Pas de complot, mais une organisation mafieuse.

Je n’adhère pas aux théories du complot, quelles qu’elles soient. Notre société est bien trop transparente et complexe pour qu’un groupe d’allumés puisse en envisager sérieusement la maîtrise. La tentative délatrice est si prégnante et si facile que le secret sans lequel aucun complot ne peut exister est tout simplement impossible.

Ceux qui rêvent de complots, ou que cette idée terrifie, sont dans l’erreur ou la peur inutile, irraisonnée.

En revanche, que les intérêts individuels puissent se regrouper, en oubliant les libertés individuelles et les barrières morales de nos valeurs constitutionnelles, librement, voire à l’excès, et finissent par créer des sortes de familles liées par ces intérêts, agressives et totalitaires, aux pouvoirs exorbitants entretenus par la force, la coercition, l’anéantissement matériel et social de l’autre, voire le meurtre, me parait conforme à ce que je peux constater chaque jour qui passe.

Cette situation est identique à l’organisation mafieuse dont le principe de base est l’instauration artificielle d’un danger dont ensuite la mafia demande salaire pour en protéger ceux qu’elle y a exposés. Ce principe de base, le racket, éradique toute morale, la suite coule donc de source et fait de la mafia une organisation sans scrupule ne fonctionnant qu’au bénéfice de ses adhérents, soumis eux-mêmes à la terreur qui les encadre et garantit leur fidélité.

Notre société fonctionne intégralement sur ce schéma.

Nous avons au moment des lumières, après des siècles de dérèglements organisés par la noblesse et l’église, établi des principes simples que l’on peut résumer ainsi : L’homme est un être libre et égal en droit, il est fait de sa personne et de ses biens dont la propriété est sacrée puisque composante de sa personne. Il vit en société. Cette dernière, sauf exception dument contrôlée, ne peut pas empiéter sur sa liberté, sur sa propriété. En cas de faute il ne peut être jugé que par une justice libre, devant laquelle il lui est reconnu le droit de se défendre. Il ne peut être châtié qu’après condamnation, jamais avant. Il ne peut obtenir de statut social que par son mérite, à l’exclusion de toute faveur ou privilège.

Cette pensée philosophique a mis un siècle pour imprégner la politique en France. Un peu plus rapidement dans les pays anglosaxons. Elle a apporté la richesse et le progrès à ceux qui l’ont mise en œuvre. Mise en coupe réglée par la mafia aux Etats-Unis, elle a repris là-bas le dessus brièvement en portant des coups significatifs aux mafieux de 1970 à 1980, ce n’est peut-être plus le cas aujourd’hui…

Notre pays, lui, est sous fonctionnement mafieux.

Il est divisé en familles, alternativement en paix ou en guerre, mais qui dans tous les cas fonctionnent exclusivement au bénéfice de leurs membres ou amis, complètement détachées des droits constitutionnels que sont la propriété privée, la liberté individuelle et le droit à la justice.

Le lien constituant ces familles n’est pas génétique, il est fait d’affinités diverses et d’intérêts matériels basiques. Chaque famille a un chef, ces chefs entourés de leurs proches collaborateurs décident et agissent hors toute contrainte.

Prenons la construction immobilière que je connais bien.

Un fatras de lois régit cette activité. Ces lois sont traficables à l’envie, puisque décidées localement. Dissimulées derrière l’intérêt collectif, elles permettent en fait de créer un écran de fumée derrière lequel se cache des accords particuliers entre quelques grands opérateurs et ceux qui maîtrisent ces lois locales. Les premiers y trouvent leur intérêt électoral, les seconds leurs intérêts financiers. Sont exclus du deal les acquéreurs ou consommateurs, en fait la liberté et ceux qui paient…

Prenons une plus petite unité, les copropriétés.

Il y a trois intervenants, les syndics, les politiques et les propriétaires. Les intérêts des syndics et des politiques sont liés, plus la loi se complique plus elle rend les syndics indispensables et détourne les propriétaires de leurs prérogatives et de la jouissance libre de leurs propriétés. Plus les propriétaires sont affaiblis dans leur sentiment de propriétaire, plus ils sont résignés face à la fiscalité.

Prenons l’architecture

Les Français, bâtisseurs reconnus, à qui l’on doit les plus beaux paysages de nos vieilles villes et de nos campagnes, n’ont plus le droit de construire ce qu’ils veulent. Le monopole de l’acte constructif a été confié aux architectes, ceux-là même qui, lors de leur monopole précédant plus restreint, avaient déjà barbouillé la France d’HLM hideux, dont Sarcelles était l’emblème.

Aujourd’hui, ces mêmes architectes tartinent la France de l’architecture qu’ils croient être « à la mode », dans le seul but de se pousser du col.

Mais surtout, ils excluent de la boucle les utilisateurs finaux, ceux qui paient, les consommateurs, qui de ce fait n’ont pas l’opportunité de comprendre et de mettre leur nez dans les combinaisons, vues plus haut, entre les élus et les opérateurs. Ils sont dépossédés de la liberté de construire leurs nids, cas rare dans le monde animal dont nous faisons partie.

Prenons la justice

Ici se sont les avocats qui ont obtenu le monopole de l’action judiciaire. Contrairement à ce que dit sa constitution, le Français n’a plus accès librement à la justice. Il ne peut plus bénéficier du procès équitable qu’il souhaite. Il ne peut se présenter devant les juges qu’après que ce qu’il veut voir juger ait été filtré par les avocats.

Cette situation multiplie les revenus des avocats et donc les avocats, par conséquence le nombre d’affaires judiciaires. La machine judiciaire ne peut plus suivre. Elle se protège en taxant lourdement ceux qu’elle fait perdre, la rendant ainsi inaccessible économiquement.

Alors oui.

Notre démocratie, détournée de ses bases constitutionnelles, a des tares de fonctionnement parfaitement identiques à celles de la mafia : pouvoir des réseaux au détriment du mérite, hiérarchie bloquée à l’intérieur des réseaux, sanction mortelle – souvent à l’aide de l’outil fiscal – pour ceux qui croient encore à la liberté dont parle notre constitution et qui tentent de tracer leur chemin seuls, par leur seule compétence.

Toute notre société est semblable aux exemples que j’ai mis en avant, dont le modèle est la centrale à béton appartenant à la mafia où les entrepreneurs de New-York devaient se fournir en béton sous peine de violentes sanctions.

Qui pourra nous sortir de cette situation, alors qu’il est net qu’elle est majoritaire aujourd’hui sur la planète ?

Personne peut-être. Dans ces conditions je vous avoue que la partie ne m’intéresse plus. Bien à vous. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

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