Histoire de vaccin

Aujourd’hui je souffle un peu, après une quinzaine en surchauffe où je suis témérairement monté au filet en espérant crucifier le fisc d’un smatch parfaitement ajusté qui malheureusement n’a servi à rien, l’arbitre était un vendu. Je reprends des forces pour le prochain set.

Etant à Montpellier pour des raisons mineures, je dis à mon épouse : “Et si nous allions nous faire vacciner ?”

Pourquoi pas, répond-elle. Nombre de nos relations sont vaccinées, nous n’entendons pas dire qu’elles seraient victimes d’une hécatombe, et le pic de contagion se rapprocherait.

Nous décidons donc de voir si cela est possible.

Nous appelons la plateforme dédiée qui nous répond qu’elle est débordée et que de ce fait elle ne répond pas. “Plus tard dit-elle…réessayez.”

Ce qui ne s’obtient pas par la force oblige à employer la ruse. Donc nouvel appel, répondeur, déroulement des différentes options et des numéros qui vont avec, jusqu’à la dernière qui vous incite en désespoir de cause à patienter : “un opérateur va vous répondre … puisque vous êtes trop débile pour choisir une de nos intelligentes options.”

L’opérateur répond, c’est une gentille opératrice. Je lui demande s’il y aurait de la pace dans un centre de vaccination à Montpellier ou pas très loin.

Si fait, il y a justement de la place à la clinique Saint Jean.

Nous y allons.

Une splendeur la clinique Saint Jean, un mélange de Versailles, Notre-Dame et Sainte Sophie, mais architecturée “façon uniformité des écoles d’architecture”.

Au fond d’un couloir, lui-même au fond du spectaculaire hall d’entrée type hôtel de Las Vegas, une petite salle d’attente occupée par deux ou trois vieillards cacochymes.

En face deux portes, une pour les piqures, occupée par une seule opératrice ; l’autre pour la propagande, occupée par deux personnes, une secrétaire et un personnage sans doute considérable mais sans marque distinctive.

Je frappe à la deuxième. Pas de réponse. Je pousse un peu le battant.

La secrétaire est surprise : “C’est pourquoi ?”  Pour un cornet de frites, évidemment.

J’explique donc que j’ai appris qu’ils avaient des vaccins et pas de client, que donc je me proposais pour écouler le stock.

“Comment, comment ? d’abord qui vous a dit ça ?”

“Et bien la plateforme” Cette chose essentielle à la vie en société : “la plateforme”, vous voyez, un truc basé on ne sait où, qui fait semblant de comprendre votre problème mais qui en réalité s’en fout complètement étant à des centaines, voire des milliers de kilomètres de là.

“Attendez, attendez, je vérifie” dit la gentille secrétaire qui en sait moins que la “plateforme”.

“En effet, nous avons des disponibilités immédiates pour les plus de 75 ans” Ce qui est mon cas. Bingo.

Ça roule. Le personnage considérable se désavachit sur son siège, je sens que l’interrogatoire santé va être poussé. Il ne crie pas Léon et les plumes de son derrière ne font pas la roue, mais avec un peu d’imagination… y a de ça.

C’est à cet instant précis que tout va s’écrouler.

Je dis : “C’est parfait, mon épouse aussi est là, plus jeune elle n’a que 72 ans, mais elle est aussi OK pour écouler le stock”.

Là le chef se bloque. “C’est impossible, les moins de 75 ans doivent être mourants pour recevoir le vaccin. Est-elle mourante ?”

Ben non. Il ne me dit pas de revenir quand elle sera mourante, mais il le pense visiblement.

J’ai le malheur de répondre : “Ah oui, suis-je bête, sous ce régime communiste il faut bien des règlements inhumains. Car enfin, je vis et partage tout, le bonheur comme le malheur, avec mon épouse depuis cinquante cinq ans, et vous voudriez que là ce jour, je sorte de chez vous avec le privilège du vaccin pendant qu’elle resterait exposée. Vous voulez introduire chez moi l’injustice ? Vous n’y pensez pas, pas même en rêve.”

Je suis devenu Charlie, le mot “communiste” a été dévastateur, et encore je n’ai pas dit “égalitariste”. J’avais blasphémé, il fallait partir.

Nous sommes donc partis, en nous gondolant comme des adolescents et en croisant les doigts pour que le Dieu des cons ne nous colle pas COVID par vengeance.

Bien à vous. H. Dumas

1 étoile2 étoiles3 étoiles4 étoiles5 étoiles 3,86 sur 5 (7 avis)
Loading...

A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

3 réflexions sur « Histoire de vaccin »

  1. Quelle chance vous avez
    d’ avoir votre dame à vos coté
    et réciproquement 😉
    Comme quoi dans certains cas,
    l’union fait la force, n’est-ce pas ?

    Si mes souvenirs sont bons, voilà deux fois que vous manquez la vaccination
    Attention ! ‘jamais deux sans trois’ , c’est ce qui se dit dans mon canton
    Surement un signe du destin, à votre place, je crierais : ‘je laisse béton’

    La solution la plus coquine,
    serait donc l’hydroxychloroquine.

    Celle qui vous permettrait d’avoir 100 ans
    Si, si, c’est possible…
    et BERCY serait alors foutu et vaincu,
    Oh le rêve !

  2. VGE avait dit qu’au-delà de 30 % du PIB collectivisés, on était dans le communisme. On est à 62 % en trafiiquant les chiffres avec un délicieux parfum de Vénézuéla avec les pénuries qui s’accumulent et la violence qui explose.

    Le tri des patients est la marque absolue du communisme.

    Il y a plus d’un an, j’ai dit à quelqu’un que le pays allait ressembler au Vénézuéla, il m’a rien à la gueule. Qui avait raison ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *