Nan sans blague ?
Les français savent que la situation de leur pays est mauvaise et ils redoutent de fortes augmentations d’impôts pour payer les conséquences de l’épidémie. Et comme ils n’ont, à aucun moment, décidé quoique ce soit à propos des dépenses qui ont été engagées et dont ils n’ont pas forcément été les bénéficiaires, ils estiment, pas forcément à tort, qu’ils n’ont pas à en subir les conséquences !
N’oublions quand même pas que la « gestion » par le gouvernement va nous couter 400 Md€ de dette supplémentaire …ce qui est loin d’être anodin !
En France, beaucoup d’économistes et de politiciens n’ont jamais manqué de nous vanter les mérites de l’endettement en nous expliquant que la dette n’était pas un problème et qu’elle était au contraire bénéfique.
Curieusement, ce discours semble désormais s’effacer devant les inquiétudes liées au montant astronomique de cette dette et, aujourd’hui, de bonnes âmes cherchent la solution miraculeuse pour nous sortir de cette situation et deux tendances se dessinent : l’annulation de la dette ou le cantonnement de celle-ci.
L’annulation de la dette
D’un côté, les souverainistes préconisent un Frexit et un retour au franc avec une forte dévaluation de la monnaie. Ce ne serait rien moins qu’un défaut déguisé puisqu’on rembourserait nos dettes en € avec des francs dévalués. En outre, cette opération, extrêmement lourde, ne serait d’aucune utilité tant que les problèmes structurels de la France (trop de dépense publique, trop de chômage) n’auront pas été réglés ; et ils ne sont pas près de l’être !
Car, aujourd’hui, la situation a ceci d’extraordinaire que l’Etat emprunte plus que ses propres recettes fiscales. On situe donc dans la dérive budgétaire complète et, au bout du bout d’un exercice somme toute périlleux et irresponsable, on sait que la situation va se bloquer à un moment ou à un autre.
Le premier effet du Frexit serait essentiellement une chute violente du niveau de vie des français avec un fort renchérissement de tous les produits industriels consommés en France et importés dans leur quasi-totalité ; produits qu’il faudrait payer avec des réserves de change en dollars, €, Yens ! En termes de revenus constants, il faudrait s’attendre à un doublement du prix des voitures, de l’électroménager, des smart phones et autres ordinateurs !
D’autre part, une centaine d’économistes viennent de leur côté de demander l’annulation de cette dette Covid ; cette demande reposant sur quatre constats :
-la dette est désormais trop élevée pour pouvoir être remboursée dans des conditions normales, et ce constat est aggravé par le fait qu’il existe un risque, à plus ou moins court terme, de remontée des taux d’intérêts. Si cette remontée se produit, elle va entrainer une explosion des déficits publics et une perte totale de solvabilité !
-l’application de mesures coercitives et spoliatrices pour boucher partiellement des trous béants ne ferait qu’aggraver les choses et mettrait, en outre, les français en colère contre leurs dirigeants ; bien que l’on ne puisse pas exclure une telle issue après les élections de 2022 ! On évoque, d’ores et déjà, des mesures à l’encontre de l’assurance vie, voire même du livret A, parce que les français, mauvais citoyens, persistent à accumuler de l’épargne et qu’il faudra donc bien aller chercher l’argent là où il se trouve !
-l’application de taxes sur les hauts revenus ferait fuir ce qui reste de « riches » en France, sans résoudre le problème ; même si c’est le souhait d’une majorité de français conformément au principe désormais bien établi qu’une fiscalité spoliatrice peut tout à fait être appliquée mais exclusivement … aux autres,
-la seule solution serait donc de ne pas rembourser ; ce qui revient à faire payer ceux qui ont prêté l’argent et quand le prêteur est la BCE, alors pas de scrupules, c’est de l’argent qui n’a rien couté à personne !
Le problème est que cet appel ne tire absolument pas les leçons des comportements passés !
Tout le monde souhaite inconsciemment bénéficier d’un crédit illimité …mais le distributeur de billets dans le salon ou la carte bleue sans plafond de paiement ne sont que des rêves tout éveillés car, quand vous bénéficiez d’argent gratuit en période normale, c’est qu’il a été pris ou va être pris à quelqu’un d’autre, et quand tout le monde en bénéficie à profusion c’est … qu’il ne vaut plus rien !
En d’autres termes, c’est une prime ou un encouragement à l’irresponsabilité, à la mauvaise gestion et à l’inconscience tant il est évident que l’on connait déjà la réponse à la question : voulez-vous un crédit revolving illimité étant entendu que lorsque vous aurez trop de dettes, on les annulera pour vous permettre un nouveau départ ?
Comment en est-on arrivé là ?
Essentiellement, à cause d’un système étatique qui vit au-dessus de ses moyens depuis … 1974 ; année à partir de laquelle nous n’avons fait qu’accumuler des dettes. Et le phénomène, relativement contenu jusqu’à l’arrivée de l’€, s’est littéralement emballé ensuite ; bien qu’il ne soit pas propre à la France puisque tous les pays du sud de l’Europe ont agi de même !
Avant 2002
Avant l’€, lorsque les dépenses dépassaient les recettes habituelles (emprunts et impôts), les Etats finançaient leurs dépenses par l’émission monétaire ; au prix évidemment d’une forte inflation (voir les années 75-85) et d’une dégradation de la valeur de la monnaie.
Ainsi, entre le 9 août et le 16 août 1992, la lire italienne a perdu 18 % de sa valeur face au dollar et fin mars 1993, elle avait perdu plus de 50 % de sa valeur ; c’est à dire que les italiens ont vu leur niveau de vie être divisé par deux !
N’oublions pas non plus les trois dévaluations en France entre 1981 et 1983 grâce à la politique dispendieuse des socialistes nouvellement arrivés au pouvoir. Le 4 octobre 1981 -3%, le 12 juin 1982 -5.75%, le 21 mars 1983 -8% par rapport à la DM ; soit au total presque 19% de dévalorisation du Franc en 3 ans !
En fait, les Etats dépensiers (et mal gérés) étaient limités dans leur mauvaise gestion car il y avait alors une sanction très rapide :
-Une hausse très forte des taux d’intérêts en cas d’emprunts excessifs,
-Une forte inflation et la dévaluation en cas de trop forte monétisation de la dette avec à la clé la ruine des nationaux.
Il s’agissait donc d’un véritable régulateur.
Depuis 2002
Avec l’arrivée de l’€, la monétisation de la dette par chaque Etat est devenue impossible puisque le privilège d’émission monétaire ressort de la seule compétence de la BCE et que celle-ci, conformément aux exigences allemandes, est indépendante du pouvoir politique.
Ne restaient donc à la disposition des Etats que les impôts et l’emprunt.
Comme le recours à l’impôt est limité par la capacité fiscale des individus, laquelle n’est pas infinie, le seul « moyen disponible » après épuisement du premier a été l’endettement et celui-ci a progressé dans des conditions gigantesques parce que Bruxelles n’avait aucun moyen d’empêcher cette fuite en avant ; ce qui d’ailleurs tord le cou à l’idée d’une dictature bruxelloise.
Avec l’arrivée de l’€, tous les verrous ont sauté ; ça été « open bar » pendant une bonne décennie. Les Etats dépensiers se sont mis à emprunter, à dépenser encore plus et à gérer encore plus mal sans en subir les conséquences : pas de hausse des taux d’intérêts (au contraire ils ont baissé) ni d’inflation jusqu’à la crise de l’€ de 2012.
Il n’y avait plus de régulateur !
Le meilleur exemple en a été la Grèce qui a pu financer à crédit toute son économie jusques et y compris les salaires des fonctionnaires et les pensions de retraite !
Et à partir de 2012, cette « belle mécanique » s’est enrayée et la mission de la BCE a alors été essentiellement de préserver le système et la solvabilité des pays membres de la zone € pour éviter des défauts en cascade en se livrant à une émission monétaire massive.
La BCE n’a fait alors que courir derrière les dettes des Etats membres et elle continue aujourd’hui à le faire !
Nous touchons là du doigt le vice originel du système monétaire européen !
Seulement, il ne faut pas se tromper de coupable : l’€ n’est pas responsable en tant que monnaie mais en tant que système, strict mais imparfait, qui n’a pas été respecté par les Etats dépensiers. Les vrais coupables sont les dirigeants des Etats incriminés qui ont abusé de la dépense publique, notamment à des fins électoralistes, en empruntant massivement, à des taux très bas, de l’argent qu’ils savaient ne pas pouvoir rembourser !
Le problème des débiteurs surendettés est toujours le même : La situation tourne à la catastrophe à la première difficulté et évidemment cela n’a pas manqué d’arriver alors que nos petits hommes gris de l’Etat ont toujours estimé qu’ils avaient encore du temps devant eux !
Ce n’est qu’une version moderne de la fable de la cigale et de la fourmi chère à Jean de la Fontaine !
Désormais, la situation se résume à peu de choses : Trop de dettes avant l’épidémie et encore plus de dettes après alors que la fuite en avant dans la dette ne peut mener qu’à la faillite car, se lancer ainsi à corps perdu dans la dette, c’est nier l’avenir et les risques de l’avenir. C’est même faire preuve d’un aveuglement coupable et c’est la raison pour laquelle les français font actuellement des économies : ils redoutent, sans doute avec quelques raisons, un avenir plus difficile.
Inévitablement, comme la BCE n’est pas la banque d’un pays mais d’un ensemble de pays, son action va se trouver à un moment ou un autre tiraillée entre les bons et les mauvais dont la France est devenue le chef de file ; et si les bons prennent le dessus, c’en sera fini du crédit illimité par l’impression monétaire dont bénéficient actuellement les mauvais.
On touche ici du doigt la différence de conception entre la France où la monnaie est un instrument au service du pouvoir et peut être manipulée sans vergogne, même s’il en résulte la ruine de l’épargnant, et l’Allemagne pour laquelle la monnaie est un bien commun qui ne se manipule pas !
Le cantonnement de la dette
Seulement, répudier la dette ou l’annuler, comme le demandent ces économistes, ou la rembourser en monnaie de singe comme l’envisagent les souverainistes est un jeu dangereux qui ferme le marché du crédit … définitivement alors que la France vit à crédit et que la dette française est détenue à plus de 60% par des créanciers étrangers !
Alors, fatalement on en vient à une autre solution, préconisée notamment par F Bayrou, le haut-commissaire au plan : cantonner la dette dans une structure de défaisance ou une caisse d’amortissement, jusqu’en 2030 !
Après avoir cantonné les français, on va donc cantonner la dette … avec le même succès car, c’est évidemment une fiction financière ; un peu comme si un particulier décidait de « placer » ses dettes sur un compte spécial en expliquant à ses créanciers qu’ils seront payés plus tard … autrement dit, on creuse un trou dans la terre et on y enterre la dette en espérant qu’elle n’en ressorte pas !
En fait, faute de solution, on cherche encore une fois à gagner du temps en espérant que, d’ici là, la situation se soit tellement détériorée pour les autres pays de la zone € que personne ne viendra nous en demander le remboursement car, il faut être lucide, en 2030, après avoir constaté qu’on ne pourra toujours pas la rembourser, on décidera d’en repousser à nouveau le remboursement à plus tard !
Ce n’est donc évidemment qu’un expédient comptable, parce qu’il faut être lucide, cette dette sera mise sur un compte d’attente alors que, pendant ce temps, la dette globale, elle, va continuer à augmenter puisque la France est structurellement déficitaire depuis 1974 et qu’aucune réforme visant à la réduction des dépenses publiques n’est engagée ni même prévue !
Autrement dit, le cantonnement n’est pas une solution à nos problèmes de dettes ; ce n’est rien moins qu’une forme de défaut différé dont la moralité est pour le moins douteuse puisqu’il s’agit clairement d’un transfert aux générations futures de problèmes qu’on ne veut pas résoudre aujourd’hui !
En fait, la seule solution est double : d’abord rembourser et ensuite ne plus s’endetter pour ne pas avoir de dettes ; plus facile à dire qu’à faire !
Finalement, on le voit, il n’y a pas vraiment de solution autre que celle de payer nos dettes mais nul doute que lors de la campagne pour les prochaines présidentielles de 2022, nous allons assister à un festival de propositions miraculeuses, toutes plus farfelues les unes que les autres, pour sortir les français de ce guêpier !
Bien cordialement à tous !
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Dans le film Bad Lieutenant, le personnage du flic véreux joué par Harvey Keitel emprunte régulièrement de l’argent à des mafieux pour le parier et s’acheter de la drogue. Il leur promet régulièrement un remboursement car « je vais me refaire » sauf que ça n’arrive jamais. Les voyous perdent alors patience et l’exécutent à la fin dans la rue sans que personne ne s’en aperçoive.
Quand on emprunte, on devient l’obligé de ses créanciers. Dès lors, on n’est pas en droit de leur imposer quoi que ce soit. Vous pouvez refuser de rembourser, mais plus personne ne vous prêtera un sou ou alors à des taux hallucinants : le un an grec était à 60 % en 2010.
Nouvelles réjouissances fiscales en perspectives :
https://www.wikistrike.com/2021/02/des-experts-veulent-taxer-l-epargne-covid-realisee-par-les-francais-lors-de-la-crise.html
Et pourquoi pas une taxe de solidarité assise sur les seuls fonctionnaires ? Ils ont bien profité du système, non ?
Beau papier.
Mais le problème n’est pas économique, il est religieux.
C’est la croyance en l’égalitarisme qui organise de fait la société, qui dicte les conduites et aboutit à ce résultat, indépendamment des acteurs.
Tant que l’opinion publique adhèrera à cette croyance, non seulement il n’y aura pas de solution possible, mais nous affronterons de grands désordres dans lesquels des vies se perdront stupidement.
L’égalitarisme est une perversion de l’égalité des hommes en droit, digne, qui n’a rien à voir avec l’égalité en résultat.
A contre courant, moi qui ai pensé et cru – naïvement- dans l’euro ( considérant qu’une monnaie unique aurait , outre le fluidité des échanges économiques et financiers , une vertu singulière et bienfaitrice : celle d’obliger nos gouvernements à retrouver la rigueur budgétaire et l’assainissement de nos finances publiques ), j’en arrive aujourd’hui à croire à l’urgence du Frexit !
Les français devront manger leur pain noir et les efforts ne seront plus une option !
La dette sera payée et la démagogie sera balayée… au prix de sacrifices dont personne n’a idée aujourd’hui mais qui seront imposés par la réalité.
10 ans de peines et de labeurs sont au programme…
Je pense que la facture devra nessairement être présentée aux classes dirigeantes et aux politiques
A défaut de la guillotine, avec 3 ou 4 réformes drastiques inscrites dans la loi suprême dont l’inspiration essentielle et fondamentale devrait être la restauration inviolable de la souveraineté populaire ( tant vis à vis du fonctionnement des institutions, que de la consultation par voie de référendum -impérativement sur les 4 sujets essentiels tenant à la vie démocratique – et enfin sur la justice en rendant la magistrature responsable soit par un organe type CSM totalement modifié, soit par obligation de se soumettre à une consultation élective à définir), il devrait être possible d’écarter nos vieux démons pour que nos petits enfants disposent à nouveau d’une perspective pour choisir d’entreprendre en lieu et place de l’assistanat social
Je comprends votre perplexité.
Mais attention, faire un Frexit et revenir au franc pour faire la même chose aboutira … au même résultat, bouclier de l’€ et de la BCE en moins !
Incriminer l’€ est la solution de facilité alors que les vrais responsables sont les dirigeants du pays depuis 30 ans.
Quand aux sanctions : rappelez-vous Georgina Dufoy responsable mais pas coupable compte non tenu du fait que le système s’auto-protège.
Oui quand on a l’esprit gaspilleur, on l’a avec n’importe quelle monnaie que ce soit le franc, l’euro, le mark ou le dollar.
La seule solution serait le contrôle direct des dépenses par les contribuables et on est très loin de cette possibilité.
Rien qu’au niveau local l’habitant d’une commune n’a même pas le droit à la parole au conseil municipal et, c’est particulièrement vrai dans les villes de gauche, doit se soumettre au petit démagogue élu par sa clientèle de fonctionnaires et de cas sociaux.
Eponger les dettes, payer, toujours payer la facture des caprices d’un individu appelé maire sous la forme d’impôts locaux excessifs lorsqu’on a eu la mauvaise idée de se prendre en charge soi-même et de posséder son toit, c’est comme cela que le système tourne. Il parait que cela s’appelle la démocratie, moi je ne vois pas trop la différence avec l’ancien régime.
« le petit démagogue élu par sa clientèle de fonctionnaires et de cas sociaux » MDR !
Pour le reste, oui vous avez raison, j’habite dans une petite commune rurale (1.700 hts) et je ne suis absolument pas au courant de ce qu’il se passe ni des décisions prises !
J’ai questionné la maire pour un problème routier (80 panneaux de signalisation sur une route de 2 km avec 4 chicanes, 2 dos d’âne, et plusieurs accidents) : aucune réponse ….
Mépriser les administrés (c’est le terme officiel) est devenu un mode ordinaire de gestion …
Macron va finir comme Mussolini ?
Le peuple Grec aussi voulait l’annulation de leur dette, nous connaissons la fin.