Lorsque Louis XIV pense et agit selon la formule qui lui est attribuée « L’Etat c’est moi » il pose les bases de la révolution à venir, même dans le cas où il n’aurait pas réellement prononcé cette phrase.
Parce que nul ne peut prétendre imposer aux autres sa volonté à quel titre que ce soit.
L’Etat, s’il existait, ne pourrait être que la volonté commune et unanime d’un groupe.
Toute la difficulté consiste à recueillir et à exprimer cette volonté.
Une chose est sûre, les frontières qui enferment les individus en un lieu donné ne prédisposent pas ceux-ci à une unité de pensée.
C’est même probablement le contraire puisqu’alors il faudrait admettre que la géographie, les montagnes, les fleuves, l’herbe, les plages et les plaines seraient des autorités spirituelles s’imposant à l’homme, or on ne leur connaît pas cette faculté.
L’idée d’Etat présuppose un projet de pensée partagé.
Quelle est la meilleure façon de compiler un projet de pensée à travers lequel un groupe d’êtres humains pourra agir et vivre, chacun se considérant comme membre d’un État ?
C’est le problème.
Il y a plusieurs tentatives de solution.
La croyance.
C’est un ciment susceptible de créer un État. Staline l’avait compris lorsque provocateur il déclarait « Le Pape, combien de divisions ? ». Ne gouvernait-il pas lui-même un État en partie basé sur la croyance ?
Mais il faudrait que la croyance soit librement partagée, ce qui n’est jamais le cas. Il faudrait aussi qu’elle puisse être évolutive, dans le même sens pour tous, ce qui parait irréalisable.
Le territoire
Nous avons vu que c’est absurde.
La démocratie.
Elle est au terme de son utopie. Lorsque les frontières sont apparues, avatar de la propriété privée généré par le passage de la cueillette à l’agriculture, elles ont donné l’impression de pouvoir regrouper une pensée commune.
Rapidement les faits s’avérèrent contraires à cette idée. Les plus forts alors contraignirent les plus faibles. Cette contrainte pris abusivement le nom « d’Etat ».
Puis, difficilement, on passa du pouvoir individuel au pouvoir majoritaire en prenant le nom de démocratie. Pour autant les élus de la démocratie peuvent-ils revendiquer le droit d’employer la force sur un opposant, même unique ? Non. Cependant ils le font, la démocratie n’est donc qu’un pis-aller.
L’Etat se cherche.
Le regroupement par conviction est la solution, tous les jours les réseaux sociaux nous en font la démonstration. Mais, ils sont virtuels.
Reste à les répartir géographiquement de façon équitable par rapport aux ressources naturelles, puis à faire en sorte qu’ils s’acceptent dans leurs différences, qu’ils n’entrent pas en guerres, et enfin qu’au fil de ses réflexions chacun puisse passer de l’un à l’autre.
Le chantier est là. Je n’ai pas entendu dire que les hommes de bonne volonté soient déjà en route pour le mettre en œuvre. Attendons…
Pendant cette attente il est probable que nous devrons affronter quelques guerres, à moins que les réseaux sociaux, qui font si peur aux hommes de l’Etat traditionnels, s’engagent dans la voie de l’organisation des « ÉTATS DE PENSÉE ».
Alliés aux jeunes générations ils en ont peut-être les moyens.
Bien à vous. H. Dumas