La crise du Covid peut-elle permettre de réformer la France ?

C’est la question que se pose la banque Natixis dans un de ses derniers flashes économiques.

La crise du Covid a mis au grand jour les problèmes structurels qui affectent la France et dont les lecteurs de Témoignage Fiscal sont déjà largement informés puisque nous ne cessons de les dénoncer.

Pour mémoire, ces problèmes sont les suivants :

-Une faible attractivité du pays pour les entreprises du fait d’un cout du travail et d’une pression fiscale élevés qui conduisent les entreprises à délocaliser pour redresser leur rentabilité,

-Une inefficacité globale de l’Etat administratif malgré un niveau très élevé de dépenses publiques (record d’Europe); ce que l’on a clairement vu avec les hôpitaux,

-De faibles compétences de la population active ; ce qui contribue à la faible attractivité du pays et limite l’adaptabilité des candidats à l’emploi,

-Une inefficacité globale du système éducatif,

-Une faible efficacité du système de formation professionnelle alors qu’il va falloir requalifier les salariés ayant perdu leur emploi dans les secteurs en difficulté,

-Une trop grande centralisation des décisions économiques, sociales et sanitaires, avec une faiblesse du dialogue social, (comme par hasard, ce sont les pays qui ont le système de santé le plus centralisé qui ont eu le grand nombre de morts).

-Un abus constat de la règlementation,

-Un faible nombre des secteurs d’activités performants, ce qui est révélé par le fait que des secteurs performants d’avant crise (aéronautique, luxe, pharmacie, agroalimentaire, tourisme) sont fortement impactés par la crise.

Et elle ajoute : « nous voyons quatre raisons pour lesquelles la situation économique et sociale devrait être difficile à l’avenir ».

-Les entreprises étant, pour beaucoup, en difficulté, il faut s’attendre à une stagnation des salaires et une augmentation des délocalisations ; ce qui n’empêchera pas la recherche accrue de situations de monopole permettant d’améliorer les marges,

-Certains secteurs d’activité étant durablement en crise, il faudrait qu’il y ait réallocation des emplois vers les secteurs en croissance ; mais cela est très difficile du fait de la faible adaptabilité de la population ; laquelle apparait en outre assez peu mobile. Il va donc y avoir une forte hausse du chômage structurel,

-Les bulles sur les prix des actifs que va faire apparaître la poursuite de l’expansion monétaire vont conduire à une forte hausse des inégalités patrimoniales et probablement à une contestation sociale du fait d’une paupérisation des jeunes qui ne pourront ni accéder à un emploi ni à un logement,

-Le freinage de la croissance potentielle après la crise va conduire à la faible progression du revenu global d’où la multiplication des conflits pour le partage du revenu entre pays (concurrence fiscale et protectionnisme) et entre les salariés et les entreprises.

Et enfin, Natixis enfonce le clou en rappelant que la situation structurelle de trois grands pays de la zone € ne s’est pas améliorée. Il s’agit de la France, de l’Italie et de l’Espagne.

Or, selon l’Allemagne, qui apparaît être, avec les pays du nord, la garant de la stabilité économique européenne, la coopération de politique économique (budget commun, politique industrielle) dans la zone € n’est possible que si les autres pays de la zone € font des réformes et améliorent leur situation structurelle.

Cela sous-entend que l’Allemagne refuse de soutenir des pays qui ne font pas d’efforts structurels.

En fait, la situation structurelle de ces trois grands pays de la zone € ne s’est pas améliorée depuis la création de l’€ ; elle s’est même très largement dégradé.

On y observe en effet :

-La faible efficacité du système éducatif d’où un chômage structurel élevé,

-L’absence de gains de productivité,

-La faible productivité de l’Etat,

-L’absence de réforme des retraites (spécialement en France),

-La faible modernisation des entreprises et par voie de conséquence une désindustrialisation,

Que doit-on penser de ce constat ?

Le gouvernement français a-t-il tiré des conclusions de ce qui précède et dont il a parfaitement connaissance ?

A-t-il fait des tentatives de réformes pour essayer d’améliorer les problèmes qu’il a lui-même constatés en début d’année ?

Manifestement non.

On a même l’impression que le gouvernement fait tout pour aggraver la situation pour ensuite apparaître comme le sauveur ; ce qui relève de la manipulation pure et simple mais aussi de la naïveté car il m’étonnerait fort que les français soient dupes de la manœuvre ; à tel point que commence à circuler dans l’opinion l’idée que le gouvernement fait exprès de bloquer le pays pour pouvoir augmenter son pouvoir de contrôle sur la population par le biais d’une augmentation des contraintes et des atteintes à la liberté !

Cela revient à se poser la question : Est-ce qu’augmenter les contraintes et diminuer les libertés va nous permettre de sortir de cette crise ?

Manifestement non.

La réponse est inappropriée et l’humanité est faite d’épidémies. Il y en a eu et il y a en aura d’autres !

Cela veut dire qu’on ne peut pas bloquer tout un pays parce qu’on pense qu’il va y avoir 3.000 ou même 10.000 morts. A ce compte-là on ne fera plus jamais rien et il faudra interdire l’automobile (4.000 morts par an, quoique en ce qui la concerne c’est en cours), l’alcool, la cigarette, toutes les activités dangereuses ; y compris les bains de soleil l’été !

Pire, il n’a même pas tiré les conclusions de la saturation des urgences puisqu’il a continué à fermer des lits d’hôpitaux ; créant de ce fait une tension dans le milieu hospitalier qui justifie aujourd’hui un nouveau confinement.

Il faut aussi être conscient que les PME et les ETI ne pourront pas supporter indéfiniment ces contraintes imposées par une administration qui continue à vivre confortablement sur le dos des autres !

Par ailleurs, les créations d’emplois vues du gouvernement sont totalement illusoires et ne tiennent pas compte d’une réalité économique sociale et sanitaire pour le moins défavorable.

Le gouvernement a beau nous parler finance verte ou d’investissements verts, on sait qu’ils ne sont pas rentables sauf s’ils sont massivement subventionnée par les impôts !

En outre, faute de réduction des couts de fonctionnement de l’Etat et d’assouplissement des règles sociales, il n’y aura pas de retour des industries en France ; il n’y aura pas de relocalisations !

Bien au contraire, l’augmentation des contraintes et les blocages de l’économie mis par le gouvernement qui continue de s’acharner vont augmenter les départs d’entreprises et valider les choix de celles qui sont déjà parties.

Autrement dit, le chômage structurel va continuer à augmenter, les comptes publics vont continuer à se dégrader et la situation globale ne fera qu’empirer.

Car pour créer des emplois il faut de la croissance, du capital et de la confiance.

Or, E Macron, dans le cadre d’un véritable fait du prince, a décidé tout seul d’un nouveau confinement sans en mesurer les conséquences car il ne propose que blocage économique, dette et peur de l’avenir.

En 2020, la dette va faire un bon spectaculaire de 100 à 120% du PIB et il faut être lucide, elle ne diminuera jamais !

Or, on sait que la création de monnaie n’est pas la création de richesses et que plus la dette est élevée plus la croissance est faible et plus l’économie va mal.

La distribution constante d’argent public par le biais de la planche à billets à seule fin de calmer la populace est une politique à courte vue qui ne peut mener qu’à la catastrophe.

Or, l’Etat ne survit désormais plus que grâce à l’émission monétaire !

On peut donc clairement parler, à propos de la France, d’Etat zombie. Au moindre accident ce sera la catastrophe.

La seule issue, à terme, sera de lessiver les dettes c’est à dire soit faire défaut et c’est vous qui paierez soit de changer de monnaie pour se débarrasser de l’ancienne pour encore effacer les dettes et c’est encore vous qui paierez !

Soyez en sûrs, l’explosion de la dette, du chômage, de la pauvreté (sauf pour les fonctionnaires qui sont l’électorat du président) constitue une bombe à retardement qui ne manquera pas d’exploser !

Un tel niveau d’incompétence à ce niveau de responsabilité est tout simplement criminel.

Bien cordialement à tous !

Απο την Ελλαδα ! (De la Grèce) – Prévéza

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

13 réflexions sur « La crise du Covid peut-elle permettre de réformer la France ? »

  1. Encore un très bon billet. Malgré une baisse du PIB, les fonctionnaires n’ont pas perdu un centimes. Combien de temps ça va durer tout ça.

    1. Merci,
      Pour votre question … ben … jusqu’au moment où ceux qui ne sont pas fonctionnaires vont se révolter !
      Au train où les décisions sont prises, ça ne devrait pas tarder !
      L’avenir pour tous les indépendants (prof libérales, entrepreneurs, commerçants) c’est la faillite pure et simple !
      Quitte à crever …

      1. Franchement, je n’y croit plus trop. Pendant le début des gilets jaunes, j’avais un espoir et le mouvement a été détourné des revendications de départ. Je me rends compte qu’on est vraiment pas nombreux à penser en mode « témoignagefiscal » ou « Claude Reichman ».
        Un exemple, je travaille dans le tourisme et il y a une activité touristique qui attire beaucoup de monde. Ceci pose des problèmes du 15 juillet au 20 août car les touristes ne peuvent pas se garer. Un projet a été fait par un Parc Naturel Régional pour au final réduire le nombre de gens qui pourront pratiquer cette activité. On passera de 800 personnes/jour à 300 personnes/jour. Ce projet consiste à faire un faire un parking payant avec une équipe de gardien qui régulera le flux de touristes et de professionnels du tourisme. On est sur un gaspillage d’un demi million d’euros. À la réunion de concertation, je prends la parole et j’explique que l’argent publique devrait être dépensé dans l’intérêt des touristes et des professionnels qui collecte les impôts. Réponse du PNR : nous aussi on paie des impôts. Il faut réguler car il y a trop de monde. Cette activité détruit l’environnement. Leur réponse ne m’étonne mais je me retrouvais seul avec ces idées. Les autres professionnels étaient d’accord pour réguler et je pense aussi étaient trop lâches pour s’opposer au PNR car beaucoup de boites vont devoir soit fermé soit réduire leur activité car le flux de touristes sera divisé par 3.

        Du coup, c’est vraiment désespérant. À mon avis, il va plutôt y avoir un scénario à la Vénézuela. Planche à billet et puis hyperinflation. Mais dans ce cas de figure, tout le monde sera perdant. Et les premiers à avoir des augmentations de salaires seront encore les fonctionnaires alors qu’ils sont les responsables de ce marasme et de la désindustrialisation de notre pays par toutes leurs normes et leurs taxes absurdes.

        1. Ils ont fait ça au pont du Gard.
          Avant accessible à tous.
          Puis ils ont mis en place une structure délirante avec parking obligatoire et racket.
          Le machin n’a jamais été rentable
          Résultat les déficits sont comblés par le contribuable … (du Gard en l’occurrence).

          « Et les premiers à avoir des augmentations de salaires seront encore les fonctionnaires »
          S’il y a hyperinflation, les salaires des fonctionnaires suivront le cours de l’inflation contrairement au secteur privé. Ce sera un rattrapage mais pas une augmentation.

          1. C’est ce qui est prévu dans le Verdon.

            Ce qui est pénible, c’est quelles que soient les pertes économiques engendrées les responsables n’assument rien.

            Le changement par les élections c’est mort! Le jeu est triqué.

            Il reste le changement par la violence. Les gilets jaunes ont mis la barre haute. Le stade suivant sera de se révolter avec des armes à feu. Ce qui est peu probable vu que c’est à mon avis compliqué de se procurer ce genre d’objet.

            Je pense qu’à l’avenir on aura le choix entre travailler pour l’État, travailler pour une entreprise du CAC40 dirigé par des énarques ou être un assisté social. Il n’y aura plus de place pour la liberté.

  2. Comment se fait-il que ce gouvernement ne vire pas 1 million de fonctionnaires « triés sur le volet » (les mois efficaces, les inutiles, les doublons, les irresponsables, les fautifs, les paresseux, les assidus de la machine à café, les absents bizarres, les agresseurs sexuels, les planqués, les malades longue durée, les schizophrènes ou multi-névrosés, les bavards qui dérangent ceux qui travaillent, les plaisantins, les faux diplômés et j’en passe ! tout en gardant une majeure partie des régaliens.

    Tout le monde sait qu’un agent du service public coûte en moyenne 3,6 millions d’€uros que multiplie un million, je vous laisse faire le calcul.

      1. à part l’actualisation, tout ce que vous avez rapporté dans ce billet est hélas parfaitement exact (et même pire si on ajoute les ex-nationalisées dont les retraités ponctionnent le régime général des retraites)

  3. Le COVID 19 a une qualité il fait la démonstration de la médiocrité de la France avec son niveau de réflexion au plus bas. Ceux qui dirigent la France depuis des décennies, n’ont pas évolué, ils raisonnent toujours avec une pensée locale et une action globale alors qu’il faut penser global at agir local. Quand ont imagine que pour 10.000 personnes en réanimations à venir, soit 100 par département , ils confinent une économie et 67 millions d’habitants, nous atteignons le sommet de la médiocratie.

    1. Erratum = Le COVID 19 a une qualité il fait la démonstration de la médiocrité de la France avec son niveau de réflexion au plus bas. Ceux qui dirigent la France depuis des décennies, n’ont pas évolué, ils raisonnent toujours avec une pensée locale et une action globale alors qu’il faut penser global at agir local. Quand on réalise que pour 10.000 personnes en réanimations à venir, soit 100 par département , ils confinent une économie et 67 millions d’habitants, nous atteignons le sommet de la médiocratie.

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