L’honneur des fonctionnaires et l’avenir de La France étroitement mêlés.

Je lis ou j’entends, à droite et à gauche, une abondance d’explications sur la situation politique du pays. Je suppose qu’il en est de même pour vous.

Chaque spécialiste ou acteur, réel ou simplement convaincu, y va de son explication. Globalement deux accusés sont mis en avant : les Français ou leurs élus.

Aux premiers il est reproché une immaturité politique qui les ferait passer à côté de la bonne croyance qui par leur faute n’est pas majoritaire, aux seconds un gout prononcé pour le mensonge et une passion pour leurs intérêts personnels, accompagnés de différentes imperfections simplement humaines mais à eux interdites.

Tout cela restant dans la pensée pure, dans un absolu, qui considère comme base de toute organisation politique la nécessité d’une croyance et la soumission à cette croyance. Sans compter les versions « complot » surabondantes.

Ce n’est pas ce que je vis chaque jour qui passe.

Je vois des Français lucides, qui savent pardonner mais s’étonnent des contraintes matérielles qui leurs sont imposées, du coût de leur participation à un fond commun qui ne génère pas les retours qu’ils pensent être en droit d’en attendre, qui regardent avec stupéfaction les farfelus qui cherchent à les entrainer dans des croyances auxquelles, avec raison, ils ne croient plus depuis longtemps.

On leur parle de quatrième, de cinquième république, et on leur assène qu’il leur faudrait une sixième république, qui en gros aurait pour mission de les voir « bien voter » !!!

On leur parle de déficit mortel, imputable à leurs voisins, proches ou lointains.

Mais : pourquoi sont-ils ruinés ? Pourquoi sont-ils frustrés ? Pourquoi sont-ils marginalisés quand il s’agit de leur collectivité ? Pourquoi celle-ci devrait-elle être inévitablement en contradiction avec leurs intérêts personnels ? Pourquoi devraient-ils vivre un conflit politique constant, alors qu’aux conflits politiques ils ont déjà donné tant de vies ? Pas de réponse satisfaisante.

Et pourtant les choses sont simples, si semblables à l’œuf de Christophe Colomb.

Les marginaux qui suivent ce discret blog savent qu’un troisième pouvoir : « les sachants », cherche sa place, ou plutôt parait se complaire dans l’effacement actuel qui lui procure le pouvoir sans responsabilité.

Hier j’ai rencontré une « sachante », aujourd’hui je vous fais part des réflexions que j’en ai tirées.

C’est la responsable de l’urbanisme d’une agglomération connue, de moyenne importance. Je souhaitais évoquer avec elle des projets d’urbanisme incohérents parce que victimes d’intérêts divergents qui les empoisonnent.

Elle a refusé de me recevoir, me disant ceci : « M. Dumas, je suis une fonctionnaire, je suis sous la dépendance des élus qui sont les seuls dont je dois recevoir des directives et à qui je dois rendre des comptes. Je ne peux pas vous rencontrer et écouter votre version des projets en cours. »

Tout les problèmes du pays sont résumés dans cette explication. C’est le nœud du drame que nous vivons.

Car enfin, cette fonctionnaire, contrairement à ce qu’elle prétend, n’est pas au service des élus, mais bien au notre. C’est nous qui la payons et elle travaille pour notre bien. Elle n’est pas une salariée des élus, elle n’est pas au service de leurs intérêts personnels, de leur réélection.

Certes elle est peut-être nommée plus par affinité politique que pour ses compétences, mais alors ce n’est pas normal. C’est un abus de pouvoir, une corruption.

La réalité est que c’est bien elle qui a le pouvoir en tant que « sachante ». Mais, son irresponsabilité statutaire fait que sa responsabilité est reportée illégitimement sur l’élu, et c’est là tout le problème.

Toutes les structures de notre pays fonctionnent sur ce principe de base : les élus sont tenus pour responsables de millions de décisions qu’ils ne contrôlent pas ou peu, prises par des fonctionnaires irresponsables.

Comment modifier une situation si l’on demande des comptes à des personnes qui n’en sont pas responsables ? Impossible.

La seule solution pour sortir de l’impasse dans laquelle nous sommes est que les sachants — donc dans le cadre de notre collectivité les fonctionnaires — soient responsables de leurs actes et prennent conscience qu’ils sont à notre service, même si dans la pratique nos mandataires, les élus, peuvent leur transmettent nos souhaits, être une interface entre eux et nous.

Seule cette chaine de responsabilité est en mesure de nous sauver. Pas besoin de nouvelle république. Pas besoin de révolution, de nouvelles croyances.

Juste un changement de statut des sachants, la suppression des Tribunaux Administratifs dont l’unique but est de rendre les fonctionnaires irresponsables.

C’est peu de chose mais l’effet sera radical pour nous et largement bénéfique pour les sachants ou fonctionnaires qui passeront de l’ombre à la lumière et retrouveront ainsi leur honneur, actuellement en berne. Y compris pour l’école de leur élite : l’ENA.

Bien à vous. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

5 réflexions sur « L’honneur des fonctionnaires et l’avenir de La France étroitement mêlés. »

  1. 2 millions de fonctionnaires en surnombre bloquent l’économie nationale sachant qu’il s’agit de variable d’ajustement et non de postes pour petits copains ils devraient être remerciés pour leurs bons et « loyaux » se(r)vices

  2. Hello Henri
    Tu as parfaitement raison mais la dame n’a pas forcément tort !
    Paradoxal ?
    En fait non, mais comme tu le dis, c’est tout le système qui est construit de cette manière.
    La fonctionnaire agit dans un cadre hiérarchique et son supérieur est bien l’élu à qui elle doit rendre des comptes.
    Le problème c’est que dans la pratique ce n’est pas comme cela que ça se passe car l’élu en fait ne contrôle rien du tout, sauf problème grave, et de ce fait la fonctionnaire fait à peu près ce qu’elle veut et l’administré n’a aucun droit de regard direct dans ce qu’elle fait !
    On a affaire à une chaine d’irresponsabilité car a-t-on déjà vu un élu mis en cause pour une décision politique (ou une absence de décision) prise dans le cadre « normal » de son mandat ?
    Bien évidemment, jamais !
    Tant que ce système d’irresponsabilité généralisée persistera on ne pourra pas s’en sortir et le pays continuera de couler !
    En outre, cette irresponsabilité permet tous les abus et on sait où ça peut nous mener !
    A Nuremberg, tous les accusés ont plaidé non coupable car à leurs yeux ils étaient irresponsables des crimes horribles qu’ils avaient commis !

    1. Bonjour Philos,
      Je ne cherche pas à dénoncer des personnes ou une catégorie de personne.
      Je m’en suis déjà expliqué : https://temoignagefiscal.com/le-troisieme-pouvoir/
      Le problème est structurel mais simple.
      On ne peut pas dépendre de quelqu’un ignorant de nos compétences, on doit dans ce cas être responsable de ses actes.
      La compétence sectorisée des fonctionnaires ne peut pas être couverte par des élus qui n’en n’ont pas les compétences, ils doivent donc engager personnellement leur responsabilité face à nous qui les payons, pour qui ils travaillent.
      Bien sûr je sais que ce n’est pas la loi aujourd’hui.
      C’est elle qu’il faut changer, au profit de tous, citoyens et fonctionnaires et pas la république.
      Amitiés

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