Le collectivisme et l’égalitarisme s’ils n’étaient pas aussi dangereux pour l’humanité seraient un gisement de gags extraordinaires.
Voyons l’éducation nationale.
Voilà une boutique égalitariste et collectiviste en diable.
Sa mission, je pense que personne n’en doute, est d’accumuler et de classer le savoir, les connaissances, puis de les transmettre.
Sur le premier point, l’accumulation, on attendrait objectivité et absence totale de parti-pris. En effet la constitution du capital des connaissances est une œuvre de longue haleine demandant ouverture d’esprit et tolérance. L’inverse absolu d’un engagement partisan. L’éducation nationale ne parait pas donner toutes les garanties espérées à ce sujet.
Sur le deuxième point, les choses sont différentes. Rien ne peut être transmis si le receveur espéré ne le souhaite pas. En terme de connaissance cela suppose que celui à qui l’on transmet souhaite apprendre et en soit capable.
En réalité, il n’y aucune différence entre la gestion d’un capital de connaissance et celle d’un capital économique. Les mêmes méthodes s’appliquent pour les mêmes résultats. Un capital économique est une œuvre de longue haleine, qui ne peut pas se créer sans ouverture d’esprit et tolérance – dans une société ouverte – et qui ne se transmet qu’avec l’accord du destinataire qui ne peut le conserver qu’en possédant les qualités requises.
Le tirage au sort
Passons sur le fait que l’éducation nationale sélectionne abusivement les éléments de connaissance qu’elle entend regrouper en capital transmissible. Ce n’est pas bien grave aujourd’hui tant les sources d’accès au capital des connaissances sont multiples et à la portée de tous.
Ce qui est plus grave c’est que, s’étant auto-déclarée seule référence de classement social, l’éducation nationale est sortie de son rôle de transmetteur neutre des connaissances pour devenir l’organisateur de la sélection sociale. C’est absurde, un peu comme si le capital économique avait la prétention d’être l’unique outil de classement social.
Evidemment, la conséquence de cette sottise est que tous ceux – et ils sont nombreux — qui ne sont pas aptes à accumuler les connaissances, par goût ou par incompétence, se voient éliminer de l’organisation sociale. Ce qui est particulièrement grave pour eux et pour la société qui est privée de leur compétences potentielles non scolaires.
L’éducation nationale, égalitaire et collectiviste, ne pouvant pas imaginer se cantonner à sa mission, se trouve donc devant un terrible dilemme : soit elle remplit correctement sa mission et en sont exclus ceux qui n’ont pas la vocation, soit elle oublie sa mission et tente d’organiser une égalité abstraite.
Dans la deuxième configuration, qui est son choix, l’éducation nationale fait donc mine de transmette des connaissances avec un égal bonheur pour tous, sans se soucier de la compétence du receveur.
Elle est amenée, pour atteindre cet objectif absurde, à d’une part simplifier au maximum les connaissances qu’elle est chargée de transmettre — ce qui est un non sens par rapport à sa mission d’accumulation –, d’autre part à occulter les qualités que devrait avoir celui à qui elle les transmet.
La croyance égalitaire transforme complètement, pour l’éducation nationale, la réalité de sa mission capitalistique d’accumulation des connaissances et de leur transfert.
L’éducation nationale dilapide petit à petit notre capital collectif de connaissance en le répandant sans retenue et en le dévalorisant par une distribution superfétatoire.
C’est ici que nous arrivons au gag, au comble du ridicule.
Ne maitrisant plus rien, l’éducation nationale expédie dans l’enseignement supérieur des armées de jeunes gens dont une grande part continue la voie scolaire par mimétisme et non par goût ou compétence.
Tant est si bien que les facultés sont obligées de tirer au sort les heureux élus qu’elles accepteront. Le comble égalitaire : aboutir à l’inégalité du sort, de la chance pure.
Dans la même veine on pourrait imaginer que tout le capital économique soit également partagé – ce que souhaitent les égalitaristes –, et que, parce qu’il faut bien du capital pour créer des entreprises, celui-ci fasse l’objet d’un tirage au sort.
Pas mal non, le loto comme arbitre objectif de la nécessaire classification sociétale.
« Tout le monde il est égal, sauf celui qui gagne au loto. » Voilà un slogan qu’il est bon, facile à se rappeler, proche du peuple, pour une campagne présidentielle égalitaire. Puisque, effectivement, celui qui joue au loto n’a pas besoin d’être différent des autres, ni meilleur évidemment. La chance remplace la compétence, tant pis pour la justice.
On imagine très bien le bon élève qui n’est pas retenu à la faculté et le cancre qui tiré au sort l’intègre. C’est ça le gag collectiviste.
Notez bien qu’avant d’en arriver à cette dernière extrémité, l’éducation nationale collectiviste permet toute sorte de manigances, de privilèges, pour ses initiés. Cela va de la zone géographique à la situation familiale, que des trucs qui n’ont toujours rien à voir avec la compétence.
Pour l’éducation nationale, minable suppôt de l’Etat collectiviste et égalitaire qui nous étouffe, tout est acceptable sauf la compétence qui est injuste par définition égalitariste. On rêve.
Vive le tirage au sort, sommet de l’égalité vue par les égalitaristes.
Cordialement. H. Dumas
J’adhère bien sûr à votre analyse mais je rajoute que ce n’est pas forcément mieux dans le Privé confessionnel. Ma petite-fille vient d’être désinscrite du CP car j’ai osé dire à la maîtresse que je trouvais inapproprié de parler aux petits de 5 ans des clous qui avaient été enfoncés dans les mains du Christ, cela avec force détails ; que pour moi le Christianisme c’était autre chose. Malgré mes « excuses » à la directrice et ma demande d’explications refusée avec elle il n’y a rien eu à faire et cela dans l’indifférence générale voire la désapprobation des parents moutonniers. J’en déduis qu’il peut y avoir le même sectarisme dans le Privé, la même incompétence et la même désinvolture avec l’intérêt de l’enfant. Le mensonge dans les relations parents-profs !
Toute croyance nuit au raisonnement et entraîne à la déraison.
Qu’elle soit matérialiste ou intellectuelle, dans votre exemple religieuse.
Mais hélas ceux qui se passent de croyance doivent réfléchir constamment, peser le pour et le contre pour chaque situation.
Ils sont de ce fait peu nombreux.
Croire est dans l’instant si confortable.
Bien cordialement.
La France , une réalité qui fait peur , une culture de l’ambition et pas du talent.