituer à celui qui souffre et la loi ne saurait en ce domaine imposer sa marque.

Elle ne peut décider pour chaque individu gravement malade s’il a encore ou non un intérêt à vivre. Elle ne peut ni répondre à la question de son destin sur terre ni apprécier sa résignation ou son aspiration à mourir. Chaque cas de souffrance qui précède la mort – sans qu’on n’en connaisse jamais le terme – est individuel, particulier, éminemment personnel et ne peut donc trouver de solution dans une approche globale nécessairement éloignée des convictions personnelles du patient et de celles de son entourage. D’autant que ces convictions, exprimées ou refoulées selon le tempérament des sujets, ataviques ou raisonnées selon leur culture, sont évolutives en fonction de l’état physique et psychologique du malade.  Nul ne peut se substituer à lui. La loi n’a pas à répondre à des questions aussi intimes.

Seuls des esprits d’inspiration totalitaire prétendent dire si une vie vaut ou non d’être encore vécue. Et imposer dans la loi une vision aussi peu respectueuse des convictions de chacun serait une imposture.

Ainsi ceux qui passent pour les libérateurs du carcan vital, se comportent en réalité comme des liquidateurs d’affaires. La vie vaut infiniment plus – bien au-delà de leur valeur – que le coût de soins palliatifs remboursés par la Sécurité Sociale. La mort provoquée ne doit pas être un enjeu économicopolitique.

La loi qui régissait jusqu’à présent la question de l’aide à mourir se tenait à bonne distance de toute tentation d’euthanasie et prenait bien soin de ne pouvoir être exploitée de façon idéologique. Ce verrou a sauté sous la pression de ceux qui ont choisi de considérer la vie comme une simple fonction matérielle.

Qu’ils nous permettent de penser qu’elle est davantage que cela. Et que les donneurs de leçon qui ne savent rien de plus sur ce sujet que ceux qui subissent leurs ukases, veuillent bien s’abstenir de décider ce que vaut leur vie.

Le matérialisme qui guide la loi n’est pas la seule option possible.

Au nom de la liberté de penser, prononçons-nous contre la loi sur l’euthanasie.

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La cible

La France est dans le viseur. Et les chasseurs ont mis dans le mille. D’Afrique, ils nous ont expulsés et de Nouvelle Calédonie, ils tentent encore de nous évincer avant de s’attaquer à la Guyane et à la Martinique. Ce n’est évidemment pas en forces libératrices de peuples opprimés qu’ils se présentent mais en prédateurs.

Les indépendantistes leur servent de leurres.

Il y a toujours quelques idiots utiles pour faire le jeu d’agresseurs sans scrupules. Ils sont partout ces crétins qui se croyaient esclaves jusqu’au moment où ils vont le devenir, qui se croyaient exploités jusqu’au moment d’être ruinés et qui ne savaient pas ce qu’était la liberté avant de découvrir l’oppression.

La France, maillon faible de l’Occident libre.

Parce que, comme le coq, nous chantons à tue-tête dès que le soleil se lève pour dire leur fait aux agresseurs des Arméniens, des Ukrainiens, des Coptes et de toutes les minorités malmenées.

Parce qu’il faut avoir les moyens des leçons que l’on donne et que nous sommes dépendants de nos créanciers.

Parce que nous voulons jouer un rôle de premier plan alors que nous sommes au second.

Parce que nous n’avons plus pour guide que notre Histoire.

Parce que nous restons démocrates et que la démocratie est à leurs yeux une faiblesse.

Parce que nous restons légalistes et que le Droit importe peu aux forts.

Parce que néanmoins nous sommes encore enviables, avec quelques beaux restes.

Bref, parce que nous gênons et que nous sommes forts en gueule.

Lorsqu’une nation est agressée, elle doit faire corps.

La France est agressée. Au lieu de faire corps, elle cède aux pressions de ceux qui ont choisi ses ennemis comme modèles.

C’est à l’intérieur qu’elle est aujourd’hui menacée.

Si l’Europe n’était plus demain le dernier bastion de son influence, elle aurait beau chanter, le soleil ne se lèverait plus pour elle.

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Exemplaire !

La SNCF est l’icône du modèle français, le sein des seins du syndicalisme à l’écoute des masses laborieuses et demeure sans rivale en tête du Hit-parade des entreprises les plus sociales de notre pays.  Elle est notre fierté. Même Michelin, inventeur du prophétique « salaire décent », malheureusement talonné par Good Year et Bridgestone gonflés à mort, s’essouffle à courir derrière elle.

Aux commandes de son monopole de fait, la SNCF maîtrise tous les registres de l’orgue social, du salaire maximum accordé à ses contrôleurs jusqu’aux pensions de retraite pour tous en passant par les primes d’exception pour les plus méritants.

Pas dur ! Il suffit d’annuler la loi. Et pour cela rien ne vaut un bon accord salarial entre patron et syndicats. Champagne ! Ce n’était jamais arrivé. Les syndicats sont unanimes. Impressionnante victoire sociale.

Après tout la République ne fait cadeau à ses turbulents agents montés sur rail que de deux ans de salaire au meilleur taux contre la renonciation – provisoire – à une grève capable de paralyser les transports publics pendant les JO.

Même la RATP n’y avait pas pensé. On parle désormais de breveter le dispositif. Nous aurons des métros à condition que le sort des traminots suive celui des cheminots.

Ne reste donc pour le moment en suspens, côté transports, que l’avenir de nos contrôleurs aériens qui tiennent sur leurs écrans entre leurs mains fragiles le sort des athlètes du monde entier. L’affaire devrait être rapidement bouclée car EDF étudie déjà les moyens, grâce à la compréhension de l’Etat qui n’aura qu’à présenter la note au contribuable, d’étendre le dispositif à tous ses agents. À peine d’éclairer les stades à la bougie.

Et il n’y a pas longtemps avant que les hôpitaux ne ferment leurs services d’urgences si la même exception à l’odieuse « loi scélérate sur les retraites » extorquée au Parlement par un immonde 49/3, ne vient pas, avant les JO, célébrer à coups de casseroles leur magnifique dévouement à la cause de la santé publique.

Peut-être pourrait-on envisager d’étendre aussi le dispositif à l’Education Nationale ? On n’ose l’espérer à la veille des épreuves du baccalauréat. Mais tout est encore possible.

Honni soit qui mal y pense. Il n’y a là aucun chantage.

Seulement la juste reconnaissance de la nation à ses agents-modèles que le monde entier nous envie.

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VIVRE !

Aux dires de nombreux acteurs, il serait plus facile de faire pleurer que de faire rire. Le drame serait plus simple que la comédie.

Légiférer sur la mort est aussi sans doute plus porteur que légiférer sur la vie. La peur, le mystère et l’inconnu sont commercialement et il faut croire, électoralement, plus vendeurs que la joie, la connaissance et la routine.

Le tropisme du législateur en faveur du drame peut cependant, en un certain sens, paraître un peu pervers.

Tout en nous infligeant les tracas les plus divers pour nous empoisonner la vie, il se pique de tout prévoir pour nous assurer une mort confortable. La plupart d’entre nous préfèrerait sans doute qu’il nous fiche la paix et prenne davantage garde à assurer le confort de notre présent.

Mais non ! Tout comme le pouvoir spirituel promet à chacun le bonheur absolu dans un autre monde en se satisfaisant de l’enfer sur terre, ce bon pouvoir temporel s’attache désormais plus à la qualité de notre fin sans aucun lendemain qu’à celle de notre vie. Paradoxal, mais ça marche !

Les femmes dansent sur la place Vendôme en célébrant la victoire constitutionnelle de l’avortement désormais libéré de contraintes (alors que Mme Veil le qualifiait d’échec) et nous célébrons la mort assistée bientôt requalifiée d’euthanasie comme un progrès (alors que ce n’est que la fatalité de la défaite).

Hier, c’était pour célébrer la vie que l’on faisait la fête. Aujourd’hui c’est au nom de la dignité que l’on se réjouit pour célébrer le confort de la mort.

Il y a sans doute quelque de chose qui ne fonctionne pas bien dans notre système empathique. Il est vrai que l’empathie, sœur de l’apitoiement, se prouve – ou se démontre – par la manifestation la plus bruyante possible à la peine de l’autre. Depuis des temps immémoriaux, nous sommes des « pleureuses ». Le chœur des tragédies grecques se lamentaient en scandant les malheurs. Le cinéma a pris la relève et en joue à fond la ficelle – même un peu grosse – pour faire ses entrées. Le néoréalisme en a fait ses choux gras.

Bref, on se délecte à pleurer la mort des autres. Et c’est sans doute rassurant pour nous croire vivants.

Mais à présent, en plus de la pleurer, il faut qu’on l’organise.

Après les guerres et les massacres, on faisait en général tout pour préserver la vie, assurer la santé et la sécurité des personnes.

Après un trop long temps de paix, il est peut-être temps de mettre fin à une vie trop longue !

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Ouf !

L’unisson est rassurant, souvent hypocrite, parfois démagogique. Toujours soporifique.

Les dissonances sont donc la plupart du temps bienvenues. Même Mozart les a mises en avant. L’inconvénient, c’est la cacophonie.

La vie politique passe malheureusement à la vitesse de l’éclair d’un extrême à l’autre, de la cacophonie à l’unisson, de la polémique à l’ennui. À l’aune des intérêts passagers de ceux qui la pratiquent.

La constitutionnalisation du droit à l’avortement (que l’on appelle enfin par son nom plutôt que par un acronyme apaisant) est de cette nature.

La cacophonie, c’était pour la Loi Veil. La seule qui méritait un débat et un vote.

L’ennui, c’est pour la constitutionnalisation de la loi Veil : inutile et démagogique.

Mais l’essentiel est accompli. Tout le monde est content, rassuré après la bouffée de peur ressentie par 66 millions de Français, des beaux quartiers jusqu’aux banlieues, saisis par les foucades d’un parti républicain américain supposé, sous l’emprise de Trump, faire la loi en France et mettre en péril un bien commun précieux.

L’événement, tant il est insignifiant dans un pays laïque et fier de l’être, aurait pu passer sous silence, s’il n’avait été amplifié par une presse affriolée par quelques députés en mal de célébrité.

L’enjeu était ailleurs. Pour le législateur, l’essentiel n’est jamais à rechercher dans l’impact de la loi votée. Il est dans ce que l’on devra en dire.

Pour le gouvernement et la majorité, la loi est « historique », non pas pour le droit qu’elle accorde aux femmes mais parce que la France est le premier Etat dans le monde à avoir voté un texte constitutionnel sur le sujet. Peu importe qu’il soit utile ou inutile, intelligent ou imbécile. Il est historique pace qu’unique.

Pour la gauche, c’est une victoire – puisque c’est elle qui l’avait proposé – et qu’ainsi elle s’inscrit comme le parti de la liberté des femmes qui, jusqu’à présent, lui était disputé au nom de Simone Veil. On peut ainsi évoquer les mannes de Gisèle Halimi et démontrer à tous que sans la gauche, il n’est pas de progrès sociétal. Même si l’initiative du droit à l’avortement revient au seul Valéry Giscard d’Estaing.

Pour le RN, c’était le seul moyen de faire oublier son opposition virulente à la tête de manifestations familiales d’où les préoccupations électorales n’étaient pas plus étrangères hier qu’aujourd’hui.

Pour la droite qui s’accroche à n’importe quelle aspérité pour éviter la dégringolade, c’est la fin de sa ringardise.

Et tout cela fait un texte vanté par tous comme la preuve de la victoire d’un peuple acharné à se persuader que sa liberté est en danger.

Relayée par une presse extatique, la modification constitutionnelle apparaît d’ores et déjà pour ce quinquennat comme un succès gaulois sans précédent, qui sera dignement célébré par les druides d’un parlement unanime dès l’aube du 6 mars prochain.

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Trahison !

Il fut un temps, pas si lointain, où il n’était pas mal porté de se prétendre bon français tout en collaborant avec un régime fasciste.

À leur crédit, les Vichystes pouvaient avoir peur. La France avait été vaincue et l’occupant affirmait sa puissance. Les Vichystes étaient lâches et, parce que lâches, excusables.

Nos Poutiniens d’aujourd’hui n’ont même pas l’excuse de la lâcheté. Sans vergogne, ils trahissent, anticipant, sans se battre, la victoire de l’ennemi. Par opportunisme, par bêtise, par intérêt ou par mauvaise foi pour régler son compte à un autre ? Peu importe.

Il fut un temps, pas si lointain, où la délation n’était qu’un exutoire. Ceux qui l’ont pratiquée croyaient avoir le Droit pour eux. Mais aussi l’excuse de la souffrance, et celle de la vengeance.

Peut-on, pour autant, cautionner la délation ? Evidemment non.

Le Poutinien n’en constitue pas moins pour la France une menace de mort. Il contribue comme complice à mettre notre pays et l’Europe sous le joug de celui qui nous a désignés comme ses ennemis définitifs et irrémédiables. Il fait commerce avec l’ennemi.

Les Poutiniens sont des traîtres qui ne risquent rien.

Il faut donc, sans jouer les délateurs, instruire leur procès, publiquement.

L’occasion nous en est fournie. Ce sont les élections européennes.

Et au moins, cher lecteur, par pitié, ne fais pas « Pfutt » ! Je ne suis pas gâteux.

Réfléchis.

Malgré tous ses défauts, réels ou ceux dont on l’affuble, il n’existe pas d’autre rempart que l’Europe contre la contagion de l’autoritarisme antidémocratique qui répand son virus mortel partout dans le monde. En Hongrie, en Italie, avec des tentatives en Suède et en Allemagne sans parler de la France où il sévit à droite avec un populisme renforcé et à gauche avec une idéologie dépravée par l’islamisme.

Même les États-Unis n’y échapperont pas avec Trump à nouveau aux affaires.

Poutine attend dans l’ombre, patiemment, la dislocation de l’Europe pour la mettre à sa merci et, sous l’œil bienveillant de Pékin, pour imposer sa loi de haine anti-occidentale.

Si Trump croit pouvoir s’en moquer grâce à la puissance de son pays, la riposte est pour nous impossible. Seuls, nous sommes trop faibles. Il n’y a que l’Europe pour nous offrir la base de la reconquête.

Ou nous serons une nation vassale ou nous serons un pays libre en fonction du choix que nous ferons soit en faveur d’une Europe libre et indépendante, soit d’une Europe inféodée à Poutine.

On connaît les deux listes complices de Poutine.

On sait déjà qui s’est soumis et qui résiste.

L’enjeu de cette élection, c’est notre survie.

Reste à prouver que la démocratie n’est pas un vain mot.

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Fatal ?

Peut-on dans les deux ans qui viennent empêcher ce qui se prépare à bas bruit depuis 40 ans ?

C’est la question posée aux Etats-majors politiques qui, sondages à l’appui, lancent le branle-bas de combat contre le Rassemblement National.

Évidemment non.

D’abord parce que la stratégie de la peur a fait long feu. Stratégie stupide, elle n’a pas résisté à l’usure. Éculée, elle est remisée au rang des âneries. L’extrême-droite est entrée dans l’orthodoxie.

Ensuite parce que les partis se sont trompés de combat. Ce n’était pas, à l’évidence, les cris d’orfraies du FN ou du RN, qui trouvaient du crédit auprès d’un certain public, qu’il fallait combattre, mais le silence de partis de gouvernement coupables de paresse et de lâcheté.

Enfin parce que l’essentiel consistait et consiste encore, fonction naturelle d’un parti politique, à apporter un remède aux maux dont souffre la France.

Mais de cela, il n’est pas question. L’hésitation et le silence sont leur réponse lorsque ce n’est pas le plagiat des idées de ceux qu’ils devraient combattre.

Le populisme fait donc recette sur tout l’échiquier.

Avec son heure de gloire en faveur de l’extrême gauche, le voici revenu au sein du RN,  son berceau d’origine.

Conforté par une Marine Le Pen, sereine en Mémé popote entourée de ses chats, et transfiguré par un Jordan Bardella en porte-flingue aux aguets, il s’adresse aux gens doués du « bon sens près de chez eux » qui croient aux solutions simples. Ils sont pléthore.

Cela fait trop de monde pour des partis à la ramasse qui n’ont pas beaucoup de temps.

Non pas pour éviter l’illusoire catastrophe fasciste annoncée par une gauche exsangue, mais simplement pour éviter à notre pays la disqualification promise à ceux qui cèdent aux promesses des charlatans. C’est bien aussi grave.

La Pologne l’a vécu, la Grande Bretagne en souffre, la Hongrie succombe et l’Italie commence à réaliser sa gaffe.

Alors de deux choses l’une.

Ou nous acceptons de boire le bouillon de 11h. Et c’en sera fini à midi. C’est-à-dire après les Européennes.

Ou les partis de gouvernement – s’ils existent encore – se battent enfin, sans faux fuyant, pour remettre la France sur les rails.

Le temps presse.

Encouragement ou vœu pieux. À eux de répondre.

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L’oiseau-lyre

Aux élections, ce n’est pas comme à l’école. On n’a pas besoin d’être au niveau. Le cancre a tous les droits. Pas de « peut mieux faire » pas d’encouragement, pas de faux-fuyant. Le juge n’est pas un professeur qui veut la progression d’un élève. Il veut des résultats. Tout de suite. L’élu est sensé avoir le pouvoir absolu. Momentané mais absolu. Il doit s’exécuter.

Le juge, c’est tout le monde, c’est l’opinion publique, c’est n’importe qui.

Et l’opinion s’en fiche que le candidat soit au niveau de la fonction. Tant pis ou même tant mieux s’il n’y est pas. L’opinion veut l’élu qui réponde à ses attentes. Par n’importe quel moyen.

L’opinion publique exige pour élue une espèce rare : le dictateur obéissant.

Le choix d’un élu, c’est le choix par l’opinion publique du candidat qui aura le mieux exprimé le sentiment dominant de l’opinion à un moment donné.

Et qui s’y conformera. Le contraire du jugement de valeur.

Car le peuple aura de toute façon raison, même quand il désavouera celui ou celle qui a provoqué l’aventure. Quelles que soient les conséquences. L’opinion a droit à tous les retournements. Elle le sait. Elle en abuse. Au nom de la démocratie.

Nous vivons une époque étonnante où le rêve doit l’emporter sur la réalité.

Personne n’est content, tout le monde a peur de tout, mais l’inexpérience, voire l’inaptitude, est pourtant devenue gage de confiance.

Il suffit de n’avoir jamais été au pouvoir pour être légitime à y prétendre. C’est, en France, l’argument-massue de la prochaine élection présidentielle. L’expérience est discréditée.

Malgré sa stupidité, rien à opposer à un tel argument. Rien à opposer à la foi.

On est loin d’un programme et de son examen raisonnable et sensé.  Il ne s’agit de juger le candidat, ni sur sa valeur, ni sur son niveau. Seulement sur ce qu’on espère de lui.

On est dans le Métavers, le virtuel, ce qui n’est pas mais pourrait être. Il suffit de changer de casque pour changer de monde et voir ce que l’on veut voir.

Ainsi en est-il des élections qui se préparent dans le monde évolué des démocraties. Non qu’il s’agisse de faire le procès de la démocratie mais de constater que la démocratie exige de ses créateurs des qualités qu’ils n’ont pas.

Au premier rang desquelles le sens des réalités.

A l’école, la poésie permet à l’enfant d’échapper à la contrainte.

Dans la vie, ce sont toujours les réalités qui l’emportent.

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Coïncidence ou théorème ?

Nous faisons bien souvent l’étrange constatation que plus on met de terroristes hors d’état de nuire, plus il semble qu’il y ait de fous en liberté… Tout bien compté, le nombre des fous serait donc inversement proportionnel à celui des terroristes.

Il est grand temps, si ce théorème était vérifié, de prendre en considération les revendications des psychiatres !

Ou de considérer que la maladie mentale -du moins celle qui conduit à se saisir d’un couteau pour agresser le premier venu – est plus une affaire de sécurité nationale que de santé publique…

Et de confier le ministère de la Santé au ministre de l’Intérieur.

Surtout pas le contraire, à moins de vouloir jeter ensemble sur la voie publique les malades et les terroristes !

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Marionnettiste

C’est faire peu de cas de ses ministres et du premier d’entre eux que de considérer le Président de la République comme le manipulateur de chacun de leurs actes. C’est sans doute aussi se tromper lourdement sur les ressorts qui motivent le chef de l’Etat.

La réalité est plus complexe. Ne serait-ce qu’à examiner le parcours de Gabriel Attal.

Il n’arrive à Matignon ni par hasard (à ce niveau, il n’y en a pas), ni par évidence mais par le travail et la volonté. Les marionnettes n’ont pas ce pouvoir. Elles ne sont animées que par les fils invisibles qui les relient aux doigts de leur créateur. Sans ces minces relais, et faute d’énergie, les marionnettes seraient inertes.

Pas de ficelles, pas de spectacle !

Les ministres n’ont pas besoin de ficelles. Ils font assez de bêtises pour que l’inertie ne soit pas le qualificatif qui leur convienne.

Quant au Président, que l’on a assez suspecté de ne rechercher dans l’exercice de sa fonction que son intérêt personnel, il serait assurément mal avisé de ne pas profiter du temps qu’il lui reste pour ne pas préparer son propre avenir. Encore dans la quarantaine en quittant l’Elysée, il aura beaucoup à faire pour s’occuper avant la retraite à 64 ans…

Il ne faut pas voir dans Gabriel Attal un pion mais plutôt un faire-valoir.

Ni un mime, ni un singe savant, ni un perroquet au ramage aussi charmeur que son plumage est chatoyant, mais plutôt le deuxième rameur d’une embarcation dont le barreur est aussi rameur.

À l’arrivée, le Président lui sera aussi redevable que le Premier ministre pourra l’être à l’égard du Président. Si tout, bien sûr, se passe bien.

Au théâtre de marionnettes, c’est toujours Guignol qui gagne, même lorsque le gendarme apparaît et le poursuit avec son gourdin.

Quel le Président joue les gendarmes n’empêchera pas le Premier ministre d’épouser le rôle du héros tandis que celui de Grolouche, le méchant de l’histoire, reviendra toujours à qui empêche la France de danser en rond.

La politique a beaucoup à apprendre du théâtre des marionnettes.

S’il y a un marionnettiste, dans ce spectacle, ce ne peut être que le peuple.

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Petit Pays

Il n’est ici question ni du Rwanda ni du roman de Gaël Faye, mais de la France.

En dépit des rodomontades de ceux qui évoquent la grandeur de notre pays comme s’ils étaient à la tête de l’Empire, ou de ceux qui se prévalent de la médiocrité des masses pour se croire puissants,  il est grand temps – sauf à accepter d’être humiliés par les faits – de nous situer à notre juste taille.

Ce n’est pas facile. Nous mesurerons peut-être ce que nos amis Belges ont pu éprouver lorsqu’on leur a fait sentir, volontairement ou pas, qu’ils n’étaient décidément pas à notre niveau. Tout simplement parce que, plus petits que nous, ils devaient nécessairement être inférieurs à nous.

C’est ce jugement sans nuances que portent crument sur notre pays tous nos grands partenaires.

Sans humour lorsqu’il s’agit des États-Unis – et ce sera bien pire si Trump revient à la Maison Blanche – avec cruauté, lorsqu’il s’agit de la Chine, mépris lorsqu’il s’agit de la Russie, politesse condescendante, lorsqu’il s’agit de l’Inde, mais aussi ressentiment et parfois haine lorsqu’il s’agit de tout le Continent Africain.

Il faut nous y faire. Car ce n’est pas près de s’arrêter.

Mais s’habituer à être un petit pays lorsque l’Histoire nous avait conviés au banquet des grands exige humilité, travail et lucidité. Le seul moyen de s’en sortir.

C’est d’ailleurs ce que les Belges ont fait vis-à-vis de nous avec le succès que l’on sait.

Peut-on employer la même stratégie vis-à-vis des super puissants ?

Sans doute, à condition de se donner les moyens de les convertir.

Et pour cela, il faut tout reprendre à la base.

À commencer par l’arrogance dont nous faisons preuve. Ce sera le plus difficile puisqu’il paraît que le monde entier envierait ce que nous sommes… Si seulement c’était vrai !

Mais si c’est exagéré, il faudra :

Devenir tolérants,  se forcer à écouter les autres.

Devenir riches. Car ce sont les riches qui font les rapports de force. Ce sera aussi difficile, sinon davantage que de devenir humbles. Car on ne devient pas riche en jouant au loto – ce que l’on tente tous les jours de nous faire croire – mais en réussissant dans les affaires. C’est d’ores et déjà l’enjeu de l’intelligence artificielle. Et les géants sont déjà largement devant nous.

Redevenir performants à savoir générer les meilleurs cerveaux grâce à une éducation nationale remise en ordre de bataille. Et ce n’est pas gagné si l’on en croit les derniers résultats du classement PISA.

Devenir compétitifs, à savoir remettre en état notre système de production non pas conte mais en collaboration avec le monde du travail dans son ensemble.

Alors plutôt que de faire les farauds, il vaut mieux accepter d’être un petit pays.

Et faire les efforts nécessaires pour redevenir un grand pays.

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Truqué !

J’éprouve ce matin un sentiment étrange. Pourtant je suis blindé. Ou, en tout cas, je devrais l’être, depuis 60 ans. C’était le 4 décembre 1967 lors de ma prestation de serment d’avocat. Alors, je croyais en la justice. J’y ai cru assez longtemps. Jusqu’à ce que je m’aperçoive, bien plus tard, qu’elle n’était qu’un théâtre d’ombres, qu’un leurre, que tout se jouait ailleurs, dans des conciliabules à jamais inconnus des parties. « Ils se parlent » entre eux, bien sûr. Après, c’est l’omerta. La loi des mafias.

Depuis que le syndicat de la magistrature fait la loi, la justice n’est plus au service de la vérité mais d’une idéologie. On peut faire ce que l’on veut d’une justice adaptée aux convictions des juges. Au point que la justice a fait sienne cette idée aussi stupide que commode, pour les hypocrites, de relativité de la vérité. Relativité affichée qui n’a pour objet que de donner bonne conscience aux menteurs.

Alors oui, ce matin, en lisant les comptes-rendus du procès Dupond-Moretti à la Cour de Justice de la République, j’ai la nausée.

Pour une cabale judiciaire, il ne pouvait y avoir qu’un ministre coupable et des magistrats innocents, dévoués à leur tâche ingrate et ardue de déjouer les manœuvres d’un avocat marron devenu, contre leur gré, leur supérieur hiérarchique.

La ficelle est si grosse qu’ils n’y croient pas eux-mêmes et que le réquisitoire cinglant d’un procureur engagé échoue lamentablement dans les méandres d’une peine bâtarde à peine adaptée à réprimer un petit délinquant primaire.

Si Dupond-Moretti était coupable, la peine requise aurait dû être autrement plus sévère. Mais voilà, comme d’habitude, quand la justice utilise pour régler ses comptes l’appareil mis à sa disposition pour faire régner l’ordre social, elle est contrainte de transiger et se compromet.

Petite peine, assez significative pour flétrir, mais assez faible pour éviter l’accusation de vengeance.

C’est pourtant de cela et seulement de cela qu’il s’agit.

La défense saura le démontrer. Mais quelle importance ?

Reste à attendre la décision d’une juridiction imprévisible. Rien n’est sûr. Elle peut condamner un innocent. Rien ne rebutera les quelques parlementaires, anciens magistrats qui, dans leur vie antérieure, ont démontré leur capacité d’utiliser la justice comme arme de combat.

Si elle devait l’innocenter, on peut s’attendre à des hourvaris d’insultes contre des « parlementaires complices ».

Tout peut arriver. Ce procès est un procès politique.

Pour une fois, ce n’est pas le pouvoir qui ordonne. C’est le pouvoir occulte d’un syndicat.

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Fessée

D’après les sondages, une large majorité de Français serait aujourd’hui favorable à la réhabilitation du service militaire pour tous. La conscription serait de retour, avec conseil de révision et tout le tintouin. Pour quoi faire ? À voir.

Dans le même temps, une plus large majorité de Français considère que la guerre est une affaire de professionnels. Pas question d’envoyer leurs enfants servir de chair à canon.

Ainsi donc, pour une majorité de Français, il y aurait deux sortes d’armée.

Une armée pour la guerre composée de professionnels militaires qui ont pour mission de nous défendre.

Et une « armée » pour la paix composée de jeunes ( sans précision de sexe) destinés à être « rééduqués ».

Cette deuxième « armée », à objectif civil, aurait donc plutôt les caractéristiques d’un centre de rééducation. L’idée n’est pas nouvelle. Elle a existé puis été abandonnée sous la pression d’éducateurs indulgents et de juges pour enfants laxistes.

Elle avait été à nouveau formulée en son temps par Ségolène Royal au cours de l’une de ses fameuses sorties emplies de « bravitude ».

N’empêche, quelques années plus tard, à jeun d’autorité, la France réclame l’armée pour venir à bout de ses gamins voleurs, dealers, violeurs, armés de « Kalachs » et de cocktails Molotov, exécuteurs de contrats et incendiaires de poubelles, de voitures et de quartiers.

Là où l’éducation traditionnelle suffisait, il faudrait maintenant les armes. Et, dans le droit fil de la mesure, la garde à vue et la prison.

On est en droit de se demander si la suppression de la fessée, considérée par la bienpensance et les nouveaux parents comme une maltraitance, n’est pas pour quelque chose dans cette demande de réplique implacable.

Désormais, dans le sillage de Ségolène, les politiques de tous bords s’en mêlent. Et finissent par s’emmêler les pinceaux.

Il ne faudrait pas tout confondre. L’armée existe pour nous défendre contre un agresseur extérieur. Le type d’éducation qu’elle donnait aux conscrits était conforme à l’objectif militaire d’une armée de conscription à un moment où la société ne révélait pas les défaillances qu’elle accuse aujourd’hui et où les armes n’étaient pas aussi sophistiquées.

Nos petits malfrats ne seront jamais militaires. Il y faudrait beaucoup trop de temps, trop de persévérance et trop d’argent. Autant dire un service militaire d’au moins trois ans et une formation de légionnaire. Hors de portée, hors de prix.

Soyons raisonnables. A dépenser beaucoup d’argent, mieux vaut sans doute, plutôt que d’envisager une réponse passe-partout populiste et inadaptée, créer les structures curatives adaptées à soigner le mal diagnostiqué.

Si ces jeunes ont besoin d’être repris en mains, reconnaissons qu’à défaut de leurs parents inaptes, c’est à la société civile de les reprendre en mains.

Avec des méthodes qui devront, et de loin, dépasser la fessée proscrite.

Mais, de grâce, laissons l’armée faire son métier et seulement son métier.

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Au casino

Les Américains respectent ceux qui réussissent et qui gagnent beaucoup d’argent. Ils ont le culte du triomphe et de la richesse, le complexe « Trump ».

Les Français éprouvent de l’empathie pour les ratés et les nécessiteux. Ils ont le culte de la pauvreté et de l’apitoiement, le complexe « Restos du cœur ».

Français et Américains sont les produits de deux civilisations différentes. Les premiers, héritiers de 20 siècles de tradition catholique mêlant protectionnisme ecclésiastique et pouvoir monarchique, les seconds de seulement cinq siècles de réforme protestante fondée sur l’individualisme et la liberté.

« Que Dieu vous bénisse et bénisse les États-Unis d’Amérique ! »  C’est en ces termes que tout Président des Etats-Unis termine ses discours. Ce qui sous-entend : « Et surtout que Dieu nous laisse faire ce que nous avons à faire ensemble !  »

Une sorte d’appel du grand large.

« Vive la République, vive la France » clôture les discours des Présidents de la République française. Ce qui sous-entend : « La République nourrit la France. Vous pouvez compter sur la mamelle républicaine !»

Une sorte de couvre-feu du vigile.

Ce n’est pas la référence à Dieu ou à la laïcité qui importe. C’est, pour chacun, une façon de vivre par rapport au pouvoir.

Pour les premiers, ce sont les hommes qui renforcent les États-Unis.

Pour les seconds, c’est la République qui est la mère nourricière des hommes.

Dieu est l’alibi des Américains pour aller de l’avant. Il est lointain, pas trop gênant et sollicité pour une bénédiction de passage avant de les laisser foncer.

La République, bonne fille, est l’alibi de l’incapacité des Français à se prendre en mains. Elle se veut proche, toujours présente, prête à assurer l’égalité en faveur des moins bien lotis en freinant la liberté des entreprenants.

Les laïcards français ont trouvé mieux et plus efficace que Dieu pour satisfaire leurs prières. Et ça marche. Mais les ressources de la République ne sont ni infinies ni éternelles !… L’histoire nous l’a appris.

Les parpaillots américains ont plutôt confiance dans le renouvellement des ressources des hommes. Et l’histoire, jusqu’ici, leur a donné raison.

On sait pourquoi les Américains ne serviront jamais de modèles aux Français, et inversement…

Il n’y aura qu’un seul gagnant. Faites vos jeux !

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Manichéisme

Il est des personnages étranges, tel ce magnat américain, grand maître de l’Intelligence artificielle qui déclarait récemment après avoir affirmé que nous n’étions pas des êtres primitifs recroquevillés sur eux-mêmes : « Nous sommes le prédateur suprême ! »

Face à l’écologisme bébête ou tyrannique, il n’y aurait, selon lui, pas d’autre place dans ce monde que celle des prédateurs dont l’homme serait le prédateur suprême.

L’observation du monde, malgré les idées toutes faites que le bienpensance cherche à imposer, nous enseigne pourtant bien autre chose que cette vision manichéenne.

Le monde est certes un monde de prédation, mais il est tout autant un monde de protection. Le règne animal démontre que pas une race ne s’attaque à une autre sans garantir ses arrières. La prudence est reine de l’attaque.

On a même le sentiment, sinon la conviction, que chaque créature est conçue pour se défendre avant de l’être pour attaquer. Et l’homme en cela n’est pas différent du reste du règne animal. Le prétendre « prédateur suprême » comme pour lui donner licence de tout se permettre y compris de se nuire à lui-même aboutit à l’extravagance de l’autodestruction au nom de la liberté et du progrès.

La « tech », et spécialement l’IA est un outil, sans doute utile, mais aussi dangereux sinon plus que les machines-outils des usines dont chaque utilisateur doit se protéger pour éviter les blessures. Les atteintes à l’esprit sont aussi meurtrières que les atteintes au corps.

Le nier est une forme de prétention ou de crétinisme, lui-même, suprême.

On ne sait s’il faut se lamenter ou se réjouir d’entendre de telles opinions qui prêchent le jusqu’auboutisme au mépris de toute prudence.

D’un côté elles alertent sur les dangers que certains sont prêts à faire courir à l’humanité au nom de leur folie et de l’autre nous dévoile par leurs caricatures le ridicule de leurs ambitions.

L’argument de la prédation sans retenue, l’argument de la peur de l’autre, est celui que reprend l’écologisme pour nous affliger de sa vision catastrophiste de l’évolution. Il fait peu de cas de nos capacités à nous protéger.

C’est un peu comme si on affirmait que nous n’aurions le choix qu’entre, d’un côté les prédateurs Mélenchoniens et de l’autre, les hystériques de Rousseau ou les neuneus de Jadot.

Heureusement, il y en a d’autres !

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Le con !

Il y a plusieurs façons de comprendre l’actualité.

La plus banale : Kim Jong-Un vend des armes à Poutine.

La plus journalistique : Kim Jong-Un sort de son isolement en rencontrant Poutine.

La plus tordue : Kim Jong-Un au secours de Xi Jinping.

La plus fine : Poutine est un con.

Le lecteur n’est pas obligé de suivre ce raisonnement jusqu’au bout.

Sur la première lecture, tout le monde est d’accord. Poutine manque de munitions pour arroser l’Ukraine. C’est embêtant pour lui d’apparaître un peu faible. Mais, après tout, tout le monde le sait et il est bien obligé de s’approvisionner quelque part.

Sur la seconde aussi. Jusqu’à présent, Kim Jong-Un n’a pour interlocuteur que l’Empereur de Chine. Ce n’est pas mal mais pas facile pour gagner un peu en autonomie. Kim n’est plus un ado. Il ne veut plus demander la permission à personne pour aller en boîte. Il veut montrer qu’il est un grand garçon.

Sur la troisième, il peut y avoir matière à discussion. Xi Jinping semblait n’avoir besoin de personne pour dire oui ou non à Poutine. Sauf que Xi voit loin. D’abord, il n’a jamais voulu prendre directement part au conflit ukrainien assurant son ami éternel de toute sa compassion et de tout son soutien tant que compassion et soutien sont compatibles avec ses propres affaires. Mais fâcher les Etats-Unis dans une période de tension économique, très peu pour lui. Il se réserve de le faire, mais à son heure et pour le sujet qu’il choisira. On sait sur quel sujet portera la revendication, mais on ne sait pas quand.

Alors oui, sans en faire son petit télégraphiste, il n’a pas interdit au petit Kim de faire sa première sortie publique, son bal des Debs… Il faut que jeunesse se passe et Poutine ne peut pas moufeter. Après tout, ça ne mange pas de pain !

Quant à la dernière lecture, elle peut paraître un peu abrupt au lecteur habitué à des chroniques un peu plus policées.

Et pourtant. Lorsque Poutine semble trouver la solution miracle, il se présente en pénitent comme Henri IV, Empereur du Saint Empire Romain-Germanique devant le Pape à Canossa. Sauf que le Pape n’est pas là. Il lui envoie juste un petit légat. Pas même un nonce.

Le Tsarillon obtiendra bien sûr quelques joujoux capables de faire bobo aux Nazis ukrainiens, mais non sans ouvrir aux Américains la possibilité d’en finir avec lui avec les bonnes vieilles armes traditionnelles. Plus de menace nucléaire. La Chine ne veut pas en entendre parler. Kim n’a que la permission de minuit.

Et Poutine passe pour un con.

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Athlétisme

Rares sont celles ou ceux que l’on connaît. Pas de stars. Que des héros.

Pas d’adversaires, que des concurrents.

Une lutte intime, contre soi-même.

Marathoniens, sprinters, sauteurs, en longueur ou en hauteur, coureurs, avec ou sans obstacles, solitaires ou en relais, perchistes, lanceurs de disques ou de javelots, en maillots, noir, blanc, bleu, vert, jaune, orange ou rouge, le monde entier est là.

Un aboutissement. Des années d’attente. Pour un record. Pour rien. Juste la preuve qu’elles vont y arriver et qu’ils peuvent le faire.

But : Là-bas, là-haut.

Concentration : Oubli, tension, vide.

Volonté : Plus fort, plus loin, plus haut, plus vite.

Effort : Élan, grimace et souffle court.

Résultat : Hébétude, épuisement et larmes de bonheur ou de déception.

Podium, drapeau et Hymne national. Un infime instant de jouissance, de communion, planétaire.

Et nous, dans tout ça ? Pareil.

L’admiration, le suspense, la joie, les larmes.

Il n’y a pas de plus beau spectacle que l’effort gratuit.

Celui qui nous rend solidaires de l’humanité tout entière.

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Riches

Mal barrée Sandrine ! Et pas contente… Il y a, selon elle, trop de riches en France. Ils prolifèrent ! En fait 2,8 millions de millionnaires. Et c’est, d’après elle, « la faute à Macron » et à son pro américanisme forcené. Pour d’autres que notre Rousseau nationale – le féminin est nécessaire – ce serait plutôt un succès.

Il faudrait en effet s’entendre.

Ou bien Macron est le Président d’une secte inaccessible de riches peu partageux dont il se plaît à soigner les intérêts. C’est l’accusation suprême. Ou bien il tente d’ouvrir la secte et de convertir des pauvres en riches en devenant l’avocat de la richesse. Comment lui en vouloir ? C’est ce à quoi aspirent a priori les pauvres.

Avec 4,8% de millionnaires, la France se place pour la première fois en troisième position derrière les États Unis et la Chine et devance le Japon et l’Allemagne classés au quatrième et cinquième rang.

Moins brillante pour les ultra-riches, la France ne pointe qu’en neuvième position, c’est-à-dire à son vrai rang d’influence économique dans le monde.

Pour ce qui est de son influence politique – plus difficile à évaluer – elle peut s’enorgueillir d’un meilleur classement, au 5ème ou 6ème rang.

La question de la richesse fait partout débat dans le monde. Pas en France où, pour le monde politique dans son ensemble, il faut être pauvre pour être considéré.

Il n’est pas bon de côtoyer les riches. Il y aurait toujours quelque chose de malsain à leur compagnie. Et pourtant, en secret, derrière un masque « covidien », nul ne renâcle à cette contamination-là ! Sauf que la démocratie ne fonctionne qu’avec des pauvres.

Sandrine et le monde politique dans son ensemble le savent bien. Les riches détiennent le pouvoir. C’est pourquoi tout le monde veut devenir riche. Mais ce sont les pauvres les plus nombreux. Et le monde politique n’a pas d’autre moyen que les pauvres pour accéder au pouvoir et s’y maintenir. C’est la dure loi de la démocratie.

Plus il y a de pauvres, plus le pouvoir politique est fort. C’est ce que recherchent les politiques au petit pied, style Sandrine.

Plus il y a de riches et plus le pouvoir politique est faible. Le risque étant alors pour ce dernier d’en devenir dépendant.

On n’en est pas encore là !

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