Evidemment, lorsque sur la toile il est question de fiscalité, je vais voir. Les articles sont toujours à charge. Davantage d’intervention publique (donc plus de dépenses de l’Etat), davantage d’impôts (pour les riches exclusivement, qui ne le sont qu’au dessus des revenus de chaque intervenant). Non seulement jamais un mot pour les « torturés fiscaux », mais des commentaires qui, régulièrement, appellent à pendre haut et court les « riches », et à fusiller sans procès ceux que l’on baptise de « tricheurs fiscaux ». Une ambiance de haine qui fait froid dans le dos du fait de son aveuglement et de sa présence majoritaire. Pas d’avis contraire, peu de voix se levant pour défendre les accusés, chacun à son niveau ayant « son riche » à éradiquer. Je propose de réfléchir sans hâte et de façon ouverte au problème posé.
Le pouvoir:
Chacun peut penser posséder le pouvoir sur sa personne. En ce qui me concerne j’en doute, mais j’accepte l’idée que ce soit possible. Par contre, dès qu’il y a regroupement, société, l’entité créée délègue le pouvoir. Celui qui en est le détenteur va l’exercer, avec plus ou moins de sincérité. Mais, dans tous les cas, il est certain que l’expression de ce pouvoir va se trouver inévitablement en conflit avec les aspirations personnelles d’un certain nombre des membres du groupe. Comment faire pour que ceux-ci restent minoritaires et que leur contrariété ne finisse pas en révolte à réprimer pouvant emporter tout sur son passage?
L’exercice du pouvoir:
Il n’y a que deux façons d’exercer le pouvoir. Par la force ou par le contrat. En préalable nous devons être d’accord sur ce constat : dans un groupe, la nécessité d’un pouvoir est un fait incontournable, sans une délégation sur ce point le groupe ne peut pas exister. Ce constat touche tous les groupes et les sous-groupes pouvant les composer. En clair, l’anarchie ne peut pas exister.
Le pouvoir exercé par la force:
C’est le plus visible. C’est celui de l’Etat. Le conflit est constant entre ceux qui le possédant souhaite le renforcer et les autres qui voudraient le ramener à minima. Dans nos sociétés avancées, chacun souhaite que ce pouvoir soit le plus discret possible dans son périmètre personnel, tout en l’imaginant omniprésent et fort dans le périmètre des autres. Au fil des siècles le pouvoir de l’Etat s’est adapté à cette incroyable contrainte. Afin de satisfaire les uns et les autres il a porté à son paroxysme la « manipulation ». Je donnerai quelques exemples significatifs à l’occasion d’un prochain billet. Mon avis est que le pouvoir exercé par la force lèse inévitablement celui qui le subit. Je ne crois pas au dictateur éclairé. Je ne crois pas à l’homme providentiel. Je me méfis, comme de la peste, de celui qui pense savoir pour les autres, qu’il prend en général pour des cons.
Le pouvoir exercer par le contrat:
C’est le seul acceptable. Le contrat, s’il est établi avec sincérité, emporte acceptation du pouvoir et de ses limites pour les deux parties contractantes. Il peut aussi, plus facilement, être soumis à l’appréciation d’un tiers (justice). Il ne présente que des avantages, mais il est beaucoup plus difficile à mettre en œuvre. La force, c’est plus simple. Ici encore terrible ambigüité, chacun rêve du contrat pour lui et de la force pour les autres.
Revenons à nos moutons:
L’économie, partie prenante du pouvoir, ne s’épanouit pleinement qu’à travers une organisation contractuelle. On peut dire qu’elle étalonne la bonne santé d’une société, comme le poisson la bonne santé d’une rivière. La richesse obtenue par le contrat, et non par la force, est la résultante d’une société équilibrée et en bonne forme. Ceux qui veulent la mort des« riches » devraient réfléchir d’abord à la façon dont ils le sont devenus. Si leur cible est devenue riche par le contrat, sa disparition verra surgir les riches utilisant la force. Ce sera un recul. Peuvent-ils le comprendre? Rien n’est moins sûr, peut-être croient-ils qu’il pourrait ne pas y avoir de riches? Comment leur expliquer que cette idée est stupide, que la richesse est la résultante du pouvoir. Il n’y a pas de société sans pouvoir, il n’y a pas de pouvoir sans richesse. Il n’y a que deux moyens d’exercer le pouvoir: la force ou le contrat. On ne sort pas de là. Ceux qui aspirent à l’utilisation de la force la verront se retourner un jour contre eux. Cordialement. H. Dumas