Sans doute, comme 98% de la population, vous respectez la loi, non par idéal, mais en raison de la peur du gendarme. C’est à dire que vous obéissez à des règles qui ont été fixées par d’autres, que vous soyiez d’accord ou pas !
Exemple le 80 km/h …
La question n’est évidemment pas innocente car elle pose le problème du rapport à l’autorité et de la légitimité de toute autorité sur une population.
L’obéissance intervient face aux ordres donnés par une figure disposant d’une certaine autorité. Cette obéissance concerne les lois, les normes sociales, la morale, le gouvernement, les églises et la religion, certaines organisations non gouvernementales, un parent ou un conjoint, ou encore un supérieur hiérarchique sur le lieu de travail.
Des expériences sur la soumission à l’autorité ont été réalisées afin de déterminer le degré d’acceptabilité des ordres reçus et la capacité d’une population donnée de s’y soumettre ou de les refuser ; et notamment l’expérience de Milgram (on donne l’ordre à un cobaye de torturer une personne à l’électricité), celle de Stanford (on partage un groupe entre gardiens et prisonniers avec des effets dévastateurs).
On s’est aperçu ainsi que la soumission à l’autorité peut aller jusqu’à l’exploitation ou l’oppression d’une partie de la population par une autre ! Ainsi les fonctionnaires nazis qui ont participé au génocide juif ont eu pour argument principal de défense qu’ils n’ont fait qu’obéir aux ordres (ainsi Adolf Eichmann, jugé et pendu à Jérusalem, dont on a pu dire qu’il n’était qu’un bureaucrate du crime).
Mais ce schéma intellectuel peut s’appliquer aussi à l’armée, à la police ou même aux fonctionnaires des impôts ; surtout lorsque le pouvoir est exercé sans contrôle et nous allons voir que l’action de l’Etat se répartit entre deux modes d’action : le dirigisme répressif et la soumission volontaire.
La France : un Etat dirigiste à tendance autoritaire
En France, nous avons une autorité principale qui domine toutes les autres : l’Etat avec, à sa tête un président de la république qui dispose de tous les pouvoirs du fait des dispositions de la constitution de la Vème république et qui se comporte à peu près comme un autocrate, sans contrôle !
L’Etat s’appuie sur un ensemble de textes législatifs et réglementaires pour donner une légitimité à son autorité et en outre sur une armée de fonctionnaires dont une partie constitue l’élite de l’élite ; il s’agit bien entendu de cette caste des (hauts) fonctionnaires qui estime qu’elle dispose du droit légitime de commander et de diriger le reste de la population qu’elle considère comme globalement inapte à comprendre les problèmes de nos sociétés si complexes !
Nous avons aussi quelques affirmations bien pratiques pour justifier l’autorité de l’Etat : l’intérêt supérieur de la nation, l’intérêt public, la raison d’Etat, l’utilité publique qui ne sont en fait que des accommodements bien pratiques avec la propriété privée et la liberté individuelle quand ce n’est pas carrément la justification des agissements illégaux des dirigeants au pouvoir !
Il faut dire que la France présente la caractéristique d’un système étatique qui donne la prééminence à l’Etat sur l’individu (à la grande différence des pays anglo-saxons). Et, dans ce schéma, on attend de vous la soumission à l’autorité de l’Etat !
En fait, l’Etat apparaît comme une organisation qui tente de canaliser vos choix dans le sens de ce qu’il veut et qui vous retire, sans que vous vous en rendiez compte, votre libre arbitre et la liberté de choix. Et, de fait, sans même que l’on en ait conscience, de nombreuses décisions échappent à notre contrôle et nous sont tout simplement imposées ; telles que :
Accepter de payer vos impôts sans rechigner ni frauder quelque soit leur montant, sans aucun contrôle ; les rapports de la cour des comptes ne servant à rien et les abus dans l’usage des deniers publics étant continuels et jamais sanctionnés,
Croire et d’accepter la transition énergétique décidée par le gouvernement sans aucune nécessité et jeter votre voiture en bon état ainsi que le fait qu’on vous interdise l’accès au centre de certaines villes au nom de la sauvegarde de la planète,
Accepter que l’Etat et ses fonctionnaires connaisse tout de votre patrimoine, de vos comptes bancaires et qu’il vous espionne par le biais de vos boites email au mépris de la règle du secret des correspondances mais au nom d’une lutte contre le terrorisme qui a tout d’une lutte contre les tentatives d’échapper au contrôle étatique et à la pression fiscale,
Accepter le système de retraite par répartition étatisé parce que le système par capitalisation est interdit en France (sauf curieusement pour les fonctionnaires),
Accepter le régime de sécurité sociale étatisé qui ne vous permet pas de faire une comparaison entre les coûts et les prestations de concurrents car l’Etat déteste la concurrence qui lui ferait perdre sa position dominante,
En fait, cette « autorité supérieure » ne veut pas de citoyens responsables, elle veut des citoyens obéissants et soumis qui acceptent les choix qui ont été faits pour eux par une élite éclairée … il n’est donc pas question d’invoquer les droits du citoyen et autres fadaises du type RIC !
Bien souvent, la coercition est bien réelle mais elle est masquée pour devenir acceptable ; c’est à dire qu’on vous y oblige tout en vous faisant croire que vous avez encore un choix : Ainsi le Prélèvement à la source en vous rassurant que vous aurez de toute façon la possibilité de le moduler … ce qui s’est avéré faux. Vous pouvez toujours continuer à payer vos impôts par chèque mais vous devrez vous acquitter de 25€ d’amende fiscale !
Par ailleurs, vous pouvez croire à la justice de votre pays mais l’Etat n’est pas un justiciable ordinaire car il ne relève pas de la justice commune mais du droit administratif et des tribunaux administratifs ; c’est à dire que le contentieux avec les citoyens et/ou contribuables est examiné par des juges qui sont les employés de l’Etat. Cela est évidemment bien loin de présenter les garanties nécessaires à l’exercice d’une justice équitable … mais le but est de faire croire à une justice alors que la fonction des tribunaux administratifs est essentiellement de protéger les intérêts de l’Etat !
En outre, l’Etat a su se donner les moyens de la contrainte : c’est le cas du droit fiscal qui regroupe essentiellement les moyens juridiques alloués à l’Etat pour vous spolier ; c’est à dire que cette branche du droit est pratiquement exclusivement en faveur de l’Etat ! Ceci est allié au fait que l’Etat dispose de la puissance exorbitante du droit commun ; laquelle lui permet de faire exécuter par lui-même ses propres décisions sans avoir besoin de recourir à la justice et vous avez en main tous les éléments de l’oppression !
On a aussi vu que la police en France constitue un évident moyen d’oppression du pouvoir et les violences policières sont en fait une tradition républicaine. Il n’est qu’à voir l’utilisation abusive et délibérée de LBD sur les gilets jaunes (la vingtaine d’éborgnés sont là pour en témoigner) qui ne doit rien au hasard ou aux circonstances mais tout à l’intention de mater une rébellion. Ou encore lors de la ténébreuse affaire Steve où l’on découvre que la police charge sans raison et ensuite refuse d’aider les jeunes tombés à l’eau (avec un beau délit de non assistance à personne en danger – reste à savoir si le Parquet fera son travail ?).
On sait que les gilets jaunes ont fait vaciller le pouvoir macroniste mais les violences policières évidentes sont là pour rappeler que l’Etat n’aime pas la contestation qu’il assimile à l’anarchie. Il craint la populace, il n’aime pas que la rue lui impose ses décisions et la réaction d’E Macron aux gilets jaunes a été tout à fait symptomatique : il a refusé tout dialogue avant de finalement lâcher du lest pour calmer la rue tout en se plaçant dans la position du sauveur au dessus de la mêlée.
Cela ne l’a pas empêché de se réfugier dans le déni affirmant que la patrie ( ?!) des droits de l’homme ne pouvait pas être suspectée de violences policières.
En dépit d’une évidente falsification de l’Histoire, on se rappellera quand même la répression sanglante de la commune de Paris en 1871 ou lorsque la gendarmerie tire sur une manifestation de carriers à Davreil en 1908, de mineurs à Fourmies en 1891 ou encore avec la rafle du Vel d’Hiv en 1942 ou enfin la milice de joseph Darnand en 1944 …).
Il ne faut jamais oublier que ce sont ces fameux droits sur lesquels Danton puis Robespierre et leurs acolytes se sont assis dès 1793 avec le comité de salut public, la Terreur, la terrible « loi des suspects » et enfin le génocide vendéen avec ses colonnes infernales (150.000 morts minimum).
Certes, nous avons dépassé le stade de la chambre des « aveux spontanés » qui existait dans certains commissariats mais la France reste le premier exportateur mondial de la morale qu’elle veut imposer aux autres tout en ne la respectant pas elle-même. Je me souviens des difficultés rencontrées lorsqu’il s’est agi de permettre, dans les années 1990, l’intervention de l’avocat pendant la garde à vue que la France a été l’une des dernières à appliquer en Europe ; et encore à des conditions tellement restrictives qu’elles en retiraient toute la portée !
La tentation de la soumission volontaire
On se rappelle cette déclaration du général De Gaulle « les français sont des veaux » sans qu’on sache s’il s’agissait d’un souhait ou d’un constat …
Or, en sus de la contrainte exercée par l’Etat, il existe toujours chez l’individu la tentation de laisser quelqu’un décider pour lui ; ce que l’on désigne par « la soumission volontaire ». C’est à dire que l’individu se soumet volontairement à l’autorité en échange de certains avantages ; en général des allocations sociales.
Ce concept a été développé au 16°siècle de manière tout à fait remarquable par Etienne de la Boétie alors âgé de 16 à 18 ans dans un essai intitulé « discours de la servitude volontaire » qui a établi que le fondement de cette servitude est la cupidité et le désir d’honneurs !
Or, l’Etat providence, qui se mêle de tout, constitue le terreau idéal pour opérer le contrôle de la population qu’il rend dépendante en se plaçant dans la posture du protecteur et du sauveur tout en fondant son action sur la crainte, la résignation, la conviction et la persuasion, sans oublier la manipulation de la population par le biais de l’information.
L’Etat alterne promesses et menaces, comme vous le feriez pour des enfants, et exploite cette servitude volontaire ; ce qui n’est rien moins qu’un moyen clientéliste de sa part d’obtenir la soumission de la population.
Le problème est que conférer le choix à autrui, s’il présente l’avantage de ne pas avoir à décider soi-même, présente quelques inconvénients : On aboutit à une forme d’infantilisation de la population qui ne fait plus aucun choix, s’en remet à une administration et n’assume plus jamais la responsabilité de ses actes … tout en étant généralement insatisfaite !
Car cette relation de dépendance permet à cette population de rejeter sa propre responsabilité dans tout ce qui lui arrive. Ne prenant aucune décision, elle n’a pas besoin de se remettre en question et en appelle toujours à l’Etat et à l’autorité de l’Etat pour résoudre ses problèmes ; et à la fin, tout ce qui arrive est toujours de la faute de ce dernier !
L’attitude du sauveur que l’on peut assimiler à du paternalisme politique est à la fois subtile et perverse. Elle permet de glorifier l’Etat et ses fonctionnaires aux yeux des autres ; en se présentant comme altruiste tout en maintenant la population en situation de dépendance.
En fait, il faut savoir que les règles contraignantes qu’on vous impose ne sont pas toujours légitimes car les dirigeants exploitent sans vergogne la capacité de l’humain à s’adapter notamment aux contraintes de toutes sortes. Pour votre sécurité, on réduit vos libertés et on attente à vos droits ! On procède à une augmentation lente de la pression pour ne pas choquer par des mesures brutales et les faire accepter en douceur.
Seulement, à la fin, vous avez oublié ce qu’est la liberté !
Bien sur, on vous fera des promesses de protéger vos intérêts et votre liberté mais on sait ce que valent les promesses en politique ; elles n’engagent que ceux à qui elles sont faites !
Néanmoins, aucun pouvoir, même quand il s’impose d’abord par la force, ne peut dominer et exploiter durablement une société sans la collaboration, active ou résignée, d’une partie notable de ses membres.
En conclusion
Il ne faut jamais donner les pleins pouvoirs à une autorité quelle qu’elle soit. En juillet 1940 les députés et sénateurs français, pris de panique (exception faite de 80 lucides) ou de lacheté, ont voté les pleins pouvoirs au profit de Pétain, alors qu’ils n’en n’avaient pas le droit constitutionnel ; on a vu où cela nous a menés !
La Déclaration des Droits de l’Homme proclame que la liberté est un bien précieux qui s’acquiert à la naissance. Seulement, elle doit se préserver par un combat quotidien contre la tendance systématique de l’Etat d’augmenter son contrôle sur les individus.
Car, l’image de l’Etat défenseur et protecteur des faibles n’est qu’une illusion !
L’Etat n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts et il pratique depuis toujours la menace, la peur, la violence, le meurtre, l’emprisonnement et le vol. Il n’a aucun scrupule et ne comprend qu’un seul langage, celui de la force, et il n’admet qu’une seule loi, celle du plus fort.
Finalement, à bien y regarder, l’État n’est qu’une organisation criminelle disposant du monopole de la force et de la violence, dite légitime, en s’appuyant sur un ensemble de textes qui sont présumés être acceptés et respectés par l’ensemble de la population ; même s’ils ont été décidés contre l’intérêt de celle-ci !
La tentation de l’autoritarisme et de la dictature sont inhérents à l’exercice du pouvoir et il appartient à chaque individu de ne pas accepter ce qu’il ne veut pas.
N’oublions pas que la démocratie telle qu’elle nous vient de l’Athènes de Périclès ce n’est pas tous les pouvoirs à l’Etat et à ses édiles, c’est le contrôle des élus par les citoyens pour éviter les abus car, si le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument !
Pour vous faire une idée d’un monde corrompu avec une population soumise qui accepte le règne de l’arbitraire vous pouvez lire l’excellent livre « j’ai couru vers le Nil » de Alaa El Aswany éditions Actes Sud (l’action se passe en Egypte en 2011 pendant la révolution de la place Tahrir).
Bien cordialement à tous
Απο την Ελλαδα (de la Grèce – Milos)
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« Quels sont les pires mots que l’on puisse entendre dans une même phrase : Je suis du gouvernement et je viens vous aider. » Ronald Regan.
Texte remarquable et d’une évidence totale.
Reste à savoir quand et comment une part suffisante de ce peuple ramolli va vraiment se rebeller contre cette organisation criminelle étatique.
Facile : le jour où le système va se bloquer sous les dettes
Les français sont prêts à aliéner leurs libertés contre de l’argent mais s’il n’y a plus d’argent …
ministre du latin minister : serviteur
Bonjour Dominique,
C’est parfait, juste pour moi une précision : l’Etat n’existe pas.
Il existe simplement des gens qui prétendent le représenter.
Parfois utilement, parfois abusivement cela dépend de la nécessité pour un groupe humain de se rattacher à cette allégorie en fonction des situations le nécessitant.
Des gens qui prétendent « représenter l’Etat »… en oubliant que selon la Constitution, ils ne sont que NOS représentants, nos employés! Nos valets quoi. Le mot « représentant » a une définition qu’il est nécessaire de rappeler.
Félicitations pour votre procès contre la terreur fiscale comme outil politique de domination. Il faut que les citoyens comprennent que selon la Constitution, l’esclavagisme actuel est impossible à « légaliser ». Et les morts qui en résultent sont des crimes à la charge des individus que vous attaquez.
le terme ministre signifie « serviteur ».
excellent as usual !