Pourquoi le système de santé français ne marche pas : la destruction du libre choix individuel au profit de l’arbitraire du politique.

Un peu d’histoire

Le politique a toujours plus ou moins mis son nez dans les relations entre les médecins et les patients. Jusqu’à la 2ème guerre mondiale il le faisait par petites touches et par à-coups.

Le changement de modèle économique a eu lieu en 1945.avec la prise de contrôle par l’État de l’assistance à autrui (1). De là date le début de la nationalisation du système de santé français.

« La fraternité est spontanée, ou n’est pas. La décréter, c’est l’anéantir. La loi peut bien forcer l’homme à rester juste; vainement elle essaierait de le forcer à être dévoué. » Frédéric Bastiat Justice et fraternité. C’est à ce moment-là qu’a été détruite la « médecine de l’individu. » Toutes les lois, décrets et conventions qui ont suivi n’ont eu pour but que d’étendre et parachever cette nationalisation. Ce n’est donc pas avec la première convention médicale de 1971, ni avec les ordonnances de 1996 du plan Juppé, ni avec la loi santé de Marisol Touraine que s’est joué l’avenir de la médecine en France ou qu’a eu lieu le changement de paradigme. La faute initiale et l’erreur conceptuelle de base datent des ordonnances de 1945.

Pour construire la Sécurité Sociale l’État a détruit tout ce qui existait : assurances, solidarités familiales, sociétés de secours mutuels, associations de bienfaisance, paternalisme, « contrat »(2) avec le médecin etc. « En premier lieu, nous constatons que toujours ou presque toujours le service public éteint, en droit ou en fait, le service privé de même nature. Quand l’État se charge d’un service, généralement il a soin de décréter que nul autre que lui ne le pourra rendre” Frédéric Bastiat Services privés, service public. Pour leur faire avaler la pilule et confisquer leurs économies les hommes de l’État ont fait miroiter aux Français un avenir radieux et solidaire où ils n’auraient plus besoin d’épargner, donc de se priver, pour leur retraite ou leur santé.

Hier comme aujourd’hui il existe une majorité de personnes qui croient les promesses des politiciens.

Aux sources du désastre :

La destruction de la Responsabilité individuelle au profit de l’arbitraire du politique

La création de la Sécu a eu lieu il y a bientôt quatre générations. Personne ne se souvient de ce qui existait avant. Il y a pire : bien des Français sont persuadés qu’avant la Sécu il n’existait rien ou seulement l’exploitation de la misère des Français par les « capitalistes ».

Ainsi il paraît que « le Conseil National de la Résistance a créé un système de protection sociale solidaire, et nationalisé les grandes sociétés d’assurances privées, au motif que la souffrance ne devait pas être source de profit pour « les grandes féodalités » (3).  Est une « grande féodalité » ce qui échappe à l’État. Une grande féodalité d’État s’appelle un « service public » et bénéficie d’une rente à vie appelée « monopole du service public » Mettre fin aux « grandes féodalités » est prétexte à la confiscation par l’État du système d’assistance et de solidarité. L’alibi de la confiscation est que seul l’État pourrait assurer la protection sociale et la justice sociale. Le collectivisme donne tout pouvoir aux politiciens dans le but d’asseoir leur domination sur les populations. Cet objectif de domination est parfaitement cohérent avec la logique étatique des communistes et des gaullistes qui ont mené à bien cette spoliation.

En créant la Sécurité sociale l’État a détruit la responsabilité personnelle. Or « Ce n’est jamais sans créer pour l’avenir de grands dangers et de grandes difficultés qu’on soustrait l’individu aux conséquences de ses propres actes ». Frédéric Bastiat, Des Salaires. La responsabilité personnelle détruite a été remplacée par l’arbitraire du décideur politique. L’État devient juge et parti. Il décide seul et selon son bon plaisir de l’ensemble de la politique de santé. Chaque parti a son bon plaisir. Cette intervention de l’État introduit un tiers dans le « colloque singulier ». Le colloque singulier qui est cette relation particulière, unique, intime et de confiance qui unit le médecin et son patient, est détruit.
Le politicien ne peut tolérer le colloque singulier parce que son humanité désintéressée lui échappe. Or il a besoin de tout contrôler. Il pense que les normes et les réglementations remplacent en efficacité don de soi, dévouement et abnégation.

C’est de cet instant destructeur que date la naissance de l’assistanat et de la dépendance des Français vis-à-vis de l‘État. Les politiciens en général et les thuriféraires de la Sécu en particulier, dénoncent la « société d’assistance » pour mieux l’aggraver parce qu’ils y voient la preuve de l’incapacité des Français à se prendre en charge. Ils affirment que les Français, peuple d’assistés, ne pourraient rien faire de bon par eux même, surtout pas prendre soin de leur santé. Ils décrètent que nulle réforme n’est possible avec des gens pareils. Bien entendu c’est faux mais soixante-dix ans de conditionnement des populations ont été efficaces. Les Français finissent par le croire. Enfin cataloguer les Français comme irréformables évite aux politiciens de leur proposer de véritables réformes.

Les intérêts des politiciens obéissent à des objectifs qui leur sont propres. Dans une démocratie il s’agit d’être élu . Ils ont besoin de clientèles qu’ils achètent. La Sécu et ses remboursements discrétionnaires leur sont utiles. L’intérêt général n’a rien à voir là-dedans. D’ailleurs les politiciens prétendent être seuls à le connaître et il varie en fonction de la faction qui s’empare du pouvoir. C’est autour du phantasme de « l’intérêt général »que s’est bâtie la Sécu. Le prétexte est d’établir la « justice sociale » qui n’a rien à voir avec la justice puisqu’il s’agit de voler les uns au profit des autres et vice versa.

Aucune justice ne peut reposer par le vol. Une spoliation légale reste une spoliation et engendre toujours l’injustice.

Patrick de Casanove

auteur de Sécu comment faire mieux

[1] http://www.bastiat.net/fr/blog/article/frederic-bastiat-et-la-protection

[2] J’entends par contrat le petit carnet sur lequel le médecin inscrivait les soins à apporter à tel ou tel et la rémunération convenue en nature (canards, légumes, confiture etc.) ou en espèces. J’ai eu entre les mains le petit carnet du médecin d’Ondres au début du XXème siècle.

[3] Christian Lehmann http://enattendanth5n1.20minutes-blogs.fr/archive/2015/04/02/marisol-touraine-derniere-en-date-d-une-longue-lignee-de-fos-916040.html

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A propos Patrick De Casanove

Né en 1959, marié, père de 4 enfants, le docteur Patrick de Casanove, diplômé en 1985, exerce comme généraliste dans la ville d'Ondres. Il en a été le Maire de 1995 à 2001 Il écrit des articles pour le journal suisse "Le Temps" et pour diverses organisations libérales. Il est président du Cercle Frédéric Bastiat. Il est l’auteur de Sécu comment faire mieux. Livre facile à lire qui va bien au-delà de la Sécu. Après un bref rappel historique sur la création de la Sécu et ses problèmes récurrents il rappelle qu’elle est la clé de voûte et l’alibi du système de spoliation légale que constitue l’État providence. Il démontre que c’est l’État providence qui en détruisant la responsabilité individuelle est responsable de la situation dramatique de notre pays. Il prouve que dans la vie en société le libre choix est supérieur à la contrainte. C’est vrai dans le domaine économique comme dans celui de la protection sociale, en particulier de la santé et de l’assistance à autrui. Pour sortir la France de la crise économique et de confiance qu’elle traverse il propose des solutions nouvelles inspirées de la pensée de Frédéric Bastiat. Solutions qui tiennent en peu de mots : mettre fin à la spoliation légale. "Sécu comment faire mieux" Éditions Tatamis http://www.tatamis.fr/virtuelle.php/id/111213 ou http://www.amazon.fr/s/ref=nb_sb_noss?__mk_fr_FR=%C3%85M%C3%85%C5%BD%C3%95%C3%91&url=search-alias%3Dstripbooks&field-keywords=s%C3%A9cu%20comment%20faire%20mieux

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