La présidente du jury du concours s’inquiète de la “méconnaissance” en économie des postulants censés devenir “l’élite de la nation”…
C’est un nouveau camouflet pour l’ENA. Depuis qu’Emmanuel Macron a annoncé vouloir la supprimer, la très prisée école d’administration, par laquelle sont passés de nombreux responsables politiques, dont le président de la République lui-même, est sous le feu des critiques. Interrogée par L’Opinion, la présidente du jury du concours Isabel Marey-Semper vient ajouter de l’eau au moulin de ses détracteurs, s’inquiétant notamment du niveau en économie des candidats.
Méconnaissance du monde de l’entreprise
Ainsi, celle qui a été directrice de la communication et des affaires publiques de L’Oréal pointe « la méconnaissance par les candidats de la vie en entreprises, de ce qu’est un modèle économique, la faible culture industrielle et microéconomique, la compréhension parfois trop partielle des enjeux géo-politico-économiques mondiaux ». La présidente du jury s’étonne également de l’importance donnée par les postulants, pendant l’épreuve d’entretien, à la « République sociale » et à « la priorité donnée à la réduction des fractures territoriales et des inégalités et à la lutte contre la précarité ». Ainsi, pour les candidats, « les entreprises sont considérées exclusivement comme une source de financement de l’action de l’Etat par les recette fiscales », selon elle. Dans un rapport qu’elle a rendu au Premier ministre le 21 janvier dernier, Isabel Marey-Semper insiste sur le fait que les futurs énarques doivent apprendre à « réconcilier » le public et le privé, qui « sont deux mondes qui s’ignorent ou se défient, voire se méprisent ».
Une trop grande concurrence interne
Autre constat alarmant de la présidente du jury : « Les élèves ne savent pas toujours « travailler ensemble et coopérer ». En cause, la concurrence parfois féroce pour le classement de sortie, qui détermine les premiers postes, et donc une bonne partie de la carrière des hauts-fonctionnaires. Ce classement de sortie « va à l’encontre de cet objectif de coopération puisqu’il induit une concurrence entre les élèves », estime-t-elle. Autre inconvénient de ce classement : « la richesse et la diversité des candidats semblent estompées », juge-t-elle. En résumé, comme l’explique L’Opinion, la majorité cherche à se fondre dans le moule, y voyant sa meilleure chance de succès pour décrocher un bon poste. Isabel Marey-Semper propose donc de doter la haute fonction publique d’une véritable gestion des ressources humaines, plutôt que de faire dépendre la carrière du rang de sortie de l’ENA. Elle recommande aussi la détection de « leadership » lors de la sélection : des candidats « capables de douter et de remettre en cause leurs idées » et « disposant d’un sens éthique et d’une confiance en soi mesurée (ni trop humbles ni trop arrogants) ».
L’ENA, n’est-ce pas l’école où l’on apprend à uriner plus haut que son voisin ?
Pour conduire les affaires de la république je ne vois pas à quoi ça rime !