Henri DUMAS vérifié
par… Julien VARTET
ou
Rectifions toujours, ne corrigeons jamais !
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QUESTIONS :
1-Si, comme le prétend Bruno LE MAIRE (qui n’est pas seulement inflationniste en actes, mais également en paroles),
un seul billet litigieux, signé par Henri DUMAS et consultable sur Internet (celui relatif à Bullecourt), est de nature à mettre en danger des « MILLIERS de FONCTIONNAIRES »,
quel effet a bien pu produire sur des MILLIERS DE SPECTATEURS une très bonne comédie, représentée à Paris plus de 550 FOIS, au cours de la dernière décennie du XXe siècle, qui montrait (entre autres joyeusetés) une baronne et veuve EN TRAIN DE GIFLER L’INSPECTEUR DU FISC, venu contrôler les comptes de sa maison de champagne ?
2-Est-ce à dire, SELON CETTE LOGIQUE IMPLACABLE,
que dans la mesure où elle fut jouée :
-d’abord dans les trois salles que possédait l’auteur (l’industriel Julien VARTET, des Huiles Labo) : la Potinière (ancien nom de l’actuelle Pépinière-Opéra), le Théâtre Edouard-VII et les Mathurins ;
-puis, au Théâtre des Bouffes-Parisiens (dirigé alors par Jean-Claude BRIALY) pour un spectacle d’été ;
que dans la mesure où :
-elle fit l’objet d’une immense campagne d’affichage comme de presse, et bénéficia de nombreuses critiques élogieuses ;
-elle fut publiée en 1994 aux éditions du Rocher ;
et qu’en outre, elle raillait les élus, le syndicat de la magistrature, les comptables, les conseillers fiscaux et l’administration en général ;
est-ce à dire, donc, que dans ces conditions, aucun contrôle n’a pu être réalisé au cours de ladite période dans toute l’Ile-de-France, et qu’aucun agent fiscal ne s’est aventuré chez des contribuables par crainte d’agressions ou de représailles ?
Voilà au moins deux questions, qui même si elles devaient demeurer sans réponses, sont finalement presque aussi drôles à poser que la pièce l’est à relire !
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ILLUSTRATION :
[N.B. (Sébastien MILLERAND) : C’est nous qui soulignons les passages importants.]
Julien VARTET. Archibald. Comédie en 2 actes et 3 tableaux. Créée au Théâtre de la Potinière en 1990 et figurant dans le recueil intitulé : Pièces Narquoises. (Monaco, Editions du Rocher, 1994).
Le rôle de la baronne Tricot a été tenu tour à tour par Mesdames : Corinne MARCHAND, Axelle ABBADIE et Yolande FOLLIOT.
[Extrait du Deuxième Acte, pages 169 à 174] :
DUPONT. L’inspecteur nous réclame plus d’un milliard de nouveaux francs parce que nous écrivions sur les factures : « Vente hors de France » au lieu de « Vente à l’étranger ».
PARPALON. Oui, ou bien à l’exportation. Je comprends ! Le coup est rude ! Bigre…Bigre !
BARONNE. On ne peut pas se défendre ?
PARPALON. Difficile…Tss tss tss ! Il tient le bon bout.
BARONNE. Quand nous envoyons du champagne en Suède, que l’on appelle cela hors de France ou vente à l’étranger, c’est bien la même chose.
PARPALON. Pour les Suédois qui dégustent votre champagne, c’est effectivement la même chose.
BARONNE. Mais pour moi ! La logique…
PARPALON. N’a rien à voir dans l’affaire. A quoi serviraient donc les experts, tel votre serviteur, si la fiscalité française n’était pas…profond mystère pour les profanes !…et matière à interminables controverses pour les initiés… Quand même, ruiner la Veuve Tricot, il faut vraiment, n’avoir pas de coeur !… Ou alors il s’agit d’une vengeance.
BARONNE (triste, désignant Archambaud). Effectivement…Je l’ai giflé.
PARPALON. Que dites-vous ! Vous avez frappé le fonctionnaire !
BARONNE. Oui, monsieur l’expert.
PARPALON. Quand ?
BARONNE. Dès son arrivée.
PARPALON. Alors vous êtes sauvée.
BARONNE. Serait-ce possible !
PARPALON. Evidemment. Comprenez donc qu’on ne saurait laisser les contribuables taper sur les contrôleurs et inspecteurs des impôts. Sinon, étant donné les sentiments qu’ils inspirent certains se feraient corriger, à l’heure, au quart et à la demie !
BARONNE. Alors ?
PARPALON. Alors vous êtes tirée d’affaire ! Dès la baffe, ce monsieur devait se retirer et aller déposer plainte auprès du procureur de la République. Il n’a pas respecté la loi. Son contrôle est nul. Bien sûr, l’administration vous enverra un de ses collègues.
BARONNE. A qui il faudra faire la même chose ?
PARPALON. Ah non ! Parce qu’en cas de récidive, au lieu de trois mois avec sursis, on vous collerait un an ferme. Mais entre-temps vous aurez fait confectionner des tampons en caoutchouc, exprimant la mention : « autrement dit vente à l’exportation ». En une nuit, à l’aide de quelques employés dévoués, vous collerez ça partout, aux bons endroits, c’est-à-dire à côté de la formule malencontreuse. Et vous serez définitivement tranquille.
ARCHAMBAUD. Ne croyez pas à une fabulation, monsieur l’expert ! Je n’ai jamais été frappé.
PARPALON (ébranlé). Ah…Tss…Tss…
ARCHAMBAUD. Comment pouvez-vous croire…Seulement imaginer !…Qu’une personne distinguée, raffinée, telle la baronne Tricot, se soit abandonnée à un comportement de marchande des halles !
PARPALON. Il n’y a pas de témoin ?
DUPONT. Si, moi.
ARCHAMBAUD. Lui ! Laissez-moi rire ! Un malheureux excité !…Halluciné…en permanence. (Il retire un tube de la poche de Dupont et l’exhibe.) Drogué au Sedatum des laboratoires Labarthe !
PARPALON. Certes, il ne fait pas bonne impression.
DUPONT. Moi ! Vous m’auriez connu la semaine dernière…encore !…avant l’arrivée de ce fléau ! Vous me verriez à la messe le dimanche !
PARPALON (tourné avec Archambaud). Mais sur la base même de votre redressement…Cette terminologie fautive brusquement…Je m’interroge…Je m’interroge.
DUPONT. Dieu soit loué ! Il s’interroge.
PARPALON. L’article 164 laisse planer le doute.
ARCHAMBAUD. Peu importe. Vous n’êtes pas sans savoir, monsieur l’expert, que dans le doute l’administration est dans son droit, le contribuable dans son tort. C’est le fondement de la fiscalité française.
PARPALON. Certes…Certes…
ARCHAMBAUD. Vous ne voudriez tout de même pas que les fonctionnaires des Finances soient placés à égalité avec les assujettis à l’impôt !
PARPALON. Un rêve ! Je n’en demande pas tant ! Peut-être au cours du prochain millénaire…Pourtant ce dentiste d’Orléans qui avait, en 1936, écrit : « Déduction pour famille « gêneuse » au lieu de famille nombreuse…
ARCHAMBAUD. Le tribunal administratif l’a certainement condamné.
PARPALON. Oui, mais dix ans après, le Conseil d’Etat lui a donné raison. Une satisfaction…posthume puisque dans l’intervalle il était mort à la guerre. […]+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++