Dire ou ne pas dire

Il n’existe que deux façons de ne pas se créer d’opposant : ne rien dire ou, ce qui revient à peu près au même, dire la même chose que ce que tout le monde dit. Étant bien précisé que ce que l’on pense n’a rien à voir avec ce que l’on dit.

La reine d’Angleterre avait pris le parti de se taire, en toute circonstance. Elle ne l’a regretté que dans une terrible circonstance.

Elle s’est donc corrigée en exprimant tout haut la pensée commune exprimée par le peuple. Ce qui, pour une fois, n’était pas la même chose puisque ce qu’elle pensait tout bas sans le dire était le contraire de ce que les gens pensaient tout haut en le disant.

Son fils, le Roi Charles, lorsqu’il était prince, avait pris l’habitude de dire tout haut ce qu’il pensait tout bas alors que ce qu’il pensait n’était pas du tout ce que les gens disaient.

Inviter le bon peuple à se serrer la ceinture au nom de l’écologie alors que le bon peuple, faute de ressources, souffrait déjà de devoir se restreindre, tombait juste à côté de ce que le bon peuple attendait.

A défaut de se taire, il faut donc dire la même chose que les autres. Ou rien ne va plus.

Le Roi Charles le sait. Il l’a appris sur le tas.

Va-t-il parler ? Va-t-il se taire ? L’art de se taire est épuisé.

Gageons qu’il va parler. Peu importe ce qu’il va dire à condition qu’il dise ce que diront ses sujets. On peut sans se tromper le prévoir.

Il n’est pas dans la nature de l’opinion d’exprimer des idées nouvelles. Par nature l’opinion publique est le reflet de ce que pense une majorité à un moment donné. Et il faut beaucoup de temps pour qu’une opinion devienne une opinion commune, ou mieux, un lieu commun. L’opinion s’exprime par lieux communs.

Le Roi Charles a beaucoup de chance. Il est devenu, avec le temps, à la mode. Il va parler d’environnement. Il va ressasser sur le changement climatique auquel on ne peut rien, se lamenter sur la folie des hommes, à laquelle on ne peut rien, dénoncer les atrocités de la guerre qui sont le fait de toutes les guerres auxquelles on ne peut rien. Enfonçant allègrement toutes les portes grandes ouvertes, il va brutalement rénover la monarchie.

Une monarchie bavarde va succéder à une monarchie muette, Charles à Elizabeth, l’essentiel étant que le résultat soit le même.

La modernisation n’est pas affaire de résultat. Seulement de méthode.

Nous avons beaucoup à apprendre de la Grande bretagne.

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