Il bordello !

Il bordello !

Tout se paie un jour, dit la sagesse populaire. On peut vérifier en ce moment la pertinence de cet adage. La France est entrée dans une période de crise et de manifestations qui semble ne pas pouvoir finir. Jusqu’au moment où la crise se dénouera par un évènement qui bousculera la donne et créera un nouveau paysage politique et social.

Ce que la France paie en ce moment, c’est la défaillance de ses institutions qui a permis, en 2017, l’élection de M. Macron. Jamais la justice n’aurait dû accepter l’action d’un juge qui, au lieu de s’abstenir d’agir en pleine période électorale comme le veut la tradition démocratique, a plombé la candidature de M. Fillon. Sans cette action judiciaire, M. Macron n’avait aucune chance d’être élu. Et il a été élu sans que le pays ait pu vraiment peser sa candidature au trébuchet.

Le seul élément sérieux d’information sur sa personnalité fut l’analyse d’un psychiatre italien qui qualifia M. Macron de psychopathe et avertit les Français que s’ils l’élisaient, ils allaient souffrir. Interrogé quelques années plus tard, le médecin indiqua qu’il ne s’était trompé que sur un point : les Français n’allaient pas être seuls à souffrir.

Force est de reconnaître que le pronostic (c’est ainsi qu’on appelle la prévision en médecine) n’était pas faux. Les Français souffrent, et à vrai dire ils ne savent pas exactement de quoi. Bien entendu, chacun est capable d’énumérer les points qui lui font grief, et collectivement une idée se dégage qui déplore le déclin de la France et le désordre général dans le pays. Pourtant, quand on interroge les citoyens, ils énumèrent les causes du mal, mais jamais la cause principale qui semble leur échapper. En vérité, ils connaissant parfaitement cette cause, mais semblent avoir peur de l’évoquer, comme s’il s’agissait d’un crime de lèse-majesté.

Cette cause, c’est évidemment le président de la République, puisque c’est ainsi qu’il faut appeler M. Macron. Les Français, à vrai dire, n’en peuvent plus de lui, de ses discours permanents, de ses déguisements, de ses sorties à l’étranger où quand il ne fustige pas la France il fait la leçon aux gouvernants du pays hôte. Mais surtout ils lui en veulent de n’avoir rien fait qui puisse relever la situation du pays.

Les jeunes gens qui occupent chaque soir la place de la Concorde crient « Macron démission ». Et n’ont pas un mot pour les retraites. Ils ont raison. La retraite, ce n’est pas pour eux, même si ce sont eux qui, pour l’essentiel, la paient. Sans espoir de retour, car le système de répartition est en voie avancée de faillite. En fait, les 80 % de Français qui sont contre la réforme des retraites sont surtout contre Macron.

Quand on atteint un tel degré d’impopularité, on doit se poser des questions. M. Macron s’en pose-t-il ? C’est peu probable, compte tenu de son psychisme. S’il se pose des questions, c’est à propos de ses ministres, qui, bien entendu, ne font pas ce qu’ils devraient, sans qu’on sache ce que M. Macron voudrait qu’ils fissent. Bref, l’Elysée et les ministères sont une pétaudière, à laquelle l’Assemblée nationale, sous l’impulsion des « insoumis », s’efforce de ressembler. « Il bordello », disent les Italiens, qui sont connaisseurs en la matière.

Les politiciens français ne semblent pas capables de renverser la vapeur du déclin. Quand on les voit ânonner leurs couplets sur la retraite, on est saisi d’une immense pitié. Car ils ne savent pas, ils ne savent vraiment pas. Ils ne savent pas que le paysage européen a changé depuis la fin du siècle dernier, où les pays membres de ce qui était alors la Communauté européenne ont décidé que le marché intérieur européen serait désormais « un espace sans frontières intérieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux est assurée ». Un espace, donc, où il n’y a plus de monopole. Y compris celui de la Sécurité sociale, donc celui des retraites.

N’importe quel résident en France peut assurer sa retraite en dehors du système officiel. C’est dans tous les textes de lois français. Alors votre réforme des retraites … ! Votre système est mort, non seulement pour cause démographique, mais parce que les Français, que vous vous êtes bien gardés d’informer, vont voter avec leurs pieds, maintenant qu’ils connaissent la vérité. Et s’il y en a un qui doit battre sa coulpe, c’est bien M. Macron. Il savait tout, il n’a rien dit. C’est un véritable crime contre la nation !

Alors Monsieur le professeur Segatori, puisque tel est le nom du psychiatre italien qui nous avait prévenus, soyez remercié de votre lucidité. Elle ne nous a servi à rien, car nous, Français, sommes au-dessus de tout conseil. Nous savons tout, et nous sommes les meilleurs en toutes les disciplines. Pardon à nos amis italiens de leur avoir emprunté « il bordello ». Nous n’avons aucun besoin de conseils en la matière, mais l’expression italienne est plus poétique que la nôtre. C’est le seul domaine où nous acceptons la concurrence, parce qu’il ne s’agit pas d’une affaire sérieuse.

Claude Reichman

 

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