100 pour cent d’élus schizophrènes. Pourquoi ?

Je vais prendre deux exemples pour développer mon explication et étayer ma démonstration.

L’un s’appelle Jean Louis Frot. Il était opticien quand, soudainement, un Dimanche de printemps, il est devenu le maire de Rochefort sur mer, en Charente-Maritime. Ses clients et amis en furent ravis. Il en avait beaucoup, suffisamment pour être élu. Je l’ai connu, je crois qu’il était sincère.

Tout naturellement, une fois élu, il s’est intéressé aux problèmes de sa ville. Tout aussi naturellement, ces problèmes lui ont été présentés par des techniciens qui, petit à petit, l’ont persuadé qu’ils portaient à sa connaissance des informations accessibles uniquement aux initiés, dont il faisait maintenant partie.

Il avait une nature assez faible, il a cru à cette baliverne.

Des chiffres, des graphiques et des tableaux comparatifs ont alors envahi son cerveau, se faisant passer pour la vraie vie.

A partir de là, la schizophrénie l’a hanté.

Il tenait trois discours : un, légèrement condescendant, un brin paternaliste, évidemment mensonger, avec la population, l’autre, tonique et volontariste, avec les techniciens et ses amis initiés, un troisième, de haine et d’exclusion envers ceux qui, percevant le ridicule et le danger de la situation, se moquaient de son attitude ou essayaient de la contenir.

Le résultat fut une suite d’erreurs de jugement, de lourdes fautes économiques, qui, en quarante ans, ont entrainé la ruine de cette petite ville.

L’autre s’appelle Maxime Bono, il était inspecteur des impôts, élu sur la liste de Michel Crépeau à La Rochelle, il hérita de sa place au décès subit de ce dernier en pleine séance à l’Assemblée Nationale.

Lui aussi, d’une nature faible, devint l’otage de techniciens qui, faisant mine de l’initier, l’ont coupé de la population pour l’embarquer dans des projets soi-disant initiatiques.

Là encore, la vanité de se voir confier des informations qu’il croyait inaccessibles au commun des mortels le rendit otage des techniciens.

De la même façon que pour le premier exemple, il fut hanté par la schizophrénie et se composa les trois discours classiques répondant chacun à sa composante opportune de paternalisme, d’apparence de volonté, de haine.

Même résultat que précédemment, la ville souffre, elle se paralyse et glisse doucement vers l’échec à la suite d’erreurs de jugement liées à la contrainte psychologique que je viens de décrire.

La source du problème

Pour ceux qui ont l’occasion d’observer ce phénomène, qui touche la quasi-totalité des élus, il n’est pas douteux que les élus, souvent sincères au départ, se font happer par des techniciens planificateurs qui confondent la vraie vie, dans sa dimension instable et mystérieuse, avec la photographie de la vie à un instant précis, composée à l’aide de statistiques, qui plus est  plus ou moins précises.

Ce tableau ne touche pas évidemment ceux qui sont dès le départ des techniciens coupés de la population, issus de l’ENA ou autre fabrique du même tonneau.

En clair

Deux façons de voir et de vivre la société s’affrontent :

– celle de ceux qui sont la société : la population,

– celle de ceux qui l’observent : les techniciens ou technocrates.

Les élus classiques sont pris entre les deux. Sauf à avoir une personnalité hors du commun qui s’impose à tous, ce qui est très rare, d’autant que lorsque c’est le cas il n’y a aucune raison objective d’aller se faire élire un Dimanche ordinaire, l’élu va rejoindre l’un des deux camps.

S’il rejoint le camp de la population, il est traité de populiste, s’il rejoint le camp des techniciens, il est traité de politicard-technocrate.

Le voilà donc qui se sent obliger d’aller sans cesse de l’un à l’autre des deux camps, du bar du commerce au bureau du préfet, développant ainsi une schizophrénie effrénée.

A l’époque où seuls quelques initiés, dont j’étais, percevaient leurs tourments psychologiques, ils suffisaient aux politiques d’exclure ces observateurs dérangeants et souvent moqueurs.

Mais aujourd’hui, internet voit tout, les internautes savent tout. Beaucoup d’entre eux n’ont pas encore l’expérience suffisante pour comprendre les motifs de la schizophrénie de nos élus, mais tous la constatent, la voient à longueur de journée sur leurs écrans.

Dans ces conditions

Nous sommes effectivement face à 100% d’élus schizophrènes. Mais, ils ont objectivement des circonstances atténuantes et ceux qui les dénoncent auraient probablement, dans la même situation, de grandes difficultés à échapper à cette réaction.

Cependant, il serait bien imprudent de laisser la maladie occuper ainsi le terrain. Le risque d’un dégoût de la politique est réel, aussi bien pour les élus que pour les populations. Or, ne l’ignorons pas, sans politique, pas de société.

Que faire ?

Je n’ai pas de solution. Pouvons-nous espérer la sagesse ? Imaginer que d’un côté les technocrates comprennent que la vie n’est pas ce qu’ils observent dans leurs statistiques, que de l’autre la population cesse de rêver d’une société uniquement occupée à satisfaire des désirs personnels ?

Les uns voient la réalité déformée par leurs statistiques, les autres par leur égoïsme, aucun ne la voit telle qu’elle est.

Internet, cet écran exhibitionniste, va-t-il leur permettre de comprendre qu’ils doivent s’entendre, que si chacun essaie de prendre en otage les responsables politiques, l’Assemblée Nationale ne pourra qu’être définitivement composée de schizophrènes.

La transparence va peut-être leur permettre de se voir, puis de s’accepter, et enfin de vivre ensemble dans la vraie vie.

Bien cordialement. H. Dumas

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A propos Henri Dumas

Je suis né le 2 Août 1944. Autant dire que je ne suis pas un gamin, je ne suis porteur d'aucun conseil, d'aucune directive, votre vie vous appartient je ne me risquerai pas à en franchir le seuil. Par contre, à ceux qui pensent que l'expérience des ainés, donc leur vision de la vie et de son déroulement, peut être un apport, je garantis que ce qu'ils peuvent lire de ma plume est sincère, désintéressé, et porté par une expérience multiple à tous les niveaux de notre société. Amicalement à vous. H. Dumas

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