l’Etat infaillible qui ne cesse de se tromper

Qu’un homme jeune comme Macron, intelligent au-dessus de la moyenne, nous fasse ce cinéma sur grand écran pour le centenaire de la guerre de 14-18, celle que préférait Brassens, est rédhibitoire pour moi.

De cette guerre il n’est aucune gloire à tirer, juste le constat que ceux qui prétendent représenter l’Etat sont capables des pires meurtres, des pires tromperies, que la moindre des choses serait pour leurs successeurs de s’excuser platement, de jurer de ne pas recommencer, et de le prouver par exemple en allant de Paris à Versailles torse nu en se flagellant, tous réunis, les 60 chefs d’Etat qui sont à Paris en ce moment.

Vous l’avez remarqué, ce n’est pas à l’ordre du jour. Dans ces conditions, comment et pourquoi avoir confiance en eux ?

Car, tout à fait entre nous, l’Etat ça n’existe pas, mais alors pas du tout.

L’Etat, ce n’est ni Louis XIV qui pourtant le criait sur tous les toits, ni Staline, ni le peuple qu’il est à la mode aujourd’hui d’appeler à la rescousse, ni De Gaulle qui nommait l’Etat La France pour se démarquer, ni Mao, ni vous, ni moi, encore moins Macron même s’il serre les fesses pour avoir l’air sérieux sur les marches de son château parisien, pas plus Mélenchon quand il déclame qu’il ne faut pas le toucher car il est un représentant de l’Etat.

L’Etat n’existe pas, c’est une abstraction, une supercherie.

Ce qui existe c’est la captation de la force par un groupe d’individu, selon les méthodes les plus brutales ou les plus sophistiquées, qui vont du coup de force fomenté par des voyous à la démocratie qui vise à faire croire aux couillonnés qu’ils ont décidé de leur plein gré de l’être.

Une fois la force en main, chaque mythomane qui se croit ou se prétend représentant de l’Etat n’a de cesse de prendre une part de notre liberté individuelle, la plus grande possible, pour nous dominer et se maintenir aux commandes du fameux Etat inexistant.

Et ça marche. Tout le monde fait mine de croire que l’Etat existe, certains même le croient vraiment. Evidemment pas ceux qui prétendent le représenter, qui savent parfaitement qu’ils ne représentent rien du tout, qu’ils ne sont que les bénéficiaires d’une croyance entretenue avec soin par eux, leurs prédécesseurs et leurs successeurs.

Il y a un inconvénient à représenter l’Etat — qui n’existe pas — c’est de se retrouver responsable de tout ce qui va mal, puisque l’on a au préalable prétendu avoir — en tant qu’Etat — un pouvoir sur le déroulement de la vie du groupe.

C’est là que la démocratie est avantageuse pour les escrocs prétendant représenter l’Etat inexistant.

En effet, le roi, le grand timonier, le petit père du peuple, le guide spirituel, voir le simple dictateur, appelons-le comme vous le voulez, vont museler les mécontents, les éliminer d’une façon ou d’une autre, jusqu’à ne plus avoir qu’une population de contents. Le sang va couler visiblement.

Tandis que le démocrate va vous faire croire que c’est vous l’Etat, qu’il ne fait qu’appliquer vos décisions. La ficelle est grosse, mais comme l’Etat n’existe pas, pourquoi ne serait-il pas vous ? Il en est pour le croire.

Alors, cent ans après la boucherie de 14-18, aucun respect pour l’Etat, juste toutes les larmes de notre corps en souvenir de ce gâchis. Elles ne feront pas revenir les malheureux que les chefs d’Etat ont amené à l’abattoir, mais elles prouveront que l’on souffre de leur douleur, même cent ans plus tard.

Qu’ils sachent, du fond de leurs tombes, que nous ne sommes pas dupes, que nous sommes lucides, que les simagrées des chefs d’Etat — donc chefs de rien — qui s’épanchent hypocritement sur le carnage de leurs prédécesseurs pendant que leurs mains sont souillées de leurs carnages actuels, ne nous impressionnent pas.

Lentement mais surement, sans aucun pouvoir de marche arrière, par leur simple mensonge prolongé d’une existence de l’Etat – irréelle – ils mettent en place les conditions d’aveuglement qui génèrent inévitablement les conflits, les morts stupides et inutiles.

L’Etat et son corollaire encore plus inique le secret d’Etat, qui pas plus que lui n’existe, sont des notions obscurantistes qui génèrent tous les excès par le seul fait de l’entrave aux libertés individuelles.

La révolution de 1789, faite au nom et pour la liberté individuelle, qui visait à détruire le roi, donc l’Etat dont il était le représentant — c’est son originalité mondiale –, n’a eu tout au long de sa courte carrière que des prétendants visant à rétablir un Etat pour en être le représentant. Finalement, à cause de cela vidée de son sens, elle a fini dans les bras d’un empereur d’opérette corse et de sa famille, qui n’ont pas hésité à se servir… au nom de l’Etat.

De tout temps ceux qui se prétendent représentants de l’Etat accumulent les erreurs, notamment la première, l’erreur fondatrice, l’entrave des libertés individuelles au nom de l’Etat hologramme.

Car il est une règle immuable, rien n’est une plus grande erreur que l’entrave aux libertés individuelles, tout particulièrement lorsque cette entrave se recommande perversement de la protection de ces libertés.

La liberté n’a pas besoin de protection, chacun la gère à sa façon, en jouit à sa convenance. Tout le reste n’est que de la littérature.

Si les poilus de 14-18 avaient été libres, d’abord ils n’auraient pas déclaré la guerre, mais, pour le cas où, ils l’auraient vivement arrêtée.

Messieurs les représentants de l’Etat, qui n’existe pas, qui vous sert d’excuse pour nous soumettre, passez votre chemin, un peu de pudeur, de respect pour ceux que vous avez tué et pour ceux que vous êtes en train de tuer en leur volant leur liberté, chaque jour un peu plus.

Bien à vous. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

10 réflexions sur « l’Etat infaillible qui ne cesse de se tromper »

  1. Tu affirmes : « L’Etat n’existe pas, c’est une abstraction, une supercherie. » Cela me remet en mémoire les devoirs de philosophie du bac. Faut-il les oublier et par quoi le remplacer ?

    POUR.

    Hobbes, Leviathan, XIII : « Aussi longtemps que les hommes vivent sans un pouvoir commun qui les tienne tous en respect, ils sont ce qui se nomme guerre, guerre de chacun contre chacun (…). Dans un tel état, il n’y a pas de place pour une activité industrieuse, parce que le fruit n’en est pas assuré : et conséquemment il ne s’y trouve ni agriculture, ni navigation, ni usage des richesses qui peuvent être importées par mer ; pas de constructions commodes ; pas d’appareils capables de mouvoir et d’enlever les choses qui pour ce faire exigent beaucoup de force ; pas de connaissances de la face de la terre ; pas de computation du temps ; pas d’arts ; pas de lettres ; pas de société ; et ce qui est le pire de tout, la crainte et le risque continuels d’une mort violente ; la vie de l’homme est alors solitaire, besogneuse, pénible, quasi animale et brève. »

    « Le seul moyen d’établir pareille puissance commune, capable de défendre les humains contre les invasions des étrangers et les préjudices commis aux uns par les autres et, ainsi, les protéger de telle sorte que, par leur industrie propre et les fruits de la terre, ils puissent se suffire à eux-mêmes et vivre satisfaits, est de rassembler toute leur puissance et toute leur force sur un homme ou sur une assemblée d’hommes qui peut, à la majorité des voix, ramener toutes leurs volontés à une seule volonté ; ce qui revient à dire : désigner un homme, ou une assemblée d’hommes, pour porter leur personne ; et chacun fait sienne et reconnaît être lui-même l’auteur de toute action accomplie ou causée par celui qui porte leur personne, et relevant de ces choses qui concernent la paix commune et la sécurité ; par là même, tous et chacun d’eux soumettent leurs volontés à sa volonté, et leurs jugements à son jugement. C’est plus que le consentement ou la concorde ; il s’agit d’une unité réelle de tous en une seule et même personne, faite par convention de chacun avec chacun, de telle manière que c’est comme si chaque individu devait dire à tout individu : j’autorise cet homme ou cette assemblée d’hommes, et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même, à cette condition que tu lui abandonnes ton droit et autorises toutes ses actions de la même manière. Cela fait, la multitude ainsi unie en une personne une, est appelée un ÉTAT, en latin CIVITAS. Telle est la génération de ce grand LÉVIATHAN, ou plutôt (pour parler avec plus de déférence) de ce dieu mortel, auquel nous devons, sous le dieu immortel, notre paix et notre défense. »

    CONTRE

    Rousseau, Du contrat social, livre I, chapitre IV : « De l’esclavage ».

    « On dira que le despote assure à ses sujets la tranquillité civile. Soit, mais qu’y gagnent-ils, si les guerres que son ambition leur attire, si son insatiable avidité, si les vexations de son ministère les désolent plus que ne feraient leurs dissensions ? Qu’y gagnent-ils, si cette tranquillité même est une de leurs misères ? On vit tranquille aussi dans les cachots ; en est-ce assez pour s’y trouver bien ? Les Grecs enfermés dans l’antre du Cyclope y vivaient tranquilles, en attendant que leur tour vînt d’être dévorés.

    Dire qu’un homme se donne gratuitement, c’est dire une chose absurde et inconcevable ; un tel acte est illégitime et nul par cela seul que celui qui le fait n’est pas dans son bon sens. Dire la même chose de tout un peuple, c’est supposer un peuple de fous : la folie ne fait pas droit. (…)

    Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs. Il n’y a nul dédommagement possible pour quiconque renonce à tout. Une telle renonciation est incompatible avec la nature de l’homme, et c’est ôter toute moralité à ses actions que d’ôter toute liberté à sa volonté. Enfin c’est une convention vaine et contradictoire de stipuler d’une part une autorité absolue et de l’autre une obéissance sans bornes. »

    1. Bonjour,
      Le fait que l’Etat n’existe pas n’implique pas que les hommes ne puissent pas se donner des règles, ni qu’il n’existe pas de règles universelles.
      En ce qui concerne les règles qu’ils se donnent, elles ne peuvent être que conjoncturelles, débarrassées de tout à priori, de toute croyances, pragmatiques et subies exclusivement par ceux qui adhèrent à l’objectif qu’elles se fixent.
      En ce qui concerne les règles universelles : tu ne tueras point, tu ne voleras point, etc.. leur évidence est telle qu’il n’est pas besoin d’Etat pour qu’elles s’imposent. Quand elles ne s’imposent pas c’est, la plupart du temps, ceux qui se réclament de l’Etat qui contrarient leur vivacité.
      L’Etat objectivement n’existe pas, ceux qui prétendent le représenter sont des escrocs. Ceux qui veulent se mettre au service des autres n’ont pas besoin de l’Etat comme excuse.
      Bien à vous. H. Dumas

      1. C’est bien ce que j’avais deviné. Selon toi, nul besoin de l’ETAT régalien. Sans lui, les hommes ne seront pas des loups pour eux-mêmes.

        1. Il suffit aux hommes de se donner des règles entre participants du même projet
          Par exemple l’aventure spatiale.
          Ou Airbnb. En quoi les autodéclarés représentants de l’Etat seraient-ils objectivement concernés.
          N’est ce pas humiliant de les entendre dire que sans eux nous serions des animaux prêts à nous entre dévorer ?

    2. J’ai l’esprit plus clair ce soir.
      Le problème n’est pas de savoir s’il faut plus ou moins de père Noël, la réalité est que le père Noël n’existe pas.
      C’est pareil pour l’Etat.
      Il n’y a pas à être contre ou pour, il n’existe pas.
      Ceux qui prétendent le représenter sont des escrocs.

  2. La République Française , l’ETAT et son administration sont un système qui permet à une petite caste d’incompétents , de privilégiés d’avoir du pouvoir , des privilèges abusifs , et de l’argent en dépossédant des richesses le peuple du secteur privé devenu esclave. Les esclaves produisent tous les jours et toujours plus taxés et imposés pour rembourser une dette que des incompétents créent.

  3. redite :
    L’ÉTAT est toujours aujourd’hui une dictature, un monopole, une gabegie éhontée, une armée mexicaine, un tonneau des danaïdes, un mythe de Sisyphe, et par dessus tout un suceur de sang du peuple sans l’ombre d’une quelconque vergogne. L’état français obéit à la définition de Mussolini : tout dans l’état, rien en dehors de l’état, rien sans l’état, donc fasciste avec sa horde de fonctionnaires pour l’essentiel inutiles sauf à constituer une sorte de garde prétorienne.
    Cette organisation tout à la fois mafieuse et légale fait mourir bien plus de ses propres fils qu’elle ne voudrait le faire croire par sa hargne, son attitude hautaine ou encore sa suffisance .

    1. Bon article et bons commentaires. Mais un problème bien posé met en évidence les solutions. Il manque une suite concrète : la réponse à toutes vos observations pertinentes est du côté de l’égalité de droits ! Et l’égalité de droits est imposée comme condition de constitutionnalité à toutes les lois.
      Changeons de système de défense puisque nous avons la loi pour nous.
      Les privilèges sont interdits puisqu’ils ne respectent pas l’égalité de droits… Battons-nous sur ce terrain.

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