Arrêtons ce massacre !

Arrêtons ce massacre !

Le jeune philosophe libéral Gaspard Koenig vient de lancer son mouvement politique qu’il a appelé « Simple » et qui a pour ambition d’alléger la société française de beaucoup de ses contraintes légales et administratives. On ne peut évidemment que suivre avec sympathie cet effort bien nécessaire, mais on se doit d’analyser cette tentative et de se demander si elle a une chance d’aboutir.

Un effort assez semblable a été fait lors de la révision constitutionnelle de 2008 initiée par Nicolas Sarkozy, avec l’institution de la QPC (question prioritaire de constitutionnalité). Il s’agissait d’éliminer les lois inutiles en permettant à tout justiciable de les mettre en cause devant le Conseil constitutionnel. Excellente idée, mais la réforme avait un vice caché. L’obligation de passer par le juge pour amener la loi critiquée devant le Conseil constitutionnel. Et bien entendu le juge n’a transmis au Conseil qu’un minimum de lois, pour bien marquer son territoire et son pouvoir. Du coup, la réforme n’a donné aucun résultat notable, d’autant que la Conseil constitutionnel ne comporte que des fonctionnaires, sans aucun juriste libéral, et qu’il ne compte aucune décision vraiment signifiante à son bilan.

Nous sommes donc au cœur du mal français : l’impossibilité de réduire le poids de l’Etat. Et tout laisse à penser que la tentative de M. Koenig restera lettre morte, en dépit de l’autorité de son nom, car « koenig » veut dire roi dans la langue de Goethe. Que faudrait-il donc pour que la France devienne enfin une démocratie comme les autres du monde civilisé ?

Il faudrait que les dépenses publiques, au lieu de représenter près des deux tiers du Pib, se trouvent réduites à un simple tiers. C’était d’ailleurs la doctrine du général de Gaulle. Un demi-siècle après son départ du pouvoir, les dépenses ont donc doublé et, bien entendu, les innombrables lois et règlements qui les sous-tendent ont connu la même expansion, car il y a une étroite corrélation entre les deux. La réforme Koenig n’est donc réalisable qu’avec une forte réduction des dépenses publiques.

Nous touchons là à un sujet vraiment révolutionnaire. Il s’agit tout simplement d’abattre d’innombrables institutions publiques génératrices de dépenses et de redonner au citoyen prise sur la plupart des actes de sa vie. La Sécurité sociale est le premier bastion à emporter, puisque à elle seule elle représente les deux tiers des dépenses publiques. Nous avons fait l’essentiel à cet égard, puisque notre combat a contraint la France à voter les lois de transposition des directives européennes qui suppriment le monopole de la Sécurité sociale. Les appliquer ne demande qu’un peu de respect des lois.

Pour le reste, une réforme simple pourrait obtenir le résultat recherché. Il suffit de faire adopter par référendum un texte stipulant que seules peuvent bénéficier du statut de fonctionnaire les personnes dont le métier n’est pas exercé sous le statut privé. C’est ainsi que l’école, l’hôpital, les transports, les régions etc. deviendront des espaces de liberté dont le fonctionnement s’insèrera harmonieusement dans celui du reste de la nation.

Alors quel est l’homme providentiel qui fera ces réformes ? Il faudra qu’il ressemble à Ronald Reagan, et à Margaret Thatcher si c’est une femme, c’est-à-dire à des êtres dont la vision du monde a été formée par leurs origines et par les activités qu’ils ont exercées. Mme Thatcher était fille d’épicier, et M. Reagan avait exercé d’importantes responsabilités syndicales dans le monde sans pitié de Hollywood. Si l’on considère la liste des candidats à notre élection présidentielle de 2022, on constate qu’aucun n’a eu la responsabilité d’une entreprise.
Ce sera donc un coup pour rien.

Mais ne perdons pas espoir. Le changement peut naître de l’instabilité. Celle de nos institutions n’est qu’une apparence. Derrière leurs nobles façades, tout un monde bruit. C’est le bruit de la vie. Et celle-ci n’a que faire des apparences. Les nobles maisons des Mayas étaient décorées de stuc. Pour l’obtenir, ils brûlaient les bois d’alentour. Ainsi disparurent leur environnement et leur civilisation. Nous Français, nous brûlons notre économie au feu de ce que nous osons dénommer la « solidarité ». Puisse quelqu’un arrêter ce massacre avant qu’il ne nous emporte dans la tombe.

Claude Reichman

 

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