La future élection du président par le vide

Nous avons déjà évoqué les premières agitations du microcosme. Celles-ci se confirment nettement et la prochaine échéance électorale de 2022 s’annonce comme une véritable farce. …

La caste au pouvoir tient trop à ses avantages pour laisser échapper son os et on assiste aux premières grandes manœuvres préélectorales pour 2022 ; puisque l’élection présidentielle est désormais la seule élection qui compte dans ce pays !

Seulement, si elle-seule compte, il ne faut non plus, du point de vue de l’élite, qu’il s’y passe n’importe quoi !

Au-delà d’un système pervers voulu par le général De Gaulle qui permet, sur une simple élection, de confier pour 5 ans tous les pouvoirs à un seul individu irresponsable (politiquement) et indéboulonnable (le premier ministre n’étant qu’un « collaborateur » servant de fusible) on sait qu’E Macron est en difficulté ; et les récentes tribunes des militaires n’ont pas arrangé les choses parce qu’elles rappellent des réalités que l’élite voudrait bien occulter.

Rappelons-nous : Nous avons assisté, en 2017, à une manipulation évidente de l’électorat faisant apparaître la fiction d’une démocratie élective. A la suite d’un véritable raid judiciaire, savamment orchestré, le candidat de la droite a été « proprement liquidé » au profit du candidat adoubé par l’élite politico administrative qui tient les rênes du pays depuis une bonne trentaine d’années.

Seulement, ce raid constitue aussi le handicap d’E Macron car les conditions dans lesquelles il est arrivé au pouvoir affaiblissent sa légitimité. Beaucoup pensent que si les élections s’étaient déroulées dans un climat démocratique normal, il aurait fini seulement troisième.

Le coté artificiel de son irruption à la première place du pays prend toute sa force lorsque l’on constate que son parti, LREM, n’a aucun ancrage local.

Les français ont aussi perçu aussi le coté narcissique et cassant, voire méprisant, du personnage qui n’écoute personne mais a une capacité presque infinie à s’écouter parler (à pérorer serait plus exact) ainsi qu’une dérive autoritaire qui n’augure rien de bon ; même s’il n’est pas sûr que la majorité des français ait conscience de la marginalisation du parlement qui a été réduit à la fonction de simple chambre d’enregistrement des décisions du président.

On parle à son propos de hollandisation mais il faut éviter de tirer, d’ores et déjà, des conclusions définitives car l’élite va utiliser sans vergogne tous les moyens de l’Etat pour lui permettre de faire campagne et redresser la situation car la règle en France, est que les gouvernements changent, les politiques passent, mais les hauts fonctionnaires (et tout le système de contrôle) restent !

La presse, soumise et subventionnée, va bien évidemment faire aussi campagne pour le président sortant.

Le but est évidemment de réduire l’aléa électoral …

Rappelons-nous aussi les élections de 2012 à l’occasion desquelles l’élite, tout ce qui compte d’intellectuels et de journalistes se sont littéralement mobilisées pour faire chuter N Sarkozy avec le slogan « tout sauf Sarkozy » ; la magistrature s’étant en outre chargée de lui coller sur le dos plusieurs procédures judiciaires (une douzaine).

On connait le résultat. F Hollande, le candidat incompétent de l’élite qui n’avait rien à faire à la tête du pays, a été élu et a pu, en toute impunité, se livrer à une action délétère (par la voie d’une fiscalité poussée jusqu’à la spoliation) sur l’économie française dont nous n’avons toujours pas fini de payer les conséquences !

Devant le fiasco, l’élite a décidé de changer de  monture et F Hollande a piteusement fait part de son renoncement à la télévision …

La manipulation des élections semble donc être une habitude dans ce pays …

On peut donc se demander ce que l’élite nous prépare … alors que les prochaines élections présidentielles pourraient bien réserver une grosse surprise ; à savoir l’élection d’un candidat choisi par le peuple des électeurs et non par l’élite auto proclamée qui contrôle de facto le pays. Et ce candidat pourrait être Marine Le Pen, la représentante de la droite pétainiste antilibérale qui, et c’est bien là le problème de l’élite, n’a aucune attache avec la haute fonction publique et n’a donc pas à la ménager !

Car, Giscard, Chirac, F Hollande, E Macron, sont autant de présidents issus du sérail, qui ont été ou sont les défenseurs du système jusqu’à la caricature !

Il faut aussi rappeler que le système constitutionnel français est à peu près unique en Europe dans la mesure où le chef est élu par le “peuple” contrairement aux autres démocraties (RU, Allemagne, Espagne, Italie, …) où le premier ministre est issu de la majorité parlementaire dans le cadre d’un vote à deux degrés.

On peut penser qu’il est plus facile de manipuler des députés plutôt que toute une population et c’est pourquoi la prochaine stratégie sera donc de faire en sorte que le jeu démocratique soit bien respecté ; c’est à dire que, dans l’esprit de l’élite, seul son candidat puisse être élu !

La lutte des classes

Pour reprendre un schéma marxiste, la France est scindée en deux camps : L’élite ou la caste autoproclamée et … les autres, c’est à dire plutôt la France dite périphérique.

La caste

L’électorat d’E Macron est essentiellement constitué par la fonction publique, grande et petite, choyée jusqu’au plus profond du confinement puisqu’elle n’a jamais été privée de ses revenus … même si elle n’a pas travaillé. Ce sont aussi les bobos urbains et dans l’idéal parisiens, qui se perçoivent de gauche et qui sont pétris d’écologie punitive surtout lorsqu’elle s’applique … aux autres !

Lorsqu’on parle de caste ou d’élite, il faut comprendre les hauts fonctionnaires en poste mais aussi tous les dirigeants de banques françaises qui sont tous issus de l’ENA et auxquelles on ajoutera la BPI (banque publique d’investissement) et la CDC (caisse des dépôts et consignations). C’est la même chose pour les compagnies d’assurances, la moitié des grandes entreprises non financières et évidement aussi les dirigeants des entreprises publiques (SNCF, EDF, ….).

Quand on y ajoute l’oligarchie aristocratique des membres de cabinets et des grands corps (inspection des finances et conseil d’Etat), qui effectuent leur carrière hors de ceux-ci, et se servent de l’Etat pour voguer vers les hautes sphères du pouvoir, on s’aperçoit, qu’en fait, l’élite détient à peu près tous les leviers de commande du pays !

On se situe désormais bien loin du mythe des 200 familles (Peugeot, Schneider, De Wendel, …) qui tenaient le pays …

Alors, se faire évincer sur un simple vote populaire n’est tout simplement pas envisageable. Nous ne sommes pas aux Etats Unis où l’on pratique le « spoils system » (système des dépouilles – une administration remplace l’autre).

La France périphérique

De l’autre côté, nous avons la France périphérique, celle qui a besoin d’une voiture (diesel) pour aller travailler ou pour faire ses courses, qui « fume des clopes », pour qui l’écologie n’est nullement une priorité parce que la priorité est avant tout de boucler les fins de mois.

C’est aussi celle qui a pris de plein fouet les différents confinements, les pertes de salaire, et qui va devoir encaisser les difficultés à venir et notamment la future vague de faillites et la hausse du chômage quand interviendra la fin du financement public. Cela va du petit employé au commerçant empêché de travailler pendant un an en passant par l’ouvrier qui sait qu’il va perdre son emploi du fait de normes écologiques provoquant la fermeture des usines.

Et, chez ces gens-là E Macron n’est absolument pas populaire !

Cette population ne maitrise pas son destin et subit les décisions de la caste … jusqu’à la révolte comme cela a été le cas avec les gilets jaunes face à une hausse des taxes sur leur train de vie (voiture).

L’élite craint donc que le vote de cet électorat soit, comme pour Sarkozy en 2012, un vote de rejet ; surtout que, par un curieux retournement politique, l’électorat populaire qui votait communiste et socialiste vote désormais RN (droite étatiste et nationaliste) et les bobos bourgeois urbains et aisés qui votaient à droite votent désormais à gauche.

On sent une certaine confusion lorsque l’on sait qu’E Macron a été élu principalement avec les voix de gauche.

L’action doit donc se dérouler sur deux fronts :

  • dégommer les oppositions et faire le vide,
  • convaincre les français et les rassurer.

Dégommer les oppositions

Eliminer les adversaires avant les élections est assurément la meilleure façon de les gagner car, désigner son futur adversaire, le choisir par avance, surtout lorsqu’on est assuré de gagner contre lui, est assurément une stratégie gagnante !

Les électeurs n’auront plus le choix qu’entre LE candidat légitime et un adversaire diabolisé et on passera alors insidieusement de l’élection au plébiscite !

Cette stratégie grossière est malgré tout efficace puisque E Macron est clairement en train d’anéantir la droite étatiste en la colonisant avec la complicité de certains de ses membres (Muselier et Estrosi quittent les LR pour s’allier, sans le dire, avec LREM). Il faut dire aussi que les LR n’arrivent pas à s’extraire de la période Sarkozy et n’ont aucun leader. En outre, le parti, qui s’est évertué sous la période Chirac et Sarkozy à faire une politique de gauche, n’a plus de marqueur dans l’opinion ; sans compter qu’il est très divisé entre différentes tendances et baronnies.

En ce qui concerne la gauche, elle ne représente aucun danger puisqu’elle s’est autodétruite grâce à l’action efficace de F Hollande. En outre, égarée dans des dérives de genre et autres mouvements woke et racialistes, elle est aussi trop éclatée pour pouvoir avoir une quelconque influence.

Le but de cette stratégie est clairement de rendre E Macron incontournable, seul candidat éligible du centre gauche jusqu’à la droite pétainiste désignée comme l’adversaire à battre !

C’est donc une espèce de nettoyage par le vide ; il n’y aura plus d’autre choix possible ni pour les électeurs ni pour les membres de l’élite qui n’auront plus qu’à se soumettre !

Il y aura bien quelques candidats fantaisistes qui ne feront que 1 à 2% des voix, mais ils ne représentent aucun danger ; ils sont la caution du système en permettant de croire qu’il y a une démocratie. D’une certaine façon, c’est le défouloir pour le petit peuple …

Conséquence de cette stratégie, il faudra « engager la lutte contre le monstre brun », le RN totémisé pour faire peur mais qui pourrait bien agréger l’ensemble des mécontents, et ils sont nombreux !

Même Dupont-Moretti, le brillant avocat qui ne devait jamais faire de politique et ne jamais être ministre (si l’on en croit ses propres déclarations) a été enrôlé pour « lutter contre la bête immonde » dans la région Hauts de France ! Cette stratégie d’ostracisation pose d’ailleurs la question de la nature du RN car, s’il représente effectivement les risques avancés par les affidés LREM et autres supporters du pouvoir, pourquoi n’a-t-il pas été purement et simplement interdit et dissout comme cela a été le cas pour Génération Identitaire ?

E Macron seul en lice face à Marine Le Pen c’est l’application du principe anglo-saxon TINA. There is no alternative (il n’y a pas d’alternative).

Seulement, désigner celle-ci comme l’adversaire institutionnel en rééditant le débat de 2017 n’est intéressant pour l’élite que si le match est joué d’avance et que si la représentante du RN ne joue que son rôle prédéterminé de faire-valoir !

La prochaine élection régionale en région Provence-Côte d’azur va évidemment servir de test. L’électorat va-t-il se laisser convaincre par ces « petits arrangements entre amis » ou reporter ses voix sur Th Mariani, ancien LR désormais RN, bien implanté dans la région.

L’autre versant de la stratégie sera économique.

Convaincre les français et les rassurer en distribuant de l’argent gratuit

La France est toujours en récession (selon l’INSEE l’activité est toujours à 4% sous le niveau de 2019 malgré la levée progressive des restrictions sanitaires).

Avec 62% de dépenses publiques, 9% de déficit public sur le PIB en 2020, 116% de dettes rapporté au PIB en France (contre 70% en Allemagne), des taux d’intérêts qui commencent à remonter (ils sont passés de négatif à 0.2%), un potentiel  de croissance à peu près nul (sauf phénomène de rattrapage mécanique), le mur de la dette n’est plus une image ; c’est une réalité !

Mais le problème du remboursement n’est évidemment pour l’instant qu’une question secondaire qu’on règlera après … 2022 !

Il faut pour l’instant continuer les distributions d’argent car le « quoiqu’il en coute » constitue un anesthésique bien commode permettant avant tout d’éviter au mécontentement populaire d’exploser dans la rue.

On sait bien néanmoins, avec toutes ces dettes accumulées, que la question fiscale finira bien par revenir sur le devant de la scène avec des risques de mécontentement ; alors on peut bien promettre aux français qu’on va spolier les riches et les entreprises et seulement eux !

La population doit avant tout être persuadée que le gouvernement maitrise la situation bien que cela ne neutralise pas, pour autant, les autres marqueurs négatifs et notamment les problèmes de sécurité qui reviennent en force avec la multiplication des violences, des rixes et un retour des attentats.

Nul doute d’ailleurs, que la politique d’E Macron va prochainement fortement se droitiser notamment pour aller pêcher les voix de droite ; l’option sécuritaire étant, de manière constante, le dernier recours des gouvernements à la dérive.

Ainsi va la démocratie française … après le vide parlementaire, nous aurons le vide électoral.

Pas sûr que les français, qui s’enorgueillissaient d’élire leur chef , apprécient …

Bien cordialement à tous !

Licence de publication : la publication de cet article est autorisée à la condition de le reprendre en totalité, d’en rappeler l’auteur ainsi que le site originel de publication.

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

7 réflexions sur « La future élection du président par le vide »

  1. Très belle analyse, que pouvez-vous attendre de cette clique, en sachant que ne pas voter est comme abandonner ses choix à d’autres, la France part en vrille depuis 50 ans, j’en ai 40, nous devons essayer une autre voie, même si sur le papier cela semble mission impossible.

    1. Merci !
      Cet article décrit la situation actuelle et probable mais il ne propose pas de solutions.
      C’est à chacun de choisir …
      Compte tenu de la nullité dramatique de la classe politique française, je ne vois malheureusement aucune solution …
      Je n’irai pas voter (je n’ai pas voté au deuxième tour en 2017) mais imaginez que les français refusent d’aller voter par protestation ?
      J’y reviendrai dans un prochain article.

      1. Merci pour cette analyse excellente!!
        moi qui aimais mon pays, à 40 ans, cela fait seulement 3-4 ans que j’ai compris le système et j’en suis venue à détester mon pays et à vouloir partir. Je ne me sens plus du tout en phase ici. Je suis juste écœurée

  2. Hollande a pillé le pays sur les conseils de Macron. Un million de chômeurs eu plus et doublement du nombre de SDF depuis 2012. Heau résultat.

  3. Un proverbe indien que j’ai lu et vu aux USA dans un camp indien disait ceci= Avant, de critiquer ton voisin et d’agir, Marche 3 lunes dans ses mocassins. Nos politiques français devraient s’en inspirer.

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