La SNCF est l’icône du modèle français, le sein des seins du syndicalisme à l’écoute des masses laborieuses et demeure sans rivale en tête du Hit-parade des entreprises les plus sociales de notre pays. Elle est notre fierté. Même Michelin, inventeur du prophétique « salaire décent », malheureusement talonné par Good Year et Bridgestone gonflés à mort, s’essouffle à courir derrière elle.
Aux commandes de son monopole de fait, la SNCF maîtrise tous les registres de l’orgue social, du salaire maximum accordé à ses contrôleurs jusqu’aux pensions de retraite pour tous en passant par les primes d’exception pour les plus méritants.
Pas dur ! Il suffit d’annuler la loi. Et pour cela rien ne vaut un bon accord salarial entre patron et syndicats. Champagne ! Ce n’était jamais arrivé. Les syndicats sont unanimes. Impressionnante victoire sociale.
Après tout la République ne fait cadeau à ses turbulents agents montés sur rail que de deux ans de salaire au meilleur taux contre la renonciation – provisoire – à une grève capable de paralyser les transports publics pendant les JO.
Même la RATP n’y avait pas pensé. On parle désormais de breveter le dispositif. Nous aurons des métros à condition que le sort des traminots suive celui des cheminots.
Ne reste donc pour le moment en suspens, côté transports, que l’avenir de nos contrôleurs aériens qui tiennent sur leurs écrans entre leurs mains fragiles le sort des athlètes du monde entier. L’affaire devrait être rapidement bouclée car EDF étudie déjà les moyens, grâce à la compréhension de l’Etat qui n’aura qu’à présenter la note au contribuable, d’étendre le dispositif à tous ses agents. À peine d’éclairer les stades à la bougie.
Et il n’y a pas longtemps avant que les hôpitaux ne ferment leurs services d’urgences si la même exception à l’odieuse « loi scélérate sur les retraites » extorquée au Parlement par un immonde 49/3, ne vient pas, avant les JO, célébrer à coups de casseroles leur magnifique dévouement à la cause de la santé publique.
Peut-être pourrait-on envisager d’étendre aussi le dispositif à l’Education Nationale ? On n’ose l’espérer à la veille des épreuves du baccalauréat. Mais tout est encore possible.
Honni soit qui mal y pense. Il n’y a là aucun chantage.
Seulement la juste reconnaissance de la nation à ses agents-modèles que le monde entier nous envie.