C’est la question que s’est posée un journal en ligne.
Question simple mais réponse complexe surtout que la question est mal formulée dans la mesure où elle présuppose que le pouvoir politique créé des revenus qu’il serait susceptible de distribuer !
Cette idée est évidemment séduisante ; surtout qu’elle a un but racoleur vis-à-vis d’une population qui a des fins de mois difficiles et qui serait tentée de croire à la capacité d’action des politiques et des hauts fonctionnaires.
Seulement, la réalité est toute différente.
Doit-on y voir un parti pris idéologique ou un manque de culture économique de l’auteur de l’article ?
Car l’Etat, s’il distribue de l’argent, c’est que cet argent a été pris à quelqu’un !
Il faut en effet rappeler, encore une fois, que le pouvoir politique ne créé pas de revenus, c’est même l’inverse. Il taxe les revenus pour alimenter son train de vie et éventuellement en redistribuer une partie à ceux qu’il estime, de manière totalement arbitraire, en avoir besoin ou le mériter.
Ce qui est évidemment tout à fait différent !
Rappelons qu’un Etat n’a que 3 moyens d’action : taxer, subventionner, interdire … et en France, le pouvoir ne se prive pas de ces moyens d’action !
La richesse est exclusivement créée par les entreprises privées dont il faut bien dire qu’en France elles ne sont pas les favorites d’un pouvoir largement détenu par une caste de hauts fonctionnaires qui perçoit le capitalisme industriel au minimum comme une pompe à fric inépuisable et au maximum comme un concurrent qu’il faut maintenir sous le boisseau.
Néanmoins, le gouvernement n’est pas sans moyens d’action ; le tout étant évidemment de savoir lesquels sont idéologiquement acceptables pour lui et ceux qui restent possibles dans le cadre d’un contexte politique particulièrement délicat et une situation financière désastreuse.
-le contexte politique
Le gouvernement est dans une situation politique très délicate puisqu’il n’a pas de majorité à l’assemblée nationale.
De ce fait, tous les textes législatifs, en particulier le projet de loi de finances pour 2025, vont devoir faire l’objet d’intenses négociations en vue d’obtenir, de manière ponctuelle, des majorités permettant de les faire voter.
Nul ne doute, dans cette configuration, que certains groupes parlementaires (LFI, RN) vont faire monter les enchères ou même se placer en embuscade dans l’attente d’une motion de censure qui fera chuter le gouvernement comme au bon vieux temps de la IVème république.
-la situation financière
Le nouveau premier ministre doit évidemment composer avec la situation qu’il a trouvé en arrivant à Matignon et, malheureusement, celle-ci n’est pas fameuse …
En fait, elle est carrément catastrophique puisque tous les voyants économiques et fiscaux sont dans le rouge avec des perspectives cataclysmiques …
En clair, la France est en phase de glissade budgétaire et d’aggravation de ses déficits ; en totale contradiction avec ses engagements européens de modération.
Cette situation résulte pour une large part de plus de 50 ans de mauvaise gestion par la haute fonction publique ; laquelle a placé le pays dans un « corner » dont celui-ci ne peut aujourd’hui plus sortir !
-les hypothèses d’action
Bien sûr, un libéral prendrait les décisions suivantes : diminuer les dépenses de l’Etat pour pouvoir dégager des marges de manœuvre puis diminuer les recettes de l’Etat, principalement la charge fiscale et sociale, pour augmenter corrélativement les revenus des agents économiques (particuliers et entreprises).
I-diminuer les dépenses de l’Etat
Il s’agirait notamment de :
-supprimer des postes de fonctionnaires (plusieurs centaines de milliers) mais, pour cela, il faut modifier le statut de la fonction publique,
-supprimer massivement les subventions versées aux particuliers, associations, entreprises, comités Théodule … avec pour corollaire une grogne généralisée,
-diminuer les prestations sociales dont beaucoup ne sont que des allocations de confort (prime de noël, …) allouées dans le cadre d’un clientélisme électoral avec des risques d’explosion sociale.
-accessoirement réduire les contraintes administratives qui pèsent sur les entreprises afin de faciliter leur activité.
II-diminuer les recettes de l’Etat
Il s’agirait essentiellement de diminuer la pression fiscale et sociale afin de dégager des marges de manœuvre ; cette diminution provoquant immédiatement une augmentation corrélative des revenus des agents économiques après impôts.
Cela permettrait bien évidemment de relancer l’activité économique du secteur privé qui, en améliorant ses marges et sa compétitivité, pourrait se développer et embaucher.
Seulement, prendre de telles mesures présente des inconvénients majeurs.
Elles auraient nécessairement, dans un premier temps, un effet récessif comme cela avait été le cas lorsque Mme Thatcher était arrivée au pouvoir au Royaume Uni en 1979 et avait taillé à la serpe dans les administrations et les subventions qui sclérosaient totalement l’économie britannique.
En effet, la subvention publique disparaissant, les bénéficiaires (entreprises et particuliers) se retrouvent confrontés fatalement à une diminution de leurs ressources … ce qui va entrainer une diminution de l’activité économique.
C’est le prix à payer pour espérer un retour à une économie de production animée par le secteur privé.
Le corolaire est évidemment que cette démarche entrainerait une réduction symétrique de la sphère d’influence du secteur public et il semble assez peu probable que ce schéma puisse être considéré comme acceptable par une haute fonction publique qui détient actuellement tous les pouvoirs !
En fait, la phase récessive de l’économie est le piège, avec toute sa perversité, d’une économie massivement subventionnée par la dette comme l’est la France…. car dès que l’on stoppe les subventions, tout le système s’écroule; c’est la récession et elle peut être violente !
Et c’est bien le problème de la France dont une grosse partie du système économique (basé sur la consommation) repose sur des subventions à hauteur, en moyenne, de 64 Mds € par an (3.200 Mds€/50 ans).
Or, on sait que ce modèle économique n’est pas viable puisqu’on ne peut pas s’endetter indéfiniment.
Mais nos hauts fonctionnaires en charge des affaires de l’Etat sont incapables de changer de modèle parce que d’une part ils en sont les premiers bénéficiaires mais aussi et surtout parce qu’ils ont peur des conséquences.
En France, la révolte sociale n’est jamais loin et l’esprit de sacrifice est à peu près inexistant à la fois parce que la population bénéficiaire des aides estime désormais que c’est un dû (elle y a droit) et qu’elle a sous les yeux le mauvais exemple d’une haute fonction publique et d’élus qui cumulent tous les avantages.
Néanmoins, m’est avis que Michel Barnier ne fera rien de tout cela parce que ce n’est pas dans ses convictions et que, de toute façon, il n’en aura pas les moyens.
Ce n’est pas un libéral et surtout, dans les cercles du pouvoir, on craint par-dessus tout la récession et les revendications sociales.
La conclusion inéluctable est qu’il sera hors de question de réduire les dépenses publiques !
Le gouvernement est donc coincé.
Sa seule option sera de … ne rien faire et il ne fera d’autant plus rien qu’il n’a aucune majorité et qu’il est donc à la merci d’une motion de censure qui interviendra tôt ou tard !
Du coup, Michel Barnier se limitera à gérer les affaires courantes en naviguant entre deux eaux pour n’agacer personne et faire durer une situation par essence instable !
Et pendant ce temps, E Macron comptera les points …
On est en fait en pleine crise institutionnelle et «l’œuvre » du général De Gaulle (la constitution de 1958 et son système semi présidentiel très dirigiste et plutôt antiparlementaire) se trouve bien amoindrie !
Quelle issue pour faire face à des déficits qui mettent en péril la solvabilité du pays ?
Pour l’instant, la seule solution qui s’offre à Michel Barnier c’est, à part quelques coups de rabot budgétaire à l’effet limité, d’augmenter les recettes fiscales et donc les impôts pour faire face aux échéances et aux injonctions de Bruxelles de revenir « dans les clous ».
Dans la grande tradition fiscale française, il s’agira donc d’augmenter faiblement toute une série d’impôts afin d’obtenir une masse fiscale suffisante pour « éponger » les déficits ; ou tout au moins de faire croire à Bruxelles qu’on va le faire (ce qui a d’ailleurs été l’essentiel de la politique fiscale française vis-à-vis des autorités européennes ces dernières années).
Evidemment, il faudra longuement expliquer aux français que ce tour de vis fiscal est nécessaire par solidarité, pour lutter contre les inégalités et pour améliorer la justice sociale.
Seraient d’ores et déjà envisagés : la désindexation des retraites (qui seront du coup taxées par l’inflation qui va rogner les pensions 12 Mds € d’économies), une hausse du taux de CSG (1 point 50 Mds€ de recettes) voire une hausse du taux de TVA, et pour les entreprises une hausse de l’impôt sur les sociétés !
A bien y regarder, il faut bien se rendre à l’évidence que ces mesures ne sont pas de nature à augmenter le pouvoir d’achat des français …
C’est en fait l’inverse !
Finalement, rien de neuf
Bien cordialement à tous !
Monsieur Philos,
Tout paraîtra irréformable en France (y compris pour des libéraux convaincus qui, longtemps éloignés des affaires, finiront par douter d’eux-mêmes quand ils arriveront trop tard aux commandes),
tant qu’une clarification INDISPENSABLE n’aura pas été faite.
Cette clarification, quelle est-elle ?
Déterminer précisément et exposer publiquement
(dans des conférences de presse,
des émissions spéciales,
des documents officiels
et tout autre moyen approprié)
quel est le périmètre précis de l’Etat
(ses fonctions véritables et régaliennes,
sa limite indépassable au-delà de laquelle un pouvoir tentaculaire s’installe durablement) et partant, quelle est l’étendue exacte des libertés publiques et
la capacité d’initiative dont le peuple français dispose déjà pour créer, innover et s’enrichir.
C’est de cette brillante manière que François Fillon avait (trop timidement) tenté de lancer sa campagne présidentielle de 2017.
Malheureusement, très mal conseillé et sans doute tiraillé par des passions contraires (car il balançait sans cesse du Séguinisme au Thatchérisme), il finit par s’empêtrer lui-même dans des déclarations imprécises et irréfléchies, au point de ne plus savoir au juste ce qu’il fallait retrancher pour que le pays se redresse.
De la même manière, le discours d’adieux de Bruno Le Maire à ses collaborateurs (prononcé hier, 12 septembre 2024) constitue lui aussi un modèle d’incohérence, puisqu’il part d’une observation très juste (celle du refus général de toute réduction des dépenses publiques) pour aboutir à une conclusion tout à fait délirante (et à l’opposé du début) : l’éloge du rôle unique et irremplaçable joué par Bercy à TOUS LES NIVEAUX de la vie nationale !
CITONS UN MORCEAU DE CETTE PROSE SUBLIME, digne d’un Prométhée véritablement déchaîné :
“Enfin, et surtout, ma reconnaissance va à vous, à chacun de vous, LES CENT TRENTE MILLE AGENTS DU MINISTERE (techniciens, contrôleurs, douaniers, statisticiens, juristes, informaticiens, économistes) qui font la force et l’âme de cette grande maison. Vous traitez de tout, partout, tout le temps, vous êtes exigeants, vous êtes rigoureux. VOUS TOUCHEZ DE LA TERRE AU CIEL (!!!) : du prix des denrées alimentaires à la réalisation des champs éoliens offshore, de la date des soldes au LANCEMENT d’ARIANE VI (!!!), de la traque des trafiquants de drogue à la protection du consommateur, du sauvetage d’une PME en détresse à la construction d’un laboratoire de calcul quantique, de la feuille d’impôt d’une retraitée en difficulté à l’augmentation de la quote-part de la France au FMI (!!!)”.
DONC, plus l’on se créera des MISSIONS (faussement) DIVINES à remplir, plus il y aura de “missionnés” !
Plus il y aura de “missionnés”, plus ils se se croiront INDISPENSABLES !
Plus ils se croiront indispensables, plus ils exigeront des BUDGETS IMPORTANTS pour remplir leur mission !
Plus ces budgets augmenteront, plus les prélèvements seront importants !
Plus les prélèvements seront importants, plus l’économie s’effondrera !
Plus l’économie s’effondrera, plus il sera difficile de lever des impôts !
Plus il sera difficile de lever des impôts, plus on déclenchera des contrôles fiscaux pour faire rentrer de l’argent !
Et, ainsi de suite, à l’infini, jusqu’au tout dernier cercle de ce nouvel Enfer de Dante !
ALAIN JUILLET : “NOUS SOMMES SOUS INFLUENCE AMÉRICAINE PERMANENTE”, interview du Magazine OMERTA du 12 septembre 2024, (Alain Juillet, ancien patron du renseignement à la DGSE et père de l’intelligence économique en France, nous livre ses clés de compréhension face à ce monde qui perd le Nord. ), écoutons= https://www.youtube.com/watch?v=evzPUkM5UOw&t=80s
“Rappelons qu’un Etat n’a que 3 moyens d’action : taxer, subventionner, interdire” … et créer de la monnaie Ex nihilo que rembourseront les générations futures
La distribution de monnaie n’a qu’un effet très limité dans le temps sur les revenus.
Son principal effet est de provoquer de l’inflation qui elle va durer dans le temps et qui peut s’amplifier si l’on insiste …
A la fin, c’est la forte inflation ou l’hyper inflation et tout le monde est ruiné !