Putin un coup trop loin ?

(A dessein, j’utiliserai la translittération du russe, Пу́тин, en écrivant Putin pour désigner le dirigeant russe).

L’Europe se croyait à l’abri de toute guerre depuis 1945 et avait décidé d’orienter sa politique vers une lutte radicale en matière … d’écologie. Elle découvre, brutalement, avec horreur que la fin du monde pourrait venir non pas du réchauffement climatique mais d’un missile russe et que certaines priorités ont été gravement négligées !

On constatera aussi que l’épidémie de Covid a complètement disparu après avoir occupé le pouvoir et les médias quotidiennement pendant 2 ans, et sur ce coup-là Putin mérite bien le prix Nobel de médecine pour avoir éradiqué le Covid en 48 heures !

Cela ne manquera pas d’alimenter le discours des complotistes en tous genres qui crieront à la manipulation politique d’une épidémie qui ne méritait pas tant d’attentions …

L’Ukraine, dont la superficie est de 576 450 km2 (sans la Crimée) soit donc plus que la France (550.000 km2), est un grand pays peuplé de 45 millions d’habitants qui partage ses frontières terrestres avec sept pays limitrophes : Pologne, Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Moldavie,  Russie et Biélorussie.

Autant dire que l’invasion russe concerne beaucoup de monde et inquiète non seulement les riverains mais aussi les pays baltes (Lituanie, Lettonie) et l’Estonie (qui n’est pas balte) qui ont tous subi le joug soviétique et savent de quoi il retourne ; surtout qu’ils partagent une frontière avec la Russie à l’Est mais aussi à l’Ouest avec l’enclave de Kaliningrad (ex Königsberg de Prusse orientale). Il faut aussi tenir compte de la Biélorussie qui n’est qu’un satellite de Moscou et constitue, dans le conflit qui nous intéresse, une base arrière de l’armée rouge.

L’Ouest de l’Ukraine faisait à l’origine partie de l’empire austro hongrois qui s’est écroulé en 1918 tandis que la partie Est dépendait de l’empire tsariste russe auquel s’est substitué l’empire soviétique.

L’Ukraine se trouve en fait tiraillée, depuis la chute du rideau de fer (en 1989) et la révolution orange de 2014, entre l’occident européen constitué de démocraties parlementaires riches et un empire russe sur le déclin économique même si sa puissance militaire reste de tout premier ordre.

Même si Kiev est considérée comme le berceau de la civilisation russe (elle a été fondée par les verings, c’est à dire les vikings de l’Est (principalement des suédois qui entretenaient des liens constants avec Constantinople), au IXème siècle, elle semble vouloir, au terme d’un processus assez chaotique vouloir se rattacher à l’Ouest avec une adhésion à l’Union Européenne mais aussi à l’Otan.

Et cela déplait immensément au maitre du kremlin !

En fait, nous nous trouvons face aux conséquences de l’écroulement de l’empire soviétique dont on n’a pas encore fini de mesurer les conséquences dans une affaire où se confrontent trois parties : l’Ukraine, l’Union Européenne et la Russie.

Examinons-les à tour de rôle.

L’Ukraine :

Après avoir été brièvement indépendante entre 1917 et 1920, à la suite de l’effondrement de l’empire tsariste et de l’empire austro-hongrois, elle a été incluse, sans en avoir eu le choix, à l’URSS.

La population ukrainienne a été largement la victime, non seulement de l’invasion de l’Allemagne nazie entre 1941 et 1944, mais aussi et surtout de la dictature soviétique à travers plusieurs campagnes génocidaires qui ont commencé, entre 1931 et 1933, avec la dékoulakisation (assassinat pur et simple des paysans avec un bilan s’établissant entre 2.5 et 5 millions de morts – l’incertitude des chiffres est liée à l’opacité du régime soviétique), période que les ukrainiens appellent holodomor, et qui a continué avec les purges staliniennes de 1937 à 1939 avec, là encore, plusieurs millions de morts.

Autant dire que pour l’immense majorité des ukrainiens, le pouvoir russe est craint et n’est pas du tout populaire. Cela explique notamment que nombre d’ukrainiens se soient rangés du côté des nazis lors de l’attaque de 1941 … avant de comprendre que c’était encore pire avec les allemands !

Il est difficile pour un pays qui a connu la dictature soviétique pendant 70 ans de revenir dans le camp de la démocratie mais l’histoire fait que la partie ouest de l’Ukraine, qui n’est pas de culture russe, exprime son désir de s’accrocher à l’Europe de l’ouest dont elle espère une prospérité économique qu’ils ont pu constater avec leurs voisins de l’ouest issus eux-aussi de l’ancien bloc soviétique.

En outre, on sait que la population fuit en masse les combats vers l’Ouest (on parle de plus de 650.000 réfugiés) et non vers l’Est ; ce qui prouve que le russe est bien perçu comme un agresseur et non comme un sauveur !

Ce que l’on sait peu c’est qu’en 1994, l’Ukraine a accepté d’abandonner son (gros) arsenal nucléaire, hérité de l’époque soviétique, en échange de la garantie des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la Russie quant à sa sécurité militaire et politique.

En 1996, l’Ukraine avait rendu toutes ses armes nucléaires à la Russie.

Or, la Russie a, dès 2014, violé ses engagements en envahissant la partie Est (Donbass) du territoire souverain ukrainien et justifie aujourd’hui son attaque par un génocide qui serait exercé par les Ukrainiens sur les « républiques séparatistes de Lugansk et du Donbass » qui ne sont reconnues que par elle et quelques dictateurs.

Il s’agit là d’une véritable guerre qui a fait au moins 14.000 morts en 8 ans et on sait que les séparatistes ont été armés, équipés par la Russie et qu’ils bénéficient d’une logistique en armes et en hommes (des soldats russes ont changé d’uniforme pour combattre du coté des séparatistes auxquels il faut ajouter les mercenaires du groupe Wagner).

L’Union Européenne

C’est le ventre mou de l’Europe puisque c’est une association d’états indépendants fondée essentiellement sur une base économique et monétaire (et pour cette dernière, seulement ceux membres de la zone €).

Elle a connu une expansion rapide à partir de 1990 lorsqu’elle a décidé, peut-être imprudemment, d’intégrer tous les pays de l’ancien bloc de l’Est à l’exclusion de l’Ukraine, de la Moldavie, de la Biélorussie, de la Géorgie et de l’Arménie. Il s’agissait en fait de faire sortir ces pays d’une misère économique mais aussi, ne nous leurrons pas, de les faire échapper à l’orbite russe.

C’est particulièrement le cas des petits pays baltes et de l’Estonie qui ont toujours craint le géant voisin et qui ont profité de l’effondrement de l’empire soviétique et de l’anarchie des années 90, pendant la période Eltsine, pour entrer dans l’Union Européenne et dans l’Otan.

Rassurons-nous, aucun de ces pays n’a regretté son intégration à l’Union Européenne et certains, notamment les baltes, font même figure de modèles ; c’est dire leur faculté rapide d’adaptation.

Le gros problème de l’Union Européenne c’est qu’elle n’est qu’une construction inachevée pour des raisons multiples liées notamment à des divergences de vues entre les différents membres dont le plus connu était le Royaume Uni qui n’était entré, en 1973, dans la CEE de l’époque que pour en contrôler l’évolution et surtout pour qu’elle ne s’opère pas à son détriment.

En outre, devant les difficultés économiques liées à l’émergence de plusieurs crises (2008 avec les subprimes, 2012 avec la crise de la dette des pays du club med), elle est traversée de tiraillements liés notamment au développement de mouvements souverainistes anti européens, anti €, qui exploitent l’insatisfaction générale des populations !

De ce fait, il n’y a pas d’unité politique et, par voie de conséquence, d’armée commune puisque, par définition, la force armée dépend du pouvoir politique.

Cette faiblesse est partiellement compensée par le traité de l’Otan, qui n’est qu’une organisation de défense et non d’attaque. Celui-ci a permis non seulement un commandement unifié mais aussi une standardisation des armements afin de faciliter la logistique (tous les fusils utilisent la même munition de 5.56 mm, toutes mitrailleuses tirent la même cartouche de 7.62 mm, tous les chars utilisent l’obus de 120 mm, les missiles sont interchangeables, …) mais il ne faut perdre de vue que les seules armées dignes de ce nom sont l’armée française et l’armée britannique et qu’elles sont loin d’avoir les moyens d’une résistance victorieuse contre l’armée russe.

L’armée française compte 200.000 hommes, 250 chars Leclerc, à peine 200 avions soit de quoi lutter … quinze jours !

L’Allemagne, qui possédait en 1990, et de très loin, la première armée européenne à tous points de vue, avec plus de 500.000 hommes, a considéré que la guerre froide était finie, a liquidé son armée et vendu ses milliers de panzers Leopard notamment aux turcs et aux grecs, deux ennemis héréditaires toujours au bord de l’affrontement !

Par naiveté, l’Union Européenne a oublié le vieux principe selon lequel les Etats n’ont pas d’amis et se retrouve désormais totalement nue ou presque !

Elle fait, pour l’instant, front commun et décide aujourd’hui de réagir, l‘Allemagne va se réarmer, mais, même si elle affiche une unité inédite devant la menace russe, tout cela prendra  beaucoup de temps sans que l’on puisse en outre savoir si on aboutira à un commandement (au moins militaire) unifié de nature à impressionner des voisins aussi puissants et sans scrupules.

La Russie ours redoutable ou tigre de papier ?

Rapporté à sa taille, la Russie est un nain économique (son PIB est inférieur à celui de l’Italie) mais un géant militaire. Son économie est celle d’un pays en voie de développement fondée sur l’exploitation des matières premières (pétrole, gaz, métaux divers).

Autant dire que l’Union Européenne, premier client de la Russie, a elle-même financé, par ses achats de matières premiers, la guerre engagée par le kremlin !

Elle est gouvernée par un autocrate qui dirige le pays d’une main de fer depuis plus de 20 ans et qui a placé des hommes à lui aux postes de commandes aussi bien politiques, militaires qu’économiques.

Il a, en outre, plusieurs fois fait modifier la constitution à sa convenance (en devenant le premier ministre du pantin Medvedev avant de reprendre directement les rênes) et  n’hésite pas liquider ses opposants en les faisant emprisonner (Khodorkovski PDG du géant pétrolier Ioukos liquidé par la même occasion, Navalny, avocat et opposant politique), ou assassiner à coup de pistolet, de novachok, de polonium 210 (une substance si rare qu’elle coute plusieurs dizaines de millions de dollars le mg), de dioxine (Anna Politkovskaïa journaliste, Iouri Chtchekotchikhine,  Sergueï Skripal, alexander Litvinenko, Viktor Iouchtchenko) …

On estime à plus de cinquante les personnes éliminées en utilisant, au besoin,  les services de mercenaires tchétchènes.

Dans toutes ces affaires, la constante est que les autorités refusent d’ouvrir des enquêtes criminelles et que les responsables ne sont jamais retrouvés.

On sait aussi, par des enquêtes faites par les russes eux-mêmes, que Putin est un mafieux qui a commencé sa carrière lorsqu’il est devenu l’adjoint du maire de St Petersbourg et qu’il a été chargé d’acheter à l’étranger, dans des opérations de troc, de l’alimentation en échange de matières premières. On s’est aperçu que leur livraison n’avait parfois aucune contrepartie et laissait à penser que ces matières premières étaient en fait vendues et leur prix encaissé directement sur des comptes étrangers.

Putin s’est prodigieusement enrichi et possède désormais un immense palais et un énorme yacht qui a quitté le port d’Allemagne du nord où il stationnait … juste avant l’attaque.

On notera aussi, qu’à la différence de l’époque soviétique post stalinienne où il existait des contre-pouvoirs qui ont permis à plusieurs reprises d’éviter le pire, il n’y a désormais en Russie plus aucun contre-pouvoir et personne n’a été en mesure d’arrêter Putin dans sa course à la guerre !

Enfin, il faut savoir que la caractéristique du pouvoir russe, depuis les tsars, est un sentiment obsidional constant ; c’est à dire une crainte de l’encerclement qui l’a toujours conduit à des actions militaires impérialistes pour gagner des territoires vers l’ouest (Pologne), vers le nord-ouest (pays baltes), vers le nord (Finlande), vers le sud (en 1853 contre l’empire ottoman avec la guerre de Crimée), vers le Caucase mais aussi vers l’extrême orient. La Chine, qui garde soigneusement ses distances dans ce conflit, n’a pas oublié que Vladivostok était auparavant une ville chinoise.

La situation militaire

Les dirigeants de l’Union Européenne, tout à leur lutte impitoyable contre le réchauffement climatique, n’ont pas écouté les cris d’alarme proférés sans cesse depuis plusieurs années par les pays baltes, l’Estonie et la Pologne qui se savent en première ligne et redoutent, depuis toujours, une attaque russe contre laquelle ils ne pourraient rien faire !

Ces derniers connaissent les russes pour les avoir subis pendant 45 ans et savent comment fonctionne le pouvoir russe. Ils savaient que la dérive occidentale de l’Ukraine était absolument intolérable pour le kremlin !

L’attaque russe a pris la communauté internationale au dépourvu, quoique les Etats Unis aient tiré la sonnette d’alarme, mais il faut bien comprendre qu’il s’agit d’une décision du maitre du kremlin à laquelle il ne faut pas associer la population russe qui n’a pas eu son mot à dire mais qui en subira les conséquences.

D’ailleurs, les quelques russes qui ont osé descendre dans la rue, ces derniers jours, pour protester contre la guerre ont été arrêtés.

Il n’est pas inutile de préciser que la Russie est entrée en guerre contre l’Ukraine sans déclaration de guerre notamment parce que Putin nie toute existence à l’Ukraine et que d’ailleurs, selon ses propres termes, elle n’a pas besoin du Donbass (ni de ses mines de charbon ni de ses usines sidérurgiques).

En outre, on sait que cette attaque a été préméditée de longue date ; depuis 2014 en fait … date de la révolution orange qui a abouti à l’éviction du dirigeant ukrainien pro russe Ianoukovitch !

L’attaque russe est injustifiable mais s’explique donc par le fait que l’Ukraine n’est perçue par le pouvoir russe que comme un pays qui doit demeurer un satellite de la Russie, sans légitimité et sans autre option que l’obéissance comme le fait la Biélorussie (et son dictateur Loukachenko).

L’Union Européenne, pour sa part, a péché par naïveté et ne croyait pas à une telle attaque parce qu’elle raisonne avec une logique qui lui est propre et que celle-ci est différente de la logique du pouvoir russe.

Elle estimait, en effet, que la Russie n’avait aucun intérêt à entrer en guerre … ce en quoi elle s’est lourdement trompée même si dans les faits la conquête de l’Ukraine présente finalement peu d’intérêt à l’époque des satellites et des missiles hypersoniques !

Et le pouvoir russe, sûr de sa supériorité, enfermé dans une dialectique guerrière et une glorification de la force brute, vient d’affirmer que l’offensive ne s’arrêtera que lorsque tous les objectifs auront été atteints et que les exigences du kremlin auront été satisfaites et acceptées par l’Ukraine (neutralité de l’Ukraine, son désarmement, son renoncement à entrer dans l’Otan et la reconnaissance par l’Ukraine de la Crimée comme entité russe).

On comprend dès lors que l’offre russe de négociation n’est en fait qu’une offre de capitulation pure et simple de l’Ukraine ; ce qui ne semble pas être un sentiment partagé ni par le gouvernement ukrainien ni même par la population qui a décidé de résister !

Alors on peut se poser la question : l’Ukraine peut-elle résister ?

On voit clairement sur les cartes que l’armée russe a engagé deux attaques l’une par le nord l’autre par le sud avec le but de couper l’Ukraine en deux !

Alors que l’armée russe peut aligner des milliers de chars et des centaines d’avions qui font défaut aux Ukrainiens, il est évident que ces derniers ne peuvent pas se lancer dans une bataille frontale de haute intensité de type deuxième guerre mondiale ; surtout que l’Ukraine est constituée de plaines immenses qui permettent de contrôler les agissements de l’ennemi à longue distance et d’effectuer des frappes contre lesquelles, si vous n’avez pas la supériorité, il n’y a pas de protection.

Autrement dit, la bataille en open field est exclue pour l’Ukraine, c’est le massacre assuré car, même si elle est bien mieux équipée qu’en 2014 et que certains pays (Lituanie notamment) se sont dépêchés de leur livrer des missiles anti aériens et anti chars, elle est en état d’infériorité manifeste et le kremlin, qui le sait, en profite.

On imagine aisément que le kremlin et le haut état-major russe ont étudié toutes les possibilités mais, et l’homme est ainsi fait, il n’est pas exclu qu’ils soient tombés dans le piège de biais de raisonnements qui ont abouti à fausser leur appréciation de la réalité de la situation et les difficultés à venir.

Le kremlin semble d’abord avoir été extrêmement surpris par la rapidité de la réaction européenne et par les mesures de sanctions économiques qui ont été prises (blocage des banques, des transferts bancaires, des avoirs russes à l’étranger, fermeture de l’espace aérien, suppression des visas …).

On peut aussi imaginer que le kremlin et l’état major russe s’attendaient, comme lors de l’invasion de la Crimée, à un effondrement ukrainien alors que la constante est qu’il ne faut jamais sous-estimer son adversaire !

Par ailleurs, on peut se demander si Putin est prêt à assumer des milliers voire des dizaines de milliers de morts auprès de son opinion publique … même  muselée ?

Il doit donc pratiquer la Blitzkrieg parce qu’il lui faut absolument éviter de s’enliser dans un conflit de longue durée qui sera forcément couteux non seulement économiquement mais aussi en vies humaines ; ce qui rendra le pouvoir impopulaire et risquera de provoquer le mécontentement de la population puis éventuellement une contestation voire une révolte et peut-être même sa chute !

Or, les tchétchènes et les afghans ont démontré que dans un conflit de cette nature, les russes, avec leur immense armée, n’avaient pas forcément l’avantage.

Par ailleurs, même si le maitre du kremlin a dépensé sans compter pour redresser une armée rouge au bord de l’effondrement en 1991, il n’est pas sûr qu’elle soit aussi opérationnelle qu’attendu.

Pour donner une idée de la chose, il faut savoir que le budget militaire russe annuel est évalué à 68 Md$ ; très loin des 500 Md$ du budget américain. Forcément, à ce prix là, on ne peut pas faire de miracles …

De plus, les occidentaux ont livré et vont livrer des missiles anti chars et anti aériens qui peuvent être extrêmement destructeurs surtout si les ukrainiens ont l’intelligence d’amener les troupes russes à les affronter en milieu urbain où la supériorité technologique mais surtout du nombre, qui joue à plein dans le cadre de batailles à longue distance, disparaît au profit d’un champ de bataille réduit à des affrontements fragmentés à courte distance comme l’ont démontré Stalingrad et Grozny (les tchétchènes avaient littéralement massacré les colonnes de blindés russes entrées imprudemment dans Grozny, à tel point que les tankistes russes ne voulaient plus y pénétrer) !

Putin ne s’en est pas forcément rendu compte mais il joue très gros sur un coup qu’il ne doit pas perdre car cela pourrait lui couter cher !

Il s’est placé, de lui-même, dans une situation très délicate ; il est, d’une certaine manière, condamné à ne pas échouer … et joue dans cette partie son avenir !

Si l’Ukraine résiste trop longtemps, on connait d’ores et déjà la réaction russe : ce sera d’écraser les grandes villes et leurs habitants sous les obus et les bombes. Putin rasera Kiev et Kharkov, massacrant sans scrupule les populations civiles, pour faire céder leurs défenseurs en oubliant que, même dans un paysage totalement ruiné, la résistance reste possible (Stalingrad l’a démontré).

C’est ce qu’il a fait à Grozny, lors de la deuxième guerre de Tchétchénie, alors qu’il promettait d’aller débusquer les ennemis d’alors, surnommés terroristes, « jusque dans les chiottes » !

On notera que le langage putinien a peu varié puisque, désormais, les opposants Ukrainiens ne sont, ni plus ni moins à ses yeux, que des nazis en oubliant un peu rapidement que Zelensky, le président ukrainien, est d’origine juive. En utilisant cette rhétorique, il pense sans doute réveiller au cœur de l’âme russe le réflexe de la lutte de la « grande guerre patriotique » contre l’Allemagne nazie !

On ne peut pas, à l’heure actuelle, mesurer l’efficacité des sanctions économiques engagées par l’Union Européenne mais il va probablement s’engager une course contre la montre entre l’effondrement économique de la Russie privée de ressources et l’effondrement militaire de l’Ukraine et le possible enlisement de l’armée rouge si l’Ukraine parvient à résister !

Le problème deviendra alors une affaire d’ego et il est certain que Putin ne supportera pas de perdre la face ; ce qui risque de l’entrainer à user de moyens militaires complètement disproportionnés !

On peut s’attendre aussi à des mesures de rétorsions économiques dont on devine les contours puisque ce serait la fermeture du robinet du gaz (qui alimente l’Europe pour au moins 50%) et du pétrole (qui représente au moins 25% de la consommation) ; sans que l’Union Européenne puisse compenser ces pertes de quelque manière que ce soit.

A la clé, nous risquons donc d’être confrontés à des pénuries qui pourraient s’avérer très handicapantes non seulement pour les particuliers  mais aussi en ce qui concerne la production d’électricité ; ce qui impacterait alors toute l’économie !

Ce sera alors le moment de se rendre compte que les européens, et au premier chef l’Allemagne, ont agi avec beaucoup de naïveté et de légèreté en faisant d’abord confiance au pouvoir russe, en se livrant à sa merci sur le plan énergétique, mais aussi en se lançant à corps perdu dans une transition énergétique basée sur les énergies dites renouvelables qui s’avèrera en fin de compte catastrophique !

Pour l’instant, nous ne pouvons que constater que les gesticulations actuelles des dirigeants européens ne sont pas de nature à impressionner Vladimir le terrible … même s’il semble qu’il ait manifestement sous-estimé les conséquences de son acte.

On le voit, les imbrications politiques, militaires et économiques sont nombreuses et très complexes et nécessitent de très longs développements sur lesquels nous reviendrons !

Bien cordialement à tous !

 

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

2 réflexions sur « Putin un coup trop loin ? »

  1. Mon sentiment sur la crise ukrainienne, mais cela ne suffit probablement à se faire une idée de la situation réelle, pour la comprendre. Et là, ce candidat malheureux aux dernières élections, fait une démonstration magistrale (qui m’a étonné) très documentée et largement enrichie de faits géopolitiques qui ne souffrent AUCUNE CONTESTATION de la réalité politique telle qu’elle s’est présentée à Poutine .
    Je trouve cette attaque DETESTABLE et CONDAMNABLE, mais elle est tellement corroborée par des faits politiques et économiques qui sans la justifier peut permettre de mieux comprendre pourquoi la Russie en est arrivée là et pourquoi son président parle de néonazis qu’il lui faut combattre!
    Une info que l’on m’a adressée, c’est long (presque une heure)mais tellement riche et clair qu’il ne faut pas passer à côté!!
    Cliquez pour écouter= https://www.youtube.com/watch?v=W-d7AxEBc30

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