Ils sont au centre de nos vies comme la lave en fusion est au centre de notre terre. Leurs éruptions dévastent tout sur leur passage, selon un cycle immuable : tabou, délation, lynchage.
Au départ est une croyance. C’est elle qui façonne le tabou. Contrairement à ce qu’essaient de faire croire ceux qui prétendent ne pas avoir de tabou, la croyance génératrice du tabou est en chacun de nous. Elle n’est pas imposée de l’extérieur. Personne ne peut s’en libérer.
Selon un cycle immuable on retrouve toujours face au tabou : ceux qui se croient indifférents qui sont en réalité soumis, ceux qui se croient libres mais ne l’affrontent qu’en état de culpabilité et ceux qui le manipulent au détriment des autres en prétendant le gérer. Mais tout cela est faux, c’est le tabou qui commande et lui seul. Que ce soit au moment de sa création, de son expansion, de son éruption ou de son acceptation par adhésion générale, il est son seul maître.
Il est vertigineux. Il déclenche le pire, toujours dissimulé.
Personne n’est Charlie, nous sommes tous le bras armé des tabous.
Pendant que nous croyons en vaincre un, nous sommes dépendants de tous les autres qui nous sont invisibles mais actifs.
Nous vivons une époque particulièrement propice à leurs éruptions, où la délation, moteur de cette éruption, jouit d’une audience hors du commun.
Il y a donc peu de chance que nous échappions à l’explosion mortelle des tabous, à la guerre totale.
Dans le genre sexuel nous avons l’affaire de Mazon. Où, alors que la vérité reste tapie au fond de chaque protagoniste, l’accusé se flagelle sans quoi il devrait affronter un tabou de cocu, la plaignante est outrée sans quoi elle devrait affronter le tabou de la pluralité sexuelle, les participants se prétendent irresponsables sans quoi ils seraient face à une odieuse exploitation. Quant à la société, elle n’a aucune volonté d’affronter ces tabous, alors elle s’apprête à les renforcer en condamnant violemment.
Dans le genre fric, nous avons les guerres de conquêtes territoriales.
Par exemple, les Russes qui veulent effacer les Ukrainiens, qui eux effaceraient bien les Russes s’ils étaient plus nombreux qu’eux. Tout cela n’étant qu’une affaire de possession, de pouvoir et finalement de fric, habillée en patriotisme. Déjà un million de morts et une contagion probable face à des opportunités que génère le désordre créé. Pendant ce temps une usine à gaz appelée l’ONU tente d’imaginer à la situation d’autres motifs que ces tabous primaires, sans succès évidemment.
Rien n’y fait, nous fabriquons nos tabous comme nos cellules cancéreuses. Ensuite ils s’imposent à nous. Une clique de faux médecins nous fait croire que d’autres tabous, les leurs, peuvent venir à bout des nôtres.
Nous tournons en rond dans cette folle farandole, mais avec un sabre tranchant au bout de nos bras tendus.
Bien à vous. H. Dumas
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