LA LOCOMOTIVE, LA PLUS GRANDE DISCOTHEQUE DE PARIS ou la fin des années rock (extrait 2)

…”Durant ces quelque dix ans de sécurité, j’ai eu l’occasion de
côtoyer le meilleur comme le pire, bien sûr avec des nuances
au milieu.
Nous avons eu la chance de travailler pour quatre personnes
exceptionnelles dans ces milieux de mégalos : Fabrice Emaer
(discothèque le Palace), Marc Mauny (événementiel), Alain Humman
(événementiel), Jules Frutos (concerts).
Nous faisions la sécu des concerts du Palace depuis plus ou
moins ses débuts, mais la sécu de la discothèque avait été
confiée à la société K.O. (tout un programme !)
Nous hériterons de celle-ci environ un an et demi avant que
le Palace ne ferme et que Fabrice Emaer ne décède (1983).
Fabrice Emaer, propriétaire du Sept, créa et anima le
Palace/Privilège.
Le Palace (ouvert en mars 1978), une méga discothèque,
révolutionna la nuit parisienne. Il sera souvent imité, mais
jamais égalé. Durant trois ans ce lieu fut magique avant de
décliner. (Lire « Le Palace » par Cédric Naimi)
Nous, nous avons assisté à son agonie. Il avait été déserté
par les stars et ce grand paquebot n’était plus que l’ombre de
lui-même.
Parfois, la nuit ou la journée dans ses bureaux ou dans la
discothèque je croisais Fabrice.
Cet homme d’une classe inouïe était d’une grande simplicité.
Il avait tout compris de la nuit et de son « ingratitude ».
« Entre enculés, il n’y a pas de doublure » m’a-t-il dit un jour.
Cette phrase nous l’avons mémorisée et nous nous la
ressortions à l’occasion, lorsque quelqu’un n’avait pas tenu
son engagement.
Une autre fois, dans son bureau, comme nous discutions de
la désaffection du Palace, il me dit : « Ce qui a tué le Palace,
c’est le Privilège. Je n’aurais jamais dû privatiser une partie du
Palace… »
Lorsque nous avons créé La Loco, nous nous sommes juré
de ne jamais faire la même erreur et donc de ne jamais
privatiser un étage de façon permanente.
Cela ne l’a pas empêché de décliner, mais ce ne sera pas pour
les mêmes raisons ni dans les mêmes proportions.

La fin du Palace fut rapide. Un vrai naufrage genre Titanic
sans l’orchestre.
Fabrice Emaer disparu (1983), une partie de son staff de
communication créa une agence événementielle dont faisait
partie Marc Mauny.
Celui-ci ressemblait par sa classe, sa gentillesse et son
professionnalisme à Fabrice. Ce fut toujours un plaisir de
travailler avec lui, jusqu’au bout. Il disparut à son tour, bien
trop tôt, emporté lui aussi par le sida.
Il nous emmena même, une année, avec lui au festival de
Cannes pour sécuriser les soirées dont il avait la charge.
Il avait fait cette année-là un froid sibérien et nous étions à
l’extérieur en smoking. Pas franchement rigolo.
Son décès rapide et inattendu me cause encore, trente ans
plus tard, lorsque j’y pense, beaucoup de peine.
Si jeune, si beau, si gentil et mourir du sida.
C’était le début de l’hécatombe de cette maladie. Il ne sera
pas le seul à disparaître, j’en verrai plus d’un y succomber.
Alain Humman, lui était le second de Francis Morane dans
une agence événementielle, FM événements. D’un
professionnalisme et d’une loyauté sans faille, ce qui est rare,
il faut le dire dans ce milieu de faux derches. Nous avions avec
La Loco ou la fin des années rock lui des relations de totale confiance. Ce qui ne l’empêchait pas de nous engueuler grave lorsque nous étions en défaut.
Petite agence lorsque nous l’avons connu, elle deviendra en
quelques années une des plus grandes de Paris.
Nous avons tout connu avec lui, de la petite soirée à deux
agents de sécurité à la plus grande manifestation, le
Bicentenaire de la révolution en 1989 avec 350 agents de
sécurité.
À cause ou grâce à lui nous avons dû grandir et nous
adapter.
Ce ne fut pas toujours facile, vu notre mode de
fonctionnement à l’époque et nous devions préparer ces
grands événements plusieurs mois à l’avance.
Jules Frutos, société Alias, fut le seul producteur de concerts
avec qui nous avons eu aussi des relations amicales et de
confiance. En plus d’être devenu un des plus grands
producteurs français, il est aujourd’hui le codirecteur du
Bataclan. C’était, et c’est toujours, un vrai pro qui était attentif
à tous les détails et qui avait assimilé et compris les problèmes
de sécu. C’était le seul producteur, avec Assad Debs
responsable des concerts au Palace, qui avait su rester simple
malgré son ascension et ne pas tomber dans la mégalo comme
beaucoup d’autres producteurs ou une certaine productrice.
Ils ne nous faisaient pas de caca nerveux pour une crotte de
mouche.
Une nuit, lorsque je fis la tournée des discothèques dont
nous avions la sécu, je passai au Rock and Roll Circus.
Paul Flandrac, pour lequel je n’avais vraiment aucune
sympathie connaissant trop ses travers, s’était séparé sans
ménagement de Marc Barrière qui pourtant avait fait le succès
du Rose Bonbon et le sien.
Il avait changé le nom du Rose Bonbon en Rock and Roll
Circus.
Il avait engagé Sam Bernett comme animateur. Celui-ci était
l’une des dernières locomotives, avec Leroy, de la nuit
parisienne.
Avec lui, Paul visait une clientèle totalement différente.
Adieu les rockeux, il voulait du friqué, du gros friqué et
comptait sur Sam pour les faire venir.
Pari réussi, les Rolex se bousculaient à la porte. Il y avait des
bouteilles sur les tables comme s’il en pleuvait. J’avais
toujours eu des rapports assez difficiles avec Paul. Il était
complètement mégalo tendance sadique mixé d’un brin de
lâcheté, le nez dans la poudre, colérique, et le succès de sa
boîte nouvelle version n’avait rien arrangé.
Il lui avait fait perdre le sens des réalités. Il adorait se frotter
aux truands. Il était convaincu d’être un vrai dur et jouait avec
eux à l’affranchi. Comme il n’avait pas les épaules de son
cinéma, cela causerait sa perte.
On trouvait à l’intérieur de sa boîte les plus jolies filles de
Paris, mais aussi pas mal de putes, mais de belles putes.
La coke était quasiment partout et ce qui devait arriver
arriva. Des petits truands attirés par ces escadrons de jolies
filles vinrent pour frimer et claquer des tonnes de fric.
Paul se sentait bien avec eux. Il adorait les fréquenter. Il se
confortait dans son rôle d’homme du milieu. Il jouait au
«Parrain ». Un vrai remake.
Malheureusement pour lui, dans le sillage des petits
poissons frimeurs arrivèrent les requins-tueurs. Paul, sûr de
lui dans son rôle de grand gangster, ne vit pas arriver le
danger et continua avec eux son numéro.
Au début, pendant plusieurs semaines, tout se passa bien,
le gang des postiches dépensa sans compter et le champagne
coula à flots sur toutes les tables.
Lorsque, cette fameuse nuit, j’arrivai au Rock and Roll
Circus, les videurs me prévinrent tout de suite qu’il y avait de
nouveaux patrons et qu’ils s’étaient présentés à eux avec Paul,
déclarant qu’à partir d’aujourd’hui Paul avait passé la main,
que désormais c’était eux qui commandaient. Paul avait
acquiescé sans piper mot à son nouveau rôle de figurant.
C’est ce jour-là que je fis la « connaissance » de deux des
membres du fameux gang des postiches : Dédé Gau, Jean
Pierre le Pape et Abramovitch dit Daniel le Russe qui était
toujours avec eux.
Le gang des postiches était spécialisé dans les braquages de
banques. De 1981 à 1986, ils en soulagèrent 27. Ce sont eux
qui sont à l’origine d’un nouveau style de braquages en
s’attaquant directement aux coffres des particuliers qu’ils
ouvraient comme des boîtes de pâté.
Grimés, portant chapeaux et perruques, d’où leur surnom,
ils opéraient en plein jour en prenant les clients en otages.
Aimables avec eux, ils passaient auprès du public pour des
«Robin des bois ». Malheureusement leur dernier braquage se
finira, le 14 janvier 1986 dans un bain de sang.
À partir de cette reprise en main, la clientèle changea.
En un rien de temps il y eut plus de trois mille années de
prison au bar.
Côté sécurité, c’était le paradis. Plus d’embrouilles à la porte.
En cas de problème avec des excités (enfouraillés
évidemment), les videurs appelaient Le Pape qui montait
rapidement et tout le monde se calmait illico, comme par
enchantement. Dans la salle plus aucune bagarre.”

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2 réflexions sur « LA LOCOMOTIVE, LA PLUS GRANDE DISCOTHEQUE DE PARIS ou la fin des années rock (extrait 2) »

  1. Et de mémoire ( faudrait fouiller dans mes fiches de salaires ) …
    on remercie aussi Warhead Production et Rosebud qui ont fait bosser pas mal de personnes dans le monde de la nuit car c’est vrai que les conditions de taff n’étaient pas toujours évidente mais qu’est ce que l’on s’est bien marré !

  2. Bonjour mr bolling déposez une plainte avec votre resume a l ONU mme Bachelet haut commissaire à geneve plus nous serons nombreux plus nous aurons des chances avec tous ces liquides et çes abus de pouvoir de faire changer les choses
    Car l etat est responsable dans la mesure Ou il n agit pas pour faire cesser de tels abus. Plainte également à la cour pénale internationale de La Haye en mettant
    En evidençe que vous n êtes pas seul à avoir subi cet abus et que c est bien contre une population d indépendants qui vise donc un groupe humain ét qu il s agit
    Bien d un crime contre l humanité et un veritable génocide dont votre affaire fait partie. Suivons les gilets jaunes il n y a pas de prescription pour les crimes ét genocides contre l humanité. N hésitez pas à mettre en cause les politiques de l époque qui n ont pas agi ils sont certains encore vivants et au chaud au conseil constitutionnel.?! Bon courage je comorends Quand on vit une telle injustice cela vous poursuit tous les jours et même parfois toutes les nuits on ne peut pas non seulement oublier mais surtout accepter dans Notre pays çe qui nous est cause par tous ces escrocs de tout bord depuis 1973 en particulier Ou la destruction de la france a commencé avec Pompidou giscard rothchild. Bon courage à vous ne jamais désespérer

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