Rapprochement CARREFOUR COUCHE TARD – L’Etat fonctionnaire augmente son emprise sur l’économie

Les petits hommes gris de l’Etat fonctionnaire augmentent leur contrôle sur l’économie française et le dernier exemple en date est l’opposition formulée par Bercy au rachat de CARREFOUR par la société canadienne COUCHE TARD.

Je ne vois pas bien quel était l’intérêt pour COUCHE TARD de se lancer dans une opération de rachat de la société CARREFOUR ; mais ce n’est pas le sujet et, de toute façon, il ne sera jamais évoqué !

En effet, CARREFOUR ne doit pas se laisser racheter par le groupe canadien, au nom de la « sécurité alimentaire » car c’est bien connu, les québécois vont affamer la France et les français aussitôt l’opération de rachat finalisée alors que la distribution de produits alimentaires est le métier de fond de l’enseigne CARREFOUR.

En outre, on ne voit pas bien comment CARREFOUR pourrait subitement affamer la population française … et n’oublions pas quand même que l’immense majorité des fruits et légumes vendus en France sont importés d’Espagne et du Maroc.

Autant dire que le prétexte ne tient pas mais on ne peut même plus s’étonner des sorties de Bruno Le Maire, ce ministre des finances qui ne connait rien à l’économie mais qui n’hésite pas à raconter n’importe quoi !

Alors de quoi s’agit-il exactement ?

On sait que le groupe CARREFOUR connait des difficultés depuis déjà bon nombre d’années et, qu’après une période faste et d’expansion fondée sur un modèle inventé en France, il en est réduit désormais à vendre « les bijoux de famille » et à se séparer de nombre de ses implantations à l’étranger ; mais il ne s’agit pas ici non plus de discuter des causes des difficultés de la société CARREFOUR.

Par ailleurs, il s’avère que la société CARREFOUR était d’accord pour passer sous contrôle canadien ; il ne s’agissait donc absolument pas d’une tentative de prise de contrôle hostile et la meilleure preuve est que ces deux sociétés ont prévu de nouer des liens commerciaux malgré l’opposition de Bercy à leur fusion.

Mais l’opération ne se fera pas en raison du véto de Bercy et celui-ci est intervenu si vite que le conseil d’administration de CARREFOUR n’a même pas eu le temps de se prononcer !?!

Avec l’opposition de l’administration française à cette opération, nous avons affaire à un des nombreux avatars du capitalisme à la française qui fonctionne, intentionnellement ou pas, en coordination directe avec les services fiscaux de Bercy qui se sont octroyés d’autorité la fonction de gérant de fait de sociétés privées !?!

En droit commercial, lorsqu’une personne est reconnue gérante de fait d’une entreprise, la conséquence est qu’elle est reconnue responsable de la gestion de cette entreprise ; avec toutes les conséquences financières et patrimoniales qui peuvent en découler.

En ce qui concerne l’administration française de Bercy, aucun problème de ce type n’est à redouter, Bercy peut faire absolument n’importe quoi, elle n’est jamais responsable !

Là où cela pose problème c’est que, lorsque Alstom, entreprise ferroviaire française qui fabrique le TGV, rachète une entreprise canadienne spécialisée dans le ferroviaire (Bombardier), c’est bien !

Mais que, lorsqu’un canadien veut racheter une entreprise française, c’est inadmissible !

Je n’ai aucune idée des explications que l’Etat français va fournir à l’Etat canadien … si jamais celui-ci demande des explications.

Là où cela pose problème c’est que l’Etat français n’est même pas propriétaire de CARREFOUR !

Dès lors, ce véto de l’administration française à une opération qui ne la concerne nullement, dans laquelle elle n’a aucun intérêt, démontre clairement que, désormais, tout entrepreneur privé est en liberté surveillée, qu’il est seulement usufruitier de sa propre entreprise … et que les petits hommes gris de l’Etat fonctionnaire peuvent décider, à tout moment, absolument ce qu’ils veulent le concernant sans qu’il puisse rien faire pour s’opposer à cette ingérence !

On avait déjà pu observer les dégâts occasionnés par une telle pratique avec Renault et la prise de contrôle par l’Etat français, à l’initiative d’E Macron alors ministre des finances de F Hollande et malgré l’opposition de C Ghosn, dans ses relations avec l’Etat nippon et l’entreprise Nissan.

Bien évidemment, les Etats étrangers et les entreprises étrangères ne manqueront pas de tirer les conséquences de cet évènement récent et n’hésiteront pas à s’opposer à toute tentative de prise de contrôle d’une de leurs entreprises par une société française.

La seule conclusion que l’on peut en tirer est que l’administration française continue d’augmenter son pouvoir sur le secteur économique privé puisque désormais vous ne pouvez plus vendre votre entreprise à qui vous voulez si les services de Bercy estiment que le deal ne leur convient pas ; et on vient de voir que pour cela Bercy n’hésitera pas à invoquer n’importe quel prétexte … fondé ou pas !

Il s’agit évidemment d’une atteinte flagrante à la propriété privée ; ce qui permet de rappeler que la révolution industrielle, qui est partie du Royaume Uni et qui a permis le fabuleux développement économique que nous connaissons aujourd’hui, n’a été rendu possible qu’à partir du moment où il y a eu un Etat de droit qui respectait les règles juridiques qu’il édictait et qu’il respectait la propriété privée.

Pour ceux qui avaient encore un doute, nous venons clairement, au moins en France, de franchir un cap car il faut être conscient que nous ne sommes plus dans un Etat de droit mais dans un système où règne l’arbitraire d’une administration toute puissante qui peut décider absolument n’importe quoi, sans avoir à se justifier, sans engager sa responsabilité et sans que personne puisse s’y opposer !

En outre, il faut être conscient que l’administration, qui ne fonctionne absolument pas dans le cadre d’une économie de marché, n’est absolument pas la mieux placée pour apprécier le bien-fondé d’une opération de regroupement d’entreprises privées ; mais l’administration n’en a cure !

En fait, le seul cas où une opération capitalistique de cette nature peut apparemment être autorisée, est lorsque l’entreprise française est au bord de la faillite et qu’il y a une menace sur l’emploi. Rappelons-nous Alstom turbines qui devait se vendre à l’allemand Siemens, qui n’en a pas voulu, avant de se donner à GE (General Electric gigantesque conglomérat américain qui exploite notamment des centrales nucléaires).

Alors, bien sûr, on peut habiller cette « stratégie » en invoquant le protectionnisme économique voire le patriotisme économique mais la réalité est toute différente. Dans les faits, c’est une nationalisation de l’ensemble du secteur des entreprises privées sans que l’Etat ait besoin d’y mettre le moindre € ; ce qui constitue évidemment un « progrès » sensible par rapport à la situation de 1981 lorsque F Mitterrand et les socialo-communistes, avaient décidé de nationaliser, à grands frais, des pans entiers de l’économie française (banque et industrie).

J’hésite entre soviétisme (et le “pilotage” de l’économie par l’administration est bien du soviétisme et on sait où cela nous mène) et technocrature (dictature de la technocratie) mais peut-être est-ce finalement la même chose ?

Nous étions en liberté surveillée. Désormais, nous sommes juste surveillés car la liberté disparait dans ce pays à une vitesse proprement stupéfiante ; et cela devrait inquiéter les français et ce d’autant plus que le patronat français n’a émis absolument aucune objection, aussi minime soit-elle, quant à cette ingérence manifeste de l’administration dans l’économie privée. Cela en dit long sur l’état de soumission de celui-ci …

Bien cordialement à tous !

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

6 réflexions sur « Rapprochement CARREFOUR COUCHE TARD – L’Etat fonctionnaire augmente son emprise sur l’économie »

  1. Mais à quoi ils pensent chez Carrefour?
    Fusionner avec des canadiens qui s’appellent COUCHE TARD! C’est de la provocation! Rendez vous compte: EN PLEIN COUVRE FEU! D’ailleurs le petit Bruno LM en a avalé son chapeau de travers!

  2. Dans cette affaire, Bercy pourrait n’être qu’un tigre en papier.
    le “flottant” du capital de Carrefour est supérieur à 70%.
    Si Couche Tard se “réveille” il peut lancer une OPA.
    Ce serait peut-être un peu plus coûteux, mais on dit qu’il a les moyens.
    In fine, il y a peut-être de meilleures affaires avec moins d’hostilité ailleurs…

    1. Oui vous avez raison, le capital de CARREFOUR est très dispersé.
      Le problème est qu’une entreprise privée peut difficilement s’opposer à un Etat qui a décidé de bloquer une opération capitalistique entre sociétés privées même si le motif invoqué est bidon et manque de base légale.

  3. Bruno Le Maire veut-il imiter Xi et faire disparaitre le Staff de Carrefour PdG en Tête à l’instar de Ma Pdg d’Ali Baba ? La ripoublique est une hydre qui englobe tout ce qu’elle peut et si ça ne suffit pas elle recrute encore plus pour accomplir sa sinistre besogne !

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