Quelle pertinence pour la voiture électrique

Le gouvernement a décidé, une nouvelle fois, de durcir fortement le malus fiscal pour les voitures fonctionnant avec des moteurs thermiques …au nom de la préservation de la planète alors que d’une part la preuve du fameux réchauffement climatique (on utilise maintenant les termes de « dérèglement » ou « d’urgence » histoire d’en augmenter le caractère anxiogène et de faire passer les évènements météo, tels que les cyclones, pour des conséquences de l’usage de la voiture) n’est même pas rapportée et d’autre part la voiture n’est pas, et de loin, le seul émetteur de Co2 qui n’est pas, il faut le rappeler, un polluant !

J’ai ainsi relevé que, pour certains véhicules, le montant des taxes, entre la TVA et le malus « écologique », s’élèvera à 47% du prix. On a donc largement enfoncé le plafond de 33.33% de TVA qui s’appliquait jusqu’en 1982 sur les automobiles, classifiées alors comme objet de luxe. Même des modèles bon marché, tels que Dacia, seront fortement impactés !

Il ne faut pas avoir peur de parler de fiscalité abusive ; et, dans ce calcul, n’entrent pas en ligne de compte les taxes sur les certificats d’immatriculation (Carte grise) et sur l’assurance (obligatoire).

Et, le pire est encore à venir puisque Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, souhaite déplafonner le malus en 2021 et alourdir la pénalité de 12 500 € prévus en 2020 pour les véhicules les plus polluants (en fait émetteurs de Co2 qui n’est pas un polluant).

A la complexité fiscale liée à la cohabitation de deux barèmes de malus l’un jusqu’au 1er mars 2020 et l’autre à compter du 1er mars 2020, s’ajoute donc une surenchère dans la fiscalité qui semble avoir échappé aux gilets jaunes !

On peut donc se poser la question de la pertinence de l’achat d’une voiture électrique (tout électrique – pas hybride) qui permet de bénéficier d’un bonus de 6.000 € ; d’autant plus que les véhicules à moteur diesel ou certains véhicules à essence sont désormais interdits d’accès dans plusieurs grandes villes. En fait, on vous incite très fortement à vous tourner vers ce type de motorisation dont la gamme de prix s’échelonne de 30.000€ à 100.000€.

Quelle pertinence technique :

Le gros problème de la voiture électrique est … l’électricité ! L’électricité permet de faire fonctionner un moteur dans des conditions de rendement très satisfaisantes mais elle ne se stocke pas ou mal.

Les progrès technologiques réalisés sur les batteries et l’utilisation du lithium (qui est un métal dangereux car très inflammable) ont permis d’améliorer l’autonomie des véhicules ; encore que l’essentiel des progrès ait lieu surtout grâce à … l’accroissement de la taille des batteries qui peuvent dépasser les 500 kg.

Une petite Renault Zoé pesant 1.500 kg à vide, nécessairement, vous déplacez un poids mort considérable qui oblige à revoir les organes de chaque véhicule afin de les adapter à cette masse ; avec un coût induit …

L’autonomie semble plafonner aux alentours de 400 km et encore en circulant à 80 km/h, de jour, et pas par temps froid car un récent essai sur un Paris-Bruxelles par l’autoroute à 130 km/h a permis de constater qu’hormis une Nissan et une Tesla, tous les autres véhicules devaient s’arrêter une ou deux fois. Il faut absolument lire l’article paru dans Caradisiac qui décrit par le menu les angoisses du conducteur ; notamment avec la Renault Zoé qui n’a évité la panne que d’extrême justesse.

Alors, certes la Tesla l’a fait sans problème, mais on se heurte alors à l’écueil du prix d’achat. 60.000 € pour la « petite model 3 ».

Le progrès technologique déterminant annoncé régulièrement n’est donc, semble-t-il, pas pour aujourd’hui ni … pour demain et pourtant l’Etat administratif pousse à cette forme de motorisation essentiellement pour complaire aux écologistes.

En fait, la voiture électrique est correcte pour un usage urbain ou péri urbain mais à condition de ne pas dépasser une certaine distance pour pouvoir assurer une recharge correcte pendant la nuit.

La revue Autoplus, qui a testé une Zoé au quotidien en région parisienne, a conclu laconiquement « ce n’est pas de la tarte » en raison des temps de recharge qui peuvent devenir prohibitifs, de la recherche de stations de recharge qui restent encore trop peu nombreuses et pas forcément sur le trajet prévu et des bornes de recharges hors service. Il faut aussi souscrire des abonnements (parfois multiples) pour pouvoir utiliser les différents types de bornes. Vous pouvez lire différents compte rendus (ici), (là), (là) et encore (là).

Il en ressort que, sauf à se limiter à des déplacements domicile/travail exclusivement et pour des distances quotidiennes relativement faibles, qui permettent une recharge à domicile et à condition d’habiter en pavillon (les résidences équipées sont encore rares), et de disposer d’une prise spéciale (genre Wallbox), on s’expose à la panne pure et simple ou plus simplement à l’impossibilité d’usage !

Ce qu’on ne dit pas non plus, c’est que la batterie s’use et que sa durée de vie est calculée en cycles (de charge/décharge) car l’électricité obtenue à partir d’une batterie est de la chimie ! Conclusion : plus la batterie va vieillir et moins elle sera apte à stocker de l’énergie et plus elle se déchargera vite … et plus il faudra aller recharger !

Pertinence économique

Entre ce mécanisme fiscal et ces diverses entraves à la libre circulation, on assiste à une manipulation des règles normales du marché qui voudraient que seul le meilleur produit se vende le mieux. L’argument n’est plus la qualité mais la préservation de la planète.

Seulement, cet argument vaut surtout au moment de l’usage ; et encore sous certaines conditions, mais sûrement pas au stade de la fabrication.

En effet, si le véhicule électrique n’émet pas de Co2 en roulant, il émet quand même des poussières liées à l’usure notamment des pneus, des plaquettes et disques de freins. On n’est donc pas dans le « zéro pollution ». On n’aborde enfin qu’avec pudeur la question de la source de production de l’électricité car si celle-ci est produite par des centrales au gaz ou à charbon ou au bois, la pollution est encore amplifiée.

Par ailleurs, on sait que la pollution est simplement déplacée au moment de la production car la fabrication d’une voiture électrique pollue deux fois plus qu’une voiture thermique du fait de la fabrication de la batterie. Le bilan global est donc loin d’être positif …

Enfin, dans tous les cas, l‘incitation à jeter des voitures thermiques (de 5 à 10 ans) encore en état de servir est un non sens économique et écologique car produire une nouvelle voiture et détruire une « ancienne » seront nécessairement toujours plus polluants que continuer à utiliser un véhicule existant !

Néanmoins, le comble de l’aberration est quand même que les batteries sont fabriquées en Asie ; ce qui fait que nous subventionnons avec nos impôts, sans aucune cohérence économique de préservation des emplois européens, les usines de production de batteries chinoises et coréennes !

En outre, on n’a aucune information quant aux conditions dans lesquelles le recyclage des batteries est effectué … ou pas !

Alors, certes le prix de l’électricité est bon marché pour l’instant pour une recharge à domicile, mais le compteur Linky est un compteur discriminant qui sait ce que vous branchez à votre prise électrique. Il permettra donc de moduler les tarifs applicables. De plus, se posera nécessairement le problème des 220 milliards de taxes sur le carburant collectées au niveau de l’Union Européenne et qui ne sauraient être compensées autrement que par une augmentation correspondante de la fiscalité sur l’électricité.

Par ailleurs, si le coût des opérations d’entretien devrait être réduit et ne porter que sur l’électronique et la batterie (bien que l’on relève aussi des défaillances sur les moteurs), le prix d’achat de la voiture reste sensiblement plus élevé que celui d’une voiture à moteur thermique et le coût à l’usage n’est pas forcément moins élevé que celui d’un véhicule diesel.

Certes, les chaînes de production seront simplifiées (un moteur électrique est beaucoup plus simple à fabriquer qu’un moteur thermique) mais cela entraînera fatalement des licenciements chez les constructeurs de voiture et il n’est pas sûr que ceux qui perdront alors leur emploi auront le sentiment de sauver la planète !

Les constructeurs ont plus ou moins bien intégré la voiture électrique et certains vont se retrouver avec des amendes colossales à payer sauf à faire comme FCA (Fiat-Chrysler) et racheter des crédits carbone de Tesla ; étant entendu qu’il s’agit là d’un véritable travestissement de l’économie et de l’achat d’un droit à polluer !

La voiture électrique ne permettant pas de faire un long déplacement de 800 km ; sauf à augmenter encore la taille des batteries, ce schéma d’usage pousse à la consommation en achetant une voiture thermique pour partir en vacances et une électrique pour aller travailler.

On imagine aisément que cela conviendrait parfaitement à nos énarques de Bercy du fait des rentrées supplémentaires de TVA. Mais qui peut se permettre ce genre de dépense complètement superflue ; compte non tenu du fait que cette pratique n’est pas du tout écologique !

Il faut être lucide, et certains constructeurs ne se sont pas privés de le dire : Ils ne se lancent dans la voiture électrique qu’à reculons (PSA, FCA, tous les constructeurs allemands) et ce n’est pas un hasard. Disposant des connaissances techniques et des ingénieurs, ils savent qu’il n’y a aucune pertinence technique à ce mode de motorisation qui leur est imposé par le pouvoir politico administratif pour des motifs qui ne sont même pas toujours fondés !

La volonté politique de complaire à des excités de l’écologie, à des gens qui vivent confortablement, en zone urbaine avec des transports en commun financés par les autres, n’ayant pas de voiture mais utilisant des taxis, détachés des contraintes matérielles en utilisant, sans aucun complexe, des smart phones (polluants), des tablettes (polluantes) et prennent l’avion (polluant) ne peut suffire à elle seule.

Conclusion

Le coût de la voiture électrique reste encore trop élevé par rapport à l’usage que l’on peut en attendre ; hormis peut-être la Zoé de Renault qui est néanmoins d’un gabarit trop réduit pour pouvoir convenir à une famille.

L’infrastructure est loin d’être suffisante, le véhicule est (trop) cher à l’achat, pas forcément moins cher à l’usage, la fiabilité pas meilleure que moyenne, la revente pour l’instant complètement aléatoire pour ne pas dire problématique. Et pour ceux qui voudraient tenter l’expérience, les hybrides sont plus chères et consomment plus que les véhicules thermiques. Elles ne présentent donc, d’un point de vue général, aucun intérêt

En ce qui me concerne il n’y a pas de doute, on essaie de nous forcer la main et je déteste cette idée.

En fait, à bien y regarder, rien ne vous oblige à acheter une voiture électrique !

Bien au contraire, si vous refusez d’acheter ce type de véhicule, qui dès lors ne se vendra pas, le gouvernement sera bien obligé de faire machine arrière sous la pression des constructeurs qui ne manqueront pas de tirer la sonnette d’alarme devant l’accumulation des invendus !

Evidemment, il ne faudra plus acheter de voitures neuves thermiques pour ne pas subir l’augmentation exponentielle prévisible du malus ; à moins de faire immatriculer votre voiture neuve dans … un pays à la fiscalité moins dissuasive (attention : une voiture qui demeure plus de 6 mois en France doit être immatriculée en France).

Mais, soyez pleinement rassurés : La LOM (Loi mobilité) qui vient d’être votée va vous satisfaire pleinement ! Censée favoriser les déplacements des français, elle ne contient que des brimades et des sanctions ! Clairement, il s’agit d’une loi faisant la part belle à la propagande gouvernementale (« une réponse forte aux fractures sociales » sic, sans rire) et portant essentiellement sur votre future … immobilité !

Le retour au 90 km/h sera virtuellement impossible mais vous aurez toujours la possibilité de vous déplacer en vélo et percevoir de votre employeur 400€ par an !

Elle prévoit la régulation des trottinettes et autres gyropodes, l’aggravation des sanctions pour l’usage du téléphone au volant, la mise en place de systèmes de vidéo verbalisation permettrant de sanctionner « plus efficacement » les automobilistes ne respectant pas les règles de priorités et, à la fin, l’interdiction pure et simple de la vente de voiture à moteur thermique « d’ici à 2040 ».

Le clou, si l’on peut dire, sera cette allocation de 13,4 milliards € promise pour la période 2018-2022 ; ce qui représente environ 2,7 milliards par an à rapprocher des 80 milliards qu’ont rapporté les taxes sur l’auto rien que pour l’année 2017 !

On mesure toute l’étendue de la spoliation exercée par l’Etat et l’importance de l’effort accordé par cette nouvelle loi.

Bien cordialement à tous !

Licence de publication : la reproduction du présent article n’est autorisée qu’à la condition de le reprendre en totalité, d’en rappeler l’auteur et le site originel de publication.

 

 

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

5 réflexions sur « Quelle pertinence pour la voiture électrique »

  1. Le problème est simple nous avons affaire à des dingues. La solution est tout aussi simple, se contenter d’une vieille voiture thermique, pas d’électronique, plus simple à réparer, plus fiable dans la durée et plus économique. Une vieille deux chevaux sera toujours meilleure pour se déplacer qu’une Zoé ou même une Tesla obsolescence programmée oblige, et en cas de mise à la fourrière ou autre brimade administrative on ne perd pas grand chose : nous ne sommes pas à l’abri d’une fermeture de toutes les pompes à essence ( voir par exemple les velléités d’interdire les chaudières au fuel). Ne pas se laisser influencer par la nouveauté, la voiture n’est pas un signe extérieur de richesse. Les centres villes sont interdits aux vieilles voitures ? Et bien n’y allez pas, il n’y a de toute façon plus rien à y faire, impossible de s’y garer sans payer et même en payant, quasiment que des chaînes de magasins semblables d’une ville à l’autre qui pour la plupart sont là pour vous fourguer la camelote vestimentaire chinoise ou sinon des administrations à la con. Faites vos courses alimentaires en périphérie dans les supérettes hard discount, achetez chez les paysans, achetez vos vêtements et chaussures lors de vos vacances à l’étranger c’est moins cher, achetez sur internet. En bref, ayez deux ou trois longueurs d’avance sur tous ces crétins de politicards qui comme d’habitude couineront en choeur avec les syndicalistes quand l’industrie automobile sera en miettes. Et quant au compteur Linky, faites de la résistance, laissez votre porte close, ignorez les courriers de relance d’EdF et faites bien comprendre à votre collabo de maire que vous penserez bien à lui aux prochaines élections.

  2. Vous comprenez mieux les Gilets Jaunes!
    Il n’y a pas entre les salariés d’égalité devant la retraite, les avantages sociaux, les congés, le temps de travail, le transport. Il n’y a pas de fraternité chacun défend son intérêt . Il n’y a pas de liberté les GJ et ces dernières années démontrent une régression. Les Politiques depuis 1970 sont responsables de cette médiocratie !
    Si rien n’est fait, la population du secteur privé devra encore apprendre à travailler plus au lieu de vivre pour nourrir cette médiocratie . Moralité la France était coupée en 2 maintenant elle est pliée en 4.

  3. Excellent article bien que déprimant et qui montre que les gouvernants européens tétanisés par les résultats de 70 ans de promesses socialo communistes avec leurs cortèges de promesses non financées (au premier chef, les retraites) ne savent plus quoi faire
    Donc déclarer une sorte de guerre climatique pour sauver l’humanité du chaos permet de s’affranchir des règles élémentaires de bonne gestion budgétaire et de consolider leur pouvoir en agissant comme en tant de guerre : création monétaire illimitée et censure + propagande
    Et gare à ceux qui osent contester ces dogmes : regarder comment Trump et Poutine sont traités par les médias
    Que cela détruise l’industrie automobile européenne au nom de chimère et accélère encore le basculement du centre de gravité économique vers l’Asie, aucun problème
    Ce qui me fascine, c’est que l’Allemagne laisse faire alors que l’industrie automobile est vitale pour elle
    Aveuglement idéologique, corruption et bêtise

    1. Déprimant ? mais je ne fais que dire la vérité …
      Nous ne sommes pas responsables des aneries gouvernementales ; par contre on a le droit de les dénoncer !
      Ne vous inquiétez pas pour les allemands : Ils vont s’adapter et ils ont la puissance financière pour le faire.
      Il n’y a que quelques idéologues (gauchistes ou nationalistes) pour prédire un effondrement de l’Allemagne qui n’aura pas lieu !

  4. Il me semble que ce n’était pas la nissan, qui est arrivé à bruxelle, mais la kia niro qui a fais jeu égal avec la tesla, bon tesla 60000€, kia 48000€, Lol

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