Touchant à l’espace vital des hommes, les plans d’urbanisme sont un lieu sociétal spectaculaire où se côtoient la croyance et la raison, mais aussi l’Etre et l’Avoir.
La croyance et la raison
La croyance, parce que ceux qui croient projettent, à l’occasion de ces plans d’urbanisme, leurs croyances personnelles de l’organisation de la collectivité et obtiennent en retour les moyens de coercition de la force publique pour imposer ces croyances.
La raison, parce que ceux qui raisonnent perçoivent, à cette occasion, les limites de la raison lorsqu’elle doit prendre en compte une quantité illimitée de paramètres, certains totalement inconnus du présent, d’autres si nombreux que leur masse les rend impénétrables. Force alors leur est d’admettre que la seule réponse possible à cette situation est l’inconvenante et indéfendable liberté, qu’ils n’osent pas revendiquer, ou que peut-être ils limitent à leur usage et non à celui du voisin.
Situation typique où la croyance est plus facilement accessible que la raison, et l’emporte.
Alors que, in fine, dans le temps la ville est évidemment fille de la raison et non de la croyance.
L’Etre et l’Avoir
En quel autre lieu que la ville, ses territoires et ses regroupements imposés, les deux piliers composant l’homme, son Etre — donc son corps et son esprit –, et son Avoir – donc ses biens –, sont-ils autant imbriqués ? Aucun.
Tous savent qu’il n’est pas d’homme sans ces deux composantes que sont son Etre et son Avoir, c’est dire à quel point les plans d’urbanisme sont probablement l’acte collectif le plus important qui soit.
La réalité des plans d’urbanisme
Tout le monde est ou sera concerné par les plans d’urbanisme, qu’il soit résident ou passant d’un territoire.
Or, seuls des spécialistes autoproclamés, élus ou techniciens, sont à la manœuvre pour l’élaboration de ces plans d’urbanisme. La population en est globalement écartée, volontairement par les décideurs ou involontairement parce qu’elle n’a pas compris les conséquences de ces plans sur sa vie, ses libertés.
C’est ainsi que des minorités imposent leur volonté dans ce que nous avons de plus précieux : notre Etre et notre Avoir, car elles ont ici l’opportunité d’imposer la croyance plutôt que la raison, la soumission plutôt que la liberté.
L’incroyable spécificité intellectuelle de La Rochelle
Evidemment elle découle des acteurs.
Figurez-vous que la cheville ouvrière de l’élaboration des PLU de La Rochelle s’appelle M. GRAU. Il est le maire de Lagord, une des communes composant l’agglomération de La Rochelle, il est aussi un vice-président de l’agglomération.
Ce ne sont pas ces deux fonctions qui créent l’évènement.
C’est le fait qu’il est médecin anesthésiste.
Et oui, c’est le professionnel le plus à la crête des deux versants de l’Etre, la mort et la vie, qui se trouve ici sur la crête des deux versants de l’Avoir, la possession ou la dépossession de l’usage de ses biens.
Incroyable non ?
Au vu de sa prestation lors de la propagande publique de présentation des décisions déjà prises dans le cadre des PLUI de l’agglomération de La Rochelle — parce qu’imposées par la technocratie centrale ici comme dans toute la France — il n’a pas donné l’impression d’avoir conscience de son exceptionnelle situation.
Il a tranquillement, comme on le dit couramment, « avalé son chapeau ».
Dans son chapeau
Etaient, comme il se doit, incluses toutes les tartes à la crème de l’administration centrale :
– Priorité à l’habitat social et au vivre ensemble
– densité, voire surdensité.
– Architecture uniforme sur tout le territoire français
– Sacralisation des terres cultivées, y compris les plus inadaptées.
– Transports collectifs et chasse aux transports individuels.
– Retranscription fidèle des algorithmes poussifs tirés des chiffres du passé par des mathématiciens en déshérence, fonctionnaires du médiocre, pour imaginer un avenir linéaire aussi improbable que la météo.
– Rien n’est épargné aux rochelais, jusqu’aux éoliennes.
Leur passé, leur propriété privée, leur liberté, leur vision de l’avenir, n’ont été à aucun moment pris en compte, même pas évoqués.
Par des contorsions dignes du cirque Medrano, les élus rochelais et leurs techniciens sont parvenus à coller toute ces contraintes sur cette pauvre ville et ses habitants qui n’en peuvent.
Ils essaient actuellement de faire passer la pilule à l’aide de fausses réunions de concertation. Ils ont un an pour cela. Le départ n’est pas terrible, la salle de la présentation initiale leur était franchement hostile. Mais ce sont eux, les élus, qui ont les fusils, alors…
Quoiqu’il en soit, dans tout ça, pas de grand projet structurant, pas d’ambition, pas de respiration. Alors que M. Grau est bien placé pour savoir que sans respiration il n’y a pas de vie. Mais bon.
La morale
Il n’y a pas de morale à ce billet. A La Rochelle, comme dans toute la France, juste des minorités qui imposent leur volonté à une majorité insouciante qui se croit en démocratie et protégée par ceux qu’elle a mandatés pour cela.
Mais, hélas, ceux-ci ne se sentent pas des mandataires mais des hommes de pouvoir et, comment exprimer son pouvoir si ce n’est en imposant, notamment des choses désagréables ?
Je voulais simplement, dans ce billet, vous faire partager la singularité de cet homme en charge de la triste besogne de tailler dans les libertés de l’Avoir, lui qui connait si bien les limites des libertés de l’Etre du fait de son métier.
Bien cordialement. H. Dumas
Des Elus qui parlent du changement , on en trouve, mais des élus qui agissent pour le changement , on en cherche .
Avec Humour = « Je ne comprends pas pourquoi vous lui en voulez tant , il n’a pourtant rien fait »
Malheureusement il y en a qui pensent au changement et d’autres qui changent les pansements » , « Un Citoyen qui veut faire quelque chose a contre lui = Ceux qui veulent l’empêcher de la faire ; ceux qui veulent faire la même chose ; ceux qui veulent faire l’inverse ; ceux qui ne font rien »