Quand j’ai connu la dictature du prolétariat elle touchait à son terme mais elle avait encore de la gueule.
Tous les prolétaires du monde, unis et révoltés comme il se doit, pensaient pouvoir se passer du capital qu’ils prenaient pour leur maître, alors qu’il a toujours été leur allié le plus fidèle. Cette erreur stratégique leur a occulté la réalité, c’est-à-dire la crapulerie de ceux qui vivaient de leur exploitation au lieu de les aider à valoriser leur travail à son prix le plus juste. Ceux-là leur étaient proches, la plupart du temps parmi eux.
Au lieu de rêver d’une dictature dont ils espéraient être les bénéficiaires, les prolétaires auraient mieux fait de négocier avec le capital qui ne peut que mieux se porter d’une répartition équitable.
C’est ainsi que de victimes imaginaires du capital ils devinrent les victimes réelles des faux-culs qui leur promettaient la lutte finale.
Mais ils restaient nobles. Des bas-reliefs ici ou là, ont immortalisé leur pensée dans des attitudes conquérantes, certes grandiloquentes mais attachantes.
Je le redis, la dictature du prolétariat avait de la gueule, c’est un fait. D’ailleurs, sa chute fut grandiose, on en parle encore.
Mais, qu’elle lutte inutile, quel temps perdu. C’est un malheur de voir ainsi une belle et noble énergie canalisée, bridée, soumise, jusqu’à servir aveuglément, en croyant œuvrer pour la liberté, les menteurs qui la trompent.
Ils n’ont pas plaint leur peine les prolétaires. Ils sont naturellement courageux, ils sont naturellement sincères, ils s’engagent de tout leur être, c’est d’ailleurs pourquoi ils étaient des proies faciles pour les manipulateurs qui ont abusé d’eux. La littérature est abondante qui les a observés et respectés.
Les prolétaires avaient alors de l’honneur : la révolution oui, mais la chienlit non.
Ils aimaient l’ordre et le travail bien fait, ils voulaient juste être respectés et appréciés à leur valeur, rien de plus. On leur disait que le capital était leur ennemi, ils souhaitaient alors simplement le posséder pour le maîtriser, ils n’envisageaient pas sa disparition, ils en comprenaient la nécessité.
Ceux qui ont abusé d’eux ne leur ont jamais permis l’accès au capital, sans quoi ils auraient compris combien eux et lui sont liés, complémentaires, indissociables.
Ils ont péri par la politique et la bureaucratie, deux entités qui ne connaissent rien au travail et rien au capital. Amen.
On retiendra une seule chose : les prolétaires sont des gens responsables dont la seule faiblesse est de faire confiance aveuglément, hélas le plus souvent à n’importe qui.
Il en est tout autrement de la dictature de la misère qui nous étouffe actuellement.
Ici aussi les mêmes faux-culs sont à la manœuvre, mais les miséreux ne sont pas comme les prolétaires, ils n’ont rien à négocier, rien à valoriser, rien de rien.
A population différente, discours différents pour les escrocs.
Aux prolétaires ils proposaient un combat, injuste et inutile, mais valorisant.
Aux miséreux ils proposent l’amour, la compassion et par ricochet l’assistance économique, voire le confort sans le travail.
Alors que le prolétaire était responsable de son travail et souhaitait l’être de son avenir, le miséreux est déresponsabilisé par ceux qui l’exploitent.
Le présupposé est qu’il est miséreux par hasard et que ceux qui ne le sont pas doivent aussi leur situation au même hasard. Bonne ou mauvaise, nul n’est responsable de sa condition. C’est la base nécessaire à l’égalitarisme, fond de commerce de la dictature de la misère .
Pour le reste pas de grande différence on retrouve à la manœuvre les mêmes hommes politiques indélicats, les mêmes bureaucrates obtus.
Pourtant l’écart entre les deux dictatures est abyssal.
Dans le premier cas, la dictature du prolétariat, il y a un objectif et une ambition qui, après remise à plat et occultation des chimères, permettent de mettre en œuvre une société apaisée et réaliste (Chine et Russie, bientôt Cuba).
Dans le deuxième cas, la dictature de la misère, c’est le néant. C’est tellement le néant que les miséreux accidentels (dont je fais partie à cause du fisc) n’envisagent même pas de rentrer dans le système proposé.
La dictature de la misère, si elle apporte actuellement confort et richesse à ses animateurs, ne pourra que s’effondrer en engloutissant ses adeptes.
Mais, entre temps, elle aura dévoré le capital, car elle ne souhaite pas le conquérir comme la dictature du prolétariat, mais juste le détruire et jouir de sa destruction.
Sans capital lors de la chute ce sera donc le désert économique en même temps que le désert psychologique, car que faire d’une population convaincue que seul le hasard détient les clefs du présent et de l’avenir, qui ne se sent responsable de rien et qui attend tout des autres ?
C’est ça la dictature de la misère que nous vivons. Attention à ne pas dire que la misère touche plus particulièrement les fainéants, les impécunieux, les imprévoyants, les cons, vous pourriez être condamné pour transgression d’égalité et rupture de fraternité.
La liberté n’est pas pour vous, en réalité vous n’avez rien compris c’est vous qui la devez aux autres, quitte à devenir leur esclave.
J’ai aimé la dictature du prolétariat, ses héros et sa littérature, je déteste la dictature de la misère, ses zélotes et ses imprécateurs.
Bien cordialement. H. Dumas
Très bonne analyse ! Bravo ! Cordialement, Michel Georgel
Bjr,
je reprends votre écrit: » Mais, entre temps, elle aura dévoré le capital, car elle ne souhaite pas le conquérir comme la dictature du prolétariat, mais juste le détruire et jouir de sa destruction. »
NON pas le détruire, ce sont des parasites alors ils veulent le rendrent esclave de leur diktat et se l’accaparer afin d’engraissement, eux et leurs familles de pillards & de sansues!
@+