La prise de La Pastille

Il est de plus en plus probable que les pare-brises de nos chères voitures vont s’orner d’une nouvelle pastille.

Nos élus « socialos-écolos », la larme à l’œil tant le sujet les émeut, étudient l’idée de classer les véhicules en fonction de leur niveau de pollution. Classement qui s’affichera sur les parebrises sous la forme de pastilles de toutes les couleurs.

On peut supposer que la pastille de la voiture la moins polluante sera blanche, immaculée, puis viendront les pastilles vertes, puis roses, jaunes pour ceux qui croyaient mériter une pastille blanche mais qui auront chuté au contrôle, rouge pour les graves cochonnes à fumée noire et enfin noire pour les polluantes, rapides et hors de prix, celle que tout bon « socialiste-écologiste » se doit d’avoir rayer sur toute sa longueur au moins une fois dans sa vie, par exemple à l’occasion d’un pèlerinage à une grande messe ou manifestation du parti.

Les discussions masculines lors des barbecues ne tourneront plus autour de la tenue de route, des reprises, du freinage, des accélérations, de la beauté des carrosseries de nos bagnoles, de leur confort, de leur sécurité, mais sur la couleur de leurs pastilles.

Il faut bien avouer qu’il sera très gênant d’exposer une pastille noire. D’autant que ces pastilles ne passeront pas inaperçues.

En effet, aux pastilles seront liés des avantages et des inconvénients. Par exemple, les pastilles blanches pourront prendre les couloirs de bus, pendant que les noires seront interdites de circulation les jours pollués.

Afin que la maréchaussée puisse s’y reconnaître, il faudra bien que les pastilles soient visibles sur les véhicules en mouvement, donc on peut supposer un diamètre d’au moins 10 centimètres.

Les rapports humains vont s’en trouver modifiés. Par exemple, arriver à une soirée avec un canon, homme ou femme, comme passager n’aura plus aucun intérêt. Non seulement il sera à peine visible derrière la pastille, mais il ne sera plus le centre d’intérêt des paparazzis qui n’auront d’objectifs que pour votre pastille.

Kate Moss ne pèsera pas lourd face à une pastille noire. Evidemment, avec une pastille et une robe blanches, elle peut arriver au Meurice en Bolloré, c’est tout bon.

Cependant, malgré la surface généreuse des pastilles, l’erreur « pandoriale » restera possible. Il est probable que nos énarques, face à l’avalanche de procédures que ce problème ne va manquer d’amener, nous obligeront à avoir carrément notre véhicule de la couleur de sa pollution. Blanche pour les « saintes nipollue » et noire pour les grosses cochonnes polluantes à mort et belles comme des déesses, qui coutent la peau du cul.

Le drame social

Tout cela est parfait dans la théorie, mais dans la pratique…

Passons sur l’échelle des nouvelles valeurs sociales ajoutées de nos bolides, qui vont fortement ébranler l’industrie automobile et ses agences de publicité. Tout le monde finira par s’y faire.

Le comble du snobisme sera-t-il de s’afficher avec une voiture blanche roulant à fond à 90 Km/h, consommant 1 litre au cent (d’eau de source), pesant 200 Kg, toute en plastique recyclé, avec des roues de 5 cm de large, profilée comme une épée sur plusieurs mètres pour deux places seulement, où, au contraire, avec une vieille mustang noire, équipée d’un V8 de 6 litres, payant une taxe pharaonique pour pouvoir circuler, mais qu’un jour sur deux ?

Peu importe, les snobs ne sont pas si nombreux.

Ce qui est plus grave c’est que toutes les vieilles voitures seront pastillées noires. Or, ce sont les pauvres qui sont les utilisateurs principaux des vieilles voitures.

Voilà une injustice inacceptable, qu’il faut éradiquer.

C’est pourquoi, nos énarques, jamais à court d’idée, vont probablement instaurer le prix progressif des véhicules. Ceux-ci seront à prix coutant, voire gratuits pour les plus démunis, puis vendus en fonction des revenus pour les plus riches. Un riche privilégié pourrait avoir à payer une Bolloré au prix actuel d’une Rolls. Cette solution parait la plus équitable, sous réserve d’être un « écolo-socialo » convaincu et aussi évidemment un impécunieux.

Les poumons c’est bien, mais il y a aussi le cœur

Et oui, la pollution du cœur, des sentiments, porte gravement atteinte au bonheur. Ne serait-il pas avantageux de connaître à l’avance les risques de pollution sentimentale?

Je suis sûr que bien des hommes ou des femmes confiants, sincères, qui se donnent sans retenue, socialistes quoi, auraient un avantage certain à se méfier des égoïstes, arrivistes infidèles, les riches quoi, qui profitent d’eux sans vergogne, pour les laisser ensuite tomber comme de vieilles chaussettes usagées. Oui mais comment les détecter ?

La pastille, la pastille rien de plus simple.

Chacun aurait une pastille sur le front. Blanche pour commencer, puis selon les couleurs croissantes au fur et à mesure des incartades sentimentales ou sociétales.

Par exemple, Hollande aurait, vu son attitude avec ses femmes, une pastille noire sur le front, ainsi chacun se rappellerait à quoi s’en tenir avec cet homme, il suffirait de regarder son front et sa pastille. Ceci n’est qu’un exemple, pas de panique.

Il y a aussi Strauss-Kahn, pastille noire. Cahuzac, pastille noire.

La liste est longue, aussi bien à gauche qu’à droite.

En même temps qu’elle me fait sourire la pastille me terrorise. Je hais ces manières de délation, je hais les bonnes raisons, quelles qu’elles soient, de montrer les autres du doigt.

Qu’ils soient automobilistes, hommes publics, hommes ordinaires, tout ce qui les livre à la vindicte populaire me parait malsain. Je pense que la délation est le marqueur principal d’une société finissante, agonisante, je suis donc pour la suppression, avant même son avènement, de la pastille signe distinctif d’opprobre, symbole de toutes les lâchetés.

Bien cordialement. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

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