Cette élite qui nous amènera jusqu’à la faillite !

Nous sommes retombés, après le cours intermède favorable de 2017, dans la croissance molle et les prévisions optimistes de l’équipe Macron s’avèrent désormais inatteignables. (ici)

La croissance pour 2018 ne sera ni de 2%, ni de 1.8, ni même de 1.7 … elle sera même probablement inférieure à 1.5% et ce phénomène de ralentissement atteint toute la zone € ; ce qui permet de penser que la France ne pourra pas, comme en 2017, compter sur une croissance exogène pour tirer sa propre économie.

Du coup, le chômage va de nouveau augmenter et les comptes publics encore se dégrader.

Autrement dit, malgré ses airs volontaristes, l’optimisme affiché par E. Macron va s’engluer dans les mêmes difficultés que celles rencontrées lors des deux précédents quinquennats ; avec une marge de manoeuvre nulle ou à peu près !

Macron a beau multiplier les réformes afin de créer l’illusion d’un programme, structuré et cohérent et de persuader les esprits d’une transformation du pays, il n’y a en fait aucune véritable réforme, aucun changement important ; en tout cas rien qui puisse mériter cette appellation … E. Macron a par ailleurs touché du doigt, avec la SNCF, la capacité de résistance de certaines catégories socioprofessionnelles et ne sous-estime pas non plus celle qui pourrait émaner d’une administration tentaculaire dont l’Etat ne peut pas se passer.

Les mesures prévues pour entrer en application sont :

– La mise en place d’un bonus/malus pour les entreprises afin de limiter la précarité de l’emploi et l’usage abusif de CDD, sans voir qu’on s’attaque à la conséquence et non à la cause de la précarité à savoir qu’il est très difficile pour une entreprise de se séparer d’un salarié embauché en CDI lorsque les conditions l’exigent,

– La remise en cause des taux réduits de TVA qui « profiteraient de manière indue aux entreprises » alors que l’on sait que c’est le consommateur final, c’est à dire le français moyen, qui paie la TVA,

– La reprise de la dette de la SNCF (35 Md€), sans remettre en cause les avantages acquis ni remettre en question le mode de fonctionnement de cet établissement public qui va donc continuer royalement à accumuler déficits et dettes,

– La mise en place du Prélèvement à la source ; lequel a pour but de rendre l’impôt opaque afin qu’il soit mieux acceptable tout en étant majorable à tout instant, (ici). Il s’agit en réalité d’une « cash machine » puisque toute majoration du taux de prélèvement entraînera immédiatement une augmentation des rentrées fiscales, sans le décalage actuel d’un an.

Ces différentes mesures interviendront après :

– La taxation des signes extérieurs de richesse (yachts et voitures) qui a eu surtout pour effet de provoquer une accélération de la fuite des riches, (ici)

– L’augmentation de la CSG sur tous les revenus y compris les retraites les plus modestes avec des effets collatéraux complètement délirants ()

– Une forte augmentation de la fiscalité « écologique » sur l’énergie c’est à dire sur l’électricité, le gaz, le fuel domestique et les carburants (ici)

– une suppression de l’ISF qui s’est en fait transformé en un impôt sur la propriété immobilière,

– la mise sous tutelle de l’Etat des organismes paritaires tels que l’assurance maladie, les caisses de retraite et l’assurance chômage.

étant entendu qu’on attend avec impatience les détails de la suppression de la Taxe d’habitation ; laquelle, faute de financement et d’économies, sera nécessairement remplacée par un autre impôt ou donnera lieu à l’alourdissement d’un impôt déjà existant.

Parallèlement, on laisse perdurer un capitalisme d’Etat aux performances absolument lamentables (SNCF, Areva, EDF-RTE, AIR France, NAVAL GROUP qui vient de perdre, via sa filiale NAVA ENERGIES, 250 M€ dans des investissements douteux dans l’hydrolien …) et qui coûtent des fortunes au contribuable alors même qu’elles fonctionnent souvent en situation de monopole !

Et la phase temporaire d’amélioration de la conjoncture n’a même pas été mise à profit pour tenter de limiter l’inflation des dépenses publiques mais il est vrai que le dérapage des dépenses est considéré comme naturel pour un gouvernement dirigé par des étatistes convaincus.

Car, si la croissance a été de 2% en 2017, les recettes fiscales ont explosé de 4 %, soit deux fois plus que la croissance du PIB, et leur poids dans le PIB a augmenté de 0,7 point à 53,9 %.

Cela signifie d’une part que si le déficit public a baissé, c’est surtout parce que la pression fiscale a augmenté plus vite que le PIB alors que d’un autre côté les dépenses publiques ont encore fortement augmenté en 2017 de 2,5 % et d’autre part que si le déficit public de la France est passé sous la barre des 3 % du PIB (à 2,6 %, contre 3,4 % en 2016 et 4,1 % en 2013), la croissance a en fait été confisquée par l’Etat par le biais de l’augmentation de la pression fiscale.

Autrement  dit, on continue comme avant avec les mêmes recettes qui n’ont pas marché parce qu’on ne sait pas faire autrement et la caste au pouvoir, cette noblesse d’Etat, (ici) va tirer sur la vieille ficelle du tabassage fiscal et du crédit jusqu’à ce qu’elle casse ; et ce d’autant plus que les vieux artifices spoliateurs, tels qu’inflation et dévaluation, qui permettaient auparavant de combler les dettes, sont devenus soit impossibles à mettre en œuvre soit inopérants.

Il n’y a donc aucune remise en cause, même à terme, du poids de l’Etat, du nombre des fonctionnaires, des rigidités réglementaires et des normes qui asphyxient l’économie … juste des petits aménagements à la marge pour les quelques mesures favorables et un véritable matraquage réglementaire et fiscal pour le reste.

Car on assiste à la sempiternelle croissance des normes et des réglementations ; c’est à dire à l’édiction de nouvelles exigences, de nouveaux contrôles, de nouvelles administrations, de nouvelles charges administratives ou financières pour les entreprises ou les particuliers donc à un accroissement du poids de l’État.

Fatalement, ces excès d’impôts et de normes auront forcément des répercussions sur la croissance future dès 2018 mais, par habitude, par conformisme, par peur de déplaire au souverain, la caste au pouvoir est incapable de se déjuger et l’Etat est finalement incapable de se réformer.

La seule issue trouvée à ce jour n’a donc été que l’augmentation perpétuelle des impôts et de la pression fiscale … exercice qui, évidemment, va trouver à un moment ou à un autre ses limites ! (ici)

En fait, nous sommes coincés dans un cercle vicieux dont nos hauts fonctionnaires n’ont pas encore trouvé la solution : Quand la croissance repart, la pression fiscale augmente, ce qui signifie que les bénéfices de la croissance sont captés par l‘Etat et quand la croissance devient insuffisante, la pression fiscale continue d’augmenter parce qu’il faut continuer à financer des dépenses en augmentation constante ou alors accepter d’aggraver le déficit en empruntant ; ce qui n’est qu’une manière de différer le prélèvement fiscal !

Autrement dit, quand tout va bien on augmente les impôts et quand tout va mal on augmente encore les impôts !

Ce mécanisme s’explique par le fait, qu’en France, a été mis place un système de tiers payant qui évolue en un système de gaspillage et d’abus généralisés car chacun veut y trouver son avantage sans aucune considération pour les coûts engendrés ; ce qui explique que tous les comptes soient dans le rouge.

Entre ceux qui ne comprennent pas le fonctionnement de l’économie et pensent que tout va bien et ceux qui ont compris qu’il était plus facile de vivre au dépend des autres, le développement excessif de l’Etat providence a fait que la France est devenue une espèce de caisse commune dans laquelle tout le monde se sert royalement … jusqu’au jour où il faudra acter de la faillite pure et simple du pays !

Car, il ne faut pas se leurrer : le crédit gratuit du fait des rachats massifs de dette par la BCE cessera un jour et, ce jour là, le coût des intérêts va s’envoler entraînant la dette dans une spirale haussière qui pourrait très rapidement devenir incontrôlable sans compter que nous sommes à la merci de la guerre économique enclenchée par D. Trump, d’un évènement fortuit, d’une crise financière internationale et d’une remontée des taux d’intérêts alors que les comptes du pays vont retourner dans le rouge et tangenter à nouveau avec les 3% de déficit pour 2018.

Et, malheureusement, ce n’est pas en augmentant perpétuellement les contraintes réglementaires et la pression fiscale que les choses s’amélioreront …. On reporte juste l’échéance ultime.

Mais rassurez-vous, sauf incident de parcours imprévu et catastrophique, nous avons encore quelques années devant nous à profiter de ce système … et il nous restera toujours une loi sur les Fake news qui pourrait bien aider le pouvoir à nous faire penser correctement et ces radars qui crépitent le long des routes limitées à 80 km/h pour nous rappeler que nous sommes en liberté surveillée …

Bien cordialement à tous !

 

Φιλος – Απο την Ελλαδα (Philos de Grèce)

 

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

4 réflexions sur « Cette élite qui nous amènera jusqu’à la faillite ! »

  1. Comme les événements se ressemblent ! Chacun cherche pourtant à sa façon:

    A la veille de 1789 LOUIS XVI avait écrit un appel au secours à ses sujets dans sa Lettre de convocation des États généraux à Versailles. La voici :

    « De par le Roi,

    Notre aimé et féal. Nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour Nous aider à surmonter toutes les difficultés où Nous Nous trouvons, relativement à l’état de nos finances, et pour établir, suivant nos vœux, un ordre constant et invariable dans toutes les parties du gouvernement qui intéressent le bonheur de nos sujets et la prospérité de notre royaume. Ces grands motifs Nous ont déterminé à convoquer l’assemblée des États de toutes les provinces de notre obéissance, tant pour Nous conseiller et Nous assister dans toutes les choses qui seront mises sous ses yeux, que pour Nous faire connaître les souhaits et les doléances de nos peuples, de manière que par une mutuelle confiance et par un amour réciproque entre le souverain et ses sujets, il soit apporté le plus promptement possible un remède efficace aux maux de l’État, et que les abus de tous genres soient réformés et prévenus par de bons et solides moyens qui assurent la félicité publique[2] et qui nous rendent, à Nous particulièrement, le calme et la tranquillité dont Nous sommes privé depuis si longtemps. A ces causes, Nous vous avertissons et signifions que notre volonté est de recommencer à tenir les États libres et généraux de notre royaume, au lundi 27 avril prochain, en notre ville de Versailles, où nous entendons et désirons que se trouvent aucuns des plus notables personnages de chaque province, bailliage et sénéchaussée.

    Donnée à Versailles, le 24 janvier 1789. »

    Ces cahiers aboutiront à la fiscalité de 1790. Résumé. C’est la suppression de toutes les taxes liées à la production, à la consommation, à la circulation comme TURGOT le préconisait on le sait par son secrétaire CONDORCET. Pour les remplacer par le cinquième jusque là payé par le TIERS-ETAT et étendu à la NOBLESSE et du CLERGÉ, soit 5 % de la valeur des biens fixés au sol.

    De nos jours, MAURICE ALLAIS en 1975 a établi qu’une seule taxe de 2 % sur tous les biens fixés au sol y compris les biens du domaine public permettrait de compenser toutes les suppressions. Curieusement il a eu le NOBEL !

    Une telle lettre de demande de répertoire des doléances de tous les français pourrait bien aboutir à des recommandations semblables.

    Je dis cela, j’ai rien dit.

  2. Deux commentaires suite à cet excellent article (comme d’habitude)
    1-Macron a vécu son moment Cahuzac avec la ridicule affaire Benalla
    En effet, Macron est coincé par son engagement européen (le « je vous servirais avec amour » déclamé au Louvre le soir de son élection) et la chute de croissance qui s’annonce
    Il va donc falloir tailler dans les dépenses publiques car il sait que le mouton français peut parfois se coiffer d’un bonnet rouge si on pousse trop
    Et là, comme Cahuzac (le seul qui avait de l’envergure et de la volonté dans le gouvernement Hollande), on lui lance une vilaine affaire dans les pattes
    Le message est pas touche à notre fromage
    A mon avis, message reçu et donc hollandisation de Macron pour les quatre ans qui viennent ou une vraie guerre avec l’administration
    2-Trump a compris, à mon avis, qu’une très vilaine crise arrive, c’est pourquoi il borde les voiles en rapatriant tout ce qu’il peut aux USA quitte à déclencher la crise et surtout à couler l’Europe et la Chine et ses très vilaines dettes
    Une fois tout ce joli monde pris à la gorge, il pourra jouer les grands seigneurs
    Conclusion : Macron et nous braves français avons du souci à nous faire

    1. vos deux observations sont parfaitement justifiées
      la hollandisation de Macron est plus que probable ….
      et la France ne pèse rien face aux USA (Trump ou pas)

      bien cordialement

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