Tous les cinq ans, un dimanche de printemps comme les autres, 577 hommes ou femmes sont élus députés. Dès lors, ils vont nous gouverner, avoir le pouvoir de nous imposer leurs idées, leurs vérités.
Dès le jour de leur première élection, ils acquièrent personnellement un statut incomparable avec ce qu’ils étaient la veille.
Pour la plupart, avant cette première élection, ils étaient fonctionnaires de grade moyen, voire modeste, ou professions libérales sans grande réussite. Je ne connais pas les statistiques exactes de leurs revenus avant leur élection, mais au vu de leurs patrimoines déclarés on peut supposer qu’ils bénéficiaient de salaires ou de revenus de l’ordre de 2.000 à 2.500 € mensuels. Globalement ils étaient inconnus et n’avaient aucun pouvoir.
Or, en ce dimanche béni pour eux, ils vont accéder, à la fois, à la fortune, à la notoriété et au pouvoir.
La fortune
Ils vont disposer de 22.400 € mensuels (assistant parlementaire inclus), d’un bureau et d’un couchage à Paris, de frais de déplacement, d’un secrétariat collectif et d’une cantine trois étoiles sur place, bref de tout ce qu’aucun français ne peut espérer acquérir sans avoir au préalable pris des risques et fait des efforts hors du commun. Ils font partie de l’élite des revenus de notre pays.
La notoriété
Qu’elle soit pour certains limitée à leur circonscription ou pour d’autres nationale, elle sera réelle. Ce sont eux qui auront le micro, eux qui pourront à tout moment donner leur avis sur tout, qui seront invités et fêtés à longueur de journée.
Le pouvoir
C’est le principe même de leur existence. Non seulement ils auront le pouvoir, mais tout le système tendra à le leur rappeler pour le cas où certains, exceptionnels de modestie ou anormalement timides, pourraient l’oublier. Par ailleurs, ils tiendront les cordons de la bourse publique, ce n’est pas rien.
La particularité de cette ascension vertigineuse
Elle tient au fait qu’il n’y a aucune justification objective à une telle fulgurance. La légende, véhiculée par les documents officiels, voudrait que cet accès soudain à la fortune soit la garantie de leur liberté. Personnellement, je pense que c’est l’exact contraire qui se produit, en effet : n’est libre que celui qui n’a rien à perdre. On ne peut pas dire que ce soit leur cas.
Certains hommes riches sont capables, parait-il, de perdre leur fortune pour garder leur liberté. Ils passent alors directement dans l’histoire tant leur nombre est restreint. Il est improbable que la France entière puisse en compter 577. Pour en avoir le cœur net, il faudrait décider que nos élus soient bénévoles et aient en charge personnellement tous les frais de leur mandat et voir combien il resterait de candidats.
Si encore,
Ils arrivaient à ce dimanche d’élection après un parcours d’une grande rigueur, que ce soit intellectuelle (cursus scolaire hors du commun), pragmatique (entrepreneurs autodidactes ayant magistralement réussi), humanitaire (sacrifices reconnus) ou scientifique (inventeurs respectés), le mal serait moindre.
Mais ce n’est pas du tout le cas. Il faut et il suffit, pour qu’ils soient sur les affiches et sur les bulletins de vote de ce dimanche Disneyland, qu’ils soient investis par leurs partis respectifs. Et, pour être investis, il faut qu’ils aient fait la preuve de leur soumission aux caciques du dit parti et de leur capacité à mentir aux sympathisants, à les flatter. En clair, il faut qu’ils soient lâches et menteurs, l’inverse de ce que l’on attend en général de celui à qui l’on confie la gestion de ses affaires.
Une bande de minables
C’est bien ce qui nous arrive sur le paletot ce fameux dimanche de printemps, pour eux synonyme de jour du numéro de loto gagnant, pour nous premier jour des nouvelles angoisses et humiliations à venir.
Voilà donc nos touristes qui débarquent à l’assemblée nationale. Le premier jour ils en prennent plein les yeux, ils sourient et saluent respectueusement tous les huissiers. Très rapidement ils n’en salueront plus qu’un ou deux qu’ils connaissent personnellement et toiseront les autres de toute leur hauteur acquise par hasard. Notre avenir par rapport à eux, que nous avons élus, sera le même que celui des huissiers.
Le nœud gordien
Peut-on imaginer qu’un seul de ces privilégiés d’opérette soit susceptible de suivre sa conscience, en admettant qu’il en ait une, au risque de perdre les privilèges acquis ce fameux dimanche de printemps, dès qu’il aura apprécié la puissance de ces privilèges ? La réponse est évidemment non.
Il est donc possible d’affirmer : l’assemblée nationale faite d’êtres sans conscience n’a elle-même aucune conscience.
Il est donc vain d’espérer qu’une solution à nos problèmes pourrait passer par cette organisation folle et dépravée.
C’est donc l’épée qui, comme il se doit, tranchera le nœud gordien.
Nos élus sont prêts à tout pour rester élus et conserver les privilèges et rentes de leur fonction. Et, n’allez pas imaginer que d’autres qui promettent de tout changer changeront quoique ce soit quand ils seront dans le fromage.
C’est l’intégralité du fromage qu’il faut jeter. Mais, j’en conviens, ce n’est pas facile. Et puis, quoi mettre à la place ?
Réfléchissez bien, le mieux serait rien ou alors, au pire, peu de chose. En fait, le libéralisme politique avec une organisation politique réduite au strict minimum. C’est ce que je nous souhaite.
Bien cordialement. H. Dumas
Bsr,
un proverbe chinois disait : »pour connaitre un homme, donnez lui du pouvoir et vous verrez comment il se comporte ».
@+
Comme ça fait du bien de n’être pas seul à le penser. Murray Rothbard ne disait-il pas lui aussi : »si l’état est inefficace et nuisible; s’il est inefficace il faudrait s’en passer, s’il est nuisible il faut le faire. »