Retraites, un débat inutile : tout est réglé depuis trente ans !

Retraites, un débat inutile : tout est réglé depuis trente ans !

C’est vraiment l’escroquerie du siècle. Cela fait trente ans que les Français ont le droit de choisir librement leur régime de retraite et qu’ils en sont empêchés par l’Etat. Mais au fait, qui est l’Etat ? Ce sont d’abord les gouvernements successifs, c’est l’administration qui leur obéit, et les juges, en principe indépendants, mais qui obéissent aussi aux gouvernants. Si une protestation de rue s’organise, ce sont les gendarmes et les policiers (au total 250 000 hommes) qui sont chargés de protéger les manifestants et, le cas échéant, de les réprimer.
Bref, en ma qualité de citoyen respectueux de la loi, j’ai tout pour être rassuré, puisque cette foule d’employés de l’Etat est à mon service.

Bien entendu, je suis moins naïf que j’en ai l’air. Je sais très bien que l’intérêt public, qui correspond tout à fait à mon intérêt particulier, est une notion qui, en France, a perdu beaucoup de sa vertu. Et que les allées du pouvoir, et plus largement celles de l’Etat, sont emplies d’individus qui pensent plus à eux-mêmes qu’à moi. Mais enfin, agissons comme si tout devait toujours bien se passer, car sinon il ne reste plus qu’à se renfermer dans sa coquille.

L’idée maîtresse qui nous conduit est que la France a choisi d’être dans l’Union européenne, dont elle est d’ailleurs une des fondatrices, et que cette appartenance l’oblige à se réformer. Ne serait-ce que parce que la concurrence entre pays européens est largement plus vive que celle qui régnait à l’intérieur de nos frontières avant qu’elles ne s’étendent. Nombre de citoyens français sont très sceptiques à l’égard de la construction européenne, qu’ils rendent responsable de nos difficultés. La réalité est que ces difficultés, nous les avons créées nous-mêmes en refusant de nous adapter au nouveau cours des choses.

Mais le plus piquant est que les partis politiques qui détestent l’Europe finissent par dire qu’ils ne veulent pas la quitter et qu’ils resteront dans la zone euro. Il est quand même rare que la détestation s’accompagne d’une telle fidélité ! La conclusion de tout cela, c’est qu’étant dans l’Union européenne, la France doit cesser de tricher avec ses règles.

La règle de base de l’Union, c’est la concurrence. Celle-ci est meilleure pour les nations que le monopole. Quand un gouvernant français se risque à l’affirmer, c’est avec la crainte d’être précipité dans la Seine ou pendu haut et court en place de Grève. Or ceux qui le menaceraient d’un tel sort ne sont pas la majorité de la population, loin de là. Cette dernière pense qu’une concurrence loyale ne peut qu’améliorer leur situation, d’autant qu’ils n’ont pas à se féliciter des agissements de leur Etat qui ne songe qu’à les opprimer et non à les servir.

Bref, l’Europe, c’est plutôt un bon choix, qui n’exclut évidemment pas la vigilance. Ce long préambule était nécessaire pour en venir à une décision fondamentale de l’Europe, l’adoption du traité européen de 1986, qui fait du marché intérieur un espace sans frontières où les produits, les services et les personnes peuvent circuler et s’installer librement. La date fixée pour cette formidable avancée était le 1er janvier 1993.

Pour ceux qui, comme nous, considèrent que la politique sociale française est une aberration, puisqu’elle rend notre pays incapable de rivaliser avec les pays développés, le traité de 1986 était une date fondatrice et libératoire. Désormais, les Français allaient pouvoir s’assurer librement pour la maladie, le chômage et la retraite, et ce serait une formidable avancée pour notre nation.

Las ! Les hommes politiques français ne l’entendaient pas de cette oreille. Ils mirent en œuvre toutes les ficelles de la tricherie pour retarder l’échéance de la liberté, et ils y sont si bien parvenus que les caisses sociales françaises veulent toujours assujettir de force ceux qui résident dans notre pays. Ces caisses s’appuient sur des jurisprudences fabriquées à la hâte par des tribunaux affolés par la situation, tandis que la Commission européenne se garde d’intervenir, circonvenue qu’elle a été par la France qui en a fait une clause vitale, ce qu’elle n’est évidemment pas sauf peut-être pour ceux qui ronronnent dans leur corbeille ministérielle.

Mais le moment devait forcément venir où les difficultés des régimes sociaux français rendraient les réformes inévitables. C’est ce qui se passe en ce moment pour les retraites, qu’on ne pourra bientôt plus payer faute de cotisants. La France se débat à coup d’arguments plus fallacieux les uns que les autres pour tenter d’échapper au couperet de l’allongement de l’âge de retraite, mais elle n’a plus d’autre choix que de laisser les actifs s’envoler vers la liberté et d’assumer du mieux possible les responsabilités prises à l’égard des retraités qui, sinon, n’auront plus qu’à « crever la gueule ouverte », comme on le dit poétiquement dans les récit des grandes catastrophes.

L’Etat a vraiment trahi les Français au-delà des limites acceptables. Il doit maintenant nous laisser faire et nous laisser vivre. Sinon, d’autres citoyens moins démocrates que nous se chargeront de faire un ménage dont il ne sortira rien de bon.

Claude Reichman

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4 réflexions sur « Retraites, un débat inutile : tout est réglé depuis trente ans ! »

  1. Pour ceux qui voudraient sortir de l’UE et remettre le franc en route, ce sera peine perdue si on ne met pas fin au communisme.

    Le rouble fonctionne mieux aujourd’hui que sous Brejnev

    1. Juste avant, chaque village, chaque ville moyenne, devra s’équiper pour remettre en circulation sa monnaie locale d’antan en substitution à l’euro-dollar européen occidentalisé qui ne devrait servir que de chauffage ou dans les toilettes.
      Cela évitera que les commerçants du petit peuple ne soient pillés par des maréchaussées envoyées par le prince de ce pays communiste qui ne veut pas dire son nom. Et quand la plèbe se sera sauvée de cette chienlit macronnicienne, et que les z-élites du prince auront émigrées à grands coups de jets privés vers le saigneur américain, alors, la France pourra retrouver sa liberté de survivre selon son bon plaisir. Et recréer tout ce qu’elle a besoin pour sa survie civilisationnelle et territoriale.

  2. A force de tricher avec les règles de l’UE, la France est devenue l’une des pommes pourries de l’Europe des 27 ( Elle n’est sans doute pas la seule et peut-être pas la pire, mais un tri sévère va rapidement devenir nécessaire).
    Le coup de semonce du Brexit aurait dû alerter les dirigeants de cette Union qui part à la dérive, mais les rodomontades de l’UE dans la crise actuelle ne sont plus que la manifestation de la trouille qui a saisi ses dirigeants qui ne savent plus que faire pour éteindre l’incendie qui couve! ( Et la guerre qui arrive!).

  3. Les peuples forts sont ceux qu’animent, dans la vie publique, l’esprit d’Union, de Respect, de discipline, et d’un comportement exemplaire des dirigeants politiques. Le comportement est plus important que les objectifs et d’ailleurs Le Général Charles De Gaulle l’avait non seulement compris mais imposé à toute son équipe ministérielle. Car sans un comportement exemplaire une nation ne pourra pas réaliser les objectifs. Un pays est cultivé non en raison de sa fertilité ou de son économie, mais en raison de sa liberté !
    Tout cela permet à la nation de présenter un corps solide, les peuples forts sont ceux qui possèdent, dans la vie privée, l’esprit d’audace et d’initiative de sorte que l’individu s’y développe et entreprend sans cesse. Les peuples qui possèdent ces qualités s’élèvent, les autres déclinent et le plus ou moins d’instruction n’a rien à y voir

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