Qui n’a pas appris l’orthographe entre 8 et 18 ans n’a aucune chance de l’apprendre plus tard. Pour écrire librement, l’orthographe doit être instinctive. Toute réflexion à son sujet entrave l’écriture.
Les choses apprises ne deviennent instinctives qu’à cette période de la vie. Je pourrais parler de la difficulté à assimiler la conduite des véhicules, le golf, le tennis et tant d’autres choses, après cette période de 8 à 18 ans où l’acquisition se fait sans réflexion.
Pour les férus de golf il est aisé de constater que la moindre réflexion pendant le geste l’entrave et provoque des dégâts irréversibles sur le résultat.
En ce qui me concerne, n’ayant pas eu la sagesse de m’intéresser à l’orthographe en temps et heure, ou ayant été à cette époque mal conseillé, j’ai beau me relire dix fois, mes écrits sont parsemés de fautes toutes plus horribles les unes que les autres.
Et encore, l’informatique a résolu les problèmes de a et de e, les doubles t, l, m, n, j’en passe et des meilleures. Il ne reste que les accords qui, eux, sont au moins logiques, mais malgré tout….
Alors, j’entends bien que l’orthographe est la science des ânes, que l’essentiel est de se faire comprendre. Mon œil, nous sommes jugés sur les fautes, car le pire est que l’on voit beaucoup plus facilement celles des autres que les siennes.
La responsabilité de l’éducation nationale est immense de ne pas imprégner aux âges opportuns les jeunes français de ces choses que l’on ne peut plus assimiler ensuite, l’orthographe donc, mais aussi la conduite des autos et motos, les reflexes économiques, la civilité, les langues étrangères, etc… tant de choses tellement plus importantes à cet âge que l’histoire, les sciences naturelles, voire les mathématiques, ces matières d’adultes qui encombrent les enfants et leur font rejeter tout en bloc.
Internet
Je pense à l’orthographe car internet est à ce sujet un piège mortel.
Cet espace de liberté, d’échanges, est sans équivalant dans le passé. On aurait pu imaginer que le fait de pouvoir échanger librement sur tous les sujets, sans exception, allait rapprocher les hommes. A la lecture des commentaires ici ou là, force est de constater que c’est l’inverse qui se produit.
Les commentaires sont sources de tension. Une agressivité s’en dégage, un peu comme au bal public lorsque certains agressent d’autres au motif futile de : « pourquoi tu me regardes comme ça ? « . Je suis convaincu que l’orthographe, durement bousculée lors de ces commentaires impulsifs, est en partie responsable de l’hyper susceptibilité et de l’agressivité incluses dans les commentaires. Inconsciemment, leur faiblesse en cette matière, commune au plus grand nombre, rend les commentateurs agressifs.
La tolérance
Internet aurait dû être l’outil de la tolérance, il s’avère être celui de l’intolérance. Pourtant, quel contre-pouvoir !!!
Internet aurait dû être le vecteur destructeur de la violence, c’est troublant de constater l’effet inverse.
La violence est entre les mains de l’Etat, seul habilité à utiliser la force pour contraindre. Personne d’autre ne peut exercer la force, dont découle la violence. L’Etat s’imposant à tous, sa force, inévitablement, s’applique à tort sur une partie de la population qui souhaiterait d’autres règles.
On aurait légitimement pu supposer que ceux qui sont violentés par des lois qu’ils n’approuvent pas, pouvant se faire entendre sur le net, trouveraient par ce biais un peu de dignité.
Ce faisant ils seraient reconnus, apaisés et même peut être pour partie entendus. Ce n’est pas le cas.
Chaque commentateur s’enferme dans sa logique, désireux d’être entendu, il oublie complètement d’entendre les autres. Désireux que rien ne lui soit imposé, il impose sa pensé aux autres.
Tout ce bazar, finalement, débouche sur un désordre global qui renforce le pouvoir de l’Etat, donc sa légitimité à employer la force, participant ainsi à la violence.
C’est pour moi une grande déception de constater que cet espace de liberté extraordinaire qu’est internet, semble aujourd’hui aboutir à plus de violence, à légitimer la force et peut-être demain la censure.
Cordialement. H. Dumas