Pour 1.000 milliards € … t’as plus rien !

Peut-on vivre indéfiniment au-dessus de ses moyens et accumuler des dettes bien au-delà de ses revenus ?

La réponse qui vient à l’esprit de toute personne censée est bien évidemment : non !

Et c’est pourtant ce que font tous les gouvernements français et les 3.100 Mds € de dette ne sont que l’accumulation de tous les déficits budgétaires enregistrés consciemment depuis ces 50 dernières années !

Pire, comme la presse en a fait le constat accablant, cette accumulation de dette s’est accélérée ces dernières années et E Macron est désormais ce président qui a battu tous les records. Il est celui qui a le plus accumulé de dettes (1.000 Mds€) depuis le début de son mandat en 2017 !

Calamiteux record qui ne semble d’ailleurs pas le déranger outre mesure …

De fait, en 2024, le Trésor public français va émettre 285 Mds € de nouvelles obligations afin de financer le déficit budgétaire évalué à 144 Mds € et rembourser les 152 Mds € de titres d’Etat qui arrivent à échéance.

La machine à dettes tourne à plein …

Si l’on regarde les choses d’un peu plus près, on s’aperçoit que la situation en est arrivée à un point tel que l’Etat français ne peut plus rembourser ses dettes à partir de ses seules ressources fiscales et qu’il doit emprunter toujours plus à la fois pour financer ses frais de fonctionnement mais aussi pour payer les intérêts des emprunts déjà contractés et rembourser la dette venue à échéance.

Autant dire que cette situation est extrêmement malsaine … et on peut légitimement parler de dérive des dépenses publiques.

Le problème est que cette dette va devenir, dans les prochaines années, un problème de plus en plus insoluble car cette dérive nous expose à une dégradation de la notation de la « qualité de la dette française » et à une augmentation des taux d’intérêts appliqué à cette dette ; sans aucune échappatoire possible. Et il n’est pas question, comme l’a prétendu JL Mélenchon dans une déclaration à l’emporte-pièce destinée aux ignorants, de répudier cette dette qui est détenue à 60% par des créanciers étrangers.

Ce serait, à coup sûr, la meilleure façon de perdre tout crédit ; ce qui est un peu gênant pour un pays vivant à crédit …

Le gouvernement a bien annoncé qu’il allait faire des économies mais, pour l’instant, celles-ci ne sont pas documentées alors qu’il promet de passer de 5.5% de déficit en 2023 à 2.9% en 2027 bien que les prévisions de croissance soient calamiteuses (0.7%) et que le cout de cette dette (intérêts payés) devrait passer de 46,3 Mds € en 2024 à 72,3 Mds € en 2027.

Personne ne croit à cette reprise en main des dépenses publiques …

Il faut dire que les différents gouvernements de la présidence MACRON ont aligné les chèques avec une constance qui frise l’inconscience ; à seule fin évidemment de limiter les risques de colère sociale.

En effet, le pouvoir a peur de la rue qui est par nature incontrôlable et l’épisode des gilets jaunes a donné une idée de ce que cette colère pourrait donner …

Chèque pour une voiture électrique, chèque énergie, chèque carburant, chèque réparation, ma prim’ rénov, chèque vélo, chèque bois/fuel, prime de Noël … la distribution s’est généralisée alors que nous n’avons pas la moindre rentrée fiscale qui puisse permettre ce type de largesses !

La France vit clairement au-dessus de ses moyens et plus elle dépense, plus la situation se dégrade à tous points de vue …

Pour sortir de ce cercle vicieux mortifère, il faudrait dégager des excédents budgétaires mais pour cela il faudrait sabrer dans les dépenses alors que nous accumulons tous les handicaps avec une dette qui augmente sans cesse, un déficit persistant du commerce extérieur, une fiscalité très lourde.

Les solutions pour remédier à cette situation sont bien évidemment connues mais E Macron refuse d’y recourir notamment parce qu’il se réfugie dans le déni en affirmant que ” Nous n’avons pas un problème de dépenses excessives mais un problème de moindres recettes ». En outre, le recours à l’endettement excessif est une grande tradition française qui a commencé sous l’ancien régime (la France était en faillite en 1715 à la mort de Louis XIV) et s’est poursuivi sous les rois suivants ainsi que sous la révolution jusqu’à la faillite de 1797.

Du coup, les marges de manœuvres sont à peu près nulles …

En outre, la caste des hauts fonctionnaires qui tient le pays ne veut pas non plus d’une purge notamment parce qu’elle est la première bénéficiaire de ces dépenses puisque c’est elle qui collecte l’argent et le redistribue en … prélevant sa dîme !

Enfin, le problème est compliqué par le fait qu’une part notable de la population ne veut pas non plus que le système change parce qu‘elle vit des subsides de l’Etat et qu’elle y voit, avant tout, le moyen de se procurer, à bon compte, des avantages pécuniaires sans se poser la question de savoir d’où vient l’argent reçu ?

L’aphorisme de Frédéric Bastiat selon lequel « Tout le monde souhaite vivre des largesses de l’Etat  bien que tout le monde sache qu’il s’agit d’une fiction au sein de laquelle tout le monde essaie de vivre aux dépens de tout le monde » n’a jamais été aussi vrai !

Alors, cynisme ou incompétence ?

On peut se poser la question alors que très peu des quelques mesures qui ont été prises ont eu un impact favorable dans la mesure où le président se cantonne la plupart du temps dans l’action communicationnelle ; autant dire dans l’action fictive !

D’un point de vue franco-français, il s’agit, à tout le moins, un comportement fautif à défaut d’être répréhensible et d’un point de vue européen, il s’agit d’un véritable bras d’honneur aux règles de modération budgétaire que nous avons nous-mêmes fixées lors de l’adoption de l’€ !

En outre, contrairement à une idée largement répandue en France, la dépense publique n’enrichit pas le pays, elle l’appauvrit parce que l’Etat ne produit rien à part des règlements et des contraintes ; ce dont d’ailleurs il ne se prive pas !

Un Etat bureaucratique et technocratique tel que la France dont la dépense publique culmine à 58% du PIB quand celle de la Suisse se limite à 20% n’a que 3 moyens d’action : règlementer ou interdire, taxer, subventionner à l’exclusion de tout autre et il faut être conscient que « l’action » de l’administration a eu essentiellement pour effet de dégrader la situation économique !

Car, le constat d’une France qui ne produit pratiquement plus rien et qui revendique le droit à la paresse résulte de la seule responsabilité de la puissance publique qui n’a eu jusqu’ici qu’un seul but : augmenter la pression fiscale jusqu’au point de rupture pour distribuer des aides afin de masquer le chômage de masse, la paupérisation d’une fraction croissante de la population et enfin la dégradation constante de la situation économique.

Le gouvernement peut donc répéter en boucle qu’il va réindustrialiser … il ne peut que prendre des mesures susceptibles de favoriser l’implantation des entreprises et celles-ci n’investiront que si les facteurs économiques sont favorables ; ce qui n’est pas le cas !

En outre, cela prend du temps car les agents économiques agissent essentiellement de manière empirique et pratique …

Finalement, l’économie a toujours le dernier mot parce que les gouvernants peuvent toujours essayer de contraindre et de règlementer, les agents économiques obéissent à une logique propre qui n’est pas celle de l’administration et le principal effet a été pour l’instant de provoquer le départ des entreprises (enfin pour celles qui n’ont pas fait faillite) ; elles ont délocalisé !

Et que proposent E Macron et ses ministres … à part des bonnes paroles qui n’engagent que ceux qui y croient ?

Ils n’ont pas voulu entendre les avertissements et ont cru à l’argent gratuit éternel. Ils ont dépensé consciemment, sans compter, l’argent qu’on n’avait pas et ont même tenté de faire un hold-up sur les 60 Mds € de réserves des caisses de retraites complémentaires de salariés pour masquer leurs erreurs !

Pour quel résultat ?

Les chèques d’aides, en définitive, ne servent à rien si ce n’est à gagner du temps en compensant la détérioration de la situation des ménages par des aides mais ils pèsent sur les actifs, parce qu’ils sont bien payés à la fin par quelqu’un, et, qu’au bout du compte, ils finissent par ruiner le pays !

Le président et ses ministres en tirent-ils une popularité accrue ?

Il est fort probable que non car il est à peu près sûr que leur impopularité dépasse les 70% mais vous remarquerez que les spécialistes sondagiers sont forts discrets sur ce sujet et sont plus diserts à propos des présupposés scores électoraux du RN !

Dès lors, était-ce bien utile de dépenser 1.000 milliards € pour arriver à ce résultat ?

Les gouvernants se sont lancés dans une forme de gestion à court terme niant la réalité d’autant plus que les populations bénéficiaires de ces « aides » finissent toujours par les trouver insuffisantes et réclament toujours plus… sans aucune reconnaissance parce que la nature humaine est ainsi faite qu’elle est perpétuellement insatisfaite et réclame toujours plus !

Rentrer dans ce schéma des aides et des chèques d’argent gratuit n’aboutit qu’à entrer dans un cercle vicieux sans fin !

Des exemples existent d’un tel comportement ayant mal fini. L’un des plus symptomatiques est sans aucun doute l’Argentine qui a connu des phases populistes et d’hyper inflation qui ont littéralement ruiné le pays qui est passé de l’un des cinq pays les plus riches du monde au début du 20°s à l’un des plus pauvres !

Pour la France, la situation est un peu différente car nous avons la chance de faire partie d’une zone économique et d’avoir une monnaie commune qui nous permet de nous appuyer sur la crédibilité économique des autres pays membres.

Mais il y a des limites à ne pas dépasser et l’exemple de la Grèce est là pour le rappeler.

Bien évidemment, les dirigeants français le savent ; c’est à dire qu’ils ont estimé pendant longtemps qu’ils pouvaient pousser les choses très loin et tirer des chèques sans provision sans risque réel de sanctions de la part d’une Union Européenne impuissante et d’un FMI toujours lointain !

Nos précédents déficits excessifs n’ont d’ailleurs amené aucune sanction…

Néanmoins, cette attitude de défiance trouve désormais ses limites en raison de la crainte d’une dégradation de la note par les agences de notation ; laquelle aboutirait inéluctablement à une mise en difficulté du pays quant à son crédit avec des répercussions gravissimes de nature à provoquer au minimum la disparition de l’€ voire même celle de l’Union Européenne !

Bien évidemment, les autorités françaises en sont parfaitement conscientes et on ne peut pas appeler ça autrement que du chantage avec l’espoir non exprimé que la BCE interviendra en dernier recours pour financer les dettes françaises …

Mais cela n’est rien moins que sûr …

La France est bien devenue l’homme malade de l’Europe … malade de sa classe de politiciens fonctionnaires !

Bien cordialement à tous !

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A propos Dominique Philos

Navigateur, né en 1958, après un DEA de droit commercial de l’université de Paris I Panthéon-Sorbonne, je suis devenu Conseil Juridique, spécialisé en droit des affaires et fiscalité. L'Etat ayant décidé l'absorption des Conseils juridiques par les avocats, j'ai poursuivi mon activité en tant qu'avocat jusqu'à ce que je sois excédé par les difficultés mises à l'exercice de mon activité professionnelle. J'ai démissionné du Barreau en 1998 et partage désormais ma vie entre la France et la Grèce. Européen convaincu, je suis persuadé que le libéralisme est la seule option possible en matière économique.

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