Agnès Verdier-Molinié sur la non-suppression de l’ENA : « La France est malade de ses grands corps »

TRIBUNE – Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation Ifrap et auteure de La France peut-elle tenir encore longtemps? (Albin Michel), déplore l’abandon de l’idée d’Emmanuel Macron de supprimer l’ENA.

La directrice de la Fondation Ifrap regrette que la suppression de l'ENA ne soit pas réalisée.
La directrice de la Fondation Ifrap regrette que la suppression de l’ENA ne soit pas réalisée. (Sipa)

Voici la tribune d’Agnès Verdier-Molinié sur l’abandon de l’idée de supprimer l’ENA : « Souvenons-nous, 25 avril 2019, à la sortie du mouvement des Gilets jaunes et du grand débat, Emmanuel Macron déclarait : ‘Je pense qu’il faut supprimer, entre autres, l’ENA […] pour bâtir quelque chose qui fonctionne mieux.’ Il ajoutait même : ‘Je souhaite que nous mettions fin aux grands corps.’ Sauf que… Deux ans plus tard, le président de la République, en visite à l’Institut régional d’administration de Nantes, a annoncé qu’il allait réserver des places à l’ENA à des candidats issus de milieux modestes. Voilà sorti le prétexte de la diversité.

De suppression, il n’y aura donc point. Et surtout pas pour le classement de sortie qui permet d’entrer dans les grands corps (Conseil d’État, Cour des comptes ou Inspection des finances) à vie et de faire, sous protection du statut, moult allers-retours entre public, privé et politique sans prendre aucun risque.

Les troupes de la haute fonction publique se serrent les coudes et gagnent le match à tous les coups, ou presque

C’est la troisième fois, en trois quinquennats, que les grands corps de l’État ont eu la peau de la réforme. Déjà avant Emmanuel Macron, Nicolas Sarkozy et François Hollande s’y sont cassé les dents. Nicolas Sarkozy voulait, dès 2008, supprimer le classement de sortie de l’ENA… François Hollande souhaitait, aussi, aménager ce classement de sortie pour réduire l’influence des grands corps.

Une réduction du poids de ces derniers est bien passée par décret in extremis à la fin du quinquennat du président Hollande. Mais un décret daté du… 28 juin 2017, pris par le gouvernement d’Emmanuel Macron dès son arrivée au pouvoir, remet opportunément tout en place et rétablit le classement de sortie dans son organisation originelle.

Quand un poste de direction d’administration pourrait échoir à un profil issu du privé comme cela a été le cas pour la direction générale de l’administration de la fonction publique, tout le monde est prêt à sortir les bazookas pour l’éliminer, syndicats compris. Et malheureusement, ça marche. Les troupes de la haute fonction publique se serrent les coudes et gagnent le match à tous les coups, ou presque.

La France peut rebondir mais, pour changer de recette, il va falloir revoir le casting

La France est maintenant à la croisée des chemins. Pays le plus dépensier, le plus taxé d’Europe ; pays qui emprunte le plus en zone euro en ce moment ; seul pays européen à être doté d’une école comme l’ENA et d’un statut public aussi protecteur qui reproduit, quelle que soit leur origine sociale, des cohortes de dirigeants publics hors sol… À croire qu’on y apprend à créer des commissions, des strates publiques et des impôts en cascade.

Réveillons-nous. Allons-nous encore demander à ceux-là même qui ont contribué à emmener la France dans le mur de la dette, des impôts et du chômage comment reconstruire la France? Créer de ‘nouvelles’ commissions? Leur commander encore des rapports? Ce ne serait pas crédible. La France peut rebondir mais, pour changer de recette, il va falloir revoir le casting. »

https://www.lejdd.fr/Politique/agnes-verdier-molinie-sur-la-non-suppression-de-lena-la-france-est-malade-de-ses-grands-corps-4026587?Echobox=1613860899&fbclid=IwAR3K7iW9KCAJiIVBX-bdCabR4yG3Qz9bcBnC1DGMVLkx8tCcM6i_qVCRKU4#utm_medium

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5 réflexions sur « Agnès Verdier-Molinié sur la non-suppression de l’ENA : « La France est malade de ses grands corps » »

  1. Le mot République en France que certains utilisent à tout bout de champ.
    La Ripoublique serait préférable !
    La France depuis quelques décennies est une suite de mensonges sur lesquels beaucoup trop de citoyens sont d’accord et cela rend son redressement impossible ou très , très difficile. La France est maintenant un pandémonium et ce n’est pas un euphémisme.
    « Plus une société se détourne de la vérité, plus elle déteste ceux qui la disent. » George Orwell
    La France a cruellement un déficit culturel et que disait Jean Rostand à ce sujet : Qu’est-ce que la culture ? cliquez pour lire la suite :
    https://developpement-mental-semantique.com/la-culture-en-france-cest-ce-qui-manque-le-plus-en-france/

    1. Le COVID 19 a une qualité il fait la démonstration de la médiocrité de la France avec son niveau de réflexion au plus bas. Ceux qui dirigent la France depuis des décennies, n’ont pas évolué, ils raisonnent toujours avec une pensée locale parisienne et une action globale alors qu’il faut penser global et agir local. Quand on réalise que pour 3.300 personnes en réanimations à venir, soit 33 par département , ils confinent une économie et 67 millions d’habitants, nous atteignons le sommet de la médiocratie.
      Le Problème majeur est le nombre de lit de réanimation en 2 décennies , les gouvernants français en ont supprimé + de 40.000. Les Allemands en ont 40.000 alors que la France en a 5000. De plus durant ces décennies l’administration de santé n’a cessez d’augmenté en effectif au détriment des soignants . D’ailleurs les Allemands ont moins d’administration hospitalière (10%) que la France (38%) et plus d’effectifs soignants dans leur administration de santé.

  2. Seul un tremblement de la terre France pourrait offrir une perspective de salut public pour reconstruire le pays
    Ce ne sont pas les verbeux qui offrent une telle garantie

  3. Hollande et Macron des énarques qui vont supprimer l’ENA ?
    MDR !
    L’ENA dirige dans les faits le pays.
    La France est un fromage et l’ENA est le ver …

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