C’est une question que je me pose régulièrement, à laquelle je ne trouve pas de réponse rationnelle.
Il y a bien deux ou trois constatations incontournables :
– D’abord je ne parle que le français, ce qui limite ma communication avec les autres communautés. Il me reste le Québec… Qu’ai-je comme point commun avec les québécois, en dehors de la langue ? Tout. Ce qui me laisse supposer que le mur de la langue dépassé il en serait de même avec le monde entier, tant le Québec est différent des contrées où je séjourne. Rien donc d’original par la langue, sauf la difficulté personnelle de communication.
– Puis, je pense à mon environnement, mes paysages, les ambiances, mes possessions, mes amis, mes habitudes, tout cela me manque vite lorsque j’en suis séparé. Mais, en y réfléchissant, je me dis que, quelles que puissent être ces émotions ailleurs, elles donneraient le même résultat. Je pourrais donc être d’ailleurs et être le même.
– Enfin je pense aux règles de la société dans laquelle je vis. Et là, tout change. Je ressens que si les règles étaient tout autre, ma vie pourrait être complètement différente.
En réalité, c’est la constitution qui régit nos sociétés qui nous différencie. Rien de plus.
Or ces règles ne sont que conventions humaines, même chez ceux où elles sont habillées de l’onction divine.
Comment se fait-il que les hommes puissent accorder à ces règles un pouvoir supérieur au leur, alors qu’elles émanent d’eux ?
C’est là que réside le nœud de tout le drame de l’humanité.
Comment peut-on se battre, tuer ou mourir, en prétendant imposer sa règle aux autres ?
C’est là que se situe l’escroquerie mortelle.
En fait ceux qui haranguent au nom du dogme, de son droit, mentent. Ceux qui font mine de les suivre aussi. Ce mensonge les entraine ensuite au pillage et au meurtre.
Car s’ils mentent c’est pour dissimuler, le mensonge n’ayant pas d’autre fonction.
Que dissimulent-ils ? Leur désir de posséder ce qu’ils envient chez l’autre, soit que l’autre entrave leur souhait ou qu’il possède par hasard ce qu’ils souhaitent et n’ont pas.
Tout n’est que cupidité.
Le moteur de l’humanité est la cupidité. Elle arrive à se dissimuler dans des attitudes ou des discours si sophistiqués qu’elle peut impunément accéder à tous les excès.
Elle est si puissante que même celui qui a tout reste cupide, c’est infernal, insatiable et incontournable.
On dit que l’Ecclésiaste assure que : « vanité des vanités, tout est vanité ».
S’agissant d’une traduction, peut-être que le terme « cupidité » eut été plus approprié, plus significatif, plus porteur d’enseignement, plus terre à terre, moins hermétique donc plus utile.
Reste une question : la cupidité est-elle le reflexe de survie face au risque du manque ?
Effectivement les sociétés repues possèdent en elles des membres qui affirment et tendent à prouver qu’ils ne sont pas cupides. Sont-ils sincères où simplement optimistes face au manque dont ils s’estimeraient à l’abri ?
A l’inverse des sociétés frappées par le manque ont des membres sans signe de cupidité, fatalistes, humains dirions-nous.
Donc, rien de tranché.
Rien qui puisse expliquer la cupidité de nos élus, de Bercy, de nos protestataires professionnels, de nos champions de l’humilité…
En réalité les problèmes qui sont devant nous, dont l’explosion va nous souffler, sont difficiles à codifier, à classer. Il est clair que la cupidité en est sans doute le moteur principal, en faire la démonstration sera probablement impossible… cela dure depuis des millénaires…
Cette impossibilité à expliquer, à démontrer, laisse peu de place à une solution, à la sagesse, à l’optimisme.
Bien à vous. H. Dumas
« Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges, respectables les meurtres et à donner l’apparence de la solidité, à ce qui n’est que du vent. » George Orwell
Donc ce que m’a appris ma famille des résistants de 1940 à 1945, mais pas facile à faire, à méditer = » Il est inutile de compter sur le gouvernement ou les politiques, nous ne devons compter que sur notre propre détermination. Aidons-nous en nous soutenant les uns les autres, fortifions ceux qui, parmi nous, sont faibles, unissons-nous, organisons-nous et nous gagnerons ».