Le grand chambardement !

Le grand chambardement !

En rebattant toutes les cartes du commerce international, Donald Trump oblige l’ensemble des Etats à remettre en cause leur organisation. L’Europe n’est pas la plus touchée, puisqu’elle s’en tire avec 15 % d’augmentation, mais son système social d’assistance généralisée n’en sortira pas indemne. Les Etats-Unis devront eux aussi se réformer, car les recettes supplémentaires des douanes ne les guériront pas de leurs 36 000 milliards de dollars de dette. En vérité, c’est la dépense publique qui est aujourd’hui le premier problème mondial. Et tout le reste, même la guerre, en découle.

Les Grecs ont inventé la démocratie, et en même temps le désordre démocratique. Il n’a pas fallu longtemps pour que certains citoyens soient plus présents que les autres sur l’agora et fassent payer à la collectivité le prix de leur dévouement. Le misthos était né, et a eu depuis d’innombrables successeurs dans tous les pays dotés d’une assemblée politique. En France, nous connaissons bien le problème, puisque nous avons par exemple permis à un jeune blanc-bec nommé Macron d’accéder au pouvoir par le biais de l’élimination de Fillon, pourtant grand favori de l’élection, accusé d’avoir distribué le misthos à sa famille.

La solution à ce problème serait évidemment de rendre gratuites les fonctions électives, ce qui assurerait leur honnêteté et leur renouvellement, mais il y a toujours des arguments à faire valoir pour être rémunéré au prix du temps passé. Quand on introduisit en France l’indemnité parlementaire, un député, qui lui était hostile, déclara : « Mon indignation n’a d’égale que ma satisfaction ». Depuis, c’est la satisfaction qui règne sur les bancs des assemblées.

Tous les pays frappés par Trump, y compris le sien, qui ne sera pas indemne des hausses de tarifs douaniers puisqu’elles rendront plus chers tous les produits frappés, devront s’interroger sur le bien-fondé des avantages publics octroyés  et sur la meilleure façon de les réformer. Tranchons le mot : la meilleure façon est de les supprimer. Mais c’est là que les problèmes commencent. Personne au monde ne juge ses dépenses excessives. Et personne ne juge qu’il faille les réduire. On glosera sur les difficultés du peuple à joindre les deux bouts, et on ne touchera pas – ou peu – aux avantages publics des plus aisés, à commencer par les politiciens. Et c’est ainsi que rien ne changera, jusqu’au jour où une crise financière emportera le régime.

Tout dépendra en l’occurrence de la capacité réformatrice des états. Celle de la France est nulle. Nous sommes donc tranquilles. Rien de sérieux ne se passera chez nous jusqu’à la catastrophe finale. Profitons de cette situation, qui faisait dire à Fellini que Rome était « l’endroit rêvé pour attendre le fin du monde ». Il y aura dans les mois qui viennent d’autres plans Bayrou, qui se nommeront plan Machin, ou plan Tartempion, et qui  ne serviront à rien. Si quelqu’un s’avisait de rendre public un plan sérieux de réduction des dépenses, il aurait à supporter le plus impétueux des torrents d’insultes et n’aurait plus qu’à se coucher derrière la porte comme un chien battu.

En fait, ce sont les auteurs de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui avaient trouvé la solution. Plutôt qu’un plan de réduction des dépenses d’un Etat déjà en faillite, ils avaient décrété deux principes fondamentaux qui permettraient de résoudre tous les problèmes : la liberté et la propriété. La liberté protège le citoyen des atteintes de l’Etat, et la propriété lui donne un abri contre les exactions de la puissance publique. A chaque fois que la nécessité s’en fait sentir, le citoyen peut brandir ces principes sacrés et sauver sa personne et les siens de la servitude. Voilà ce qu’on appelle une magnifique réforme. Hélas en France les gouvernements successifs n’ont songé qu’à la supprimer.

Nous sommes témoins en ce moment d’un épisode qui confirme la violation par l’Etat des principes sacrés. Le Conseil constitutionnel vient de retoquer un texte législatif qui  augmentait la durée de rétention administrative des étrangers condamnés pour des faits graves, et un autre qui autorisait l’usage par nos agriculteurs d’un pesticide autorisé dans tous les pays de l’Union européenne. Le Conseil se fondait sur le principe de liberté, qui n’est pourtant pas fait pour les malfaiteurs, et, concernant le pesticide, sur celui de la préservation de l’environnement, en vertu duquel on peut interdire tout et n’importe quoi. Il s’agit là d’un véritable coup d’Etat constitutionnel, perpétré par une assemblée qui a désormais perdu toute légitimité. Inutile de s’appesantir sur le poids abusif de la fiscalité, contraire à la propriété, ou sur les innombrables interdictions à la liberté de circuler, qui nous ramènent au temps du servage où l’on était fixé à le terre.

La démocratie français est devenue une caricature et ne mérite plus son nom. En mai 68, l’autorité avait disparu et les rats sortaient des égouts. Ce n’est pas une figue de style, je les ai vus. C’est un sort commun à tous les Etats qui s’effondrent. L’ambiance délétère qui règne à l’Assemblée nationale en est un signe supplémentaire. En médecine, on ne doit pas attendre que les symptômes s’accumulent, car c’est la vie qui est menacée. En démocratie, il devrait en être de même. Mais il y a peu de bons médecins de cette discipline. Et on les tient soigneusement à l’écart !

Claude Reichman

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Une réflexion sur « Le grand chambardement ! »

  1. “En fait, ce sont les auteurs de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui avaient trouvé la solution. Plutôt qu’un plan de réduction des dépenses d’un Etat déjà en faillite, ils avaient décrété deux principes fondamentaux qui permettraient de résoudre tous les problèmes : la liberté et la propriété.”

    C’est juste. En effet, la liberté et la propriété ne sont que les mamelles de bien se conduire, ainsi les choses sont-elles dans un cadre juridique qui les protège et qui les spolie .. Mais plus encore de donner à chacun l’envie. Vous êtes sur cette Terre pourquoi ?

    Pourquoi la liberté et la propriété amènent à bien se conduire en allant chercher à la sauvegarder, voir la développer. C’est votre bien par lequel vous êtes en vie, y compris à coup de fusil puisque la conversation n’est plus.

    Mais votre fusil vous a été retiré, peut-être, par une verticalité qui se méfie de vous d’emblée. La vie va continuer, via les céans, et aller vers l’aventure de choses que nous allons mal vivre.

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