Le traitre et le néant (livre)

Je viens de lire le dernier livre de Lhomme et Davet sur E Macron ; livre qu’ils ont écrit sans avoir pu consulter le principal intéressé puisqu’il a refusé de les recevoir (il faut dire qu’il y a eu le précédent F Hollande qui se répandait avec complaisance et veulerie dans « un président ne devrait pas dire ça » et que cela l’a considérablement desservi)

Par principe, je n’aime pas trop ce genre de livre car il fait une part non négligeable aux ragots en tous genres et celui-ci, sous couvert de rapporter des témoignages éclairés, tombe exactement dans ce travers.

Ils font parler les adversaires, les déçus de tous bords mais cela ne donne aucune cohérence à ce livre pleins d’anecdotes qui sont surtout des digressions avec de nombreuses redites.

On a par ailleurs du mal à situer les auteurs à propos de ce qu’ils pensent du personnage car ils alternent à son sujet les éloges dithyrambiques (banquier surdoué, Mozart de la finance) et les appréciations négatives.

Mais, en journalistes de gauche (du Monde), ils voient E Macron en représentant, voire en sous-marin du grand capital cornaqué par Alain Minc, l’éminence grise là où je ne vois, pour ma part, qu’un haut fonctionnaire étatiste autoritaire qui a mis le pays en coupe réglée grâce à l’administration d’Etat qu’il contrôle !

On apprend, sans l’apprendre, que E Macron est un hyper narcissique, assoiffé de pouvoir, séducteur, mais pas si brillant que certains de ses condisciples de l’ENA. D’ailleurs il a raté par deux fois le concours d’entrée à Normale Sup (ils le répètent plusieurs fois …) !

Ils en parlent comme d’un séducteur, d’un charmeur, au contact très chaleureux, alors qu’il apparaît être en fin de compte un monstre froid sans affect, un caméléon pratiquant la trahison de manière systématique, ni de gauche ni de droite juste totalement opportuniste et égocentrique, sans reconnaissance pour ce que les autres ont fait pour lui (rappelle-toi qui t’a fait roi ?).

Ils parlent à son propos de « populisme mondain » notamment en raison de sa manière de « traiter » le mouvement des gilets jaunes avec des conférences où il était le seul à assommer son auditoire, en bras de chemise, pendant 6 heures d’affilée.

Ils expliquent sa réussite à travers la constitution de ses réseaux pendant la période où il a été ministre de l’économie et plus particulièrement des manigances à la limite du conflit d’intérêt qui auraient eu lieu lors des opérations de cession d’Alstom/GE et Lafarge/Holcit avec comme « preuve » que les donateurs, à sa campagne présidentielle, sont ceux qui ont bénéficié des (très) juteuses commissions d’intermédiaires sur ces opérations.

Ils évoquent même un pacte de corruption et la prise illégale d’intérêt en estimant que E Macron a usé de son influence pour favoriser certains acquéreurs et rapportent que plusieurs plaintes ont été déposées mais que le parquet, à la différence du dossier Fillon, s’est dépêché de les enterrer !

Seulement, les auteurs n’évoquent pas le fait qu’il a fait exactement l’inverse lorsqu’il a imposé une reprise de contrôle de Renault par l’Etat, malgré l’opposition véhémente de C Ghosn !

Il le décrive comme un individu sans conviction qui change d’avis sans arrêt, venant d’un milieu très bourgeois, qui a tout eu, qui veut tout, tout de suite et à qui tout réussit !

Ils insistent beaucoup sur le fait qu’il a trahi F Hollande (celui-ci étant décrit comme un pigeon alors qu’il n’est nullement un « perdreau de l’année ») ce qui, en politique, ne constitue nullement une nouveauté ; la trahison étant l’essence même de la politique !

Ils expliquent la conquête du pouvoir par un complot fomenté par une dizaine de jeunes, énarques pour la plupart, la trahison d’un F Hollande aveuglé malgré les mises en garde de ses amis et partisans ; en omettant de dire que F Hollande avait lui-même tué le Parti socialiste, qu’il était immensément impopulaire et que son quinquennat a été un échec retentissant !

Son « coup de génie » serait d’avoir compris que F Hollande ne se représenterait pas (en fait c’est essentiellement un simple pari à moins qu’il y ait d’autres données pour l’instant non divulgués parce que je suis pour ma part convaincu que le président sortant a subi des pressions en ce sens de la part de ses proches) et a créé un mouvement citoyen (En Marche) qui, partant de la base, lui a permis de ne pas passer par un parti politique existant et d’avoir, de ce fait, une organisation toute dévouée à sa cause et à sa personne et donc d’éviter les caciques et les éléphants (qui n’avaient pas hésité à « flinguer » S Royal en 2007) !

Seulement, cette explication ne peut être que partielle … car les moyens mis en œuvre ne sont pas à la portée du jeune technocrate qu’ils nous décrivent …

Il manque manifestement une explication suffisante et convaincante …

Ce livre fait, en fait, totalement l’impasse sur l’essentiel : il n’explique pas comment un parfait inconnu, sans mandat électoral, officiellement sans soutien ni politique ni financier, a pu doubler tout le monde et devenir président de la république ni comment le candidat favori (F Fillon) s’est retrouvé évincé à la suite d’un véritable raid judiciaire et d’une manipulation médiatique à laquelle … la presse a bien pris part !

Car, rappelons-le encore une fois, le Penelopegate, (et tous ces autres dossiers qui sont ressortis trop opportunément), qui a fait trébucher F Fillon retrace une pratique extrêmement courante parmi les députés (on sait qu’il y en avait au moins 130 sur 577 qui faisaient la même chose mais seul F Fillon a été poursuivi et condamné et ce juste au moment où il était candidat !).

Le candidat E Macron n’a pas pu être le candidat isolé, soutenu par sa petite bande d’énarques (décrits comme des mercenaires) et un mouvement En Marche alors complètement balbutiant, qu’on veut ici nous faire croire !

Et ici, mes articles des 02 mars 2018 et 19 juin 2020 restent sans réponse de leur part.

En raison d’un manque évident de cohérence et de nombreux manques, ce livre est parfaitement … évitable !

Bien cordialement à tous !

Απο την Ελλαδα  Πρεβεζα (De la Grèce – Preveza).

 

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

2 réflexions sur « Le traitre et le néant (livre) »

  1. Information RMC du 12 octobre 2021 que j’ai récupéré= A l’occasion de la sortie du nouveau livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme consacré à la présidence Macron, RMC vous en dévoile les “bonnes feuilles”.
    Bernard Tapie à l’Elysée en secret, “un pacte de corruption” et la facture de Brigitte Macron: ces 5 “anecdotes” du livre “Le traître et le néant” que RMC vous révèle

    Ce livre va-t-il changer le cours de la campagne du président de la République?

    Après leur livre “Un président ne devrait pas dire ça” qui avait contribué à la non-candidature de François Hollande à sa propre succession en 2017, les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme publient mercredi, “Le traitre et le néant”, chez Fayard.
    Dès la rentrée, comme RMC vous le révélait, ce livre a suscité un vent de panique à l’Elysée: la garde rapprochée d’Emmanuel Macron était à la recherche du manuscrit, donnant des sueurs froides aux conseillers du Président.
    Une nouvelle enquête qu’ils consacrent, cette fois, à l’accession au pouvoir d’Emmanuel Macron et à son quinquennat. La maison d’édition a déjà dévoilé quelques éléments:
    “Plus de 110 témoins de premier plan parlent, à visage découvert, crûment. Ils confient aussi leurs documents. Les auteurs racontent le pouvoir solitaire d’un homme suprêmement habile, éperdu de lui-même. Ils révèlent les dessous de la conquête de l’Élysée, puis l’exercice de la toute-puissance, et la vaine quête d’une idéologie. La trahison a enfanté le néant”.
    “Pacte de corruption” et surnoms

    En avant-première, RMC a pu lire l’ouvrage: on y découvre des confidences, des anecdotes, des aveux de quelques 110 personnes questionnées.

    Voici cinq anecdotes-clés:
    Financement de la campagne d’Emmanuel Macron: le député Les Républicains Olivier Marleix dénonce un “pacte de corruption”

    Des arguments peu à même de convaincre le “détective” Marleix. Au fil de ses investigations, il a découvert qu’”il n’y a pas eu que la vente d’Alstom. Vous avez quand même, à un moment, un petit doute sur à quoi ont servi toutes ces ventes, dans quel état d’esprit elles ont été organisées. (…) Le député LR va plus loin, et affirme qu’”un tel système peut être interprété comme un pacte de corruption”. Pour être bien sûr d’être compris, il précise sa pensée : “Le pacte de corruption, c’est si vous considérez que ce système est un système organisé”.
    Pour Philippe de Villiers, Emmanuel Macron aurait tenté d’acheter le silence du chef d’État-major des armées.
    Philippe de Villiers nous révèle les dessous. Selon lui, “le lendemain ou le surlendemain” de l’épisode du 14 juillet, “Macron, en fait, se ravise – sous l’in‐ fluence de qui, on ne sait pas – et il demande à voir Pierre à La Lanterne, discrètement. Il le voit, et il lui dit : ‘Il faut rester.’ Et, en gros, il lui dit : ‘Et si vous partez, moi, je vous nomme dans un poste qui vous permettrait d’avoir, en termes d’émoluments…’ Il utilise ce mot-là ! Il lui propose d’avoir une très belle retraite! Et Pierre répond: ‘Monsieur le Président, ma décision était prise, mais là, vous venez de franchir la ligne rouge, parce que vous ignorez tout de ce que je suis et de ce qu’est ma famille. Nous sommes une vieille famille de chevaliers français. Et donc, là, vous venez de m’insulter…'”
    Bernard Tapie en secret à l’Élysée pour conseiller le chef de l’État en pleine crise des “gilets jaunes”

    Lui, le millionnaire et businessman, semble avoir su trouver les mots pour raconter ces singuliers contestataires venus d’une France inconnue – en tout cas de la macro‐nie. Il a notamment décrit la composition hétéroclite des ronds‐points tenus par les manifestants, avec ces femmes privées de pensions alimentaires. “Je l’ai vu à l’Élysée, et avec beaucoup de précautions: en cachette, etc.”
    Ses lunettes dévorées par le chien de François Hollande, Brigitte Macron envoie la facture à l’Élysée
    Ils se souviennent de ce dîner, à l’Élysée, vers la fin du quinquennat Hollande. Où Philae, l’imposant labrador présidentiel, s’est jeté sur le sac à main de Brigitte Macron, déchiquetant par jeu les lunettes de l’épouse de celui qui n’est encore que ministre de l’Économie. Furieuse, la future première dame. Hollande s’excuse, bien sûr, mais enfin, ce ne sont que des lunettes. Et ce n’est qu’un chien. Quelques jours plus tard, il nous l’a confirmé, Hollande recevra la facture de la paire de lunettes de Brigitte Macron. L’ex‐président soupire: ‘Il faut oser, quand même…’
    Stéphane Bern rebaptise les ministres pour amuser le Président

    Il a d’ailleurs une curieuse manie, qui amuse apparemment beaucoup Macron: il affuble de “surnoms horribles” – selon ses propres termes – les ministres du pouvoir macronien.
    L’actuelle ministre de la Fonction publique, Amélie de Montchalin, par exemple, méchamment rebaptisée Amélie “de mon machin” par Bern. Emmanuel Macron adore. “Il me dit: “Comment tu l’appelles?!” Ça le fait rire et, en même temps, il me dit : ‘Tu exagères'”, s’esclaffe l’animateur.

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